ADANSONIA RECUEIL PÉRIODIQUE D'OBSERVATIONS BOTANIQUES RÉDIGÉ Par le E) NH BAILLON — TOME SIXIÉME — PARIS 18, RUE DE L'ANCIENNE-COMÉDIE ET CHEZ F. SAVY, 24, RUE HAUTEFEUILLE SEPTEMBRE 1865 — AOUT 1866 ADANSONIA RECUEIL PÉRIODIQUE D'OBSERVATIONS BOTANIQUES OBSERVATIONS SUR LES SAXIFRAGÉES L'ORGANISATION LES RAPPORTS ET LES LIMITES DE CETTE FAMILLE. (Suite. ) Nous avons dit (4) que les Philadelphées ont, avec un ovaire infére, toute l'organisation florale des Eucryphiées, et que, par conséquent, elles sont à ces derniéres ce que sont les Escalloniées aux Pittosporum, ce que sont les Saxifrages à ovaire infére aux Saxifragées superovariées. C'est ce qu'il s’agit maintenant de démontrer par l'analyse des principaux genres attribués au petit groupe des Philadelphées. Il me parait impossible de ne pas admettre complétement ce que M. Agardh (2), aprés tant d'autres, dit des affinités des Philadel- phées avec les Hydrangées : « Philadelphaceæ sunt Hydrangeaceæ floribus in cyma dissitioribus, petalis magis evolutis in alabastro convolutis, carpellis plerumque pluribus, » et, plus loin : «Me judice Philadelpheæ Hydrangeis ita prozcime sunt ut nescio sane quomodo distinguantur.» Qu'on compare les organes de végétation d'un Decumaria à ceux d'un Hydrangea, d'un Dichroa, d'un Brous- (4) Adansonia, V, 304. (2) Theoria Systematis plantarum, 149. v1. 2 OBSERVATIONS saisia et d'un Escallonia, on trouvera une identité complète. Il est vrai que les loges du Decumaria sont séparées les unes des autres par des cloisons complètes; mais dans le Broussuisia elles sont tantôt complètes, comme dans le Decumaria, tantôt incom- plètes, comme dans le Dichroa ou F Hydrangea; D'autre part, on peut dire que les Platycrater sont aux Hydrangea; par leurs éta- mines nombreuses, ce que les Philadelphus sont aux Deutzia; et que les Decumaria sont aux Philadelphus, par leurs loges ova- riennes nombreuses, ce que sont les Eucryphia aux Escalloniées dont l'ovaire n'est partagé qu'en un petit nombre de loges. On peut méme supprimer, quand on voit les petits pétales du Decu- » maria, ee que M. Agardh dit du plus grand développement de la corolle dans les Philadelphées que dansles Hydrangées. Si l'on dou- tait de l'impossibilité de séparer ces deux groupes, il n'y aurait qu'à étudier attentivement le Jamesia de MM. Torrey et Gray, etle Fend- lera de M. Engelmann, pour constater que toute délimitation exacte ne saurait s'établir entre les Philadelphées et les Saxifragées. . Prenons d'abord le Fendlera rupicola Encerm. (1). Son fruit capsulaire s'ouvre en quatre panneaux comme celui des Deutzia, et la cicatrice du périanthe estsurmontée, comme dans les Phila- delphus, parla portion supérieure de la capsule. Les quatre sé- pales et les quatre pétales sont. pareils à ceux des Philadelphus ; et les étamines sont, comme celles des Deutzia, superposées par moitié aux sépales et par moitié aux pétales, et composées chacune d'un filet dilaté en deux ailes latérales, et d'une anthére biloculaire et introrse. Les loges ovariennes sont d'ailleurs multiovulées et superposées aussi aux pétales; mais elles sont complètes. en bas, comme dans les Philadelphées, et incomplétes en haut, comme dans un grand nombre de Saxifragées. Par sa placentation, le Fendlera. est donc intermédiaire aux deux familles. Quant au Jamesia, Endlicher (2) le place à la suite des Saxi- fragées, et Walpers (3) parmi les Philadelphées. Or, si nous ana- (4) A. GRAY, ap. pl. Wright., IL, 64. (2) Genera plantarum, suppl. 1, p. 1416, n. 46701. (8) Annal. bot. syst. , IL, 614. i SUR LES SAXIFRAGÉES. 3 lysons les fleurs du J. americana Torr. et Gr., nous verrons que son périanthe et son androcée sont ceux d’un Deutzia, et que son ovaire, en partie supére, est parfaitement uniloculaire, avec trois placentas pariétaux pluriovulés. En méme temps les styles sont libres et divergents, comme ceux des Bauera et d'un grand nombre de Cunoniacées. Par son gynécée le Jamesia appartient done plutôt à ces derniéres qu'aux Philadelphées. | Il n'y a, ce nous semble, aucune difficulté à classer actuellement les Polyosmées dont Blume a fait, dans ses derniers travaux, une famille particulière. Il y a dans leurs fleurs une grande ressem- . blance extérieure avec celle de quelques Olacinées et de quelques Alangiées ; etc’est là, sans doute, ce qui a causé l'erreur de M. Planchon (4), rapportantles Polyosma à la famille des Cornées. S'il eüt examiné leur organisation intérieure, il eüt été conduit à comparer leur ovaire, avec ses placentas pariétaux pluriovulés, à celui des Dulongia, qui présentent aussi une grande analogie exté- rieure avee les Célastrinées et surtout les Cornées; mais que MM. Bentham et Hooker (2) ont rapporté, comme nous l'avons vu, aux Saxifragées, à cause de la structure de leur gynécée. I! n'y a rien. d'ailleurs de bien étonnant à ce que les Cornées rappellent par leur apparence extérieure des plantes dont l'organisation intime est celle des Saxifragées; car la limite précise entre ces deux groupes demeure trés-difficile à établir ; et l'on peut en dire autant des Araliacées comparées aux Cornées. | L'histoire des diverses opinions qui se suecédent depuis un. demi-siècle, sur les rapports des Cephalotus, est intéressante à la fois, et par la difficulté méme qu'on éprouve à les classer, et par les affinités multiples qu'elles révèlent entre des familles souvent fort éloignées les unes des autres. M. J. G. Agardh, montrant (3) pour quels motifs il ne partage point l'opinion des auteurs qui ont successivement allié les Céphalotées aux Franeoacées, aux Saxi- fragées, aux Crassulacées, aux Droséracées, aux Rosacées et aux (4) In Bull. Soc. botan. de France, H, 87. (2) Genera plantarum, 360. (3) Theoria Syslematis plantarum, 88. i OBSERVATIONS Renonculacées, les considère définitivement comme des Triuridées à fleurs hermaphrodites et à carpelles en nombre défini; opinion qui nous offre quelque chose d'inattendu et peut-être méme d'inexplicable dans l'état actuel de nos connaissances. ll est certain tout d'abord que la forme singuliére des feuilles du Cephalotus follicularis LamL. ne saurait être grandement prise en consi- dération au point de vue taxonomique, attendu que l'existence d'ascidies ou d'organes analogues n'influe pas d'une manière manifeste sur l'organisation florale. Les rapports des parties n'ont pas d'ailleurs été constamment établis avec une entière exactitude dans ces petites fleurs du Cephalotus qu'on n'étudiait guére que sur des échantillons desséchés. Ainsi, dans les analyses qui accom- pagnent la trés-belle figure que donne R. Brown dans l'atlas du Voyage de Flinders (t. ly), les carpelles sont indifféremment placés en face des sépales ou de leurs intervalles. Dans l'ouvrage de Labillardiére (1), il parait tout à fait impossible de constater nette- ment leur véritable situation. Mais actuellement que le Cephalotus follicularis est assez souvent cultivé, on peut l'étudier sur le frais; et c'est ce qu'il nous a. été donné de faire sur un individu qui fleurit dans les serres du Sénat. Le réceptacle en forme de coupe qui porte sur ses bords le périanthe, est doublé intérieurement d'une couche glanduleuse, hérissée de saillies papilleuses. Le périanthe est ordinairement à six parties, plus rarement à cinq. Sans avoir pu voir naitre ce périanthe, nous l'avons aperçu très- jeune, à une époque où le réceptacle floral est convexe et où aucun autre appendice ne se montre à sa surface. A cette époque ses six pièces sont toutes égales entre elles, comme les pièces d'une corolle. Plus tard elles ressemblent beaucoup à celles des Santalacées. Nous ne voulons pas affirmer, nous indiquons seulement avec doute cette supposition : que ces pièces pourraient bien être des pétales. Nous voyons d'ailleurs que, des douze étamines qui forment l'an- drocée, les plus grandes sont alternes avec les pièces du périanthe, tandis que dans toutes les plantes desquelles on a rapproché les Cephalotus, les mêmes étamines sont superposées aux folioles (4) Nov.-Holland, M, 7, t, 145, SUR LES SAXIFRAGÉES. 5 du calice. Les six autres étamines alternes avec les premières sont plus petites qu'elles et s'appliquent dans le bouton contre les folioles du périanthe, qui sont alors valvaires. L'insertion péri- gynique des filets staminaux, la direction des loges introrses, arrondies et didymes, et la dilatation du connectif en cellules blan- ches, charnues et mamelonnées, sont des faits parfaitement établis et sur lesquels il est inutile d'insister. Quant au gynécée, il est formé de six carpelles qui ne s'insérent pas tout à fait au sommet du réceptacle, mais à une certaine distance, suivant un cercle au delà duquel le sommet de l'axe floral se prolonge en un petit dóme qui s'insinue entre les bases des carpelles; disposition qui s'observe d'autant plus nettement qu'on observe des fleurs plus jeunes. Nous avons pu voir ces carpelles à leur premier âge, égaux, équidistants, largement béants par leur angle interne, et sans trace d'ovules. Nous n'avons jamais pu observer qu'un ovule dans la fleur épanouie. Il était ascendant, supporté par un funieule dressé et légérement arqué. Son micropyle regardait en bas et en dedans; direction qui, nous devons le faire remarquer, n'a jamais été observée dans les Renonculacées. Quant à l'inflorescence du Cephalotus, elle est en cymes, ordinairement bipares, réunies sur l'axe commun de ce qu'on appelle ordinairement l'épi. C'est prineipalement la forme concave de son réceptacle floral, qui a, sans doute, fait placer le Cephalotus, tantót parmi les Rosa- cées, tantôt parmi les Saxifragées. Mais par ses graines albuminées il est certain qu'il doit s'écarter des premières, puisqu'on n'y connaît pas jusqu'ici d'embryon accompagné d'un périsperme; tandis que ce dernier peut s'observer souvent chez les Saxifragées. Or il est un autre groupe, non loin des Saxifragées, où la présence de l'al- bumen est, dit-on, également constante et où l'indépendance des carpelles est un fait plus constant que chez les Saxifragées ; groupe auquel jusqu'à présent il nous semble que le Cephalotus doit étre rapporté de préférence. Nous voulons parler des Crassulacées. Il n'y a plus maintenant de doute sur ce point, que leur récoplacle n'est pas constamment convexe, et que l'insertion des étamines peut y devenir plus ou moins périgynique, ainsi qu'elle l'est dans 6 OBSERVATIONS les Cephalotus; et il y a des types inférieurs, tels que celui des Penthorum, où le périanthe peut devenir simple. Ainsi, dans les fleurs du P. sedoides L., qui sontdisposées en cymes, nous voyons, comme souvent dans celles du Cephalotus follicularis, six folioles au périanthe, six étamines alternes et six étamines opposées à ces folioles, avec des anthères introrses, et six carpelles alternes avec les pièces du périanthe, indépendants les uns des autres et séparés par un petit espace central qui appartient au sommet organique du réceptacle. A part done la forme singulière des feuilles ou ascidies, qui ne se retrouve pas d'ailleurs davantage parmi les Saxifragées | que parmi les Crassulacées, on pourrait considérer le Cephalotus comme un Penthorum à carpelles pauciovulés, et en faire par suite une Crassulacée à périanthe simple et à réceptacle concave. Il nous a paru qu'en méme temps le Cephalotus rappelait, par son organisation florale, les Résédacées éleuthérogynes, c'est-à-dire les Astrocarpées. Quant aux affinités des Cephalotus avec les Saxifragées, elles sont tout. aussi incontestables que leurs rapports étroits aveo les Rosacées; et l'on comprend très-facilement que les Cephalotus aient pu étre elassés parmi ces derniers. Nous l'avons en effet déjà dit : en dehors de l'examen des graines, et tant que la présence ou l'absence d'un albumen n'a pas été constatée, une plante à car- pelles indépendants peut être considérée aussi bien comme tine Saxifragée que comme une Rosacée, Et cela ést si vrai que, cof- frairément aux Astilbe (Hoteia), qui furent d'abord [ris pour des Rosacées, puis transportés parmi les Saxifragées, il y a dés genres, tels que le Lütkea, qui probablement devront être séparés des Saxifragées, auxquelles on les rapporte, pour être rangés parmi les Rosacées. Le Lütkea sibbaldioides Boxe. parait en effet avoir tous les caractères floraux de certaines Spiréacées. Le réceptacle yestcon- cave et doublé d’un disque glanduleux à bord circulaire, Sur les bords de la coupe réceptaeulaire s'insérent cinq sépales et cinq pétales, tandis que près de son fond se trouvent cinq earpelles superposés aux pétales, complétement indépendants Jes uns des SUR LES SAXIFRAGÉES. 7 autres et formés chacun d’un ovaire uniloculaire, atténué en un style grêle dont le sommet stigmatifère est renflé en tête, Dans l'angle interne de chaque ovaire il y a deux séries d’ôvules sus- pendus, au nombre de deux en général dans chaque série. Les étamines sont insérées en dedans du périanthe et comme lui péri- gyniquement, Elles sont disposées en verticilles, comme celles des Rosacées; el ces verticilles sont en nombre variable. Il y a toujours une étamine en face de la ligne médiane du pétale; et elle est accompagnée d'une óu de deux paires d'étamines plus petites qu'elles qui lui sont latérales. Toutes ont des filets libres, in- fléchis dans le bouton, et des anthéres biloculaires et introrses, dé- hiscentes par deux fentes longitudinales. Il ya en outre une étamine en face de chaque sépale, et, plus rarement, deux étamines plus petites sur les côtés de celle-là. Il en résulte que l’on peut avoir dans les fleurs, ou vingt, ou vingt-cinq, ou méme trente étamines. Or, cette variation s'observe également dans les Spirées dont le gynécée “et le périanthe sont aussi ceux du Lútkea. Et si la | graine de ce dernier, qui ne nous est pas connue, n'était pas donnée comme pourvue d'un albumen, tandis que l'albumen manque dans toutes les Rosacées connues jusqu'ici, nous n'hésiterions pas : à faire ren- trer le Lütkea dans le genre Spiræa lui-même, car il est certain que les Ulmaires et les Filipendules, qu'on lui associe sans diffi- culté, sont plus différentes encore par leur organisation florale des autres Spirées que ne l’est le Lütkea sibbaldioides. MM. Bentham et J. Hooker (1) ont encore rapporté aux Saxi- fragées, à cause de leur périgynie, les Parnassia, que d'autres auteurs rapprochaient des Droséracées, des Violariées , des Tamariscinées, des Gentianées et des Hypéricinées , et dont M. Agardh (9) a fait des Podostémées plus élevées en organisation et servant de passage aux Lentibulariées. Il est difficile de se pro- noncer sur la véritable place que doivent occuper les Parnassiées, non pas tant quand on les examine à l'état adulte que quand on suit (4) Genera plantarum, 164. (2) Theoria Systematis planterum, 80, 8 OBSERVATIONS avec M. Payer (1) la série de transformations si remarquables que présente leur fleur, pour passer de l’état d'irrégularité qu’elle offre au début, à la forme sensiblement régulière de l'état adulte. Les organes glanduleux que l'on observe en dedans de la corolle et qu'on a rapportés à des étamines transformées, paraissent étre de méme nature que les languettes frangées oppositipétales des Argo- phyllées et que les disques alternipétales des Breæia. Le groupe des Saxifragées, tel que nous le concevons actuelle- ment, se compose donc des groupes secondaires que nous allons maintenant énumérer. La plupart ont été élevés au rang de familles ou d'ordres; et il importe peu, à ce qu'il nous semble, qu'on leur conserve ce titre, ou qu'on les considére seulement comme les membres divers d'un grand ordre unique. Ce que nous voulons seulement montrer pour le moment, c'est comment ils se ratta- chent tous à un commun ensemble; et comment chacun d'eux ayant des rapports particuliers avec une ou plusieurs autres familles, crée pour le groupe total un nombre considérable d'affi- nités multiples et quelquefois inattendues. Saxifragées proprement dites et Cunoniacées. Dans ces deux groupes, tels qu'ils sont reconnus par la plupart des auteurs, les deux grands caractères saillants sont éminemment variables, Ce sont : La forme plus ou moins concave du réceptacle. Le mode de placentation qui tient aux rapports qu'affectent entre elles les feuilles carpellaires. Ces rapports sont de trois espéces : 1° Les carpelles sont plus ou moins profondément indépendants les uns des autres, comme dans les Rosacées, qui alors ne différent plus des Saxifragées que par l'absence complète du périsperme. 2* Les carpelles sont réunis en un ovaire uniloculaire à placentas plus ou moins saillants, mais pariétaux. L'ovaire estalors semblable à celui des Grossulariées, qui ne sont que des Saxifragées à fruit charnu et qui doivent leur étre réunies; car la consistance seule de leur péricarpe ne saurait les en séparer, pas plus qu'elle ne doit séparer les Araliacées des Ombellifères, et leur fleur est exacte- ment la méme. Il suffit d'indiquer cette fusion des Saxifragées et (1) Organogénie comparée de la fleur, 183, t. XXXIX. SUR LES SAXIFRAGÉES, 9 des Ribesiacées, pour qu'on songe peut-être un jour à celle des Cactées qui ont été réunies par plusieurs auteurs aux Groseilliers, malgré la disposition de leurs appendices floraux et le port de leurs organes de végétation. 5" Les placentas se rejoignent; l'ovaire est cloisonné. C'est de la forme périgyne de ce groupe qu'on a rapproché les Francoacées, dont la périgynie est certaine et dont les placentas sont, ou pariétaux, ou réunis sur laligne centrale de l'ovaire, dans une étendue variable. L'analogie de forme des Greyia avec les Francoa est frappante. | Les Crassulacées au contraire, tantôt hypogynes et tantôt péri- gynes, se rapprochent davantage par le gynécée des formes à carpelles indépendants. Quand le périanthe y devient simple, comme dans les Penthorum, le Cephalotus, on a des types corres- pondants à ceux des Chrysosplenium, qui sont des Saxifrages apétales, et à ceux des Cunoniacées dépourvues de corolle. Dauérées. Intermédiaires au groupe précédent et aux Rosacées, dont elles different surtout par l'embryon sans albumen des der- niéres et par l'union de leurs carpelles dans la portion inférieure, elles ont l'androcée et les stipules des Spiræacées et le fruit des Saxifragées ordinaires. (Voy. Adansonia, V, 302.) Escalloniées. Saxifragées à ovaire infére, tantót uniloculaire et tantôt pluriloculaire, avec des placentas axiles, ainsi que nous l'avons déjà dit (V, 283). Reliant les Saxifragées proprement dites aux Argophyllées d'une part, et de l'autre aux Pittosporées, dont elles sont la forme inférovariée. Argophyllées. Placés par M. Lindley (4) dans les Brexiacées, et par MM. Bentham et Mueller (2) parmi les Escalloniées, les Argophyllum tiennent en effet des unes et des autres, suivant que leur ovaire est en grande partie infére, comme dans l' A. nitidum Forsr., ou presque entièrement libre, comme dans l' A. ellipticum, LasiLL., dont le réceptacle est à peine concave et dont l'insertion est presque hypogyne. La préfloraison de la corolle y est toujours (4) Vegetable Kingdom, 573. (9) Flor. austral., 1, 436. 40 OBSERVATIONS valvaire. Les étamines, en même nombre que les n etalternes avec eux, sont épigynes dans l'A. nitidum et à peine périgynes dans 14. ellipticum. Le style unique est dilaté en tête stigmatifére entiére ou peu profondément découpée, comme dans les Eseallonia et les Breæia. Les lames découpées en languettes qui doublent intérieurement les pétales représentent un disque tout à fait com- parable à celui des Escallonia ; car il est facile de constater, méme sur des échantillons secs, que leur apparition est fort tardive. Le mode de placentation est fort curieux. Dans PA. nitidum, le pla- centa est une masse fort rétrécie à son point d'attache et portant de nombreux ovules; ce qu'on observe aussi dans certaines Éri- cinées, Myrtacées, Mélastomées, ete., toutes familles dont les affinités plus ou moins éloignées avec les Saxifragées mériteraient d'étre étudiées de prés. Nous dévons nous borner à ee propos aux indications sommaires qui suivent : Comparer les Carpodeius de Forster avec les n d'une part, et de l'autre avee les Myrtacées. Se rappeler que les Anisophyllea où T'eiracrypta önt élé attri- bués, par les uns aux Curioniacées, par les autres aux Rhizophorées voy. Adansonia, IH; 22). Se réporter à ce que nous avons dit des affinités des Onâgrariées et dés Haloragées avec les Escallonices. (Op. cit., V, 286.) Songer que les Éricinées à à ovaire infére, c'est-à-dire les Vacéi- niées, ont tous les caractères essentiels de Myrlacées gamopétales; qu'il y a toutefois des: Éricinées polypétales et en méme temps des Myrtacées gamopétales, comme le Napoleona et plusieurs autres. Insister méme sur ce fait que l'Henslowia Warr: (nee B.), attribué jadis aux Cunoniacées, est la même chose que le Crypte- ronia qui a été rapporté depuis aux Lythrariées, e "est-à-dire à des Onagrariées sans adhérence de l'ovaire. Ce qui conduit encore à comparer aux Myrtacées ét aux Argo- phyllées les Hypéricinées qui, par leur périanthe, leur androcée, leurs organes de végétation, peuvent être provisoirement 6onsi- dérées comme des Myrtacées à ovaire supére et à placentation sou- vent pariétale, comme celle d'un grand nombre de Saxifragées, SUR LES SAXIFRAGÉES, 14 Hydrangées. L'organisation placentaire signalée dans les Argo- phyllum se retrouve dans les Cornidia, notamment dans le C. inte- gerrima Hoox., dont les plaéentas obovés, suspendus presque en haut de la loge, ressemblent à de gros ovules descendants et sont eux-mêmes chargés de nombreux petits ovules. Les Cornidia sont rapportés aux Hydrangées, qui sont, suivant M. Agardh (1), «Cu- niaceæ estipulate , foliisque simplicibus instructæ , floribus in corymbum terminalem dispositis. » Malgré des différenees trés- positives (2), il n'y a personne à qui les Hydrangées ne rappellent les Sambucinées. En méme temps les Hydrangées ont été souvent rapprochées des Cornées auxquelles on a rapporté l’Adoæa. Nous pensons (3) que l’Adoæa est une Sambucinée. En réunissant tous ces faits, nous reconnaissons une certaine relation entre les Hydrangées et le type gamopétale des Sambucinées, comme nous en avons aperçu une (4) entre les Cornées et le type gamopétale des Rubiacées, comme on peut en entrevoir une entre les Saxi- fragées proprement dites et le type gamopétale des Gentianées, surtout s'il y a, comme on le dit, des Saxifrages à corolle mono- pétale. Quelle serait, dans ce cas, la différence absolue qu'on pourrait signaler entre une Saxifrage et une Gentiane? Philadelphées, Sont des Hydrangées à ovaire plus souvent, mais non constamment, partagé en plusieurs loges, et relient aussi, comme les Escalloniées et les Argophyllées, les Saxifragées aux Myrtacées, aux Onagrariées et aux familles analogues. Eucryphiées. Sont aux Philadelphées polyandres, par leur ovaire supère, ce que les Breæia sont aux Anopterus; les Pitto- sporum aux Escallonia, les Saxifrages — aux Saxifrages inférovariées. Codiées. Cunoniacées à ovaire partagé en loges complètes ou incomplètes, à ovules en nombre défini (solitaires ou géminés); à fleurs réunies en capitules; servant de passage entre les Cuno- niacées multiovulées et les Bruniacées. (Voy. Adansonia, V, 296. M (4) Theoria Systematis plantarum, 148. (2) Voy. Adansonia, I, 373. (3) Voy. les Legons sur les familles naturelles de Payer, 341. (A). Voy. Adansonia, I, 97, 42 OBSERVATIONS Bruniacées. Codiées (c’est-à-dire Cunoniacées pauciovulées) éricoïdes, à feuilles simples, accompagnées de très-petites stipules. Loges complètes ou incomplètes. (Op. cit., 297.) Hamamélidées. Bruniacées non éricoïdes, à stipules plus déve- loppées, à étamines souvent valvicides. (Op. cit., 298.) Lonchostomées. Bruniacées à ovules plus nombreux, plus sem- blables, par conséquent, aux vraies Saxifragées. (Op. cit., 297.) Rhodoleiées. Sont aux Hamamélidées, par le nombre des ovules, ce que les Lonchostoma sont aux Brunia. (Voy. Adansonia, |, 176; V, 299.) Bucklandiées. Styracifluées (Altingiacées). Rhodoleïées incom- plètes, diclines, avec les ovules nombreux des Saxifragées pro- prement dites. Type saæifragé réduit, arborescent, amentacé (menant aux Platanées). Comme les Hydrangées (par les Adoxa et les Sambucinées) et comme les Bruniacées (par les Ombellifères - Araliacées), les Hamamélidées proprement dites relient les Saxifragées aux Cornées, aux Helwingiées, aux Alangiées et aux Haloragées, c'est-à-dire encore aux Onagrariées. Il sera sans doute trés-difficile de tracer une ligne nette de séparation entre les Cornées et les Hamamé- lidées ; et cette question mérite d’être étudiée avec grand soin. Nous renvoyons à ce sujet aux observations sommaires qui ont déjà été produites dans le volume V de ce Recueil (p. 298). En somme, les ovules des Hamamélidées sont, avant toute torsion, dirigés comme ceux des Cornées; et c’est uniquement par la position relative du raphé et du micropyle que les Cornées elles- mémes se distinguent absolument des Araliacées. Dulongiées. Saxifragées par la placentation pariétale, qui seule les sépare des Célastrinées à ovaire infère, plutôt que des Rha- mnées, puisque les Dulongia ont les étamines alternipétales. Il y a longtemps encore qu'on a constaté la grande ressemblance que leur inflorescence épiphylle donne aux Dulongia avec les Polycar- dia, les Helwingia, etc. Or, il nous semble que l'Helwingia doit rentrer dans la famille des Cornées. Il en ales ovules suspendus, avec le raphé dorsal et le micropyle dirigé en haut et en dedans. SUR LES SAXIFRAGÉES. 13 ll esttoutefois bien facile de voir que si les placentas du Dulongia se prolongeaient davantage, l'ovaire partagé en loges complétes contenant chacune de nombreux ovules, deviendrait par là sem- blable à celui des Célastrinées multiovulées, telles que les Putter- tickia. Et comme les cloisons des Célastrinées se forment préci- sément de dehors en dedans, par évolution centripéte, il n'est pas impossible d'admettre que les placentas pourraient bien, par une sorte d'arrét de développement, ne pas atteindre tout à fait jus- qu'au centre, demeurer en réalité pariétaux; et que cependant toutle reste de l'organisation étant semblable, il n'y aurait point là une raison suffisante pour écarter les unes des autres des plantes que tous leurs caractères, sauf un seul, relient et confondent entre elles. Il faut bien avouer qu'ici pourtant, c’est le caractère unique de la placentation pariétale qui nous fait ramener les Dulongiées vers les Saxifragées. L'habitude, l'éducation scientifique reçue à nos débuts, et je ne sais quel consensus universel dont l'influence est immense et se fait sentir longtemps, sinon toujours, nous mon- trent ce caractère de la placentation pariétale comme un trait frap- pant de l'organisation des Saxifragées; il faut bien maintenant reconnaitre que ce caractère absolu nous échappe. Aussi faudra-il peser soigneusement tous les autres caractères des groupes végétaux qu'on accumule depuis longtemps autour des Saxifragées, principalement pour cette raison que leur placen- tation est pariétale. Les Homalinées et les Samydées, par exemple, peuvent à peine, dans l'état actuel de nos connaissances, étre sé- rieusement distinguées des Saxifragées. Pourquoi cependant s'en sépareraient-elles plus légitimement que les Parnassiées ou les Dulongiées ? Le nombre défini des étamines, l'insertion périgynique et tous lesautres caractères d'importance qu'on peut invoquer, ne se retrouvent-ils pas aussi bien dans un groupe que dans l'autre? Et cependant il faut songer que, sinon par la forme du réceptacle, les Homalinées ne sauraient beaucoup différer des Bixacées, des Garryacées, etc. ; Le genre Abatia de Ruiz et Pavon, qui a été rapporté, entre autres familles, aux Lythrariées, fournit encore une preuve bien 14 | OBSERVATIONS embarrassante des difficultés sans nombre qui assiégent le classi- ficateur. Pourquoi le rapporter plutôt aux Samydées qu'aux Homa- linées, qu'aux Saxifragées ? Sur quel caractère distincüf se fondera- t-on? Sera-ce l'opposition des feuilles, quand nous voyons deux Chrysosplenium ou deux Cornus voisins avoir, l'un, des feuilles opposées, et l'autre des feuilles alternes? Sera-ce la présence ou l'absence des stipules, quand nous voyons les Bruniacées distin- guées par là des autres Hamamélidées, tandis qu'elles ont des stipules les unes comme les autres? Sera-ce enfin quelque carac- tère tiré de la fleur elle-même? Mais le réceptacle floral des Abatia est légèrement concave, comme dans beaucoup de Samydées et de Saxifragées. L'ovaire libre au fond de la coupe réceptacu- laire est uniloculaire avec des placentas pariétaux multiovulés, et les étamines sont en nombre indéfini, comme il arrive aussi dans les familles que nous venons de nommer. Que la plante appartienne aux Homalinées ou aux Samydées, il importe assez peu pour la classification, puisque M. Bentham a sagement, dans ses dernières publications (1), réuni en une seule ces deux familles. Mais s'il est vrai qu'elles ne peuvent se séparer Pune de l'autre par un seul caractére absolu, ne faudra-t-il pas aussi eonvenir qu'il en est de méme des Saxifragées comparées à ce nouveau groupe des Samy- - dées, tel que l'entend M. Bentham, et qu'il n'y a là que des limites de convention, utiles sans doute pour l'étude, mais non pas natu- relles, comme on le prétend d'ordinaire? Pittosporées. Sont des Escalloniées par la fleur et surtout par l'organisation du gynécée. L'ovaire est tantôt uniloculaire, et tantôt pluriloculaire, les cloisons se rejoignant au centre et la pla- centation devenant axile. Mais, par suite de la forme convexe de son réceptacle floral, la fleur d’une Pittosporée a le gynécée supère et libre, tandis qu'il estinfère dans les Esealloniées. I! y a peu de familles dans lesquelles cette variabilité de la situation de l'ovaire ne puisse s'observer; mais dans les Saxifragées élle ne peut avoir aucune importance, car elle y est trés-fréquente. (4) Flora Hongkong., 124. — Notes on Bixaceæ and Samydaceæ, in Journ. of the proceed. of the Linn. Soc., V, supp. 2, 75 et seq. (1861). SUR LES SAXIFRAGÉES. 15 Brexiacées. Souvent rapprochées des Pittosporées, dontelles ont le gynécée supère, elles en différent en général par le nombre de leurs loges ovariennes, qui correspond à celui des pétales, comme il arrive d'ailleurs dans les Eucryphiées, les Philadelphées et un grand nombre de Cunoniacées proprement dites. Ces loges sont d'ailleurs complètes à l’âge adulte, comme souvent aussi dans les groupes précédemment cités. Par le nombre des ovules contenus dans chaqueloge, les Brexiacées se subdivisent en groupes secon- daires : les Brexiacées vraies ou multiovulées, qui correspondent aux Pittosporées et au plus grand nombre des Saxifragées ancien- nement connues, et les Ixerbées, à ovules peu nombreux et définis, répondant aux Codia, Bruniacées proprement dites, Ha- mamélidées vraies, ete. Les Breæia sont en méme temps des Anopterus à réceptacle floral moins concave et à placentas plus saillants dans l'intérieur de l'ovaire. Par les Brexiacées et surtout par les Pitiosporées, les Saxifra- gées se rattachent encore aux groupes à placentation pariétale des Hypéricinées, des Violariées et des Bixacées ; relations qui expli- quent comment les Banarées ont pu être rapportées à Ia fois aux Bixacées et aux Samydées, si voisines des Saxifragées; comment une autre Samydée, le Casearia, a, sous le nom de Piparea que lui à donné Aublet, quelquefois été rangé parmi les Violariées ; comment le Leonia et le Melieytus, dont M. J. Hooker a définiti- . vement fait des Violariées, s'allient en méme temps aux Bixacées, aux Homalinées et aux Saxifragées, et comment le Parnassia peut revendiquer à titre presque égal des affinités trés-diverses avec les Violettes, les pondus les Hypéricinées et les Saxifragées elles-mêmes. ADDI T i ON S A L'ÉNUMÉRATION DES ESPÈCES D'EUPHORBIAGÉES DU BRÉSIL, (Vol. V, p. 360.) | SAGOTIA RACEMOSA H. Bn, in Adansonia, by 54. Exs. Spruce, n. 2461, 3342, « prope Panurè , ad Rio Uaupès (oct. 1852-janv. 1853) ». \ 16 | EUPHORBIACÉES AMÉRICAINES. - CLUSIOPHYLLUM SPRUCEI M. arg., in Flora (1864), 519. Exs. Spruce, n. 3029, 3474, Bres, sept. » GAVARRETIA TERMINALIS H. Bn, in Adansonia, 1, 186, t. VII. ; Exs. Spruce, n. 3087, «prope San Carlos, ad Rio Negro (1853-4). » CROTON TRAGIFOLIUM. - Planta humilis basi suffruticosa ; ramis ramulisque (fide A. S. H.) diffusis procumbentibus gracilibus teretibus, uti planta fere tota, hispi- dulo-setosis. Folia alterna petiolata suborbicularia v. sæpius reniformia basi rotundata emarginatave; apice rotundato; inæquali-crenata hispido- ciliata membranacea, supra parcius hispida, basi 3-5-nervia ; nervis vix conspicuis; avenia (ad 4 cent. longa, 1; cent. lata). Petiolus limbo equalis v. paulo longior hispidus ; pilis, ut in planta tota, stellato-glan- dulosis creberrimis. Flores racemosi terminales; racemis brevibus pau- cifloris ; pedicellis brevissimis; floribus fœmineis 2-3 inferioribus ; reli- quis masculis. Flos masculus ; calyx 5-partitus ; laciniis imbricatis acutis pilis stellatis longe ramosis hinc et inde conspersis. Petala ciliata imbri- cata. Glandulæ alternipetalæ 5 vix conspicuæ. Stamina 10-15 receptaculo parce villoso inserta. Flos foemineus : calyx 5-partitus. Petala minutis- sima glandulæformia subulata. Glandulæ 5 alternipetalæ breves. Germen stellato-hirsutissimum ; stylo 3-partito; laciniis linearibus 2-fidis. Exs. A. S. H., cat. C^, n. 1387, prov. de St-Paul, « bords du chemin, près le rio Verde. (Je l'ai retrouvé près de Mozangara. » A. S. H. mss.) Oss. Nobis penitus ignotum C. parvifolium M. arc., in Flora (1864). DALECHAMPIA MICROMERIA H. Bn, in Adansonia, V, 310. Est D. Sellowiana KI., mss., in herb. Berol. — Exs. add. : Sellow, Brésil (herb. Mus., ex herb. Berl.). — A. S. H., cat. B?, n. 143, s, prov. de Rio-Janeiro, « capueiras prés le cap Frio; » cat. C?, n. 1816, o, prov. de Rio-Grande-do-Sul. — Weddell (1843), n. 369, Rio-Janeiro. Oss. Bernardie HoUsr., nomen Adeliæ anteponendum. Sunt igitur Bernardiæ species, Adeliæ omnes in Adansonia, IV, 374, enumerat, prætereaque Passæa, Alevya, Tyria, Phadra, Traganthus et Polybæa Kr., pro meris sectionibus generis habendæ. Guaraniæ WEDD. species enumerat in Adansonia, V, 347, sunt species Richerie VABL a quo certe differt Podocalyz Kt. ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU DANS LA NUTRITION DES PLANTES Par M. Henri ÉMERY. ——— CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES Le végétal est une individualité multiple dont les différents ter- mes sont représentés par les bourgeons. Cette association est essen- tiellement fixée au sol, et chacun de ses membres possède une vie propre, tout en participant activement à la vie de l'ensemble. Les caractères essentiels de l'économie végétale résultent de cette attache invariable de la plante au sol qui l'a vu naître. Privée de la faculté de locomotion, elle ne saurait fuir les influen- ces funestes à son organisation, et aller au devant des influences favorables à son existence ; elle est sous la dépendance immédiate et absolue des agents extérieurs. Incapable de pourvoir par elle- méme, comme le fait l'animal, à son alimentation, elle ne saurait se eréer un régime propre ; elle doit subir celui qui nait fortuite- ment des hasards qu'elle traverse. Son existence dépend aonc des ressources du lieu qu'elle habite, et rien en elle n'est capabis de modifier l'ordre de choses établi sans sa participation. Dans de telles conditions, il faut à un organisme vivant une force de résistance trés- energique, pour supporter sans périr, les brusques variations du chaud et du froid, de la sécheresse ct de l'humidité, de l'extréme abondance et des privations excessives. Le caractère dominant de l'organisation végétale doit donc consister surtout dans une grande force de résistance, dans une puissante vita- lité, C'est ainsi que, dans les typesinférieurs de l'animalité, comme 2 VE 48 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU les causes de mortalité se multiplient à mesure que l'organisme se simplifie, nous voyons la vitalité grandir rapidement. Mais cette force conservatrice de l'individu a nécessairement ume limite; et quand les chances de la dépasser augmentent, alors s'ac- eroit simultanément une autre force, protectrice de l'espéce, et qui prend sa source dans la puissance de propagation de l'individu. Il est encore une conséquence remarquable de ce caractére fon- damental de la plante. . Ainsi fixé au sol, et astreint d'ailleurs à une propagalion ac- live en raison méme des dangers incessants qui menacent sa vie, l'individu végétal se crée bientót une famille nombreuse, dont les divers représentants se succèdent donc trés-rapidement dans le méme lieu. Par suitele type spécifique, ainsi reproduit des millions de fois au milieu du méme ordre de choses, doit acquérir par là, une fixité, une constance incomparablement plus grande que celle que peut obtenir un type animal, chez lequel les pérégrinations individuelles favorisent les croisements des races, et multiplient les changements climatériques, circonstances toutes deux émi- nemment favorables à la variation des types. La fixité dans le type tend d'ailleurs à diminuer la vitalité dans l'individu. Car, si un concours particulier de circonstances parvient à surmonter la résistante de la premiére force, l'organisme végétal devra périr, ou bien subir des transformations susceptibles de le mettre de nouveau en parfaite harmonie avec le monde extérieur. Ces modifications, alors devenues nécessaires, seront évidemment entravées par la résistance du type à la variation. De cette situation naitra pour l'individu végétal, une délicatesse de tempérament, si je puis parler ainsi, qu'il n'aurait point sans cela. Maintenant quelle est exactement la grandeur de cette force de résistance ? Et, lorsque l'organisme en action est enfin dominé par les influences extérieures, peut-il se modifier de manière à se mettre en harmonie avec le nouvel état de choses? S'il en est ainsi, entre quelles limites sont renfermées ces métamor- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 19 phoses? Le temps est-il leur indispensable auxiliaire, et faut-il voir se succéder plusieurs générations avant d'en constater les effets? Tels sont les points principaux d'un probléme, dont Ja solution intéresse également et au plus haut degré la philosophie naturelle et une pratique horticole sage et raisonnée. Ce sont des dotuments pour cette grande queslion que je me suis efforcé de rassembler dans ces études. Parmi les agents naturels de la végétation, il n'en est aucun de plus influent, et dont l’action amène des effets plus énergiques et plus variés que l'agent aqueux. Aussi est-ce à l'étude de l'eau, con- sidérée comme agent physiologique, que je me suis tout d'abord attaché. Quand on envisage la végétation dans son ensemble, on recon- nait que les plantes peuvent vivre dans trois milieux différents : la terre, l'air et l'eau; mais quel que soit le milieu, il doit renfer- mer une certaine quantité d'humidité , sous peine d'étre mor- tel au végétal ou portion de végétal qui l'habite. Les unes, les plantes terrestres, vivent ; les racines dans la terre, la tige et ses dépendances dans l'air; les autres, les plantes aquatiques, végè- tent : les racines dans le sol, etla tige totalement ou partiellement submergée; enfin un bien petit nombre d'espèces n'habitent qu'un seul milieu, comme les truffes dans lesol et les conferves dans l'eau. J'ai voulu rechercher, dans ce travail,quels étaient les accidents éprouvés par la plante terrestre que l’on force de végéter à la manière des plantes aquatiques. Mes études comprennent trois parties distinctes. 20 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU PREMIÈRE PARTIE DES EFFETS DE LA SUBMERSION TOTALE SUR LA VÉGÉTATION DES PLANTES TERRESTRES INTRODUCTION La vie de la plante se partage très-naturellement en trois pério- des principales : la période intra-séminale, la période de la germi- nation et enfin la période de l'état adulte; par conséquent len- semble des effets amenés par la submersion totale se divise également en trois groupes correspondants. Mais c'est seulement dans les deux dernières phases de son existence que la submersion crée à la plante une situation anormale, et doit par conséquent amener dans son économie des perturbations profondes qu'il est de toute nécessité de rechercher, quand on veut se former une opinion exacte du róle physique de l'eau dans la végétation. Aussi mes observations et mes expériences ne portent-elles que sur ces deux points. | Dans la première période, au contraire, la submersion totale est l'état normal, régulier. Par l'influence mystérieuse du tube pollinique sur une vésicule embryonnaire, une nouvelle individualité est créée. Cette indivi- dualité nouvelle, d'abord confinée et comme emprisonnée dans une seule cellule, ne tarde point à se donner une demeure plus vaste et surtout plus complexe. Par les segmentations successives de la cellule primordiale, le germe se transforme en une masse cellulaire que des évolutions ultérieures amènent ensuite à un état organique plus ou moins élevé. Un jour enfin le nouvel individu, ayant parachevé sa première phase de développement, se trouve en possession de l'intégrité de ses organes. De ce moment le libre et complet exercice de ses fonctions dépend désormais du concours des DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 21 agents extérieurs; car, pour lui, il possède maintenant tous les organes nécessaires à la vie de nutrition: une racine, une tige, un bourgeon et une masse cotylédonaire. Voilà donc la première période de son existence accomplie ; il lui faudra maintenant attendre, dans une sorte de sommeil léthar- gique, que des circonstances favorables, différentes toutefois de celles qui ont jusqu'ici prêté leur concours à sa force vitale, lui permettent de parcourir la deuxième phase de son existence. Ici se présentent deux questions fort intéressantes à résoudre. Quel est le mode spécial de nutrition de l'embryon, durant cette premiére période ; et pourquoi ce ralentissement des actes vitaux, cet affaissement général dans l'activité fonctionnelle qui vient toujours, un peu plus tót ou un peu plus tard selon les espéces et les individus, rompre cette premiére chaine de modifications, de changements, de métamorphoses, qui constituent cette phase de la vie végetale? Pendant la période intra-séminale, l'embryon est une sorte de parasite dont l'existence offre une grande analogie avec celle du jeune vivipare durant sa vie intra-utérine. La plante nouvelle baigne alors, par toute sa surface, dans le fluide nourricier élaboré . par l'activité propre de la mère. Ainsi, et c’est là un point impor- tant à remarquer, tout individu issu de graine a toujours subi, pendant les premiers temps qui suivent l'apparition du germe, les effets d'une submersion totale. De jeunes tissus des plus délicats, ceux de l'embryon en voie de formation, peuvent donc baigner dans l'eau, sans éprouver néanmoins d'altérations sensibles. Par conséquent, lorsque, dans nos expériences, nous verrons un tissu se décomposer pendant son séjour sous l'eau, nous ne pourrons regarder ce résultat comme simplement dà au contact du liquide ; il est évident que d'autres causes désorganisatrices devront alors intervenir. Nous reconnaitrons en outre que la vie est capable de résister un certain temps, beaucoup plus long qu'on ne le croit générale- ment, aux causes d'altération qui résultent du contact prolongé de l'eau. D'où vient cette force de résistance qui fait que la putréfac- tion ne commence dans un organe, c'est-à-dire que les éléments 22 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU constituants ne se dissocient pour adopter un nouveau mode de groupement, pour prendre enfin un nouvel état d'équilibre molé- culaire, qu'au moment précis où la vie l'abandonne? Pourquoi la trame organique vivante a-t-elle cette remarquable stabilité d'équi- libre, et cela malgré son extrème fragilité et sa grande délicatesse ? Cette puissance si remarquable résiderait-elle dans le mouvement nutritif , dans cet incessant renouvellement des particules inté- grantes du tissu, dont l'interruption, méme momentanée, améne aussitót la mort? Ainsi la stabilité de l'oeuvre résulterait de l'insta- bilité méme des matériaux constituants. Avant que les agents phy- siques, toujours en lutte avec l'organisme vivant, ne soient parve- nus à ébranler l'édifice en quelques-uns de ses points, les matériaux de cette région seraient dissociés et remplacés immédiatement par d'autres dont la force de résistance serait suffisante pour un instant, mais seulement pour un instant. Je n'insisterai pas davantage sur ces considérations abstraites, pour aborder cette autre question plus étroitement liée à mon sujet. Pourquoi le mode spécial de nutrition de la vie intra-séminale, dévient-il impossible au bout d'un certain temps? À priori,il n'y aque trois suppositions admissibles : ou la quan- tité de substance assimilatrice que l'embryon reçoit est devenue insuffisante pour ses besoins actuels; ou l'activité de l'absorption n'est plus en rapport avec les exigences de la nutrition; ou enfin ce phénomène est le résultat de l'effet combiné de ces deux causes. Dans l'état de la science, cette question ne peut étre, je crois, complétement résolue. Examinons en. effet successivement les. hypothèses précédentes et tàchons d'apprécier leur degré de pro- babilité. En premier lieu doit-on admettre qu'à une certaine période de la végétation, la plante mere est incapable de fournir à l'embryon l'alimentation que celui-ci réclame? On est d'abord tenté de ré- pondre aflirmativement en songeant que l'époque de la maturité des graines, que l'époque par conséquent oü le nouvel étre se sépare spontanément de sa mère est aussi, dans beaucoup d'espèces, i\e moment de la chute des feuilles, c'est-à-dire des organes essen- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 23 tiels d'élaboration du fluide nourricier. Remarquons cependant qu'une quantité notable de sève reste en réserve dans les tissus de la tige, des branches et des rameaux. C'est ce fluide qui, lors de la végétation suivante, rend possible l'épanouissement des bourgeons, et préside au premier acte de la végétation nouvelle. D'ailleurs deux grands groupes de végétaux font exception à cette régle : ce sont les plantes à floraison anticipée, c'est-à-dire dont les graines tombent précisément à l'époque de la foliation ; et les plantes à feuillage persistant. | Que se passe-t-il dans les premières ? Examinons la fructification de l’Orme, du Chimonanthus fragrans, Lindl., du Forsythia viridis- sima, Lindl., et de beaucoup d'autres. Les boutons s'épanouissent, les ` fruits nouent et méme mürissent quelquefois avant l'apparition des feuilles; pour notre Orme en particulier, l'époque de la foliation coincide avec celle de la chute des fruits. Dans cette catégorie de végétaux le parasite, pour se séparer de sa nourrice, choisit donc précisément le moment où des milliers de nouveaux agents d' —- boration vont pouvoir entrer en activité. ! Quant aux sujets à feuilles persistantes, cette suspension, ce temps d'arrét dans la préparation de la sève ne doit méme plus exister ; et cependant le méme arrêt de développement se produit - chez leur embryon. ll y a plus: dans un certain nombre d'espéces à feuillage caduque annuellement, les fruits, plus ou moins des- séchés, restent sur l'arbre jusqu'à la végétation nouvelle. L'on às- siste alors à ce singulier spectacle d'une plante portant deux ordres de germes : les uns, les embryons, restant en léthargie au centre des enveloppes séminales ; et les autres, les bourgeons proprement dits, s'épanouissant et croissant avec vigueur. Pourquoi donc tout développement est-il suspendu dans l'embryon, pendant que le bourgeon-émet un scion portant cinq, six, sept feuilles? En réfléchissant à ce phénoméne, on est conduit à penser que l'arrét de développement pourrait étre dà, non pas à l'absence mais simplement à l'insuffisanee de l'alimentation; ainsi tout se réduirait à une interruption de communication entre la mére et la plantule. Plusieurs faits donnent un certain degré de proba- bilité à cette hypothèse. 2h ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Avecle temps, les organes qui relientla plante mère à l'embryon : se modifient, la proportion de matières inorganiques qu'ils con- tiennent augmente; la trame de ces tissus tend done à s'indurer, et par suite leur perméabilité doit diminuer dans le méme rapport. Bientót l'absorption ne peut plus combler le déficit d'eau produit par la transpiration dans les diverses parties de la graine; cette derniére se dessèche peu à peu, ce qui diminue encore la perméabilité de ses tissus. Ce sont ces influences qui, à la longue, améneraient le ra- lentissement d'abord et plus tard l'arrét complet de la circulation des liquides destinés à nourrir l'embryon. Ainsi il faudrait rappor- ter ce curieux phénomène à l'insuffisance de l'alimentation, et non point à une altération soit dans la qualité, soit daus la quantité des sucs nutritifs que produit le pied-mére. Le fait serait par consé- quent du méme ordre, et tout à fait comparabie dans son origine, comme dans ses effets à celui qui amène la chute des feuilles. ll serait trés-interessant de connaître exactement les causes, sans dou'e complexes, qui mettent fin à cette première période de la vie végétale. Malheureusement jusqu'ici les physiologistes ont étudié avec soin les phénomènes de la fécondation, ‘le la germina- tion, de la foliation, etc., c'est-à-dire les premiéres manifestations de chacune des phases de la vie végétale; mais ont généralement négligé la recherche des circonstances qui mettent fin à chacune de ces périodes. Des connaissances précises à cet égard présente- raient cependant un haut intérêt scientifique. CHAPITRE PREMIER DES EFFETS DE LA SUBMERSION TOTALE SUR LA GERMINATION. 81. — Historique de la question. Arrivé à maturité, le fruit se détache de la plante, et les em- bryons emprisonnés dans les graines tombent en léthargie. La durée de ce sommeil, quand rien ne vient tirer le germe de sa tor- peur, est variable comme chacun sait, et parait tenir surtout à la DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 25 composition chimique de la graine; car les graines amylacées conservent longtemps leur faculté germinative, que perdent au contraire promptement les graines oléagineuses. La persistance de la faculté germinative semble dépendre tout à la fois : de l’activité respiratoire de l'embryon, et de la rapidité plus ou moins grande avec laquelle s'effectue la combustion lente des matières nutritives de la graine. Cette double combustion, l'une physique et l'autre physiologique, aurait pour résultat d'altérer progressivement et de détruire à la longue les substances alimentaires tenues en réserve pour les besoins de la jeune plante. Il semble, en effet, difficile d'admettre à priori que l'embryon, malgré son état léthargique, ne respire point, ne se nourrisse pas; donc il doit consommer sans cesse de nouveaux matériaux. En d'autres termes, le double mouvement nutritif, tout en restant très-faible si l'on veut, doit néanmoins persister chez lui; à moins cependant que dans ce singulier état transitoire, oü l'étre vivant se rapproche graduellement de la mort, ses conditions vitales changent, et qu'il ne soit plus alors soumis à cette impérieuse exi- gence de la vie ordinaire , savoir : un incessant renouvellement des particules intégrantes du corps organisé. Plusieurs faits tendent à faire repousser cette dernière hypothèse. Ainsi, dans un travail récent, M. Is. Pierre (1), aprés avoir vérifié que la graine de colza absorbe de l'oxygéne et exhale de l'acide carbonique, fait déjà connu, ajoutait : « La proportion d'oxygène absorbée ne parait pas complétement représentée par l'acide car- bonique exhalé, c'est-à-dire que cette sorte de respiration de la graine aurait quelque analogie, dans ses résultats apparents, avec la respiration des animaux.» Quoi qu'il en soit, dés que la graine est placée m des condi- tions convenables d'aération, de chaleur et d'humidité, commence pour l'embryon une nouvelle phase de son existence, la période de germination, fort différente par ses conditions physiologiques de la période suivante. Mais si la graine, pour germer, n'exige que le concours de trois (4) Is. Pierre, Recherches expérimentales sur la composition de la v de colza (Comptes rendus, 1863, t. LVI, p. 677). 26 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU agents : chaleur, air et humidité, pourquoi la graine ne germe-t-elle point dans le fruit? Pourquoi ce temps d'arrét dans la série des évolutions successives de l'étre vivant. Pourquoi enfin la germina- tion ne commence-t-elle généralement que le jour oü, le fruit ayant été confié à la terre, la graine, par la destruction du péri- carpe, se trouve directement en contact avec les agents extérieurs? Ces effets doivent résulter tout à la fois de l'insuffisance de l'oxy- gène et de l'humidité. Dans les fruits secs, le desséchement du péricarpe le rend certai- nement moins perméable et, par conséquent, il y a tout à la fois pour la graine mûre manque d'air et d'humidité. Dans les fruits charnus, l'oxygène qui traverse le péricarpe est arrété sur sa route pour être employé, au moins en grande partie, à la combustion du parenchyme, d’où résulte pour l'embryon un défaut d'oxygène. Cette opinion n'est pas une pure hypothèse, c'est la conséquence rigoureuse d'un des derniers mémoires de M. A. Cahours (1). Ce savant chimiste s'était proposé d'étudier la composition de l'air confiné dans la pulpe des fruits charnus, durant la période comprise entre l'époque de la maturation et celle de la décompo- sition spontanée du péricarpe. Pour résoudre le probléme, il a imaginé une méthode des plus simples et des plus élégantes : il analyse les gaz tenus en dissolution par le jus exprimé des diffé- rents fruits. Voici quelques-uns des résultats obtenus par cet habile expérimentateur. Des oranges, parvenues à maturité, ont donné un jus contenant un mélange gazeux formé de 4/5 d'acide carbonique et de 4/5 d'azote. Des citrons et des grenades fournissaient un mélange gazeux, dans lequel les proportions de l'acide carbo- nique et de l'azote étaient entre elles comme 7 et 3. Enfin, dans des pommes de diverses variétés, le mélange gazeux avait de 40 à A5 pour 400 d'acide carbonique. Quant à l'oxygène, M. Cahours n'en a jamais trouvé de traces appréciables dans tout le cours de ses recherches. | | gt Ces faits nous expliquent pourquoi les cas exceptionnels de (1) A. Cahours, Recherches sur la respiration des fruits (Comptes rendus, t. LVIII, p.58 et suiv.). DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 2 germination sur le pied-mére, ou tout au moins dans l'intérieur du péricarpe sain et intact, se rencontrent surtout dans deux familles : . celle des conifères et celle des graminées, où la disposition et la structure des fruits se prêtent plus particulièrement à l'admis- sion de l'air et de l'humidité. Il suffit, pour s'en convaincre, de passer en revue les faits de ce genre actuellement connus. Ainsi de Candolle (4), après avoir fait remarquer que les graines de Cuscute, d'Avicennia, ete., germaient dans le péricarpe, avant leur séparation de la plante, ajoutait : « On voit souvent les graines de céréales, dans les années plu- vieuses, germer dans leurs glumes, lorsque les épis sont couchés sur la terre humide. Il n'est pas trés-rare de rencontrer des fruits de cucurbitacées qui renferment des graines germées. Les. Actes des curieux de la Nature ont, en particulier, conservé une obser- vation de ce genre sur le Cucurbita Melopepo, et Lefébure dit qu'un exemple de cet accident est conservé à Strasbourg, dans le cabinet d'Hermann. M. Wydler a vu, aux Antilles, des graines à cotylédons développés dans des fruits encore clos de Carica Papaya. Lefébure a fait germer des graines dans le tissu d'une pomme de terre. » -Il y a quelques années, M. Germain de Saint-Pierre a signalé un cas curieux de ces germinations anormales (2). « En ouvrant une tomate (fruit du Lycopersicum esculentum) mûre, mais très-saine, — raconte ce botaniste, — et dont lépi- derme ne présentait ni taches ni déchirures, j'ai trouvé (5 janvier) toutes les graines du fruit complétement germées. Les jeunes plantes présentaient leurs deux cotylédons linéaires d'un beau vert, dressés et opprimés, et étaient pourvues d'une longue radi- cule. » Ce fait rapproché des importantes observations de M. A. Ca- z hours, nous porte à penser que l'arrét de germination des graines dans un fruit charnu, ne peut tenir à une action nuisible pro- voquée par-le séjour prolongé de ces graines dans l'humidité, a (1) De Candolle, Physiologie végétale, t. IL, 1832, p. 653. (2)- Germain de Saint-Pierre, Note sur divers cas tératologiques oe la Société botanique de France, 1857, t. IV). 28 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU mais bien plutôt à la privation d'oxygène. Nous entrevoyons dès lors la possibilité d'obtenir des germinations sous l'eau, si nous parvenons toutefois à écarter l'obstacle né du manque d'oxy- géne. Nous allons donc nous proposer de chercher ce qui arrive- rait si la graine, au lieu d'étre confiée à la terre, était entiérement submergée, soit dans l'eau pure, soit dans des dissolutions aqueuses. Dans ces circonstances la germination aurait-elle encore lieu; et l'embryon trouverait-il en lui-même la force nécessaire pour réagir contre l'action désorganisatrice de l'eau? Pourrait-il rencon- trer dans ce milieu anormal la quantité d'oxygène nécessaire à sa respiration ? Ce sont là d'importantes questions que je vais mainte- nant aborder. i Sans doute, l'idée de faire germer des graines en les immergeant dans l'eau n'est pas entièrement neuve dans la science depuis que de Humboldt a prouvé que des graines trempées dans l'eau de chlore germent, et germent mieux que dans les circonstances ordi- naires. Mais il parait résuller des renseignements fournis par les ouvrages spéciaux sur cette célèbre expérience, tant de fois répétée depuis , que la submersion avait été temporaire. Elle était unique- ment destinée, comme le désirait l'illustre expérimentateur, à ré- veiller le germe alors trop profondément endormi pour étre im- pressionné par les agents excitateurs ordinaires de la germination. D'ailleurs plusieurs naturalistes et agronomes ont préconisé autre- fois l'usage de tremper les graines, soit dans l'eau pure, soit le plus ordinairement dans des dissolutions de fumier ou d'autres substances, comme un moyen efficace de hâter et de favoriser la germination. Dans le nombre, je rappellerai les noms de : Marcel Malpighi (4), A. de la Pryme (2), Deslandes (3) et Buffon (4). Plus tard plusieurs physiologistes, parmi lesquels je (4) Marcel Malpighi, Anatomie des plantes. (2) A. de la Pryme, Expériences sur la végétation des semences, 1702, Abrégé des Transactions Philos. traduct. du docteur Gibelin, 1790. (3) Deslandes, Recueil de différents traités de physique, 1736. (4) Buffon, Mémoire sur la conservation et le rétablissement des forêts (Mémoires da l'Académie des sciences de Paris, 1739). DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 29 citerai MM. J. Hutstein (1), Ch. Darwin (2) et Ch. Martins (3), ont également fait tremper des graines dans différentes solutions; mais c'était dans le seul but d'arriver à connaitre l'influence que ce sé- jour dans l'eau pouvait exercer ultérieuremeut sur les phénoménes de la germination. Ainsi il existe des essais isolés de submersion de graines de plantes terrestres ; mais le but de ces tentatives était tout autre que le mien, et je ne connais aucune recherche faite dans le dessein de savoir sila germination des plantes terrestres est pos- sible dans l'eau. C'est ce sujet que je me propose d'aborder. 82 — Recherches nouvelles. Longtemps j'ai eru que la submersion devait, dans toutes les es- pèces, empêcher la germination ou en suspendre le cours. J'étais entretenu dans cette idée, fausse quand elle est ainsi généralisée, par les faits que je constatais alors journellement sur des graines de Féves et de Lin. J'étudiais à cette époque la germination de ces plantes, et j'avais sans cesse l'occasion d'observer leurs graines sé- journant sous l'eau, soit avant, soit aprés le commencement de leur germination. Or, jamais il n'y avait de germination dans le premier cas, tandis que cet acte était aussitót suspendu dans le se- cond, et qu'enfin en toutes circonstances, un peu plus tót ou un peu plus tard selon les conditions extérieures, la graine tombait en putréfaction. : Dans la suite, j'entendis parler d’un procédé de conservation des châtaignes, qui consisterait à les étendre et à les maintenir dans le lit d’un ruisseau d'eau claire et courante. Par là, disait-on, il était (4) J. Hutstein, Germination des graines sous l'influence d'agents chimiques, extrait par le Journal de la Société centrale d’horticulture de Paris, t. 1, 1855. (2) Charles Darwin, Influence de l'eau de mer sur la germination, 1855, extrait par le Journal de la Société centrale d'horticullure de Paris, t. 1, 1855. (3) Charles Martins, Expériences sur la persistance de la vitalité des graines flot- tant à la surface de la mer (Bulletin de la Société botanique de France, 1857, t. IV, p. 324). 30 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU possible de les garder d'une récolte à l'autre en leur conservant toutes leurs qualités comestibles. En outre j'avais été depuis long- temps frappé de voir les conferves se développer en abondance dans les eaux stagnantes et de n'en trouver que peu ou point dans les eaux courantes. En rapprochant ce renseignement de mes ob- servalions personnelles, je fus conduit à penser que le mouvement de l'eau devait étre étroitement lié à son mode d'action sur les tissus vivants, et je m'oceupai sur le champ de rechercher ce lien; mais plus particuliérement de reconnaitre si la submersion pourrait devenir, dans certains cas déterminés, un moyen de con- servation des grains. Ma première expérience sur ce sujet est du A novembre 1863; elle avait essentiellement pour objet, dans le principe, d'étudier l'influence de l'eau courante sur la vitalité des grains de blé. Voici l'appareil trés-simple que j'imaginai dans ce but. Les grains de blé furent placés au fond d'un flacon de verre or- dinaire, à large goulot, fermé par un bouchon de liége portant deux tubes de verre. L'un de ces tubes, droit et muni d'un enton- noir à sa partie supérieure, s'ouvrait par son extrémité inférieure prés du fond du flacon, au milieu de la masse des grains. L'autre, formant la petite branche d'un siphon, débouchait dans la région supérieure du flacon. Ces dispositions prises, on faisait arriver dans l'entonnoir, à l'aide d'un vase de Mariotte, un courant constant d'eau. Le liquide s'introduisait par la partie inférieure du flacon au milieu des grains; puis, son volume augmentant progres- sivement, sa surface libre finissait par atteindre l'orifice inférieur de la petite branche du siphon, et s'y élevait peu à peu. Bientót le siphon était amorcé, et l'eau de la région supérieure du flacon s'écoulaitau dehors. On obtenait par ce moyen un courant inter- mittent ou continu, selon que le débit du siphon était supérieur ou égal à celui du vase de Mariotte, mais traversant toujours de bas en haut la masse des grains. Cet appareil, ainsi monté, offrait une particularité importante à noter pour l'exacte interprétation des résultats qu'il a fournis. Chaque fois que l'écoulement cessait par le siphon, il se produisait en méme temps une légère raréfaction dans l'atmosphére confinée du flacon; ce qui entraînait ordinaire- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. M ment un appel de quelques bulles d'air que le tube à entonnoir amenait simultanément avec l'eau. Tel est l'appareil qui a fonctionné sans interruption depuis le 4 novembre 1863, huit heures du matin, alimenté par de l'eau de fontaine ordinaire. Cette expérience portait le n° 27, Je voulus faire la contre-épreuve, et le méme jour, à trois heures de l'aprés-midi, je placai à côté du premier appareil un flacon de méme capacité, bouché de la méme manière et contenant sensible- ment la méme quantité de graines, mais rempli d'eau qui n'a jamais été renouvelée depuis. Ce fut l'expérience n° 28. Cela posé, résumons brièvement les principales observations fournies par ces deux expériences. Le 16 novembre, le flacon n° 28 exhale déjà une forte odeur de putréfaction, des bulles de gaz se montrent en abondance sur les grains et les entraînent à la surface, puis les bulles dissipées, cha- que grain retombe. Aucun embryon n’a encore rompu les enve- loppes de la graine ; tandis que dans le flacon n° 27, on aperçoit un trés-grand nombre d'embryons dégagés des téguments séminaux eten plein développement. Le but de cette expérience est donc at- teint, car elle démontre , ce que j'ai d'ailleurs souvent vérifié de- puis, que, dans une masse d'eau non renouvelée, les grains se pu- tréfient, et se putréfient d'autant plus rapidement que la quantité d'air réservée à chacun d'eux est moindre. Je démontai done l'ap- pareil n^ 28 pour ne plus m'occuper que du premier. Cet appareil fut laissé dans une piéce bien éclairée, mais il était plaeé de facon à ne pouvoir étre directement frappé par les rayons solaires. Prévoyant que les grains, en s'imbibant, augmenteraient de volume, j'avais pris la précaution de ne remplir de grains que le quart du flacon environ. Ainsi disposée, l'expérience n'offrit rien de particulier à noter dans les premiers temps. Les grains, après s'être imbibés d'eau, se conservaient parfaitement sains. Bientôt je vis sur ceux d'entre eux placés contre les parois du récipient, le petit embryon rompre les téguments de la graine et se montrer au . dehors. Mais leur évolution s'arréta bientót; et ni les racines, ni la tigelle ne sortirent de cette espèce d'enveloppe générale de la plantule regardée par beaucoup de botanistes comme le cotylédon , 32 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU ou tout au moins comme une dépendance immédiate, un appendice de ce dernier. Cependant le volume général de la masse des grains augmentait de jour en jour; par deux fois je fus contraint d'en enlever, le siphon se trouvant obstrué par eux. Enfin, le 19 novembre, un nouvel accident de ce genre s'étant produit, je voulus en con- naître le motif et je démontai l'appareil. En écartant avec précau- tion les grains de la périphérie, je fus fort étonné de trouver dans la région où venait aboutir l'orifice du tube à entonnoir un certain nombre de grains en pleine germination. C'étaitleur développement graduel qui avait causé cette augmentation du volume de la masse totale du blé. Chez ces plantes, la première feuille commençait alors à se dégager du cotylédon. Toutes offraient les signes d'un étiolement poussé à ses derniéres limites; les cotylédons étaient d'un blanc nacré, la première feuille au contraire présentait une coloration du jaune le plustendre. Jamais je n'avais encore obtenu un étiolement aussi prononcé, en faisant germer des grains à l'air et à l'obscurité. Enfin la surface des plantes était nette et brillante, complétement exempte de végétations parasites ; et cette masse de grains, de tiges et de racines entrelacées offrait, sous l'eau, un aspect des plus étranges. Je retirai les grains de la péri- phérie, iis n'avaient point germé, ainsi que je viens de le dire, et ne conservai que le noyau central. Je remontai ensuite l'appareil, la végétation continua. Le 3 décembre, les plantes étaient encore en bonne santé, mais leur développement s'était arrêté depuis le jour où elles avaient été débarrassées des grains qui les recouvraient ; seulement, depuis leur exposition directe à la lumière, leurs tissus avaient légèrement verdi. On arrêta ce jour-là cette expérience. Partant de ce principe fondamental que la germination ne sau- ` rait se produire sans air, il s'agissait de savoir si, dans l'exemple qui nous occupe, l'évolution de l'embryon était due à l'air dissous dans l'eau, ou bien à l'air atmosphérique entrainé mécaniquement par ce liquide. Car, d’après la disposition de l'appareil, le tube à , entonnoir était comparable aux trompes des forges dites catalanes. Le filet d'eau, en pénétrant dans le tube, pouvait amener avec DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 33 lui des bulles d'air, dont le nombre et la grosseur dépendaient du débit du vase de Mariotte et aussi de la largeur du tube à enton- noir. Aussi, avec un peu d'exercice, parvient-on aisément à régler l'écoulement de maniére à empécher l'arrivée de l'air, ou bien à le forcer de pénétrer avec l'eau en quantités très-variables. Cet effet | d'aspiration, joint au phénomène de raréfaclion que j'ai indiqué plus haut, avait introduit de temps à autre des bulles d'air au milieu du blé. Peut-étre ces bulles étaient-elles retenues un certain temps par les graines avant de se dégager, et, dans cette hypothèse, de- vaient former de petites atmosphéres confinées autour des graines les plus favorablement placées. S'il en était réellement ainsi, ces grains n'auraient plus germé dans des conditions exceptionnelles, c'est-à-dire entiérement baignés par l'eau, mais bien dans les cir- constances normales, dans de l'air trés-humide. Rien d'ailleurs n'était plus simple que de trancher cette question. ll suffisait pour cela de modifier légèrement l'appareil de maniere à conduire l'eau nouvelle à la partie supérieure, en prenant l'eau à changer à la partie inférieure. Il fallait forcer l'eau à couler, non plus de bas en haut comme dans l'expérience n° 27, mais en sens inverse; ce qui était d'une exécution facile, en faisant plonger la petite branche du siphon jusqu'au fond du flacon et en raccourcis- sant au contraire le tube droit. Par ce dispositif, l'air accidentelle- ment introduit dans l'appareil restait toujours à la partie supérieure, et ne se trouvait jamais en contact direet avec les grains. L'appareil fut monté de cette maniére le 9 décembre 1863 (expé- rience n° 34). Le 23 décembre plusieurs grains de blé de la sur- face libre, et plus particuliérement ceux placés sur le passage du courant d'eau, c'est-à-dire compris entre les pieds du tube droit et de la petite branche du siphon, étaient en pleine germination. On voyait leurs racines s'étaler à la surface des autres grains restés dans leur état primitif de torpeur. On arrêta ce jour-là cette expé- rience, elle était suffisamment concluante. ll résulte des trois observations que je viens de rapporter que la germination du blé est possible, malgré la submersion complète du grain, si l'on prend les mesures nécessaires pour fournir à l'em- vi. 3 3A ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'FAU bryon des quantités suffisantes d'oxygène. Néanmoins je renouvelai encore plusieurs fois cette expérience, j'obtins toujours les mêmes résultats. Par exemple le blé, ainsi développé sous l'eau, restait maigre et chétif ; il arrivait bien à donner sa seconde feuille, mais s'arrétait réguliérement à ce terme de son évolution. Les grands froids de l'hiver vinrent interrompre ces recherches, mais elles m'avaient confirmé dans la croyance que la submersion n'est pas aussi funeste aux plantes que j'étais porté à le penser àù début de ces études. ! En résumé, arrivé à ce point, je pouvais, je crois, regarder comme suffisamment établi que : 4° Un grain de blé mis dans une petite quantité d'eau nòn renou- velée se gonfle, l'embryon apparait hors des enveloppes déchirées de la graine, mais son évolution ne va pas au delà, toute la masse se désorganisant bientôt aprés sous l'intluence des agents exté- rieurs. 2° On obtient une véritable germination en renouvelant conve- nablement l'eau; mais alors, par suite de l'insuffisance du volume d'eau mise en circulation ou pour toute autre cause, chaque tige de blé émet seulement une ou deux feuilles, puis s'arréte dans son développement. Restait à tenter la contre-épreuve, c'est-à-dire opérer avec une masse d'eau limitée, mais dans laquelle un afflux constant d'oxy- gène expulserait, au fur et à mesure de leur apparition, les gaz nuisibles à la respiration de l'embryon; et plus particulierement l'acide carbonique provenant surtout de la respiration même de ce dernier, et un peu de la combustion lente éprouvée par les tissus de la graine. | Mais comment installer un appareil réalisant cette condition ? Faire passer purement et simplement un courant d'oxygène dans l'eau? Cela exigeait un matériel qui me faisait défaut. Établir ün courant électrique permanent à travers l'eau? Il y a longtemps que je veux essayer celte expérience, qui sera certainement fort curieuse à plus d'un titre ; mais jusqu'iei un emplacement favorable m'a : manqué. Néanmoins, tout en comptant essayer un jour ee moyen, je ne me dissimule point que la force du courant électrique viendra DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 35 probablement contrarier , gêner les plantes dans leur développe- ment. Je continuai donc à chercher une méthode qui füt plus en rapport avec les conditions normales de la végétation, un procédé plus simple que le précédent, si cela était possible, mais surtout plus physiologique que celui qui réside dans l'emploi de l'élec- tricité. Aprés bien des hésitations et des tàätonnements que les per- sonnes habituées aux recherches expérimentales comprendront aisément, je crois être enfin en possession d'une méthode parfaite- ment sûre. Elle est basée sur le dégagement d'oxygène produit sous l'influence de la lumière solaire, par le travail de nutrition des conferves et des microphytes d'eau douce. Il n'est pas de procédé d'une application plus simple et plus facile. Veut-on produire un dégagement lent d'oxygéne dans l'eau d'une cloche, d'un vase quelconque, il suffit d'y faire naitre avant tout cette végétation microscopique que Priestley appelait de la matiére verte. A cet effet, on mettra dans le liquide quelques fragments de matiére organique, et l'on exposera letout àla radia- tion solaire. J'emploie ordinairement dans ce but des graines quelconques que je place au fond du liquide. Au bout de quelques jours, l'eau est préte pour les expériences ; et, pendant toute la journée, elle est incessamment traversée par des bulles qui se détachent des micro- phyteset viennent successivement se dégager à la surface du liquide. En acceptant telle quelle la brillante découverte de Priestley, confirmée et développée par les travaux de Bonnet, d'Ingen- Housz, de Senebier, ete., ce gaz est de l'oxygéne, et de l'oxy- gène à l'état naissant, provenant de la décomposition de l'acide carbonique par les microphytes qui habitent l'eau. L'emploi de cette méthode m'a permis d'obtenir de belles ger- minations de blé ; j'en rapporterai ici deux exemples qui suffiront pour donner une idée suffisante de l'ensemble de ces phénomènes- L'appareil se composait d'une cloche maraichére renversée et portée sur un trépied de fer. Cette cloche était pleine d'eau dans laquelle se développaient de nombreuses végétations confervoides. 36 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU On ne renouvelait jamais le liquide, seulement on en ajoutait de temps à autre pour réparer les pertes amenées par l’évaporalion, et maintenir ainsi l'eau toujours au même niveau. Vers le milieu du mois de mai 1864, je déposai trois grains de blé au fond de l'eau de cette cloche. Dés le 3 juin, la germination était déjà trés-avancée, ce qu'il fallait attribuer aux circonstances particulièrement favorables dans lesquelles elle s'aceomplissait. L'eau devait être alors fortement oxygénée, car l'on voyait cons- tamment des bulles de gaz se former sur les conferves, puis venir se dégager à la surface. Rien n'élait plus étrange que l'as- peet de ces grains ainsi en pleine germination sous l'eau. Sous l'influence d'une submersion prolongée et continue, l'em- bryon émet des racines beaucoup plus longues et plus gréles que dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire qu'au sein de la terre. Chacune d'elles, empéchée par la résistance de la paroi du verre de suivre sa route oblique, soulève graduellement sa base au fur et à mesurede l'allongement de sa pointe, ce qui lui permet de repren- dre enfin son orientation naturelle. Mais il est aisé de comprendre . que ce n'est pas sans grands efforts que chaque production radi- culaire peut, dans ces circonstances, obéir à sa tendance naturelle; les obstacles à vainere deviennent méme quelquefois insurmonta- bles pour certaines d'entre elles. Aussi, tout en se conformant dans leur ensemble à l'orientation particuliéreà leur espéce, sont- elles pour la plupart contournées et tordues de mille manières, in- dice caractéristique des obstacles et des difficultés que le milieu, par sa nalure spéciale, opposait à leur élongation. J'ajouterai que l'eau, considérée uniquement comme un milieu de résistance particulière et différente de celle du sol, doit influer beaucoup sur les formes affectées par les diverses parties de la masse radiculaire. Car dans un grand nombre d'expériences dans lesquelles les graines soumises à la germination étaient disposées de telle sorte que leurs racines flottaient librement dans l'eau, j'ai vu souvent ces dernières prendre les directions et dessiner les cour- bes les plus bizarres et les plus insolites. Par suite de l'inclinaison des racines tout autour du grain, ce dernier se trouve peu à peu soulevé. Ce mouvement est d'ailleurs DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 37 tout particuliérement favorisé par la nature du milieu qui, plus dense que l'air, diminue par cela méme l'effort à faire pour sup- porter le poids du grain. Aussi ce dernier, progressivement sou- levé, ressemble assez bien à l'une de ces araignées indigènes dites faucheuses. - On vit bientôt naître sur les racines secondaires des filaments blanes et gréles, semblables à de fins cheveux blanes, qui s'allon- geaient peu à peu et pendaient de distance en distance, le long des radicelles. Longtemps tous les organes, tiges et racines, restè- rent parfaitement sains et conservérent une surface nette et bril- lante ; ils étaient alors dans leur période d'activité. Vers le 27 juin les plantes commencérent à se recouvrir d'une sorte de fin duvet de filaments confervoides. Cette végétation parasite persista et s'acerut les jours suivants; e! à partir de ce moment le blé ne fit plus aucun progrès. Il y avait alors sur chaque pied trois feuilles, indépendamment du cotylédon ; tous ces organes jaunirent peu à peu. Les plantes languirent ainsi quelque temps, puis leurs tissus se décomposérent. On arrêta l'expérience. Ce résultat, confirmé par d'autres essais du méme genre, prouve que l'embryon d'un grain de blé submergé s'arréte, dans son évolu- tion, à la mise au jour de la quatrième feuille environ. D'ailleurs l'examen de semis faits en pleine terre apprend, qu'arrivé à cette phase de son développement, le grain est vide ou ne renferme que des traces d'un liquide laiteux, dernier vestige de l'albumen trans- formé. Il faut done admettre que, dans l'eau, l'existence de l'em- bryon du blé s'arrête à la fin de la période de germination. Je passe maintenant à l'examen de la seconde touffe. Deux grains de blé ont été placés le 19 avril 1864 au fond de la cloche employée dans l'expérience précédente. Le 1° mai chaque embryon, déjà pourvu de trois racines secondaires, avait en outre une tigelle d'un vert pâle et d'une longueur égale à celle du grain. Le 3 mai, à deux heures de l'aprés-midi, chacune des plantes avait dégagé sa première feuille du cotylédon ; mais quelques filaments confervoides se montraient déjà sur les racines. Cette végétation parasite s’accrut les jours suivants; bientôt de nom- breuses bulles de gaz apparurent dans la touffe, puis la soulevèrent 38 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU et finalement la portèrent à la surface du liquide où, pendant plu- sieurs jours, les deux pieds enlacés formaient une sorte de radeau - flottant entre deux eaux. Mais dés le 30 mai l'extrémité de cha- cune des tiges était parvenue à se redresser et à sortir du liquide. Depuis lors la végétation, mais une végétation pauvre et languis- sante, s'est continuée et se continue encore en ce moment, — mai 1865, — dans ces plantes. Cette expérience offre plusieurs particularités curieuses à noter. . Les racines secondaires, excessivement longues, blanches et fort gréles, portent de distance en distance de minces filaments radiculaires ; toutes s'étendent d'ailleurs librement dansl'eau. Des conferves vivent en grand nombre sur ces organes; et, par leur enchevétrement mutuel, racines et protophytes constituent une sorte de réseau, dont les mailles retiennent quelque temps les bul- les gazeuses exhalées par les conferves ; ce qui diminue suffisam- ment le poids total de la masse et lui permet de flotter à la sur- face de l'eau. Pendant la première année, les tiges ont fait peu de progrès, chacune a développé quelques feuilles étroites et courtes, ce qui lui donnait un certain air de ressemblance avec un pied de poa ovina. L'hiver venu, leur végétation s'est arrêtée. L'appareil est resté monté contre une fenétre, dans une piéce oü l'on n'a jamais fait de feu, et dont la température s'est abaissée au-dessous de 0^, car, à plusieurs reprises, l'eau s'est recouverte d'une couche de glace; malgré cela les plantes n'ont point péri. Du reste, tous les habitants de la cloche, microphytes etmicrozoaires indistinctement, ont subi les effets du sommeil hivernal. La mince pellicule de ma- tiére organique et organisée qui avait recouvert l'eau de la cloche en été, le stroma proligere de M. Pouchet, disparut pendant la mauyaise saison, l'eau s'éclaircit alors, et la végétation des con- ferves parut suspendue, tout aù moins le dégagement gazeux cessa. Au retour du printemps la vie reparut dans ce petit monde, un nouveau stroma se forma, le développement des conferves et le dé- gagement gazeux reprirent leur cours ordinaire. Bientót enfin, les deux tiges de blé commencèrent une seconde végétation qui DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 39 paraît devoir être plus abondante et plus vigoureuse que celle de l'année dernière. Ainsi voilà une plante annuelle devenue plante vivace ; c'est là un nouveau fait à placer à cóté de ceux sur lesquels de Candolle s'appuyait pour dire que (1) : « La production des graines est la cause immédiate de la mort des plantes monocarpiennes. » Toutefois, dans le cas que je rapporte, la transformation de la plante annuelle en plante vivace parait s'étre effectuée par des moyens autres que ceux indiqués jusqu'ici. En effet, quand on voulait retarder la mort d'une plante monocarpienne: ou l'on s'ef- forcait de faire doubler les fleurs et de les rendre par là stériles, ou l'on détachait ces derniéres au fur et à mesure de leur épanouis- sement. C'étaient là les méthodes les plus ordinairement essayées. On cite cependant quelques cas dans lesquels, par des semis faits à contre-saison, c'est-à-dire à l'entrée de l'hiver, et en soumettant en outre le plant à une température assez basse pour entraver son développement sans le faire pourtant périr de froid, on est quelque- fois parvenu à conserver des plantes annuelles pendant présde deux années. Mais je ne connais point d'exemples d'une transformation de cette nature réalisée par des moyens semblables à ceux que Jindique ici, c'est-à-dire par l'insuffisance seule de l'alimenta- tion. Il était important de rechercher si ces phénoménes de germina- tion dans des graines submergées de plantes terrestres étaient généraux, ou restreint à quelques espéces en particulier. J'ai en- trepris dans ce but quelques essais, mais ils sont encore fort incomplets ; aussi je ne fais qu'indiquer en ce moment la question, ne possédant point encore tous les éléments de sa solution. Ainsi dans les cloches des opérations précédentes, ou dans les appareils analogues, j'ai essayé, mais sans succès jusqu'ici, la ger- mination des fèves. La radicule sortait, il est vrai, des enveloppes de la graine, elle s'allongeait méme un peu ; mais dés qu'elle avait atteint une longueur égale à une fois et demie ou deux fois la lon- (1) De Candolle, Physiologie végétale, t. Ii, p. 972. ho ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU gueur du grain, tout aecroissement cessait, l'embryon se recou- vrait de parasites et se putréfiait. Dans tous les cas jamais je n'ai vu la tigelle se dégager des téguments de la graine. Ces tentatives réitérées m'ont en outre porté à croire que le suc- cés, dans ce genre d'expériences, doit dépendre en partie de la population végétale qui habite l'eau, population qui m'a paru varier dans ses caractéres généraux avec la nature et le mode d'in- troduction des matières organiques destinées à provoquer leur développement. J'ajouterai en terminant que j'ai fait également, mais toujours sans succès, quelques essais de germination dans de l'eau de mer artificielle, mais composée conformément aux indications fournies par les traités de chimie. Exposée à la lumiére aprés avoir recu les matiéres organiques de plusieurs graines, cette eau s'est peu- plée de protozoaires et de microphytes; mais jamais le blé ou les féves que j'y ai déposés n'ont germé. La mort des embryons tenait- elle à l'action spéciale de l'eau de mer? « L'eau salée, a dit A. Thouin (1), nuit à la végétation de la plu- part des plantes terrestres. Quelques-unes cependant. paraissent rechercher le voisinage de la mer, el.se trouver bien d'immersions momentanées dans ses eaux. » Ou bien fallait-il, au contraire, l'attribuer à l'insuffisance de l'oxygène? La cloche qui me servait dans ces expériences contenait en effet fort peu de protophytes, incomparablement moins que la cloche à eau douce dans laquelle les germinations de blé avaient si bien réussi. On pouvait donc à priori attribuer en partie l'insuc- cès au manque ou mieux à l'insuffisance de l'oxygène. Il y avait un moyen bien simple pour arriver à se prononcer en toute connais- sance de cause. Le blé, les féves germent avec la plus grande faci- lité dans une soucoupe contenant un peu d'eau douce; or, comme je l'ai constaté, la germination n'a plus lieu avec l'eau de mer; donc la non-germination des graines plongées dans l'eau de mer ne tenait pas à l'insuffisance de l'oxygène. Voici, du reste, l'expérience que j'ai faite dans ce but. (1) André Thouin, Cours de culture et de naturalisation des végétaux, 1827, t. I, p. 205. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. M Le 6 août 1864, à dix heures et demie du matin, on a pris deux cristallisoirs de verre. On a placé dans l'un vingt graines de féves, et dans l'autre cinquante grains de blé ; puis on a versé dans chacun d'eux assez d'eau de mer pour baigner les graines sans les noyer complétement. En outre on a recouvert chaque cristallisoir d'une cloche de verre pour favoriser lit germination. L'excellence de celle dernière pratique m'a été démontrée par des essais nombreux exécutés dans les circonstances les plus variées. Quand le vase contenant l'eau et les graines est abandonné à l'air libre; à moins d'une surveillance attentive, le semis éprouve de dangereuses alternatives d'extréme humidité et de grande sé- cheresse, par suite de la disparition de l'eau que l'on ne remplace pas toujours au moment convenable. Mais quand bien méme on surveillerait avec soin le semis, la germination en atmosphére libre serait encore moins avantageuse que celle en atmosphére limitée. Ee effet, j'ai cru remarquer qu'il était bon d'éviter l'excés d'eau, sa trop grande abondance ayant pour résultat ordinaire de hâter la décomposition ou l'altération des grains. Il. faut bien évidemment que l'eau pénètre dans l'embryon, mais il importe que le grain ne soit pas en contact avec elle par une trop large surface. Par suite, on ne doit entretenir autour des graines qu'une faible quantité d'eau, surtout dans les premiers temps de la germination. Plus tard, quand la radicule est sortie, il suffit que cet organe plonge dans l'eau, soit en entier, soit tout au moins par une grande partie de sa région terminale. Quant à la graine, au contraire, il devient alors avantageux de ne plus désormais la mettre en contact qu'avec de l'air humide, et non pas de l'eau. Gráce à celte précau- tion les matiéres nutritives de l'albumen, ou à son défaut des co- Lylédons, se conservent plus —— etla plante est plus hátive, surtout plus vigoureuse. Il est d'ailleurs aisé de reconnaitre que ces conditions, indiquées par l'expérience comme étant les plus favorables à la germination, sont précisément les conditions naturelles, c'est-à-dire celles qui président à la germination d'une graine placée dans le sol ordinaire. Là en effet elle reçoit peu d'eau à la fois, et en outre elle transpire trés-peu, étant alors complétement entourée par de l'air et de la A2 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU terre humides. Une transpiration abondante lui serait méme à cette époque des plus nuisibles, puisque le corps radieulaire ou systéme absorbant de l'embryon est en voie de formation, et que la graine tout entière, par suite de la nature de ses téguments, est peu per- méable aux liquides. Par conséquent, en laissant exposée à l'air libre une graine en germination, on la condamne à une évaporation relativement excessive qui fatigue l'embryon et nuit à son déve- loppement ; grave inconvénient que l'on évite aisément en recou- vrant les graines d'une cloche. Maintenant voici quel était l'état du semis le 11 aoüt, à onze heures du matin. Une mince pellicule remplie d'infusoires s'était formée à la surface du liquide. Tous les grains étaient gonflés il est vrai, mais leur peau restait parfaitement intacte, sans aucune déchirure ni solution de continuité; et surtout pas un seul micropyle ne s'était encore dilaté pour laisser passer la radicule. Cependant ils présentaient un indice, le seul toutefois, d'une germination prochaine; encore est-ce un indice assez incertain, comme on và le voir. Chez la graine de féve, müre et séche, la peau est directement appliquée sur la masse embryonnaire dont la forme est entiérement déterminée par celle des cotylédons. Car, pendant le sommeil qui suit la maturation des graines et précéde leur germination, la tigelle reste cachée entre les cotylédons, et la radicule est alors une toute petite éminence conique qui, en raison méme de sa pe- titesse, ne fait pas de saillie appréciable sous la peau. Mais quand les graines s'imbibent d'eau, les tissus se gonflent, la peau se tend davantage, ses rides accidentelles disparaissent, et elle s'applique etse moule plus exactement sur la surface de l'embryon dont elle accuse alors les moindres particularités. A ce moment on voit trés- nettement apparaitre une saillie sous les téguments de la graine, sorte de corde tendue dans le sens de la plus grande longueur du hile ; et venant aboutir à l'orifice, encore invisible à l'œil nu, du micropyle. Cette sorte de corde qui soulève ainsi la peau est la radicule grossie. Faut-il considérer ce changement comme une véritable manifes- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. A3 tation vitale, la première qui suit le réveil de l'embryon, ou bien n'est-ce là qu'un simple phénomène physique, un effet d'imbibition. En d'autres termes, ce grossissement de la radicule est-il dà à une multiplication cellulaire, à un accroissement des tissus dans le sens physiologique du mot, ou bien au gonflement des éléments préexis- tants sous l'influence de l'imbibition ? Je n'essayerai pas de trancher la question. Je ferai cependant re- marquer que, sur certaines graines, la protubérance linéaire ne se produit pas; il y a dans ce cas dépression dans la région du hile, où l'on trouve un sillon bien prononcé à la place méme occupée sous la peau par la radicule. Cette derniére particularité tient à ce que les cotylédons seuls ont éprouvé une augmentation de volume. Or, j'ai suivi l'évolution ultérieure de plusieurs graines offrant cette anomalie, et jamais aucune d'elles n'a germé. Il semble donc résulter de là que l'absence, aprés l'imbibition, de cette sorte de cordon dans la région du hile, serait un indice certain de stérilité de la graine. | En acceptant ce principe pour vrai dans tous les cas, ce que je ne saurais affirmer, il fournirait une forte présomption en faveur de l'opinion qui regarde le gonflement de la radieule comme un acte physiologique d’accroissement. Car en supposant que ce phéno- mène soit un simple effet physique d'imbibition, il faudrait done admettre, pour justifier l'anomalie précédente, qu'un tissu mort cesse de pouvoir absorber dés que la vie l'abandonne ; supposition qui parait bien étrange à priori. Tels furent les signes observés le 11 août sur les fèves. Ce jour- là on les lava à l'eau douce, et l'on renouvela l'eau de mer après avoir sacrifié l'une d'entre elles pour d'autres recherches, Le 16 aoüt, à dix heures du matin, l'eau est de nouveau trouble et nuageuse, la pseudo-membrane qui la recouvre contient un grand nombre d'infusoires. Plusieurs fèves présentent des traces manifestes de germination; chez elles la radicule se montre ou passe à travers l'orifice béant du micropyle. Deux d’entre elles, plus avancées que les autres, sont suspendues séparément à la sur- face de l'eau de mer remplissant une petite éprouvette à pied, dans l'espoir de faciliter leur évolution par cet arrangement nouveau. h^ ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Chez l’une de ces graines, marquée n° 3, la radicule sort de 07,005 et chez l’autre, numérotée 4, de 07,001 seulement. Quant aux autres graines, on se contente de les laver à l'eau douce et de renouveler ensuite leur eau. Ce jour-là on examine le blé pour la premiére fois. Les grains montrent certains indices qui portent à penser que plusieurs d'en- tre eux germeront peut-être. Il en est qui présentent des traces de modifications, d’accroissement méme, et sous le rapport de leur développement, on peut les diviser en trois catégories : PREMIÈRE CATÉGORIE. — Dix grains dans l'état suivant : l'em- bryon est sorti complétement des enveloppes de la graine, la ra- cine centrale montresa pointe hors de la coléorrhize ; en outre deux racines latérales se montrent sous la forme de deux petits mamelons. DEUXIÈME cATÉGORIE.— Dix-sept grains sur lesquels l'extrémité libre de la radicelle centrale commence à poindre hors des tégu- ments de la graine. TROISIÈME CATÉGORIE. — Vingt-trois grains n’offrant point de traces apparentes de germination. Ces résultats favorables engagent à poursuivre l'observation ; tous les grains sont lavés à l’eau douce, l’eau de mer renouvelée, et l'on remet en expérience. On examine les semis le 19 août, à neuf heures et demie du matin. Les n°* 3 et 4 paraissent souffrir, les embryons n'ont pas fait de progrés depuis la derniére observation. Une nouvelle graine montre une radicule de 0^,001 de longueur, on l'isole des autres et on la place dans un appareil semblable à ceux qui servent aux graines n° 3 et A, ce sera l'expérience n° 5. Les autres graines sont cou- vertes de moisissures ; on les lave puis on les remet en place aprés avoir renouvelé l'eau de mer. Le 22 aoüt, à quatre heures et demie du soir, la germination du blé n'avait fait aucun progrés. Le 27 aoüt, à midi, on examine encore les appareils n° 3, A et 9. Comme les embryons n'ont recu aucun accroissement nouveau, .et que d'ailleurs les graines sont couvertes de moisissures, il devient évident que les germes sont morts ; on arréte donc l'expérience. DANS LA NUTRITION DES PLANTES, A5 Ces recherches montrent que l'eau de mer est mortelle aux em- bryons du blé et de la fève. Par conséquent cette action seule suffit pour expliquer l'absence de germination des graines submergées dans cette derniére, indépendamment d'ailleurs de l'influence que la proportion d'oxygène qu'elle contenait a pu exercer sur la marche du phénoméne. Deux savants, MM. Ch. Darwin et Ch. Martins, avaient déjà étudié l'influence de l'eau salée sur la faculté germinative. Par des procédés différents, ils sont arrivés tous deux au méme résultat, et ont reconnu que l'eau de mer exerce sur la vitalité des germes une action des plus nuisibles. M. Ch. Darwin (1) employait de l'eau de mer préparée artificiel- lement, mais dont il avait préalablement vérifié la salubrité, en y faisant vivre des algues et des animaux marins. Il plaçait alors les graines dans de petits flacons’; les recouvrait de deux à quatre on- ces de liquide, que l'on renouvelait souvent; puis les laissait à l'ombre dans un endroit aéré. M. Ch. Martins (2) se servait de l'appareil suivant : « J'ai fait faire, dit-il, une boite carrée en tóle, ayant 30 centi- mètres de côté et 3 centimètres d'épaisseur. Cette boite était divi- sée en cent compartiments égaux. Les grandes parois opposées de la boite étaient criblées de petits trous qui permettaient à l'eau d'entrer et de sortir librement. Chaque case était occupée par une espéce de graine. La boite remplie, je fis souder le couvercle, et je pus faire amarrer solidement cette boite sur une bouée flottante, à l'entrée du port de la douane, à Cette. Le mouvement des va- gues, méme par une mer tranquille, soulevait la bouée, puis la laissait retomber, de facon que la boite était alternativement plongée dans la mer et élevée au-dessus de sa surface. » Ces deux savants, tout en restant d'accord dans leurs conclu- (4) Ch. Darwin, Influence de l'eau de mer sur la germination, 1855, analysé dans le Journal de la Société centrale d'horticulture de Paris, t. 1, 1855. (2) Charles Martins, Expériences sur la persistance de la vitalité des graines flot- tant à la surface de la mer (Bulletin de la Société botanique de France, 1857, t. IV, p. 324). A6 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU sions sur l'effet général produit par l'eau de mer, semblent riéan- moins différer sur quelques points de détail : Ainsi on lit dans l'analyse du travail de M. Ch. Darwin : « Le fait le plus remarquable, c'est que les graines des légu- mineuses ont été les plus sensibles de toutes à l'influence de l'eau salée. » Au contraire, parmi les conclusions du mémoire de M. Ch. Mar- tins on trouve celle-ci : « Les Salsolacées, Polygonées, Cruciféres, Graminées et Légu- mineuses sont celles qui semblent supporter le mieux une immer- sion prolongée. » Cette divergence d'opinion tient sans doute à la différence des modes d'expérimentation mis en usage par ces deux savants. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. L'eau de mer détruit la vitalité des germes, l'eau douce au con traire n'a point d'action nuisible si l'aération est suffisante ; et alors l'embryon sort de son sommeil et entre en germination. Dans le blé, la phase de germination tout entière peut s'aecom- plir sous l'eau dont on entretient l'aération : soit par des végéta- tions confervoides, soit par un renouvellement suffisant du li- quide. Dans la fève au contraire, l'évolution commencée s'arréte bien tôt, et l'embryon meurt, probablement par asphyxie. CHAPITRE II DES EFFETS DE LA SUBMERSION TOTALE SUR LA PLANTE ADULTE. Les expériences variées, rapportées dans le chapitre précédent, | montrent que la vie du blé submergé daus l'eau douce se termine à la fin de la période de germination. C'est là un résultat constant qu'il faut maintenant essayer d'interpréter. DANS LA NUTRITION DES PLANTES, A7 A priori et en considérant les signes extérieurs les plus appa- rents; comme la petitesse des feuilles, la faible coloration des tis- sus, ele,, la mort semble surtout provoquée ici par un défaut d'ali- mentation. Voyons donc quel est le trouble que peut amener dans l'économie du sujet son séjour prolongé dans l'eau. Les exigences de la nutrition augmentent nécessairement avec les progrès du développement. Or, pour accroître sans cesse la masse des matières alimentaires qui doivent pénétrer dans l'économie, pour étre ensuite livrées au travail nutritif, on n'entrevoit tout d'abord que l'un des deux moyens suivants. Ou activer l'absorption en multipliant progressivement ses organes spéciaux, et en ne leur fournissant en outre qu'un liquide nourricier d'une faible densité. C'est le procédé mis en pratique dans la végétation de la plante adulte, dont la racine n'absorbe jamais qu'une dissolution aqueuse très-diluée, par des milliers de spongioles qui se renouvellent et se multiplient sans cesse. Ou enfin fournir à l'absorption, dont l'activité peut alors être beaucoup plus faible, un liquide dont le degré de concentration doit être toujours en raison directe de l'activité de la végétation. C'est là le mode d'alimentation de la plante pendant sa période de germination. Cela posé, pourrait-on intervertir ces lois naturelles, et faire indifféremment accepter à la plante et quel que fût son âge, l'un quelconque de ces deux modes d'alimentation? C'est là une question trés-délieate qu'il nous faut maintenant examiner. Je prends comme point de départ ma derniére expérience. J'ai dit que la mort des plantes était survenue pendant l'évolu- tion de la quatrième feuille, au moment où l’albumen était épuisé ou bien près de l'étre. Trois explications différentes de cette mort se présentent tout d'abord à l'esprit. On peut l'attribuer à l'asphyxie, ou bien à l'insuffisance de l'alimentation, soit enfin à ces deux causes réunies. La première explication paraît la moins probable à priori. Car il semble difficile d'admettre que l'asphyxie ait été la cause unique de la mort des végétaux, quand on réfféchit que ces derniers, une fois parvenus à cette période de dépérissement, se recou- vrent bientót de plantes parasites qui doivent dégager des quan- AS ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU tités notables d'oxygène. D'ailleurs, certaines algues atteignent quelquefois des dimensions réellement colossales ; et cependant leur respiration n'est entretenue que par l'air dissous dans l'eau salée. Toutefois, cette influence ne saurait étre évidemment négligée dans ce genre d'études; et nous allons chercher à en apprécier l'exacte valeur, en nous appuyant sur les données scientifiques les plus certaines et les plus récentes. Les milieux différents dans lesquels vivent les divers organes végétaux sont au nombre de quatre : l'air atmosphérique, la terre, l'eau douce et l'eau salée. Comparons-les entre eux au point de vue des proportions variées d'oxygène et d'acide carbonique qu'ils renferment. D'après les traités élémentaires de chimie les plus récents (1), l'air contiendrait normalement de 2 à 3 dix-millièmes de son volume d’acide carbonique, soit en moyenne 25 cent-millièmes. Enfin, débarrassé de ce gaz et de sa vapeur d'eau, l'air atmosphé- rique contient 0,208 de son volume d'oxygéne et 0,792 d'azote. De ces données on déduit par le calcul, que l'air atmosphérique parfaitement sec contient par litre : ; 0:c,25 d'acide carbonique; 207,948 d'oxygène ; 791:2,802 d'azote. MM. Boussingault et Lévy (2) se sont livrés, d’autre part, à de trés-nombreuses et trés-intéressantes recherches snr la composi- tion de l'air confiné dans le sol. Il résulte des travaux de ces deux savants, que cette atmosphère change tout à la fois et dans son poids et dans sa composition, selon la nature des sols. Dans cette discussion, pour fixer les idées, j'adopterai les résultats fournis par l'un de ces sols en particulier, au lieu de prendre une moyenne générale entre tous. La terre végétale que je considérerai ici avait été prise dans la serre des palmiers du Jardin des plantes de Paris, et appartenait à un sol privé d'engrais depuis dix ans. Elle était formée par un (4) H. Debray, Cours élémentaire de chimie, t. 1,1862, (2) Boussingault, Agronomie, chimie agricole et physiologie, t. Vl, 4861, p. 78. DANS LA NUTRITION DES PLANTES, ED o, mélange de terre ordinaire et de terre de bruyère, que l'on n'arro- sait d'ailleurs que fort rarement , afin de ne point trop activer la végétation. C’étaient là des particularités , comme le fait observer M. Boussingault, toutes défavorables à la production de l'acide carbonique. Cette terre renfermait par litre: 361*5,8 d'un gaz dont la composition, établie d'aprés une moyenne de quatre détermina- tions, était, par litre du mélange: 106,7 d'acide carbonique, 492,9 d'oxygène, et 796%,4 d'azote. D'où l'on déduit qu'un litre de cette terre contenait en moyenne: 3ce 87 d'acide carbonique et 69,79 d'oxygène. Enfin, M. A. Morren (1) a exécuté, sur l'eau douce et sur del'eau de mer prise à Saint-Malo, des recherches du même ordre qui nous fournissent les indications suivantes. L'eau de mer dissout des proportions de gaz variables entre 1/A5 et 1/30 de son volume, soit en moyenne 1/36 de son volume. Ce mélange se compose en volume de 33 pour 100 d'oxygéne, de 9 à 10 pour 100 d'acide carbonique, et le restant d'azote. Par conséquent, un litre d'eau de mer contient : 9ce 16 d'oxygène et 2,63 d'acide carbonique. L'eau douce dissout des proportions de gaz variables entre le 1/30 et le 1/25 de son propre volume, soit en moyenne 11/150 de son volume, c’est-à-dire environ Oft-,07 par litre d'eau. Ce gaz est formé de 32 pour 100 en volume d’oxygène, de 2 à 4 pour 100 d'acide carbonique ; le reste est de l'azote. D'où l'on déduit qu'un litre d'eau douce contient : | 1190,73 d'oxygène et 1,1 d'acide carbonique. Ces résultats, sur lesquels vont maintenant porter notre discus- sion, je les résume dans le tableau qui suit : (4) A. Morren, Kecherches sur les gaz que l'eau de mer peut dissoudre en différents moments de la journée et dans les saisons diverses de l'année (Comptes rendus, t. XIX, 1844, p. 86). MISSQUJ vi. BOTAI E- 50 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU COMPOSITION GAZEUSE DES DIVERS MILIEUX, UN LITRE CONTIENT NATURE DU MILIEU, sec at : Oxygéne. Acide carbonique, cec ec Air atmosphérique. . . . . . . . . , 207,948 0,25 Zeno WENN... +. 69,79 3,87 RU OUR. 1716 CEST 9,16 2,63 Aie ONE... Soo x SN 14,73 4,4 On peut comparer ces résultats à deux poinls de vue différents : sous le rapport de la respiration, en n'ayant égard qu’à l'oxygène, ou obtient alors les équivalents respiratoires des différents milieux; ou bien au point de vue de l'alimentation, en ne tenant compte, par conséquent, que de la proportion d'acide carbonique, ce qui donne les équivalents alimentaires. C'est ainsi que l'on peut dresser le tableau suivant : ÉQUIVALENTS NUTRITIFS. NATURE NATURE DU MILIEU. ÉQUIVALENTS. Airatmosphér.|Terre végétale, | Eau douce. | Eau de mer. Respiratoires. . . . . . 1 2,98 17,89 22,68 Alimentaires. . . . . . 15,48 1 3,52 4,47 Deux remarques naissent à la vue de ce tableau. En trouvant que 171,89 d'eau douce contiennent autant d'oxy- gène que 221,68 d'eau de mer, on est porté à croire que le premier - milieu est plus favorable, à la respiration que le second ; mais les mouvements plus fréquents, plus réguliers et plus étendus de l'eau salée, doivent annuler cette différence, et méme en faire naître peut-étre une en sens opposé. Ces agitations de l'océan constituent sans doute une des circonstances les plus favorables à la végéta- tion des plantes marines, et leur permettent ainsi d'atteindre des DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 51 proportions bien supérieures à celles des plantes d’eau douce. Une autre particularité vient en outre donner du poids à cette opinion. On est frappé, en consultant le tableau qui précède, de voir l'eau de mer se rapprocher beaucoup, par la proportion d'acide carbonique, de la terre végétale, pauvre il est vrai, des analyses précédentes; pendant que l'eau douce, au contraire, s'en éloigne beaucoup. Ainsi 1 volume et demi d'eau de mer ou 3 volumes et demi environ d'eau douce, contiennent autant d'acide carbonique qu'un seul volume de terre végétale Par suite la plante mariue trouvera dans l'eau ambiante presque autant d'acide carbonique que les racines de la plante terrestre en rencontrent dans le sol. Resterait à savoir, pour donner à ces déductions une force suffisante, si, dans les deux cas, la pénétration du gaz dans l'organisme est tout aussi facile. Quel que soit le résultat que l'on obtienne, il n'en paraîtra pas moins évident à priori que l'eau de mer, considérée comme milieu nourricier, doit étre inférieure au sol proprement dit, toujours for- tement azoté, grâce aux fumiers et aux engrais de diverses sortes. Il serait done de la plus haute importance de déterminer les pro- portions relatives d'eau, de matiéres minérales et de matiéres organiques contenues dans les tissus des trois grandes catégories de plantes : terrestres, marines et d'eau douce. Sous ce rapport on trouverait sans doute entre elles de grandes différences. Car, non-seulement l'activité fonctionnelle, en raison de la rareté de l'oxygène, doit être moindre chez la plante submergée ; mais en- core son accroissement est rendu plus difficile par la pauvreté méme du milieu en principes assimilables. Il semble donc au pre- mier abord que la plante aquatique doive produire, par ce double motif, moins de matiére organique que la plante terrestre. C'est là du reste une question fort importante sur laquelle je me propose de revenir dans la troisième partie de ces recherches. Examinons maintenant le degré de probabilité de l'hypothése qui altribuerait la mort du blé submergé, non plus uniquement à l'as- phyxie, mais surtout à l'insuffisance des aliments. Au point oü en sont arrivées nos recherches, il parait naturel de l'attribuer en grande partie à l'inanition et un peu à l'asphyxie. En effet, une fois la période de germination terminée, les matiéres 52 : ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU alimentaires doivent provenir dorénavant du milieu environnant, c'est-à-dire de atmosphère et du sol dans les conditions normales de végétation des plantes terrestres. Maintenantsi l'on veut leur sub- stituer l'eau, il s'agit avant tout de savoir si ce liquide possède, sous le double rapport de l'alimentation et de la respiration, des ressour- ces suffisantes. Le fait de la deuxième touffe de blé, qui vivaitalors, et qui vit encore aujourd'hui dans la méme cloche, ne prouve évi- demment rien dans cette discussion ; puisque ce blé végète norma- lement, c'est-à-dire la racine dans l’eau et la tige dans l'air. Et l'on comprend que la méme eau qui concourt avee l'atmosphère à nourrir une plante dont elle baigne seulementle pied, peut fort bien devenir insuffisante lorsque seule il lui faut alimenter le végé- tal, ainsi que cela se passe dans la submersion totale. Dans le pre- mier cas, non-seulement deux milieux differents contribuent si- multanément à l'alimentation du sujet, mais encore l'atmosphére, par une action spéciale très -puissante exercée sur les feuilles, excite au plus haut point l'absorption radieulaire. Dans le second cas, au contraire, les échanges entre l'eau environnante et les liquides de l'organisme semblent plus difficiles; et cependant cette eau est alors le seul fluide alimentaire. A ce double titre, et toutes choses égales d'ailleurs, l'eau qui nourrit la plante submergée doit renfermer plus de substances alibiles que celle qui baigne seule- ment la racine de la plante terrestre. Conclusion parfaitement d'accord du reste avec les résultats fournis par l'analyse directe; puisque nous venons de constater que l'eau de mer, dont la végé- tation est en général plus puissante que celle de l'eau douce, con- lient aussi plus d'acide carbonique que cette dernière, Voyons done si les conditions que je viens d'indiquer sont rem- plies dans l'expérience précédente; ou si du moins elles pourraient etre satisfaites par des modifications convenables apportées à l'ap- pareil. Toutes les fois que l'eau ou un corps solide inerte mais humide, est pourvu de matières organiques, des protophytes de couleur verte se développent rapidement dans la région éclairée. Ceci est un fait constant et dont nous sommes journellement témoins. Les produc- tions confervoides qui naissent spontanément sur les pierres hu- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 53 mides, daus les eaux stagnantes, et dont on peut à volonté provo- quer l'apparition dans l'eau chargée de matières organiques, ou dans la terre humide que l'on expose à la lumière, n'ont pas d'au- tre origine. A priori, il est à redouter que cette végétation sponta- née ne nuise à celle de la plante terrestre appelée à vivre complé- tement immergée dans cette eau. Sans doute les conferves fourni- ront de l'oxygène au liquide et par suite à la plante; mais, à côté de cet effet salutaire, ne s'en produira-t-il point de contraire au végétal soumis à l'expérience. D'abord les mierophytes détour- neront à leur profit une portion des substances alimentaires ré- pandues dans l'eau. On répondra peut-être que le tort fait ainsi à la plante supérieure n'est que temporaire; car aprés leur mort, les protophytes devront restituer, en se décomposant, ce qu'ils avaient enlevé au monde extérieur pendant leur mouvement vital de cons- titution. Et méme, en développant l'argument, on fera remarquer que, bien loin de nuire, les conferves favorisent au contraire la vé- getation de la plante supérieure en lui donnant, leur existence ter- minée, de riouveaux aliments. Car la vie de ces petits étres s'est passée à organiser de la matiére, c'est-à-dire à élaborer des com- posés organiques, à l'aide des substances brutes du milieu environ- nant. Cette doctrine, qui fait dépendre l'existence de l'étre supérieur de l'activité vitale déployée par l'étre inférieur, régne depuis long- temps dans la science. Envisagée dans son acception la plus large, elle est vraie; mais peut-elle encore se justifier dans ce cas parti- culier? C'est à quoi des observations directes seules répondront ; et c'est là un point que je réserve pour des observations ultérieu- res. Cependant, dés maintenant, il faut convenir que les présomp- tions tirées des faits connus ne sont pas en faveur de cette dernière opinion. Ainsi, dans les conditions réguliéres, la racine est enterrée et par conséquent à l'obscurité ; elle se trouve donc, daus l'ordre na- turel des choses, dans un milieu privé de toutes végétations con- fervoides. Cette circonstance nous porte déjà à penser que ces derniéres entravent plutót qu'elles ne favorisent les fonctions de la racine. Sans doute l'air atmosphérique pénétre et circule dans Ja 5A ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU terre arable, où il produit une combustion lente des matières oxy- dables ; comme l'oxygène exhalé par les conferves brüle les sub- stances organiques contenues dans l’eau qu’elles habitent, La pra- tique a méme depuis longtemps appris que cette circulation d'air était une des conditions essentielles de la fertilité d'un sol. Mais il y a une grande différence entre cette oxydation lente en- tretenue dans la terre par l'air atmosphérique, el la combustion nécessairement plus rapide provoquée dans l'eau par le gaz dégagé des conférves, gaz composé surtout d'oxygéne à l'état naissant et par suite doué d'une activité chimique plus énergique que celle de l'air ordinaire. N'est-il pas à craindre que ce dernier ne suroxyde les matiéres organiques au point de les rendre tout à fait impro- pres à l'assimilation ? : Üpposera-t-on à ces doutes l'exemple des plantes aquatiques? alors il importe de bien préciser la nature de la question. Pour un grand nombre de ces derniéres, le mode de végétation ne différe de celui des plantes terrestres que par la substitution de l'eau à l'atmosphère ; leurs tiges et leurs rameaux, au lieu d’être entou- rés par l'air, sont baignés par l'eau; voilà tout le changement. Quant à la racine, elle conserve ses rapports ordinaires avec le sol ; mais un sol, il est vrai, un peu différent du sol habituel, puisqu'il est alors submergé, au lieu d'étre directement enveloppé par l'at- -mosphére. Telle est la situation des plantes d'eau douce les plus élevées en organisation. Chez les plantes marines, on s'aecorde généralement à regarder leur fronde comme leur seul organe d'absorption ; les racines deve- nant chez elles de simples crampons destinés à les fixer au rocher. « Plusieurs plantes, dit A. Thouin (1), végètent sous les eaux ; entiérement submergées, elles ne tiennent à la terre que par les racines, qui semblent leur étre données plutót pour les fixer à une place que pour les nourrir. » Cette manière de voir n'est-elle pas trop absolue? Peut-on affir- mer que l'algue n'emprunte absolument rien au sol, au fond ro- (4) André Thouin, Cours de culture et de naturalisation des végétaux, t. M, 1827, p. 288. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 55 cheux sur lequel elle s'attache ? La roche, méme la plus résistante, ne cède-t-elle pas à la longue à l’action lente mais continue des agents extérieurs? et dés lors pourquoi n'abandonnerait-elle pas à la plante marine une partie des produits de sa décomposition ? Longtemps il fut admis sans conteste que les épiphytes fausses parasites, comme un grand nombre d'orchidées, ne vivaient qu'aux dépens de l'eau pure, de l'air et des gaz atmosphériques. Aujour- d'hui on a bien changé de manière de voir à cet égard, Les tra- vaux de M. Payen ont montré tout ce que cette opinion avait d'er- roné; car ce savant chimiste, déterminant la composition de ces végétaux, a prouvé que (4) : « Dans les orchidées aériennes contenant des proportions d'eau variables entre 85 et 94 centiémes, la matière sèche formant 5,6 à 16,3 pour 100, est composée de matières organiques et de sub- slances minérales; les premières peuvent avoir été formées en grande partie par les gaz atmosphériques, comme cela a lieu pour les plantes terrestres, mais les substances minérales ne peuvent avoir la méme origine, elles se montrent d'ailleurs en quantités très-notables, formant pour 100 parties de la matière sèche de 5,8 à 10,7. Les malières minérales, en de telles proportions, — remarque M. Payen dans une autre partie de son mémoire, — ne pourraient évidemment étre fournies par l'eau pure, ni par l'air, les vapeurs ou les gaz atmosphériques ; elles se trouvent contenues dans les supports prétendus inertes ; ceux-ci se désagrégent et s'amoindris- sent graduellement sous les étreintes de la végétation parasite. » On manque, il est vrai, de documents semblables sur la végéta- tion des plantes marines ; mais en leur absence, il est naturel de supposer que les mémes phénoménes ou des phénoménes analo- gues doivent se produire dans leur végétation. Ainsi nous sommes conduits à conclure que les algues tirent simultanément leurs principes constituants de deux milieux à la fois : de l'eau et du sous-sol marin. (4) Payen, Sur le mode de nutrition des Orchidées (Journal de la Société centrale d'horticulture, t. ll, 1856). 56 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Íl est encore une différence essentielle entre la végétation natu- relle des algues, et la végétation artificielle que je cherchais à prolonger dans le blé submergé. D'ans l'eau de mer on trouve sans doute de l'oxygène à l'état naissant; mais il importe de remar- quer que la fronde seule subit son contact immédiat ; et quant à la racine, soit en s'insinuant dans les fissures du roc, soit en péné- trant dans les débris meubles qui recouvrent le fond, elle se sous- trait, au moins en partie, à son contact immédiat. Au contraire, pendant la végétation du blé dans,les cloches, le végétal tout entier se trouve soumis à l'influence de l'oxygène naissant ; et, circonstance importante à noter car elle est en opposition avec les conditions naturelles, la racine elle-méme, toute chargée de conferves, se trouve comme la tige exposée directement à l’action de ce gaz. Si la mort des plantes terrestres submergées tient à ce que leurs racines sont plongées dans un milieu trop oxydant ; ou si, tout au moins, cette circonstance exerce sur leur organisme une action fu- neste, il semble facile d'écarter cette cause perlubatrice en opérant àl'obscurité. Mais alors on complique les phénoménes de ceux amenés par le défaut de lumière ; et à l'inanition produite au jour, par le fait dela submersion, on ajoute encore l'inanition produite à l’obseurité par l'insuffisance de la transpiration, et l'impossibilité alors absolue pour les feuilles de réduire l'acide carbonique. Pour séparer les uns des autres ces divers phénomènes, et rap- porter chacun d'eux à sa véritable cause, il fallait plusieurs séries d'expériences, offrant chacune un mode de groupement particulier des influences extérieures. J'ai commencé à ce sujet deux catégories d'expériences. Dans l'une la plante ne trempait que par son pied dans de l'eau privée de lumière ; dans l'autre, plus éloignée encore des conditions ordi- naires, c'était la plante tout entière que l'on immergeait dans le liquide. J'ai, pour le premier cas, expérimenté sur des fèves, Leurs ra- cines plongeaient dans de l'eau plus ou moins chargée de malières nutritives et toujours maintenue, non pas il est vrai à l'obscurité absolue, mais à une lumière diffuse si faible, que jamais, dans ces circonstances, les protophytes ne se sont montres. Pour atteindre DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 57 facilement ce but, on versait l'eau dans des vases naturellement opaques, ou rendus tels, lorsqu'ils étaient de verre ordinaire, par des feuilles de papier noir collées sur leur face externe. En outre, la surface libre du liquide était recouverte, aussi exactement que possible, d'une plaque de liége percée de trous donnant pas- sage aux tiges. La partie aérienne de la plante recevait ainsi libre- ment la lumière, pendant que la racine restait dans l'obscurité. Cette disposition m'a paru favoriser la végétation ; toutefois ces expériences ne sont pas encore assez nombreuses, pour que je puisse me prononcer sur la nature de l'influence que l'éclairage des racines peut exercer sur le développement du sujet tout entier. J'ai fait également quelques essais de submersion totale à l'obs- curite. ; Certains organes, comme les racines, ou méme des ensembles organiques tout entiers, comme les bourgeons, vivent d'une ma- niére permanente ou temporaire à l'obscurité ; mais à la condition toutefois de recevoir, pendant ce temps, une alimentation spéciale préparée ailleurs. Partant de là et pour avoir quelques chances de succés en me rapprochant le plus possible des conditionsnormales, j'ai choisi des jacinthes comme sujets d'expérimentation. Si l’acti- vité vitale peut en effet résister à l'influence de l'obscurité, cela doit se présenter surtout chez la plante bulbeuse, dont l'oignon contient des substances alimentaires qui ne sont peut-étre point entièrement préparées pour l'assimilation, comme le fluide nour- ricier qui parvient aux bourgeons ou aux racines, mais dont l'éla- boration est certainement plus avancée que celle des matériaux qu'une plante queleonque puise directement dans le monde exté- rieur. J'ai done submergé des oignons de jacinthe en voie de dévelop- pement, dans de l'eau ordinaire contenue dans des vases ouverts, mais placés à l'obscurité. Au bout de peu de temps, les plantes tombaient en putréfaction et exhalaient alors une odeur insuppor- table ; tandis que dans l'eau éclairée contenant des conferves, ja mais les matiéres végétales en voie d'altération n'exhalent d'odeur aussi désagréable. Dans ces circonstances les tissus vivants se re- 58 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU couvraient et paraissaient se transformer en une masse incolore et glaireuse. Jamais d’ailleurs il n'y eut de microphytes verts dans cette eau ainsi maintenue à l'obscurité. Ce pouvoir de la lumière solaire de modifier les effets de la pu- tréfaction des matières végétales, et d'en rendre les conséquences toutes différentes de celles que l'on observe à l'obscurité, n'avait point échappé à J. Senebier, l'un des physiologistes qui se sont occupés avec le plus de succès de l'influence de la radiation so- laire sur la végétation. Ce savant parait méme avoir attaché beau- coup de prix à son observation. Non-seulement il indique avec soin la date de sa découverte : « J'avais prévu en 1782 l'antisep- ticité de la lumière » (1) , remarque-t-il ; mais encore il énumère les différents passages de ses ouvrages oü il a parlé de cette action. C'est ainsi qu'il rapporte ce fait précis, au milieu de théories et d'interprétations assez vagues : « J'ai fait voir dans mes expériences sur l'influence de la lu- mière solaire dans la végétation, p. 61, que la lumière retardait longtemps la pourriture des feuilles exposées dans l'eau à son action, » | Enfin Senebier termine en essayant d'indiquer la maniére dont il concoit l'influence solaire. Mais son explication est obscure et ambigué; il est manifeste qu'il n'a pas complétement saisi la cause du phénomène, l'insuffisance des connaissances ph ysico-chimiques de son époque s'y opposait. Voici en effet textuellement son expli- cation, qui se termine en outre par une erreur grave au sujet de la germination. « Quand on considère les affinités de la lumière avec l'oxygène ; quand on sait que celui-ci enléve aux corps fermentescibles le car- bone qui est éminemment antiseptique; on conçoit comment la lumière prévient la fermentation, comment elle l'arréte, et com- ment elle ralentit la germination. » | On le voit, Senebier était encore fortement imbu des vieilles idées qui faisaient regarder les actes de nutrition comme des fer- mentations. C'est ainsi que la digestion était alors une sorte de (1) Jean Senebier, Physiologie végétale, t. III, p. 180, DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 59 putréfaetion ; et Sénebier, d’après ce passage, semble attacher le même sens à la germination. Ainsi la lumière exerce une influence antiseptique, les faits rap- portés par Senebier suffiraient à eux seuls pour l'établir; on en connait d'ailleurs d'autres signalés par divers observateurs. Quant à la cause essentieMe de cette influence, elle réside dans l'apparition et le développement des plantes confervoides. Ces végétaux, par l'oxygéne qu'ils dégagent à ia lumière, font subir aux matières végétales en voie de décomposition une comibus- tion plus rapide et tout autre que celles qu'elles subiraient sous la seule influence de l'air, de l'humidité et de la chaleur atmosphériques. Cette combustion plus active rend trés-difficile sinon impossible la formation des composés ammoniacaux vola- tils, ainsi que celle de l'hydrogéne sulfuré et autres gaz odo- rants, produits ordinaires de la décomposition putride. Enfin ces protophytes doivent en outre assimiler une partie notable des substances azotées, carburées, ete., eontenues dans l'eau; et par suite tendent à assainir le liquide, en diminuant les causes d'infection qu'il renferme. A ce point de vue il serait curieux d'étudier la composition de ces microphytes ; de rechercher la nature et la proportion relative des matériaux constituants de leur organisme ; et surtout de les comparer, sous ce rapport, aux végétaux supérieurs. La lumière est donc antiseptique parce qu'elle provoque un incessant dégagement d'oxygène; et, dans le cas précédent, la mort des jacinthes est causée par l'asphyxie, et non point par l'influence spéciale de l'obscurité ou l’action particulière exercée par l’eau sur les tissus. | J'ai contrôlé cette conclusion en vérifiant que des jacinthes vé- gètent dans l'eau, soit à la lumière, soit à l'obscurité, si on leur donne de l'air en quantité suffisante ; mais qu'elles périssent, méme dans l'eau éclairée et en offrant les mémes particularités qu'à l'obscurité, quand l'oxygène fait défaut dans le liquide. C'est ainsi que, dans la deuxiéme partie de ce travail, je rapporterai des expé- -riences qui prouvent que les jacinthes peuvent végéter et fleurir dans l'eau, à la lumière ou à l'obscurité, pourvu que l'oignon reste 60 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU “hors de l'eau, c'est-à-dire en contact direct avec l'air atmosphé- rique. | Au contraire, j'ai vu la submersion totale, méme à la lumiere, devenir dans certaines circonstances rapidement mortelle pour ces plantes. A cet effet j'ai placé des bulbes de jacinthes au fond de l'eau contenue dans un vase de verre bien éclairé. On renouvelait d'ailleurs le liquide assez souvent pour éviter la formation de la matière verte. En peu de temps les plantes périrent et leurs tissus présentèrent les mêmes signes d'altération putride que j'avais observes dans des bulbes submergés et maintenus à l'obscurité. D'autres faits viennent corroborer cette opinion et montrer qu'une des grandes diffieultés que l'on rencontrera, en voulant faire végeter sous l'eau des plantes terrestres, sera l'insuffisance de l'oxygène. Il n'est pas rare en effet de voir des plantes terrestres, des plan- tes bulbeuses entre autres, accidentellement enterrées, vivre ainsi quelque temps. Sans doute elles sont étiolées, mais elles vivent, à la condition cependant de n'être point enterrées trop profondé- ment. C'est que, dans ces circonstances, le sol leur fournit assez d'oxygène pour entretenir leur respiration durant les premières phases de la végétation. Et quand elles meurent, ou bien plus généralement quand on enfouit des matières végétales quelconques, jamais les produits de leur décomposition ne sont identiques avec ceux que ces mémes corps fournissent par leur altération dans l'eau. Qui n'a été frappé, par exemple, de la mauvaise odeur et des caractères tout particuliers que présente un bouquet qu'on a laissé pourrir dans l'eau ? Ainsi tout nous indique qu'il se produit dans l'eau un genre spé- cial de décomposition des substances végétales, genre caractérisé par ces produits particuliers qui ne se forment que dans un milieu pauvre en oxygène. | Ces prévisions sont confirmées par les analyses que j'ai rapportées plus haut; puisque nous savons maintenant qu'un litre. de terre végétale, malgré la combustion lente qui a lieu dans son sein, DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 61 renferme encore 69,79 d'oxygène, tandis qu'un litre d’eau douce n'en contient plus que 11*,73 environ. A ce titre un litre de terre équivaut done en moyenne à cinq litres d'eau douce. D'où l'on est conduit à penser que l'un des moyens les plus sim- ples d'entretenir la respiration de la plante serait de la plonger dans de l'eau constamment et rapidement renouvelée, Nous allons voir que ce serait en méme temps un des moyens les plus efficaces pour la nourrir. La deuxiéme grande difficulté que l'on doit rencontrer en elfet dans l'éducation des plantes terrestres submergées est relative à l'alimentation. Sous ce rapport, les exigences de la plante crois- sent avee les progrés du développement; et, avons-nous déjà fait remarquer, on n'entrevoit que denx moyens de les satisfaire : soit en donnant des dissolutions alimentaires trés-concentrées, soit enfin en introduisant sans cesse dans son organisme de grandes quantités d'un fluide nutritif trés-dilué. Le premier moyen, qui est le moyen régulier pour la plante en germination, semble offrir peu de chances de succés chez la plante adulte dont les épidermes, s'épaisissant chaque jour davantage, ne laissent de voie complétement libre à l'absorption que par un nom- bre restreint de surfaces d'ailleurs très-circonscrites elles-mêmes, par la surface des spongioles. J'ai essayé de concilier les exigences provenant de cette particu- larité d'évolution avec celles qui naissent de la combustion respi- ratoire, en submergeant de jeunes planies de blé ou de féves dans des dissolutions concentrées faites avec l'albumen ou les cotylé- dons de graines de méme espèce en voie de germination. Ces li- quides, renouvelés de temps à autre, étaient placés dans des vases de verre à large surface, fermés hermétiquement par de la bau- druche constamment mouillée par le liquide, ce qui la rendait beaucoup plus perméable aux gaz. Par ces dispositions j'espérais atteindre un double but : offrir à la planteet sous un petit volume une quantité suffisante de matières nutritives déjà élaborées dans une autre graine; et, en second lieu, permettre néanmoins à la plante de respirer tout en l'isolant suffisamment de l'atmosphére pour prévenir les causes les plus apparentes d'aliération, c'est-à- 62 ÉTUDÉS SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU dire en mettant obstacle au développement des proto-organismes, microphytes et microzoaires. Je n'ai point encore obtenu de résultats satisfaisants dans ces tentatives d'allaitement artificiel. J'ai pensé que peut-être l'insuccés tenait au défaut d’une alimentation convenable ; ces dissolutions d'albumen ou de cotylé- dons, nécessaires pour la jeune plante, devenant sans doute insuf- fisantes pour la plante plus âgée. . Voici l'expérience que je tentai pour m'éclairer à ce sujet. Le 26 aoùt 1864, on fit choix de trois pieds de fèves qui avaient été élevées dans le méme pot et à la lumière. Ces plantes étaient toutes les trois au même degré de développement ; chaque tige portait cinq feuilles, et la sixième, déjà formée, entourait encore et protégeait le bourgeon terminal. On sépara, par des lavages ménagés, la terre des racines, et l'on submergea les plantes dans une cloche contenant une eau de terreau dont j'indiquerai plus loin le mode de préparation. On leur avait en outre attaché des contre-poids convenablement distribués de maniére à les main- tenir dans leur situation normale, c'est-à-dire verticalement, tout en restant entierement submergées. L'appareil fut placé derriére une des fenêtres du laboratoire, où les plantes pouvaient rece- voir directement les rayons solaires pendant la premiére partie . dela journée. Malgré les précautions prises, les portions terminales des tiges étaient dans le principe un peu affaissées ; mais le len- demain 27, à midi et demi, elles s'étaient parfaitement dressées et leur extrémité sortait alors du liquide. On ajouta de l'eau de terreau de manière à submerger le pied dit n° 4, pendant que le bourgeon terminal et la dernière feuille des deux autres pieds, numérotés 1 et 2, émergeaient seuls, Le mercredi 7 septembre, à huit heures du matin, la tige n° 4 ne s'était pas montrée à la surface du liquide, tandis que la tige n° 2 avait développé trois feuilles hors de l'eau, et celle n° 3 deux seu- lement. Comme depuis la veille les parties aériennes se desséchaient et les organes submergés pourrissaient, on suspendit ce jour-là cette expérience. Cette observation montre bien nettement toute l'influence exer- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 63 cée dans cet ordre de phénomènes, par le libre accès de l'air atmosphérique. Quant à l’insuccès de cette première tentative, on n'en peut évidemment rien conclure; et je me propose de la répé- ter en variant les conditions relatives à la densité de la dissolution et à ses divers modes de renouvellement, d'aération, etc. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS, De cette discussion et de ces diverses tentatives il faut conclure que, dans l'ordre naturel, le plus grand nombre des plantes adultes vivent plongées dans deux milieux à la fois : la terre et l'air pour les plantes terrestres, la terre et l'eau pour les plantes aquatiques. Les végétaux pouvant vivre dans un seul milieu, la terre ou l'eau, sont en bien petit nombre et appartiennent tous aux types orga- niques les plus dégradés; ce sont, par exemple, les truffes dans le premier cas, les plantes confervoides dans le second. Si l'on veut modifier cet ordre naturel et forcer la plante adulte à vivre dans un seul milieu, l'eau, il faut tout à la fois oxygéner cette derniére et augmenter sa puissance nutritive. Je viens d'indiquer trois moyens de satisfaire à la premiére con- dition. De ces trois procédés, deux seulement : plonger la plante dans l'eau courante, ou l'immerger dans de l'eau stagnante chargée de protophytes verts, ont été appliqués dans mes recherches. Dans l'un et l'autre cas, je n'ai pas réussi à faire vivre une plante adulte maintenue sous l'eau. Mais je ferai observer que jusqu'ici je n'ai pu encore disposer des appareils nécessaires pour appliquer d'une manière profitable le premier procédé. Quant au second, comme chaque jour je m'exeree et me perfectionne dans l'art de faire naître et vivre les végétaux confervoides, peut-être arriverai-je - enfin par ce moyen à donner à l'eau la quantité d'oxygène néces- saire à la respiration d'un végétal adulte d'organisation plus élevée. Je ne saurais donc aujourd'hui conclure avec certitude dans un sens ou dans l'autre. Enfin on devra essayer encore la méthode d'aération du liquide : soit par l'introduction directe de bulles d'oxygéne, soit par la décomposition de l'eau à l'aide d'un faible courant électrique. Je 64 ÉTUDES SUR LE RÔLE, PHYSIQUE DE L'EAU n'ai jusqu'ici aucune donnée sur les résultats que peuvent fournir ces procédés, que je me propose d expérimenter dés que je serai en mesure d'installer les appareils qu'exige leur emploi. Si l'on parvient à faire respirer la plante submergée, il faudra ensuite la nourrir. Jusqu'ici le moyen qui me parait offrir le plus de chance de succés, et qui serait d'ailleurs conforme à ce qui s'observe dans la végétation des plantes naturellement aquatiques, serait de les placer dans de l'eau courante peu chargée de matières nutritives. G'est là du moins l'indication que fournit l'étude des végétations confervoides. L'eau est-elle pure? ce n'est qu'à la lon- gue et grâce aux poussières apportées par l'atmosphère, qu'elle se peuple de quelques rares microphytes. Mais si l'on jette dans cette eau des fragments d'albumen ou de cotylédons, les protophytes prennent un rapide développement, Le stroma proligère se consti- tue à la surface du liquide et de nombreuses bulles de gaz prennent naissance dans toutes les parties de la masse. Puis cette activité se ralentit et plus tard s'éteint : le stroma disparait, l'eau s'éclair- cit, l'exhalation du gaz cesse, et les conferves flottent inertes sus- pendues aux parois latérales ou enlacées au fond du vase. Alors si l'on verse dans ce milieu devenu stérile un peu d'eau ayant filtré sur du terreau, la vie et le mouvement renaissent aussitót. Mais si, croyant activer les phénoménes et accroitre leur intensité, on remplissait une cloche exposée à la lumière d'une eau fortement chargée de substances organiques, telle qu'une dissolution concen- trée des matières solubles contenues dans le terreau, on arriverait à des résultats tout autres que ceux que l'on attendait. Dans ce dernier cas, en effet, on n'obtiendrait que peu ou point de proto- phytes verts, mais une décomposition offrant à des degrés divers les traits caractéristiques de la fermentation putride. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 65 DEUXIÈME PARTIE DES EFFETS PRODUITS PAR LA SUBMERSION DE LA TIGE SUR LA VÉGÉTATION DES PLANTES TERRESTRES LI INTRODUCTION. Un certain nombre d'auteurs, dans des buts trés-divers, ont exa- miné les effets produits par l'immersion dans l'eau de diverses parties d'un végétal vivant autres que la racine. Parmi les savants dont les travaux sont les plus importants et les plus variés, je cite- rai : Hales (1), Duhamel (2), Bonnet (3), Priestley (4), Ingen- housz (5), Senebier (6) et A. Thouin (7). Mais les uns, comme Hales, Duhamel et Senebier, avaient uniquement en vue, dans ce genre d'expériences, l'étude des mou- vements de la séve, ou de l'absorption et de l'exhalation aqueuse. D'autres comme Priestley, Ingenhousz et Senebier employaient l'immersion dans l'eau comme moyen expérimental pour détermi- ner la nature des échanges gazeux qui s'effectuent, pendant la vie de la plante, entre elle et l'atmosphère. Cependant quelques-uns d'entre eux ont spécialement recherché les influences que pouvait -exercer la submersion partielle sur la naissance, le mode d'accrois- sement et en général l'ensemble des caractères d'un organe. Parmi ceux qui ont suivi cette dernière voie il faut mettre au premier rang Bonnet et A. Thouin. Leurs travaux importants nous ont fait (1) Hales, La statique des végétaux, traduction de Buffon, 1724. (2) Duhamel, La physique des arbres. (3) Charles Bonnet, Recherches sur l'usage des feuilles, 1754. (A) Priestley, Expériences sur différentes branches de la physique, (raduclion de Gibelin, 1782. (5) Ingenhousz, Expériences sur les végétaux, 1780. (6) Senebier, Physiologie végétale, 1800. (7) André Thouin, Cours de cullure et de naturalisation des végétaux, 1827. VI. 5 66 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU connaître à peu prés tout ce que l'on sait actuellement sur ce genre de phénoménes. 84. — Recherches de Charles Bonnet. Charles Bonnet fut amené par ses études restées justement célè- bres sur l'usage des feuilles, à s'occuper des effets produits par la submersion partielle de la plante. Ses travaux fort nombreux se rattachent à deux sujets distincts : la nutrition, et l'orientation spontanée des axes. Dans un premier mémoire ayant pour titre : De lanutrition des plantes par leurs feuilles, il est conduit à rechercher si, dans le végétal complet, les feuilles peuvent suppléer entiérement les raci- nes dans les actes de nutrition dévolus à ces dernières. Voici en quels termes il décrit son expérience (1) : « J'ai voulu éprouver si des plantes qui ne se nourrissaient _ que par leurs feuilles vivraient aussi longtemps, et feraient autant de progres que de semblables plantes qui se nourriraient par leurs racines. J'ai laissé à chaque plante un ou deux rejetons que j'ai tenus hors de l'eau, et qui n'ont été nourris que par la partie de la plante qui y était plongée, J'ai rendu tous ces rejetons aussi égaux et semblables qu'il ma été possible. J'ai laissé ees plantes en expé- rience environ cinq à six semaines, au bout desquelles j je n'ai point observé de différence considérable entreles rejetous nourris unique- ment par les feuilles, et ceux qui ne l’étaient que par les racines. J'ai seulement remarqué que les feuilles plongées dans l'eau, ont paru souffrir un peu plus de l'action de ce fluide que les racines. Ces dernières ont été appelées à vivre dans l'humidité ; elles ont été rendues capables de la soutenir. » Dans un second mémoire intitulé (2) : « De la direction et du retour- nement des feuilles ; et à cette occasion dela perpendicularité et durepliement des tiges» ; le savant naturalistese demaride siles lois d'orientation qu'il vient de découvrir pour les parties vertes expo- (1) Charles Bonnet, Recherches sur l'usage des feuilles, p. 67. (2) Ibid., p. 77 et suivantes. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 67 sées à l'air et à la lumière sont encore les mêmes dans l'eau suffi- samment éclairée. C'est ainsi qu'il est d'abord amené à submerger des rameaux, sur une étendue variable de leur portion terminale. Mais bientót son compatriote Calandrini de Genéve lui ayant mon- tré des feuilles qui, bien que détachées et placées sous l'eau, exécu- taient encore leurs mouvements ordinaires, il agrandit le champ de ses expériences et les étend non-seulement aux feuilles, mais encore à des portions de feuilles coupées d'une manière quelconque. Toujours et dans tous les cas il reconnut que l'eau n'avait aucune influence sur la nature de ces singuliers mouvements. Des recherches aussi multipliées que les siennes ne pouvaient manquer de le mettre sur la trace de nouveaux phénomènes, étrangers au but qu'ils’était proposé dans le principe. C'est ce qui arrive communément à tous les expérimentateurs ; Charles Bonnet bénéficia i ici de la loi commune. En étudiant le mécanisme du retournement des feuilles, l'illustre observateur, pour conserver aux rameaux leur fraicheur premiére, trempait dans de l'eau leur extrémité inférieure. À plusieurs repri- ses il vit, nonsans surprise, des racines prendre naissance et se développer sur les parties ainsi submergées. Un phénomène si curieux ne pouvait manquer d'exciter latten- tion d'un savant comme Charles Bonnet, aussi dans un quatrième mémoire dont voici] le titre: « De quelques singularités des diffé- rentes parties des plantes, principalement des feuilles», il revient sur cet important sujet et décrit en détail. ses expériences. On y voit qu'en trempant dans l'eau l'extrémité inférieure du pétiole, il est parvenu à bouturer, par ce moyen les feuilles du haricot, du chou, de la belle-de-nuit et de la mélisse. « Il y ayait lieu de s'attendre, — remarque-t-il (1), — que des feuilles si enracinées vivraient longtemps. Cependant elles ont passé au bout d'environ une semaine. J'ai essayé d'en transplanter dans des vases pleins d'une terre préparée, mais elles n'y ont fait au- cun progrés. » C'est là en effet une particularité physiologique confirmée par (4) Charles Bonnet, Recherches sur l'usage des feuilles, p. 206 68 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU tous les expérimentateurs qui se sont depuis occupés de ce genre de boutures. Leur reprise en terre ordinaire demande des précau- lions minutieuses ; et nous verrons bientót comment André Thouin parvenait à surmonter cette grande difficulté de la pratique, et assu- rait la reprise de ses boutures. Cette particularité que présente le bouturage par l'eau, monire que l'organisation de la racine offre toujours les rapports les plus directs et les plus nombreux avec la nature du milieu dans lequel elle se forme; en sorte que celle qui a pris naissance et vécu un certain temps dans la terre ne saurait vivre dans l'eau et récipro- quement. S 2. — Recherches d'André Thouin. Le recherches du célébre directeur des cultures du Muséum avaient un but nettement défini : l'étude du bouturage par immersion. Il désirait savoir si, au point de vue purement horticole, il y aurait dans certains cas avantage à substituer l'eau ordinaire àla terre dans la pratique du bouturage. Le savant académicien ayant entendu parler de quelques essais de ce genre, voulut à son tour renouveler ces tentatives. Voici en quels termes il raconte les phases de son expérience, faite sur des bases assez larges pour fournir des conclusions certaines (4). « Nous avons répété ces CRUS au Muséum, et elles ont donné des résultats utiles, sinon à la multiplication des végétaux, du moins aux progrès de la physiologie végétale. Vingt - huit es- pèces d'arbres, arbustes et plantes ont été soumises à ces essais, depuis le mois de janvier 1805. Vingt-cinq ont développé compléte- ment leurs gemma, et poussé des bourgeons plus ou moins éten- dus; mais treize d'entre elles sont mortes aprés avoir épuisé la séve latente qu'elles contenaient et sans avoir poussé de racines (2). (1) André Thouin, Cours de culture et de naturalisation des végétauc, p. 563 et suivantes. (2) C'étaient des ramilles bien constituées, de 07,2 à 0,3 de long et d'un diamè- tre de 07,004 à 0,008 par le bas, prises sur le Syringa lilac, le Cratægus race- mosa, Lam., le Buxus sempervirens, le Salvia officinalis, le Pistacia Chio, le Populus alba, le iia centifolia, le Quercus cerris, le Sambucus racemosa; le- Vitis vinifera, le Rhus typhina, le Ribes ozyacantha et le Spiræa sorbifolia. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 69 Les boutures des douze autres espèces se sont enracinées parfaitement, et ont fourni des bourgeons vigoureux; mais deux d'entre elles sont mortes avant la fin de cette même année (1). Les dix autres ont continué d'exister dans l'eau où elles avaient été mises. La première année, elles ont poussé avec vigueur des bour- geons, des feuilles et des racines, dans une aussi grande abondance qu'en pleine terre. La seconde année, leur végétation a été plus lente; les pousses ont été plus courtes, les feuilles plus petites, les racines et le chevelu moins nombreux et plus gréles. L'arrivée de l'automne a fait descendre plus tót la séve dans ces individus que dans ceux qui vivent dans la terre, et leurs feuilles sont tombées avant celles de ces derniers, mais les, gemma, quoique pelits, étaient bien conformés. L'année suivante, toutes ces boutures ont D yog leurs gemma dés les premiers jours du printemps ; mais il n'en est résulté que des bourgeons faibles ; elles sont mortes suc- cessivement. : » Quatre autres (2) auxquelles ont avait supprimé les gemma avec le corculum qui se trouve inséré dans l'épaisseur de l'écorce, ont offert un fait de physiologie assez remarquable. Quoique privées d'yeux, et par conséquent de bourgeons et de feuilles, . ces boutures ont cependant poussé des racines du talon de leur extrémité inférieure, mais en petit nombre et qui sont restées courtes et gréles pendant tout le cours de l'année dernière. Cette année-ci, 1808, leur végétation a été plus forte, parce qu'il s'est développé, au printemps, des gemma latents qui ont produit des feuilles. » Cette importante expérience donne lieu à plusieurs remarques, mais je me bornerai à une seule, afin de ne pas m'écarter de mon sujet. Les boutures les plus vigoureuses n'ont vécu que trois années ; et, aux symptómes signalés par A. Thouin, il est facile de voir qu'elles ont péri d'inanition. Elles ne renfermaient point dans le principe assez de matières organiques pour fournir, avec le concours d'un (1) Sambucus nigra, laciniata, et Robinia pseudo-acacia. (2) Platanus occidentalis, Populus alba, Tamariæ ġallica, Salin babylonica. 70 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU milieu aussi pauvre que l’eau ordinaire, tous les matériaux néces- saires à une végétation vigoureuse. Cette doctrine de la nutrition des organes en voie de formation &ux dépens et avec la propre substance des organes antérieure- ment formés, régne depuis longtemps dans la science; et chaque jour des observations nouvelles viennent en consacrer l'exacti- tude. i » € Il est des feuilles, a écrit Ch. Bonnet (1), dont les principales fonctions sont moins de pomper l'humidité, et d'aider à l'évapora- tion des humeurs superflues, que de préparer le suc nourricier, et fournir peut-étre de leur propre substance, une nourriture conve- nable à la petite tige qu'elles renferment. La pomme du chou en est un exemple extrémement remarquable. La forme de ses feuilles, leur épaisseur, la manière dont elles sont pressées, et ar- rangées les unes sur les autres, leur dépérissement lorsque la tige qu elles nourrissaient a achevé de se développer, persuadent faci- lement qu'il en est de cette pomme, comme de certains oignons, qui s'épuisent pour fournir au développement de la tige placée à leur centre. Si l'on met une pomme de chou sur un vase plein d'eau, il sortira du troncon beaucoup de racines ; la petite tige pa- raitra bientót; elle montera et fleurira comme elle aurait fait en pleine terre. » On compreud dés lors la persistance relativement si grande de la vitalité des organes séparés des plantes grasses; car leurs feuilles charnues peuvent subvenir presque seüles aux exigences de la végétation nouvelle. A. Thouin (2) en signale un exemple trés-curieux et des plus instructifs. Je le rapporte textuellement, car il peut être considéré comme le type de tous les phénoménes de cet ordre décrits depuis par différents auteurs. « Vers 1786, un de mes fréres (M. Jean Thouin, premier jardi- nier du Muséum) placa dans une carafe remplie d'eau commune et dans une serre chaudeune couronne d'ananas (Bromelia ananas). (1) Recherches sur l'usage des feuilles, p. 205. (2) Cours de culture, t. II, p. 568. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 71 Dans l'espace de trois mois, elle poussa beaucoup de racines, qui, à la fin de l'année, occupèrent toute la capacité du vase; mais les parties de la plante exposées à l'air ne végétèrent pas dans la méme proportion : au contraire, elles restérent petites, et n'étaient pour ainsi dire qu'une miniature. Cette végétation, qui a duré trois ans, s'est terminée, comme à l'ordinaire, par la fructification de la plante. Toutes ses parties étaient à peine d'un dixième de l'étendue de celles des individus cultivés dans de la terre à la ma- niére habituelle. Le fruit surtout était d'une petitesse extréme et - la pulpe en était presque nulle. » Cependant le savant académicien n'avait point perdu de vue son but principal, celui de rendre pratique le bouturage dans l'eau. Les nombreux essais auxquels il s'est livré sont venus confirmer de tous points les résultats annoncés par Bonnet. « La translation de l'eau pure à la terre, dit A. Thouin (1), est difficile à faire supporter à ces sortes de boutures, qui se pratiquent pour plus de commodité dans des carafes de verre blanc, à l'effet d'observer plus facilement le progrès des mamelons. Il faut opérer ce changement par gradation insensible, sans quoi on manque le but qu'on s'était proposé. » Selon lui, le moyen d'assurer la transplantation des boutures est: « Dès qu'on aperçoit les glandes corticales s'ouvrir un passage à travers l'épiderme des rameaux, les mamelons sortir des ouver- tures et former de petits cónes blancs, qui sont les rudiments des racines; il convient de mettre de la terre dans l'eau et d'en augmenter la quantité de jour en jour, de maniére qu'au bout de quelques semaines elle remplace l’eau et forme un corps solide avec elle. » Cette pratique culturale souléve une question d'une grande im- portance scientifique. Il importerait beaucoup, en effet, de savoir si en opérant de la sorte on habitue graduellement les racines qui ont pris naissance dans l'eau, à vivre et à se développer dans un autre milieu, dans la terre. Ou bien si, par ces transitions ménagées, on permet à de nouvelles racines, essentiellement terrestres, de se (4) Cours de culture, t. II, p. 567. 2 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU produire au fur et à mesure que les anciennes, essentiellement aquatiques, dépérissent et meurent dans le nouveau milieu. En d'autres termes, y a-t-il, dons cette opération, substitution véri- table d'un systéme radiculaire à un autre tout différent; ou bien adaptation pure et simple d'un méme systéme successivement à deux milieux distincts ? Quelle que soit d'ailleurs la manière dont les choses se passent réellement, le résultat est toujours le méme pour la plante dont l'existence se trouve également assurée dans l'une ou l'autre hypothése par les intelligentes précautions qe l'on à prises. Malheureusement A. Thouin ne parait pas s'étre préoccupé de cette question, et je n'ai trouvé nulle part dans ses écrits d'indi- cations sur ce difficile probléme. Sans entrer ici dans une discussion approfondie sur ce sujet délicat, je ferai dés maintenant remarquer que la premiére opinion, celle du remplacement, me parait beaucoup plus probable que celle de l'adaptation. Elle est d'ailleurs conforme à des faits bien con- nus qui présentent la plus grande analogie avec ceux que j'examine en ce moment. On sait, depuis les expériences de Duhamel, que si l'on arrache un arbre et qu'on le replante ensuite dans une situation renversée, c'est-à-dire les racines en lair et les feuilles enterrées, le végétal reprend dans la plupart des cas. La reprise est surtout assurée quand on a la précaution, comme le faisait Duhamel, d'entourer la masse radiculaire de mousse entretenue humide, afin d'éviter la trop grande sécheresse qui amènerait fatalement la mort de ces organes el méme, dans certains cas, celle de l'arbre tout entier. Dans ces circonstances, les feuilles et le chevelu périssent, et plus tard des rameaux ainsi dénudés, dont les uns sont une dépendance de la tige et les autres du pivot, naissent de nouvelles productions. Mais, fait remarquable, les organes souterrains sont alors des racines etles organes aériens des boutons. Ainsi il n'y a point dans cette situation foreée adaptation des organes au nouveau milieu, mais bien remplacement. Enfin, A. Thouin, et c'est par là que je terminerai l'analyse de ses travaux, consigne une observation vérifiée depuis par beaucoup DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 73 d'autres expérimentateurs, et sur laquelle je désire fixer un mo- ment l'attention. Le savant professeur de culture,en parlant des racines d'une bouture faite dans l'eau, dit (1) : « Celles-ci, en s'étendant, ont conservé à leur extrémité un point glanduleux de couleur verdàtre, autour duquel se trouve presque toujours une matiére de nature à n'étre pas dissoute dans l'eau, et qui, lorsqu'elle est devenue trop pesante, se détache et tombe au fond du vase. Cette matiére ne peut étre le résidu des diverses substances contenues dans le liquide, et dont les glandes terminales des racines auraient opéré le rejet en s'appropriant celles qui con- viennent à leur organisation, puisqu'elle n'est pas soluble dans l'eau. Il est probable qu'elle n'est autre chose qu'une sécrétion particuliére des racines, qui, ainsi que les feuilles, les bourgeons, les tiges et autres parties extérieures des plantes ont les leurs propres. J'ai remarqué cette sécrétion dans les racines de plus de soixante espèces de végétaux d'un grand nombre de familles diffé- rentes que nous avons fait croitre dans l'eau. » Cette matiére mucilagineuse a été souvent signalée par les auteurs qui ont fait vivre des plantes en maintenant leurs racines dans de l'eau ordinaire, mais ils ont diversement expliqué son origine. Pour la majorité d'entre eux, comme pour A. Thouin, cette ma- tiére glaireuse est un produit d'excrétion. Et c'est méme là un des principaux arguments présentés en faveur de leur théorie par des physiologistes qui admettent l'existenee des excrétions radicu- laires. Dans un écrit récent, M. Cauvet a émis l'opinion que : «la matière mucilagineuse observée provenait de la décomposition, sous l'influence de l'eau, d'un tissu préexistant (2). » Les nombreuses observations qu'il m'a été donné de faire à ce sujet, et dans des conditions trés-variées, me conduisent égale- ment à cette conclusion que j'appuie d'ailleurs sur les considéra- tions suivantes. à (1) Cours de culture, t. M. p. 581. (2) Docteur Cauvet, Études sur le rôle des racines (thèse de botanique, Stras- bourg, 1861). 74 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Quand des matières végétales, comme des graines, des frag- ments de bois, etc., sont abandonnées dans l'eau, à l'influence de la lumiére, le liquide se recouvre, au bout de quelques jours, d'une couche glaireuse, sorte de gelée incolore et transparente, c'est la couche proligére de M. Pouchet. Plus tard, apparaissent des pro- tophytes et des protozoaires, et cette couche finit par disparaitre en se transformant. Lorsqu'un organe appartenant à une plante vivante s'altére par suite de son séjour dans l'eau, deux cas peuvent se présenter : si le liquide est éclairé et suffisamment aéré, des conferves se montrent bientót sur l'organe en voie de décomposition, qui disparait en se fondant en quelque sorte dans la masse commune. Mais si l'eau est maintenue à l'obscurité; ou bien si, tout en restant à la lumiére, elle n'est pas suffisamment aérée, les protophytes verts ne se montrent point, et la décomposition est alors caractérisée par la naissance et le développement de la matière glaireuse. Enfin, quand on astreint les végétaux à vivre les racines submer- gées, si l'eau est stagnante et éclairée, des conferves y naissent et végétent fixées sur les diverses radicelles; alors on n’aperçoit point de matière glaireuse sur les organes submergés. Au contraire, renouvelle-t-on l'eau assez souvent pour s'opposer au développe- ment des protophytes, on voit bientôt poindre des gouttelettes mucilagineuses vers les extrémités radiculaires. Ces observations me semblent suffisantes pour établir que la matière glaireuse qui, dans ce dernier cas, s'attache à la pointe des racines, est le produit direct de la décomposition d’un tissu sous l'influence d’un excès d'eau et d'un défaut d'oxygène. Nos connaissances sur les effets du séjour prolongé des tiges et de leurs dépendances dans l'eau peuvent donc se résumer dans trois faits essentiels : Orientation des tissus herbacés dans l'eau comme dans l'air; Production des racines par les organes submergés suffisamment nourris ; Et enfin, mort du sujet dans uh temps relativement fort court. | Les recherches que j'ai entreprises sur ce point important de la DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 75 physiologie des plantes se subdivisent naturellement en deux parties : 4 1* Effets produits par la submersion des tiges herbacées ; 2» Effets produits par la submersion des tiges 5 CHAPITRE PREMIER EFFETS PRODUITS PAR LA SUBMERSION DES TIGES HERBACÉES. Je commencerai par bien préciser les conditions dans lesquelles j'ai opéré, pour ne pas faire naitre l'idée de conclusions qui pour- raient devenir inexactes par suite de fausses interprétations ou de généralisations prématurées. Quand après avoir déraciné une plante herbacée, en ménageant les organes souterrains, on la renverse et on la maintient Suspen- due verticalement, de maniére à plonger s sa tige dans l'eau et à laisser ses racines dans l'atmosphére; ces dernières se flétrissent et meurent au bout de quelque temps. Pour empêcher, dans ces circonstances, la prompte dessiccation des racines et, par consé- quent leur mort, on peut avoir recours à divers moyens. Duhamel, comme je l'ai dit plus haut, les entourait de mousse humide. J'ai pensé qu'on arriverait au méme résultat, tout en se rapprochant davantage des conditions naturelles de la végétation, en laissant les racines dans la terre oü elles sont nées, et en mouillant cette dernière chaque fois qu 'elle deviendrait trop séche. Partant de cette idée, la disposition que j'ai adoptée dans toutes ces expérien- ces est des plus simples. Dans une cloche de verre pleine d'eau et de dimensions variables selon les cas, onu plongeait la tige d'une plante enracinée dansla terre d'un pot soutenu lui-méme au-dessus de l'eau, par deux planchettes reposant sur le bord libre du vase. Par là, tout en submergeant la tige, on ne changeait pas le mode de Le de la racine. Cette dernière continuait à rester dans la terre, qu’on pouvait rendre à volonté plus ou moins humide, et par l'intermédiaire de laquelle elle se mettait en communication avec l'atmosphère, absolument comme dansles circonstances ordinaires. * 76 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Une première série d'expériences a été exécutée sur des pieds de fèves provenant d'un méme semis. Le 26 juillet 1864, à neuf heures du malin, on a rempli six pots de moyennes dimensions avec du terreau consommé, puis On a enterré 3 graines de fèves dans chacun d'eux. * Dés le 2 aoüt, à quatre heures du soir, c'est-à-dire au bout. de sept jours, les tigelles sortaient de terre et commençaient à se re- dresser et à verdir. A partir du 6 août, on soumit successivement les plantes aux épreuves suivantes. P On détermina d'abord l’action de l'eau ordinaire sur la végétation. ExPÉRIENCE N° 66. — Le 6 août, à neuf heures du matin, on prend l'un des pots : il contient trois plantes d'une végétation saine et vigoureuse; les tissus ont une coloration verte bien franche. L'un de ces pieds a. développé ses trois premiéres feuilles; les deux autres en présentent seulement deux complétement séparées et distinctes du bourgeon terminal. Enfin ces tiges ont, à partir du sol des hauteurs, de 0^,175, — 0",105, — 0^,10, On renverse le pot de manière à plonger la partie aérienne dans de l'eau ordi- naire, puis on place l'appareil derrière et contre une fenêtre où il peut recevoir, pendant la première moitié de la journée, les rayons directs du soleil. Le 7 aoüt, à cinq heures du soir, on note l'état des plantes. Les parties submergées se sont montrées aussi sensibles à l'ac- tion de la lumière, que si elles étaient restées à l'air. Toutes les feuilles se sont retournées sur leur pétiole de maniére à présenter en haut leur face supérieure et les trois tiges, complétement re- courbées, sont maintenant verticales et ascendantes, de verticales et descendantes qu'elles étaient au début de l'observation. On laisse en expérience sans changer l'eau. Le 13 aoüt, à quatre heures du soir, ces plantes offrentles particu- larités snivantes. Les tiges et les feuilles sont trés-saines et vertes àl'exception d'une feuille qui noircit sur ses bords. L'eau est d'ail- leurs restée limpide, et ni elle ni les fèves n'ont de mauvaise odeur. Deux tiges forment leur cinquiéme feuille et le troisiéme pied sa sixième. En outre, sur un premier pied le bourgeon axillaire des deux feuilles inférieures s'est épanoui; tandis que sur un second, DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 77 c'est seulement le deuxiéme bourgeon axillaire, compté à partir du sol, qui s'est ainsi développé et épanouit déjà sa seconde feuille. Seulement cette derniére pousse, s'étant recourbée comme toutes les autres pour reprendre son orientation naturelle, dans son mou- vement le bourgeon terminal a rencontré la planchette qui supporte le pot, et depuis lors il continue de végéter horizontalement, Ainsi des tissus herbacés ont pu rester sept jours environ au con- tact dela méme eau sans éprouver d'altération sensible. La végé- tation a persisté et présente comme je l'ai vérifié le méme degré d'avancement que les sujets croissants à l'air et en toute liberté. Cette particularité est due, trés-probablement, à l'air que les tiges absorbaient par leurs régions revenues dans l'atmosphére, aprés leur retournement. Cependant l'activité végétative a dü se ralentir notablement dans leur portion terminale; et, soit par l'unique effet du séjour dans l'eau, soit par suite de la courbure des tiges vers la terre du pot, la séve a été en partie rabattue, comme le prouve le développement prématuré des bourgeons axillaires infé- rieurs. ExPÉRIENGE N° 61. — Le 13 août, à trois heures du soir, on prend un second pot contenant, comme le premier, trois pieds vigoureux qui forment en ce moment leur sixième feuilie. Pour éviter, comme cela s'est présenté dans l'expérience précédente, que les axes en se redressant.ne sortent en grande partie de l'eau, on les fixe à un tuteur de fer; puis on achéve de disposer l'appareil comme pour le n° 66. Le 24 août, à trois heures de l'après-midi, c'est-à-dire onze jours aprés le commencement de l'expérience, l'eau n'ayant pas été re- nouvelée, ni la terre du pot arrosée pendant tout ce temps, on note l'état des plantes. | Les tiges se sont redressées toutes les trois, mais génées par le tuteur, elles n'ont pas accompli une évolution aussi complète que dans le cas précédent. Chaque pied a continué son elongation sous l'eau, et la portion terminale nouvelle, n'étant plus fixée au fil de fer, a pu obéir à son orientation naturelle et se recourber peu à peu. Au moment où on les examine la pointe de la première tige émerge, son bourgeon terminal et la feuille qui le suit immédiate- 78 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'ÉAU ment sont hors de l’eau. Sur le deuxième pied, c’est seulement le bourgeon terminal qui affleure à la surface du liquide. Quant à la troisième tige, plus courte que les deux autres, elle est restée complétement submergée, aussi une de ses feuilles est-elle déjà altérée, noircie. Enfin, l’eau est recouverte d’une mince pellicule translucide dans laquelle se meut une multitude d'infusoires ciliés, des vorti- celles entre autres, au milieu des cadavres agglomérés de proto- zoaires : vibrions et bactéries. Les plantes ont continué à rester en expérience dans la cloche dont l'eau n'a pas été renouvelée. | La putréfaction a peu à peu envahi la tige complétement sub- mergée ; et le 15 septembre elle était entièrement décomposée. Mais les deux autres pieds ont vécu pendant plus longtemps, leur partie terminale redressée et devenue aérienne leur permettant de respirer. Cependant la mort a fini par les atteindre à leur tour, et le 45 septembre ils avaient totalement péri. Une de ces deux plantes avait épanoui le bourgeon axillaire de sa première feuille. Il en était résulté un rameau aérien qui portait déjà trois feuilles sépa- rées et distinctes du bourgeon terminal, lorsque le 14 sept il commenca de se faner. Enfin le 15 du méme mois il était mort ainsi que toutes les autres parties foliacées des trois pieds. Ce jour-là on arréta l'expérience et l'on fit, en examinant les racines, les remarques suivantes. Les cotylédons avaient disparu sans laisser de traces ; il res- tait bien les enveloppes de la graine, mais cette graine était vide. Ce n'est plus comme dans le cas de la végétation normale oü avec le temps les cotylédons s'atrophient, s'amincissent et finis- sent par devenir membraneux; mais persistent et se retrouvent assez longtemps aprés la germination, même à l'époque de la floraison. lei ils ont complétement, et pour ainsi dire brus- quement disparu. Enfin les racines étaient blanches et saines, un peu parcheminées, moins cassantes et moins jturgides que dans l'état normal. Ces premiers essais montraient que les tissus herbacés peuvent subir le contact de l'eau pendant dix à douze jours sans en éprou- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 79 ver de notables altérations. Il était en outre établi par là que leur développement se continue malgré les circonstances défavorables, et qu'il offre d'autant plus d'activité que la portion des tissus émergés est plus considérable. En présence de cette remarquable innocuité de l'eau ordinaire, il y avait lieu de se demander si elle n'appartenait qu'à elle seule, ou bien si elle la partageait avec d'autres liquides. ` Deux expériences ont été faites dans le but d'éclairer cette question: l'une avec de l'eau de mer composée artificiellement, et l'autre avec une dissolution de perchlorure de fer. On a vu, d' aprés des faits indiqués plus haut, que l'eau salée devient rapidement mortelle pour les plantes terrestres dont elle baigne les racines. Tout porte à penser, au contraire, que la disso- lution de perchlorure doit être, dans les mêmes circonstances, plutôt favorable que nuisible au végétal. Il est facile de citer des faits à l'appui de cette opinion. D'abordil est des plantes qui vivent naturellement dans des sols très-ferrugineux ; et, dans certains cas particuliers, la. pratique horticole a méme su tirer un parti avantageux de l'emploi des sels de fer. Je rappellerai que l Hortensia japonica donne des fleurs bleues quand il est élevé dans un sol très-ferrugineux ; et, à part ce changement si remarquable dans la coloris des fleurs, le fer ne parait pas exercer une influence bien caractérisée sur l'ensemble de la végétation (1). On sait encore, depuis les travaux d'Eusébe Gris que l'on peut combattre avec succés la chlorose dans certainés plantes, par l'emploi de composts ferrugineux (2). J'ajouterai, enfin, qu'il m'est arrivé à diverses reprises de faire végéter des jaeinthes en posant les oignons sur l'orifice d'éprou- véttes remplies d'une dissolution étendue de perchlorure de fer, sans que le liquide ait paru exercer d'action sensible sur les plantes. (1) André Leroy, Sur l'Hortensia bleu (Annales de la Société d'horticulture de Paris, t. XXXIIL, 1843). (2) Eusébe Gris, De l'action du sulfate de fer sur la végétation (Annales de la Société d’horticulture de Paris, t. XXXI, 4842; et Ad. Brongniart, Rapport sur les expériences de M. Gris, concernant l’action des sels de fer sur la végétation (Bulletin des séances de la Société centrale d'agriculture, t. V, 1845). 80 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Ainsi, d’après l'ensemble des faits connus, la dissolution de sel marin nuirait rapidement à la plante qu’elle attaque par ses raci- nes; tandis que dans les mêmes circonstances, la dissolution ferru- gineuse produirait plus ordinairement des effets fvotables ou tout au moins à peine sensibles. Il était intéressant de s'assurer si l'on parviendrait au méme ré- sultat en agissant sur les parties aériennes des plantes, sur la tige et ses dépendances. Dans ce but j'instituai les deux expériences que je vais rapporter. EXPÉRIENCE N° 63.— Le 6 aoùt à dix heures du matin, on prend un pot faisant partie du groupe dont j'ai parlé plus haut. Il ren- ferme deux plantes vigoureuses, bien vertes, mais un peu moins avancées que celles du n° 66. Les tiges ont 07,145 et 07,09 de hauteur. On plonge les tiges dans l’eau de mer en se conformant aux indications que j'ai données précédemment. Le lendemain 7 aoüt à cinq heures du soir les feuilles se sont re- tournées et les tiges redressées absolument comme dans l'expé- rience n^ 66. Le mercredi 10 aoüt à neuf heures du matin, l'eau est sans odeur et offre une teinte noirátre trés-appréciable ; mais les plantes sont manifestement malades. Toutes les feuilles sont couvertes de taches noires et dégagent cette odeur particuliére, caractéristique de la décomposition qui résulte, pour les parties vertes, de leur macéra- tion dans l'eau. Sur le plus petit des deux pieds, chaque bourgeon cotyledonaire s'est allongé sans donner encore de feuilles, l'un a 0^,045 de longueur et l'autre 0^,035 seulement. Les bourgeons cotylédonaires de l'autre plante n'ont pas végété, peut-étre parce que ces organes étaient trop profondément enterrés; mais le bour- geon axillaire de la première feuille est en plein développement et présente déjà une longueur de 0^,057. i Ainsi un contact de quatre jours avec leau salée a suffi pour altérer gravement les plantes. ExpÉRIENCE N° 65. — Le 11 août à dix heures et demie du matin, on choisitun nouveau pot contenant trois pieds en bon état. Chaque tige, de 0",18 environ, porte deux feuilles épanouies et séparées du bourgeon terminal. On leur met un tuteur pour s'opposer à leur DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 81 redressement et on les plonge dans une dissolution étendue de perchlorure de fer. Le lendemain 12, à neuf heures et demie du matin, on retirele pot, eton lave les féves. Les plantes sont en trés- mauvais état, et beau- coup plus malades que celles du n° 63 aprés quatre jours d'immer- sion dans l'eau salée. Les feuilles ont noirci et les parties termi- nales des tiges sont flétries. On remet en expérience dans les mêmes conditions. Vingt-quatre heures ont donc suffi dans ce cas pour amener des désordres beaucoup plus graves que ceux que l'eau de mer ne produit qu'au bout de quatre jours. Le 13 aoüt, à une heure et demie de l'aprés-midi, les extrémités des trois tiges sont noircies, flétries et desséchées. Aprés les avoir lavées avec soin dans de l'eau ordinaire, on les coupe, on les broie dans un mortier avec un peu d'eau distillée, puis on filtre le tout. Le liquide ainsi obtenu ne précipite point par le prussiate jaune de potasse; ce qui montre que le fer, ou n'a point pénétré dans les tissus, ou bien a formé un composé insoluble. Quoi qu'il en soit, ii ressort nettement de l'expérience 65 que le perchlorure de fer exerce sur la végétation une action notablement différente selon qu'elle se produit sur la racine ou sur la tige. Mise en contact avec le premier organe, son effet est favorable dans certains cas et parait nul dans les autres ; mise en contact avec le second, son action semble au contraire devoir étre rapidement mortelle. Ces faits nous prouvent qu'il existe entre la tige et la racine d'une méme plante un antagonisme de propriétés qui doit évidem- ment coïncider avec un antagonisme tout aussi prononcé dans la nature des fonctions dévolues à ces deux groupes d'organes. Les recherches qui précédent sont susceptibles d'une application importante. Nous venons de voir que lestissus herbacés vivants peuvent séjourner plusieurs jours dans l'eau sans éprouver d'alté- ration sensible, Il en résulte un procédé expérimental nouveau pour l'étude de certaines questions physiologiques ; puisque désormais on pourra plonger pendant quelques jours les parties aériennes dans de l'eau diversement colorée par des substances inoffensives, sans avoir à redouter les effets de la décomposition. Les circon- us 6 82 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU stances dans lesquelles il peut être avantageux d’avoir recours à celte méthode sont de deux sortes : pour la recherche des excré- tions, ou pour l'étude de l’action de la lumière sur les parties vertes. J'ai entrepris sur ces deux sujets quelques expériences que e vais rapporter, La question de l'origine et de la nature des excrétions, est l'une des plus obscures et des plus délicates de la physiologie végétale. En assimilant à priori l'organisation de la plante à celle de l'ani- mal, on fut conduit à rechercher si la première n'expulserait point comme le second, par certaines régions de la surface du corps, les matières liquides devenues inutiles ou nuisibles à l'entretien de la vie. On possède déjà plusieurs travaux sur ce sujet, mais quel- quefois les conclusions, d'un auteur à l'autre, sont contradictoires. J'ai essayé d'élucider un des points de ce probléme complexe, et je me suis proposé de rechercher si, pendant la végétation chez les plantes saines et bien portantes, les feuilles sont le siége d'une excrétion. Expérience N° 64. — Le 7 août, à cinq heures du soir, on a pris un des deux derniers pols du semis utilisé dans les expériences précédentes, Il contenait trois plantes vertes, vigoureuses; dont les tiges avaient toutes sensiblement une hauteur de 0",10 environ. Chaque pied possédait ses deux feuilles inférieures qui, dans la fève, sont normalement braetéiformes ; mais quant aux feuilles or- dinaires, aucune d'entre elles n'était encore séparée du bourgeon terminal. On renversa le pot de maniére à plonger les tiges dans de la teinture bleue de tournesol, et l'on placa pres de l'appareil un verre à expérience plein du méme liquide, et dont la coloration devait servir de terme de comparaison. Le lendemain, 8 août, à neuf heures du matin, la teinture en con- lact avec les tissus vegétaux n'avait éprouvé aucun changement de couleur. On relira le pot et on le plaça à l'air libre et à la lu- mière, alin de laisser reposer les plantes. On remit en expérience le 10 août, àneuf heures du matin; et le 13 août, à trois heures et demie de l'aprés-midi, on arréta l'expérience. Les tiges étaient saines et sans odeur, la coloration verte des feuilles semblait avoir DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 83. un peu pâlie; mais la teinture de tournesol n'avait point changé de couleur. Si donc les feuiiles excrétent, le produit d’excrélion ne peut être que neutre ou basique. EXPÉRIENCE N° 63.—Le 13 août à quatre heures der après-midi, on prend le dernier pot du semis de fèves. Il renferme trois pieds vi- goureux, dont le plus avancé forme sa sixième feuille et le moins avancé sa troisième feuille seulement. On leur met des tuteurs, puis on les plonge dans de la teinture de tournesol colorée en rouge bien franc par la plus petite quantité possible d'acide sulfu- rique. A côté et pour servir de point de comparaison , est un verre à expérience contenant un peu de ce méme liquide. Le 46 août à neuf heures du matin, la teinture n'ayant point changé de couleur, on arrête l'expérience. Il résulte de ces deux observations que les feuilles submergées n'excrétent point de substances acides ou basiques. Depuis le mémoire de Tessier, publié en 1783, plusieurs savants ont étudie l'influence exercée sur les parties vertes par les diverses radiations solaires. Nous connaissons jusqu'ici deux effets produits par cette influence : la formation de la chlorophylle, et l'inflexion. des tiges. C'est de ce dernier phénomène dont je vais m'occuper. En se plaçant à ce point de vue, on s'était demandé quelle était la radiation active par excellence. Il régnait à cel égard beaucoup de divergences dans les opinions, lorsque mon ami, le docteur €. M. Guillemin, fit sur ce sujet une série d'expériences exécutées avec toute l'habileté et toute la rigueur que ce savant physicien apporte toujours dans ses travaux (1). ll parvint à démontrer que : « 1? Les jeunes plantes étiolées se courbent sous l'influence de tous les rayons du spectre; les rayous calorifiques les moins réfran- gibles, ou les rayons de basse température, paraissent seuls faire exception, » 2 Les rayons calorifiques moins réfrangibles que le rouge et les rayons chimiques plus réfrangibles que le violet présentent deux maxima d'action pour la flexion des tiges végétales; les rayons (4) C. M. Guillemin, Production de la chlorophyile e! direction des tiges (Annales des sciences naturelles, IVe série, BOTANIQUE, t. VII, 1857, p. 154 et suiv.), 8h ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU colorés intermédiaires déterminent au contraire, plus activement que les précédents, la formation de la chlorophylle. . 0 . LJ L] . LI LI * LI . Li * . a . . . LI . . LI . . LI LI . LI . . . . LI . . . «6° Ces deux maxima sont séparés par le minimum qui est situé dans les rayons bleus, prés de la raie F. de Fraunhofer. » Ces importants résultats avaient été obtenus en analysant la lumière à l'aide de prismes de sel gemme, de quartz et de flint. Il était utile de rechercher si l'on arriverait aux mémes conclusions en soumettant la radiation solaire à un autre mode d'analyse, à celui qui résulte de l'usage de liquides diversement colorés;procédé déjà appliqué par plusieurs physiciens dans des recherches d'opti- que pure, mais qui n'a point encore été employé, que je sache, dans des études physiologiques. Les expériences que je vais rapporter ont été faites sur les plantes des n” 64 et 62. Expérience N° 64. — Le 7 août, à cinq heures de l'après-midi, avons-nous dit plus haut, les trois tiges de fèves furent plongées dans la teinture bleue de tournesol. Étant alors fort peu avancées dans leur développement, elles devaient être très-impressionnables à la lumière, comme on pouvait le prévoir d’après les faits connus. Aussi le lendemain, 8 août, dès neuf heures du malin, les tiges étaient complétement recourbées et leur bourgeon terminal venait s'appuyer sur la surface de la terre contenue dans le pot. Alors on suspendit momentanément l'expérience ; et replacant le pot dans sa situation naturelle, on abandonna les végétaux à la lumiére et à l'air libre. Dès dix heures du matin les rayons solaires vinrent frap- per les plantes jusqu'à la fin de l'observation. A onze heures, les tiges étaient notablement redressées, mais néanmoins la portion précédemment recourbée n'était pas encore horizontale. A onze heure et demie une des tiges avait atteint cette derniére situation ; enfin à quatre heures et demie les trois tiges étaient de nouveau droites et ascendantes. Le 10 aoüt, à neuf heures du malin, on remet en expérience, dans de la teinture de tournesol, les plantes alors revenues à leur état normal. On avait eu l'attention de placer un tuteur à chaque DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 85 pied, afin de gêner, d'entraver le plus possible le retournement des . tiges. Le 13 août à trois heures et demie, quand on examina les plantes, on trouva encore les feuilles et les tiges orientées naturellement, c'est-à-dire comme elles le sont à Pair libre et à la lumière solaire. Pour apprécier ce résultat à sa juste valeur, il faut savoir que la teinture de tournesol sous l'épaisseur qu'elle présentait dans le vase qui servait à l'immersion, éteignait complétement toutes les radiations colorées autre que le rouge et un peu de violet. Ainsi la teinture de tournesol réfléchit les rayons colorés les plus réfrangi- bles, et transmet au contraire principalement les rayons colorés les moins réfrangibles; ou la lumiére réfléchie par le tournesol est bleue, tandis que la lumiére transmise est rouge. Voici comment j'ai constaté le fait. Dans la chambre obscure, j'ai fait passer un faisceau de lumiére blanche à travers le vase plein de teinture de tournesol qui servait à submerger les plantes. En recevant ensuite la lumière transmise par le liquide sur un prisme de quartz, j'ai reconnu que le spectre renferme seulement deux couleurs: beaucoup de rouge et une quantité variable de violet dont la proportion dépend du degré de concentration du liquide ; car, en analysant, par ce procédé, la lumiére transmise à travers la teinture de tournesol suffisam- ment concentrée, j'ai obtenu des spectres monochromes rouges. Il résulte de là que les organes foliacés sont sensibles sous l'eau à l'action de la lumiére rouge. Cette conclusion est d'ailleurs con- firmée par l'expérience suivante. Expérience n° 62. — Le 13 août, à quatre heures de l'après- midi, on avait submergé des tiges dans la teinture de tournesol rougie par l'acide sulfurique. Le 16 août à neuf heures du matin, - les plantes avaient une légère odeur qui n'était ni l'odeur propre à cette espèce, ni l'odeur de putréfaction. Les tiges s'étaient d'ail- leurs recourbées, mais elles avaient noirci à leur extrémité libre, effet que j'attribue en grande partie à l’action de l'acide sulfurique. Quoi qu'il en soit, cette dernière observation était un nouvel exemple de la sensibilité des parties herbacées pour la lumière rouge. 86 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Les expériences et les observations contenues dans oe chapitre montrent que l'eau ordinaire n'exerce point d'action toxique, délétère, sur les parties vertes des plantes herbacées; Toujours il est vrai, au bout d'un temps de durée variable avec les circonstan- ces dans lesquelles on opére, la tige se flétrit, s'altére et se putré- fie; mais la mort parait survenir par le double effet d'une priva- tion d'air et d'aliments; il n'y a pas empoisonnement mais bien inanition et asphyxie. Une des causes principales de la mort du sujet dans ces cireonstances, l'inanition, était particuliérement accrue, dans les cas précédents, par le mode de végétation, La plante soumise à l'expérience était adulte et par conséquent devait puise" sa nourriture dans le sol et dans l'air. Or, par l'effet méme de sa situation, sa tige submergée et ses racines enterrées, ces deux actes devaient être considérablement atténués et entravés, Ne pourrait- on trouver des sujets moins défavorablement disposés que ces plantes pour des tentatives de cette nature? oui évidemment en prenant des plantes encore en germination, ou bien des plantes bulbeuses. - Je n'ai point encore fait d'observations suivies sur les plantes en germination et immergées dans l'eau par leur tige, c'est un point que je réserve pour des recherches ultérieures. Je ne m'occuperai donc ici que des plantes bulbeuses. Depuis la jolieexpérience du marquis de Gouffier (4), il n'est point d'hortieulteur ou simplement d'amateur. qui n'ait fait végéter et fleurir des oignons de jacinthes en les renversant sur le goulot d'une carafe ; de manière à plonger seulement dans l'eau la pointe de l'oignon. Dans ce cas la vie s'entretient plus longtemps que dans les pieds de fèves des expériences précédentes ; et, en outre, la végétation est beaucoup plus active. Ce double résultat tient à ce que la jacinthe reçoit, par son bulbe, de l'air et des aliments en quantité suffisante. Mais il faut bien le remarquer, en raison des ressources alimentaires que le bulbe contient, c'est surtout de l'air qu'il importe de donner au végétal pour entretenir son existence. On retrouve ici des circonstances et des conditions fort analogues à (1) Journal de physique de l'abbé Rozier, mai 1778, DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 87 celles que nous avons signalées précédemment, dans notre étude de la germination des plantes submergées. Cette vue théorique se trouve pleinement confirmée par les ré- sultats fournis par une expérience dont j'ai publié les détails il y a quelques années (1). J'avais résolu à cette époque de répéter, en la variant, l'expé- rience du marquis de Gouffier. J'ai choisi un vase de grés à large goulot, de ceux qui servent dans les laboratoires à renfermer certains produits chimiques so- lides. Aprés l'avoir rempli d'eau ordinaire, j'ai placé sur son ori- fice un oignon de jacinthe dans une situation renversée, la pointe du bourgeon terminal plongeant dans l'eau et le corps du bulbe restant au contraire exposé à l'air libre. En opérant ainsi, je contrariais le cours normal de la végétation : 1* En obligeant la plante à changer l'orientation de son axe; 2° En submergeant la région que devait ultérieurement occuper la tige, et en privant au contraire d'humidité l'organe d’où naitraient les racines ; | 3° En maintenant à l'obscurité la tige et ses dépendances, et laissant au jour la racine. Malgré ces changements, la végétation eut lieu, les feuilles se développérent successivement, puis les fleurs s'épanouirent à leur tour. Voici quel était l'état de la jacinthe au moment de sa floraison. La base du plateau est privée de racines, et nulle part du reste on ne rencontre de ces organes. La partie foliacée est complétement étiolée; les feuilles possé- dent bien leurs dimensions et leur consistance ordinaires, mais elles sont toutes d'un blanc légérement jaunátre. De plus la hampe, avant de fleurir, a recourbé son extrémité libre en forme de cro- chet, et la pointe a repris ainsi son orientation ordinaire. Six boutons se sont épanouis; les autres commencent à s'altérer sans s'ouvrir. Les fleurs ont une coloration rouge solferino et le parfum ordinaire. (1) Henri Emery, De l'influence de l'obscurité sur la végétation (Adansonia, t. II, juin 1863, p. 267 et suiv.). 88 . ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE BE L'EAU Une autre jacinthe élevée de la même manière a présenté les mêmes par(icularités ; ses fleurs étaient d'un bleu trés-franc. Les feuilles de la première plante ont des stomates qui présen- tent tous les caractères qu'on observe dans ceux qui se montrent sur les feuilles de jacinthes développées dans les conditions ordi- naires. Au contraire, les racines d'une autre plante de la même espèce, mais qui a végété la base posée sur le goulot d'un vase de verre, n'en offrent pas de traces. En outre, les sépales de la plante étiolée ont également des stomates. Enfin, en examinant une de ces fleurs épanouie depuis une dizaine de jours environ, j'ai été frappé de trouver le pollen parfai- tement constitué et intact, au moins en apparence, dans des an- théres dont les parois étaient décomposées et comme réduites en bouillie. L'ovaire renfermait un grand nombre d'ovales ; je n'ai pas trouvé de boyaux polliniques; et d'ailleurs la durée anormale de ces fleurs ne donnerait-elle pas à penser que la fécondation n'a pas eu lieu? | Aprés étre restés en fleurs pendant un certain temps, les tissus jusqu'alors parfaitement sains et nets dans les deux plantes ont commencé à se recouvrir de cette matiére incolore glaireuse dont j'ai déjà parlé ; puis la décomposition a fait de rapides progrès, et les jacinthes sont mortes en présentant toutes les particularités caractéristiques de la putréfaction, sous l'eau et à l'obscurité, des matières végétales. Ces phénomènes produits par l'immersion des tiges de jacinthes sont très-propres à montrer toute l'influence que l'air exerce sur ce genre de manifestation. En effet, comme je l'ai annoncé plus haut, j'ai répété à diverses reprises ces expériences en submergeant complétement les oignons ; et, soil à la lumière, soit à l'obscurité, toujours les plantes sont mortes rapidement sans avoir végélé. Cependant le mode d'alimentation était le même dans les deux cas, le mode de respiration seul différait et entrainait rapidement Pas- phyxie pour les végétaux entièrement submergés. DANS LA NUTRITION DES PLANTES, EE. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS, L'eau n'est point un agent toxique pour les organes foliacés dans laquelle ils plongent. Dans ce nouveau milieu les tiges et les racines s'orientent dela méme maniére que dans l'air, ainsi que Bonnet l'a observé le premier. Leur accroissement se continue tant qu'ils recoivent de l'air et des aliments en quantité suffisante; et la mort du sujet, qui survient toujours dans un espace de temps de durée variable, est le résultat d'une double influence : l'asphyxie et l'inanition. Certains liquides colorés, comme la teinture bleue de tournesol, partagent sous ce rapport l'innocuité de l'eau ordinaire; tandis que d'autres liquides, comme l'eau de mer et la dissolution de perchlo- rure de fer, exercent sur les plantes une action toxique d'énergie variable. - Enfin certaines substances, comme le perchlorure de fer, peuvent être favorables à la végétation quand ils agissent sur les racines ; el au contraire trés-nuisibles lorsque leur action immédiate se porte sur les tiges. CHAPITRE II EFFETS PRODUITS PAR LA SUBMERSION DES TIGES LIGNEUSES. Quand on plonge dans l'eau une portion de rameau, la partie inférieure d'un pétiole, etc., les tissus submergés émettent sou- vent des racines, ainsi qu'il est trés-facile de s'en assurer. Ces organes pourraient-ils dans les mémes circonstances produire des bourgeons? Ces derniers sont-ils capables de naitre et de se dévelop- . per sous l'eau? Telle est la question que je vais examiner. Ii m'est arrivé plusieurs fois d'immerger dans l'eau la portion in- férieure de rameaux de lilas ;^et de voir les bourgeons ainsi noyés s'épanouir néanmoins, développer quelques entre-nœuds, puis + 90 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU s'arrêter bientôt dans leur développement et leurs tissus se dé- composer. Mais on peut objeeter que ces bourgeons étant déjà constitués au début de l'expérience, la petite quantité de ma- tières nutritives qu'ils ont trouvée dans le rameau qui les portait, suffisait à la rigueur pour rendre possible la production de quel- ques entre-nœuds. Senebier (1) dit avoir vu des tiges de menthe végétant sous l'eau produire à la fois des racines et des rameaux. Le même physiologiste a répété la célèbre expérience de Duhamel sur la plantation des arbres en sens inverse, mais en la modifiant. Il ar- rachait de jeunes saules, submergeait les tiges et laissait les ra- cines à l'air libre. Il vit alors des racines se former sur les tiges et des rameaux au contraire sur les racines; mais, observe-t-il, « ils sortirent de boutons nouveaux, et il n'y eut réellement aucune mé- tamorphose » (2). L'expérience si souvent répétée, et dont jai parlé plus haut, de l'oignon de jacinthe qui développe des feuilles et des fleurs au mi- lieu de l'eau d'une carafe, n'est point suffisante pour résoudre la question. Dans le cas de ces plantes bulbeuses en effet, comme le bourgeon destiné à donner la pousse aérienne de l'année est déjà fort avancé en organisation à la fin de la période précédente de végétation, qu'il est alors en miniature une copie assez exacte et assez complète de la hampe future, la végétation actuelle a donc uniquement pour but d'achever l'œuvre commencée antérieure- ment. Ainsi la tige dont on va contrarier les conditions ordinaires de développement, que l'on va contraindre à s'étendre sous l'eau, au lieu de croitre à l'air libre, est déjà en grande partie formée au début de l'expérience. D'ailleurs, fait important à noter, cette tige est alors renfermée dans un bourgeon régu'ièrement conformé, puisqu'il s'est constitué dans les conditions propres à ce genre de productions. - Mais qu'arriverait-il aux plantes dont les bourgeons se forment pendant la saison méme qui voit leur épanouissement ; dans ces (1) Senebier, Physiologie végétale, t. I, p. 294. (2) Id., ibid. | DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 91 espéces dont les bourgeons, latents pendant le sommeil hivernal, apparaissent sur bois et par suite naissent seulement au moment précis où ils doivent croître et s'épanouir? Pour résoudre cette question, je fis choix de deux pieds : l'un de fuchsia (Marguerite Wagner), l'autre de véronique (V. Ander- sonit), provenant de boutures faites, la première en février et la seconde en mars 1863. Lorsque je les mis en expérience, ces plan- tes, d'ailleurs vigoureuses et en bon équilibre de végétation, al- laient sortir de leur repos hivernal. L'appareil dont je me suis servi dans cette circonstance est trés» - analogue à ceux que j'ai décrits plus haut. r Il se composait d’une cloche maraichére ordinaire, renversée sur une sorte de trépied en fer qui lui servait de support, Cette cloche était remplie d’eau que l’on pouvait renouveler aisément au besoin à l'aide d'un réservoir et d'un siphon. Le pot placé dans une situa- tion renversée, reposait par son bord sur deux petites traverses de bois soutenues elles-mémes par le bord libre de la cloche. Par cette disposition très-simple, le pot restait dans l'air au-dessus de - l'eau, tandis que la tige et les rameaux, dans une situation ren- versée, pongleaient entiérement dans le liquide. L'expérience fut commencée le 23 mars 1864, et voici quel était l'état du fuchsia le 4° mai. La plante avait d'abord végété assez bien, des bourgeons s'étaient montrés, puis | épanouis. A cette date du 1** mai, le bois était sain, et sans odeur sensible de décomposition; cependant l'écorce sem- blait altérée, en tous cas elle montrait une tendance manifeste à s'effeuiller. | Ce fuchsia portait un certain nombre de rameaux, dont les plus développés avaient de un centimètre à un centimètre et demi de longueur, et contenaient de deux à trois entre-nœuds. Les feuilles de un centimétre en moyenne de longueur,sur un quart à un demi- centimétre de largeur, étaient d'un vert tendre et gai. Examinées au microscope le 5 mai, et comparativement avec des feuilles de la méme variété, mais développées à l'air libre sur un autre sujet, ees organes n'ont présenté aucune particularité spéciale. De nom- breux stomates existaient sur la face inférieure; je n'en ai point 02 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU rencontré sur la face supérieure, pas plus du reste que sur la face supérieure des feuilles aériennes normales de fuchsia. Ces stomates avaient en outre les mémes apparences et les mémes dimensions que ceux qui naissent dans les conditions réguliéres de la végéta- tion. C'étaitlà un point que j'avais eu hâte de vérifier. Les stomates, dit-on, existent uniquement sur les organes aériens ; et quant à moi, jen'ai pas souvenir d'en avoir jamais ob- servé sur des racines. En outre, on a fait remarquer depuis long- temps que dans les feuilles flottantes des végétaux aquatiques, des nymphæa par exemple, il n'y a point de stomates sur la face infé- rieure toujours baignée par l'eau; tandis qu'on les trouve au con- traire sur la face supérieure restée seule aérienne. Ces faits, et quelques autres de méme ordre, ont conduit les botanistes à penser que les stomates sont les orifices de conduits, sans parois propres il est vrai, mais parenchymateux, résultant si l'on aime mieux de la continuité des vides, des interstices du tissu cellulaire, et par lesquels l'air pourrait plus librement circuler dans toutes les parties de l'organisme. Ainsi pour eux, la feuille, selon l'ex- pression devenue classique, serait le poumon de la plante; et par conséquent ajouterai-je, les stomates seraient les glottes de cet ap- pareil respiratoire multiple ou plutót diffus. Or, voilà des feuilles de fuchsia qui ont pris naissance et se sont développées dans l'eau, manqueront-elles de stomates, comme cela s'observe sur la face in- férieure des feuilles du nymphæa ? il n'en est rien, ces feuilles de fuchsia ont des stomates, comme du reste les feuilles et le périanthe des jacinthes developpées dans l'eau et à l'obscurité, dont j'ai parlé dans le chapitre précédent. La véronique, au 4°% mai, était également en végétation, mais cependant un peu moins avancée que le fuchsia; ses scions, moins nombreux, se réduisaient à de petites rosettes de feuilles. On n'a point du reste soumis ces dernières à l'observation microscopique. Au bout d'un mois de séjour dans l'eau, le 25 avril pour le fuch- sia, et quelques jours plus tard pour la véronique, des conferves de couleur verte et semblables à des cheveux trés-fins, se mon- trèrent sur les deux plantes et bientôt enveloppérent tige, rameaux DANS LA NUTRITION DES PLANTES. : 93 et feuilles, mais plus particulièrement ces dernières. L'apparition des conferves avait été précédée et comme annoncée par un phéno- mène d’un autre ordre, mais qui en est, dans l’économie vivante, un des avant-coureurs ordinaires. Pendant les quelques jours qui ont précédé la naissance des microphytes, la végétation fut très- languissante, méme sensiblement. arrétée, et comme toujours cet affaiblissement de l'étre vivant a précédé de trés-prés l'apparition des végétaux d'ordre inférieur. Il est aisé, ce me semble, d'indiquer les causes qui ont amené l'arrét de développement dans le fuchsia et la véronique. Ce dépé- - rissement doit étre attribué, comme dans les expériences anté- rieures, au manque de nourriture d'une part et à l'insuffisance de l'oxygene de l'autre. Il est probable en effet que la racine, pen- dant le cours de cette observation, ne pouvait fonctionner comme organe d'absorption. Néanmoins j'avais eu le soin d'entretenir jus- que-là, par quelques rares et faibles arrosages, un peu d'humidité autour des racines ; et celte petite quantité d'eau suffisait proba- blement à la conservation de la vie de ces organes. Ce qui me confirme dans cette opinion c'est que, durant cette première phase de l'expérience, un ceil s'est développé sur la partie souterraine, et sa pousse s'est méme montrée au-dessus de la terre du pot. Mais si les racines sont restées physiologiquement intactes pen- dant l'expérience, ont-elles pu remplir leur office? Est-ce que les parties aériennes, alors submergées, étaient encore capables d'appeler la séve, comme elles le font dans les conditions ordi- naires? Je l'ignore; cependant les expériences et les observations de graines germant, quoique submergées, que j'ai rapportées plus haut, semblent indiquer que les mouvements des liquides nutritifs peuvent encore se produire avec une intensité notable et dans une direction déterminée, méme dans une plante entièrement submer- gée. D'ailleurs, dans les circonstances ordinaires, la plante recoit- elle plus particuliérement sa nourriture du sol par ses racines, ou de l'atmosphère par ses feuilles. En d'autres termes, un végétal supportera-t-il plus aisément la privation du sol que celle de l'at- mosphère, ou réciproquement ; la quantité d'oxygene absolument nécessaire à l'entretien de la vie, étant, bien entendu, également oh ÉTUDÉS SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU fournie dans les deux cas? C’est là une question importante que je ne fais qu'indiquer incidemment. Le but principal de mon expérience sur le fuchsia et la véronique était atteint, puisque je venais de constater que des bourgeons nus peuvent s'organiser, s'épanouir, puis séjourner pendant un certain temps sous l'eau, sans altération notable. Ainsi, voilà des organes certainement très-délicats, des bourgeons naissants, qui possèdent cependant à l'égard de l'eau une assez grande force de résistance. A partir du jour où les conferves ont commencé à se montrer, on n'a plus renouvelé l'eau de la cloche; on s'est borné à en ajouter un peu de temps à autre, pour compenser les pertes amenées par l'évaporation, et maintenir le niveau du liquide à une hauteur sen- siblement invariable. A un certain moment, un bourgeon adventif s'est montré sur le bois de la tige, dans l'espace compris entrela surface de la terre du potet la surface de l'eau de la cloche. Ce bourgeon s'est d'abord dé- veloppé assez bien, mais sa vigueur a été promptement épuisée ; et, aprés avoir donné trois verticilles de feuilles, son accrois- - sement s'est arrété momentanément. Je ne puis méme mieux le comparer, sous le rapport de son mode d'évolution et sa ma- nière d’être, qu'à ces pousses, à ces rejets rares et chétifs que l'on rencontre sur les trones d'arbres récemment abattus; fréles rejetons nés sous l'influence d'un peu de séve restée dans l'arbre au moment de l'abatage, mais dont la vie s'éteint bientót par suite de l'épuisement rapide de leur nourrice. Quoi qu'il en soit, alors que ce scion élait en pleine vigueur, il est sorli de la région submergée de la tige trois pousses nouvelles; si l'on peut toutefois donner ce nom à trois petits axes de 1 à 2 centimètres de longueur environ, blancs et mous, terminés chacun par deux très- petites feuilles vertes. A part la couleur et leurs dimensions beau- coup plus petites, ces pousses ressemblaient à celles qu'a donné un fuchsia de méme variété élevé à l'air libre mais à l'obscurité. Un fait digne d’être noté, c'est que cette petite végétation aqua- tique n'est pas allée au delà de ce premier verticille de feuilles, et qu'elle a paru régler son accroissement sur celui de la pousse adventive aérienne. Àinsi, dés que cette dernière s'est arrétée dans DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 95 son développement, a commencé de languir, il en a été de méme des rameaux submergés, qui se sont alors couverts de conferves comme leurs voisins. Enfin, je ferai remarquer encore que ces trois bourgeons aquatiques étaient précisément situés au-dessous du rameau adventif aérien. Est-ce là une coïncidence fortuite ou bien un fait constant? C'est là une question à laquelle on ne saurait répondre aprés une seule et unique observation. Si l'on voulait absolument expliquer ce petit ineident de mon expérience, et remonter à la cause probable de ces productions rabougries, ne pourrait-on point dire: la pousse aérienne ayant élaboré de la séve, la partie de ce liquide nourricier, mise en réserve dans la tige, est allée réveiller des centres de végétation encore endormis, mais leur a bientót fait défaut, aprés avoir pourvu à leurs premières exigences. Enfin, un peu plus tard, un nouveau bourgeon aérien s'est montré dans le voisinage du premier, et a commencé à se développer. J'abandonnerai pour un moment le fuchsia, pour signaler ce qui se passait, pendant ce temps, dans le liquide. Quand les premiéres conferves se furent montrées, et quel'on eut cessé de renouveler l'eau ; la surface de cette dernière se couvrit bientôt, sur toute son étendue, d'une couche continue d'une ma- tière semblable à une gelée incolore, parfaitement transparente. On aurait dit une sorte de dissolution gommeuse fort épaisse, s'at- tachant en grumeaux hyalins aux baguettes de verre que l'on plongeait dans le liquide. Cette gelée, vue au microscope, fourmil- lait de protozoaires, principalement de vibrions. Plus tard, cette matiére disparut pour faire place à d'autres produits de décompo- sition ; la populalion primitive, c'est-à-dire les vibrions moururent et furent remplacés par des étres, animaux et végétaux, plus élevés en organisation. Aprés la disparition de la matiére gommeuse, le fuchsia et la paroi interne de la cloche se recouvrirent de micro= phytes verts. Seulement, les protophytes du fuchsia étaient filamen- teux et ceux de la cloche pulvérulents. Plus tard enfin, apparurent et se développèrent, dans cette dernière, des filaments cón- fervoïdes, en tout semblables à ceux qui avaient pris naissance sur les ramifications du fuchsia. Plusieurs populations, animales et 96 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU végétales, se succédérent ainsi dans l'appareil. Chaque âge, chaque époque furent caractérisés par un certain nombre de types, de formes organiques faciles à distinguer les unes des autres; leur description serait trés-certainement fort curieuse, mais je la passe sous silence, afin de rester dans les limites déjà bien étendues de mon sujet. Depuis le moment oà la matiére verte s'est trouvée en quantité notable dans la cloche, de nombreuses bulles de gaz n'ont cessé de se montrer au milieu des amas de conferves, et de se dégager en- suite au dehors, en traversant la masse de l'eau. L'automne arrivé, peu à peu cette activité s'est ralentie, l'eau s'est éclaircie, le stroma développé à sa surface s'est dissipé, et les protophytes ont péri ou sont entrés en hibernation. Voyons ce qu'étaient devenus pendant ce temps le fuchsia et la véronique. Le 26 juillet, à neuf heures du matin, on enleva cette derniére de l'appareil. A cette époque, la tige et ses rameaux étaient com- plétement dépouillés de leurs feuilles, et portaient uniquement des - conferves. Sous la moindre pression des doigts, l'écorce se dé- tachait par grandes plaques formant comme des espéces d'étui. Enfin la terre du pot était trés-séche. On laissa, au contraire, le fuchsia en expérience. J'ai dit qu'à un certain moment, un premier bourgeon puis, un peu plus tard, un second s'étaient montrés sur la portion de la tige comprise entre la surface de la terre du pot et celle de l'eau. Ces bourgeons, effet ou non du hasard, sont tous les deux situés du côté le plus éclairé. Dans les premiers temps qui suivirent leur apparition, ils végétérent avec assez de vigueur; mais leur activité se ralentit bientót, aprés avoir produit un petit nombre de verticilles de feuilles. Plus tard, je vis apparaitre sur la tige, mais du cóté le moins éclairé et, par conséquent, dans la région opposée à celle des rameaux adventifs, de gréles filaments radicalaires blanchátres. Les uns prirent naissance un peu au-dessus de l'eau, dans une partie de la tige, aérienne il est vrai, mais restant toujours humide, ce furent les premiers; puis peu à peu de nouvelles racines se montrèrent sous l'eau et de plus en plus bas. En sorte qu'en ce DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 97 moment, fin du mois de mai 1865, on en voit plusieurs, de di- mensions variées, disséminées sur la tige à diverses hauteurs. Leur nombre va en décroissant rapidement avec la profondeur, et l'on n'en rencontre aucune sur les anciens rameaux. Depuis la naissance des racines, les pousses adventives avaient repris dela vigueur. Le 24 aoùt 4864, la plus ancienne comptait déjà sept entre-nceuds et la plus jeune quatre seulement. Enfin, la pre- miére était ligneuse à sa base, tandis que la seconde restait entié- rement herbacée et fort gréle; difference que j'attribue surtout à ce que le dernier rameau flotte en partie sur l'eau par suite de sa situation. Parvenue à ce point, la plante est devenue une véritable mar- cotte dans l'eau, et voici comment on peut résumer les phases de cette evolution. : La tige, plongée presque entièrement dans le liquide, a donné dans sa région aérienne, deux bourgeons qu'elle a d'abord nourris avec le peu de séve qui avait échappé à la voracité des bourgeons épanouis sous l'eau. Cette nourriture insuffisante a seulement per- mis à la pousse de développer quelques feuilles qui sont immédiate- ment entrées en fonction, et ont élaboré de la séve dont l'afflux, à la partieinférieure de l'axe, a provoqué la naissance et la formation de racines nouvelles. Une fois l'appareil radiculaire constitué, la pousse a pu reprendre de la vigueur et s'accroitre de nouveau. L'hiver étant survenu, la végétation s'est arrêtée. Comme le rameau le plus jeune ne s'était pas encore lignifié, il a péri et s'est détaché de la tige. Le plus vigoureux a persisté au contraire ; il avait alors dix entre-nceuds. Son bourgeon terminal est resté her- bacé, et le verticille qui le précède a conservé ses deux feuilles pendant toute là mauvaise saison. Quant aux racines, demeurées blanches, gréles et chargées de conferves, elles sont demeurées sur l'axe. Pendant l'hiver, la couche superficielle de l'eau a gelé pendant plusieurs jours. : Le 27 janvier 1865, les bourgeons axillaires de la pousse de l'au dernier se sont réveillés; simultanément un nouveau stroma s'est formé à la surface de l'eau qui n'avait jamais été renouvelée, mais vi. 7 98 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU simplement maintenue à son niveau primitif; enfin les bulles de gaz ont reparu. Cependant tous ces phénoménes qui annoncent et accompagnent la végétation des protophytes diminuèrent graduellement ; et dans la seconde semaine du mois de mai, l'eau de la cloche s'était de nouveau éclaircie, le stroma avait disparu et le dégagement gazeux presqueentiérement cessé. Attribuant ces effetsà l'appauvrissement du liquide, j'ai versé dans la cloche quelques éprouvettes d'une eau que j'avais filtrée à diverses reprises sur du terreau bien consommé. Bientôt la végétation des conferves s'est ranimée, le stroma re- formé et les bulles gazeuses ont reparu. Depuis ce moment j'entretiens ces phénomènes dans toute leur activité, en versant dans la cloche, lorsqu'il y a lieu, un peu de l'eau filtrée sur le terreau. Ceci montre bien toute l'influence que les matières nutritives contenues dans l'eau exerce sur la produc- lion de ees phénomènes. Mais si des substances organiques sont absolument nécessaires, un excès de ces matières est d'ailleurs fort nuisible. Ainsi, l'année dernière, j'ai mis en observation une cloche remplie d'eau fortement chargée des principes solubles du terreau ; le liquide s'est troublé, a dégagé une odeur désagréable en se pu- tréfiant, mais il ne s'y est développé aucun protophyte vert. Le 26 mai 1865, le fuchsia présentait les particularités sui- vantes, Sur la pousse de l’année dernière, les bourgeons axillaires des deux entre-nœuds terminaux se sont épanouis; et ils venaient alors de former leur deuxième vertieille de fouillés. Au contraire, les bourgeons axillaires situés plus bas ne sé sont pas épanouis, ou leur développement a été incomplet; ce que j'attribue surtout à ce que, dans cette région, le rameau plonge dans l'eau ou flotte à sa surface. Cette partie submergée n'a que beaucoup plus tard d'ailleurs émis des racines adventives. La pousse de l'année a déjà sept verlicilles de feuilles et son développement se p tout l'ensemble du rameau est ce que les jardiniers signe certain d'une alimentation mauvaise ou insuffi Enfin les racines nées l'année derniére continuent s'accroitre; oursuit; mais appellent tiré, sante. ipie de vivre et de el je n'ai point observé qu'elles aient perdu, pendant LI DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 99 : Je repos hivernal, leur chevelu d'ailleurs trés-rare et réduit à quel- ques minces filaments. Enfin de nouvelles racines sont venues cette année s'ajouter à celles de l'année derniere. La végétation se continue dans ces conditions; jamais on n'a arrosé la terre du pot, à part deux ou trois mouillures données dans les débuts de cette longue expérience. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS, Les plantes ligneuses à bourgeons latents pendant le repos hiver- nal peuvent, le printemps venu, accomplir sous l'eau leur premier bourgeonnement. Cette Éyplupion terminée , les bourgeons s'épa- nouissent et les feuilles qui en proviennent, à part leurs dimensions plüs réduités, présentent les caractères ordinaires. | Ces organes et les pousses 1 nouvelles s'orientent comme dans "air, puis périssent prématurément par asphy xie et inanition. Si pendant ce temps des bourgeons parviennent à naître sur la partie émergée de l’axe,;-et peuvent {rouver dans la tige assez de séve pour atteindre un certain accroissement, la végétation de la partie submergée prend alors une activité nouvelle qui se révèle bientôt, soit par la naissance suivie promptement de l'atrophie et de la mort de quelques nouveaux bourgeons, soit plus généralement par l'apparition et le développement de racines longues, blanches et gréles, portant quelques rares ramifications semblables à des cheveux. Ces derniers organes paraissent successivement dans les diverses parties de l'axe, en procédant de la région superficielle à à la région profonde. Les bourgeons aériens se montrent du cóté le plus éclairé, et les racines au contraire sur la face la moins éclairée de l'axe. Le développement de ces racines adventives favorise la végéta- tion des rameaux aériens dont la croissance est en raison directe de là masse des racines. Ces dernières persistent, sans modifications apparentes, d’une période de végétation à l'autre; mais les feuilles, dans le fuchsia, tombent toutes à l'entrée de l'hiver, à l'exception de celles qui terminent la pousse. 100 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Ces phénomènes présentés par des espèces végétales d'ordre su- périeur sont étroitement liés à l'existence des protophytes; et ces deux sortes de végétation s'aecompagnent toujours et subissent simultanément des variations de méme nature. La naissance et le développement des plantes confervoides est en rapport direct avec les qualités nutritives du liquide. On peut régler en quelque sorte à volonté le mouvement d'organisation des protophytes en introduisant. dans l'eau, en. temps utile, des doses convenables de matiéres alimentaires. TROISIÈME PARTIE DES EFFETS PRODUITS PAR LA SUBMERSION DE LA RACINE. ABSORPTION ET EXCRÉTION RADICULAIRES. INTRODUCTION. Tous les tissus vivants, soit des animaux, soit des végétaux, sont perméables aux substances liquides ou gazeuses; au contraire, les corps étrangers à l'état solide ne. sauraient être absorbés. L'on a pu quelquefois observer des cas de pénétration des tissus par un corps solide, mais l'introduction de ce dernier était toujours le résultat d'une lésion, d'une rupture de la tramé du tissu et jamais l'effet de l'absorption proprement dite. Les matières solides, en effet, méme les plus finement pulvéri- sées, ne peuvent traverser les tissus sans les déchirer ou les divi- ser. L'action mécanique seule est impuissante à les réduire dans l'état d'extréme ténuité indispensable pour leur permettre de cir- culer sans les léser à travers les diverses trames organiques. Aussi ne connait-on que deux moyens différents d'introduire une süb- stance étrangère dansla profondeur de l'économie: c'est en la lique- fiant par voie de dissolution, ou bien en la réduisant en vapeur. Mais entre un organisme quelconque et le monde extérieur, il est toujours une sorte de voile interposé et dont le rôle est DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 401 d'isoler plus ou moins complétement l'être vivant du milieu envi- ronnant. En un mot, la surface libre du corps d'une plante est recouverte d'un épiderme destiné à ralentir, à entraver les échanges entre l'être vivant et le monde extérieur, Dès lors se présente à notre examen les deux questions suivantes : 1° De la perméabilité du tissu radiculaire pour les fluides élas- tiques ; 2 De la perméabilité du tissu radiculaire pour l'eau. PREMIERE SECTION DE LA PERMÉABILITÉ DE LA RACINE POUR LES FLUIDES ÉLASTIQUES Àu point de vue physique, on distingue les fluides élastiques en deux catégories : les fluides élastiques permanents ou gaz, et les fluides élastiques non permanents ou vapeurs. Nous adopterons ici cette distinction, quoiqu'elle soit au fond plus igi que réelle. Il n'entre pas dans mon sujet de traiter la question de la perméa- bilité des tissus pour les fluides permanents. Je me bornerai à rap- peler, avant de passer outre, que l'épiderme de tous les organes, soit aériens, soit souterrains, sont perméables aux gaz, mais à des degrés différents. Quant aux vapeurs en général et, en particulier , quant à la va- peur d'eau, l'existence bien démontrée d'une exhalation aqueuse ‘dans le règne végétal suppose implicitement la perméabilité des épidermes pour cette méme vapeur d'eau. Mais cela ne suffit point, et il nousfaut maintenant rechercher les particularités essentielles que cette fonction présente selon les divers organes. Ce serait sortir du cadre que je me suis tracé, si jessayais de traiter cette importante question dans toute sa généralité, je m'ef- forcerai done de l'étudier uniquement dans la racine; et par con- séquent j'aurai à examiner suecessivement la déperditiol et l'ab- sorption de la vapeur d'eau par l'appareil radiculaire, 402 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU CHAPITRE PREMIER DÉPERDITION DE LA VAPEUR D'EAU PAR L'APPAREIL RADICULAIRE. S 4. — Historique jue. La plante entière, déracinée puis abandonnée à l'air libre, se desséche au bout d'un certain temps. La déperdition d'eau a-t-elle lieu dans ce cas par toute la surface du végétal indistinctement, ou bien est-elle plus muore localisée dans certaines régions déterminées, dans les feuilles pat exemple? ? C'est là un des points les plus obscurs et les plus délicats de la physiologie végétale, et beaucoup d'opinions contradictoires règnent à ce sujet dans la science. | Il importe de remarquer avant tout que les premières oberva- tions que l’on est à méme de faire ordinairement sur ce sujet me sont point suffisamment concluantes. i Ainsi, tout le monde sait que de tous les organes, ce sont les radicelles qui se fanent tout d’abord dans un végétal déraciné. J'ajouterai que la dessiccation est d'ailleurs plus ou moins rapide selon la région considérée. Rien de plus facile à vérifier, surtout si lon a l'attention de se procurer des plantes intaetes, dont les spongioles soient saines, telles qu'on les obtient enfin en faisant le semis dans l'eau et non plus dans le sol. En retirant alors la plante du liquide pour l'abandonner à l'air libre, on voit aisément les spongioles s'altérer et se dessécher rapidement. Enfin si, aprés l'avoir laissé suffisamment longtemps à l'air, on rétablit la végétation en submergeant de nouveau le pied, toutes les ramifi- cations dont la spongiolea éprouvé cette altération cessent de s'al- longer, mais continuent pourtant à se ramifier ; ce qui montre que le tissu seul de la spongiole a péri. Cette mort ne peut étre évi- demment attribuée qu'à une trop grande perte d'eau, qu'à une dessiccation. - Mais de ce fait général que dans une plante déracinée c'est la région inférieure qui se dessèche la premiére, on ne peut en con- DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 403 clure que l'appareil radiculaire exhale plus activement que Yappa- reil aérien; car le phénomène est susceptible de plusieurs interpré- tations que je vais successivement examiner et discuter. D'abord, quand il s'agit d'une plante qu'on laisse fane aprés l'avoir déracinée, la question se complique ou plutót se particula- rise; et la mutilation des organes radiculaires, conséquence inévi- table de l'arrachage doit modifier notablement la nature du phéno- mène. Dans ce cas particulier il semble probable à priori que les lésions de laracine permettent aux liquides intérieurs de s'écouler librement au dehors, et par suite; il ne peut plus être question ici d'exhalation proprement dite. Pour résoudre la question, il faudrait donc étudier la fanaison des plantes ayant conservé leur complète intégrité, c'est-à-dire dont les tissus en général et particuliérement le tissu radiculaire ne présenterait aucune solution de continuité, comme cela arrive pour les plantes élevées dans l'eau. C'est ce cas particulier seul qu'il importe d'examiner. Or, avons-nous remarqué plus haut, quand une plante végétant le pied dans l'eau en est retirée pour étre ensuite abandonnée à une dessiccation spontanée, c’est encore la racine qui se flétrit la première. Ici l'on a bien affaire à une véritable exhalation puisque les tissus n’ont plus de plaies ni de blessures pouvant livrer pas- sage à la séve. Cependant cette observation unique ne suffit point pour nous fournir des données définitives sur l'exhalation des raci- nes; car le phénomène est susceptible au moins de deux interpré- tations différentes. s Admettons en effet pour un moment comme un fait rigoureuse- ment démontré que la racine n'exhale point sensiblenient et que la fonction de transpiration soit localisée dans la parlie aérienne et plus particulièrement dans les feuilles. Dans une telle hypothèse la fa- naison d'une plante exposée à la dessiecation spontanée pourrait en- core commencer par les radicelles et le chevelu ; puisque la trans- piration des organes foliacés continuerait d'attirer la séve vers les sommités dela plante, comme pendant le cours régulier de la végé- tation. Le degré de dessiccation des différents tissus augmente- rail donc de haut en bas; comme pendant la vie, ainsi que je 104 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU l'établirai plus loin, le degré d'imbibition augmente dans le méme sens. On en conçoit d'ailleurs aisément la raison, et ces deux faits sont en concordance parfaite avec les inductions théoriques. Pen- dant la végétation, l'introduction de l'eau dans la plante s'effec- tuant par la racine, la proportion d'eau contenue dans les différents tissus diminue de la base au sommet. Au contraire, pendant la fa- naison, la déperdition d'eau s'effectuant par les feuilles, la propor- tion d'eau diminue dela partie supérieure à la partie inférieure. Je rapporterai plus loin les expériences qui m'ont permis de dé- terminer le mode de répartition de l’eau dans les tissus, pendant la période de végétation; c'est un point qui m'a tout particuliérement occupé. Quant à la loi analogue relative à la période de fanaison que je viens d'énoncer également, je ne l'ai pas encore étudiée expé- rimentalement, C'est là un sujet que je réserve, mais je puis dés maintenant citer des fails et des opinions qui paraissent lui donner un certain degré de probabilité. | Dans un travail récent (1), M. P. Duchartre a démontré que les parties aériennes, lorsque leurs tissus sont sains, intaets et sans blessures ou déchirures, ne peuvent absorber l'eau, pourvu toute fois que l'on place la plante" dans les conditions normales de végé- tation. Voici, sur ce point important, les conclusions de ce savant physiologiste. : «En dernière analyse les parties des végétaux qui se trouvent hors de terre ne sucent pas la rosée qui les couvre, contrairement à ĉe que disait Hales, età ce que tout lemonde à pensé avant comme aprés lui; mais cette eau déposée à leur surface par l'effet de la radiation nocturne supprime ou à peu près en elles la transpiration, donné méme,. dans les cas où la production en est considérable, unë sorte de pluie locale qui peut devenir abondante ; enfin la terre absorbant pour sa part l'humidité de l'air, ajoute son action aux deux premières au profit des végétaux, » Antérieurement à la public alion de cet important travail, le méme savant avait affirmé, comme conclusion générale d'expé- (4) Rapport des plantes avec la rosée et les brouillards (Annales des sciences natu- relles, 4° série, Bolanique, t. XV, 4364). DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 105 riences nombreuses et. variées, que les plantes n'absorbent. pas l'eau à l'état de vapeur (1). En s'appuyant sur ces résultats et en admettant de plus, comme un fait avéré, que les racines n'exhalent point sensiblement de va- peur d'eau, on serait conduit à formuler l'opinion suivante relati- vement aux rôles respectifs des parties aériennes et souterraines pendant le cours normal de la végétation. A la racine serait réservée l'absorption de l'eau nécessaire à la plante; et le soin de débarrasser l'économie de l'excédant de ce liquide appartiendrait au contraire à la partie aérienne en général et plus particulièrement aux feuilles. Cette conelusion est-elle adoptée par la science? Sur ce point les avis sont partagés. Plusieurs physiologistes, de Mirbel entre autres, pensent que les parties aériennes et souterraines sont, tour à tour et suivant les cas, des organes d'absorption et d'évaporation, d'autres botanistes parmi lesquels je citerai le docteur H. Schacht admettent au contraire trés-explicitement la loi citée plus haut. De Mirbel dit en effet (2) : s « Comme la terre est ordinairement plus humide que l'air, la succion s'opére ordinairement par les racines et la transpiration par les feuilles; mais quand les chaleurs ont desséché la terre, et que l'atmosphére est chargée d'humidité, les feuilles absorbent, et il est trés-probable que les racines transpirent. » Mais, dans ce passage, l'éminent physiologiste ne fait que repro- duire d'anciennes assertions sans apporter de preuves nouvelles à l'appui de sa théorie. En effet, l'opinion professée par de Mirbel n'est que le résumé, à de légéres variantes prés, d'une théorie des mouvements de la séve qu'avait proposé Mustel à la fin du siécle dernier. Selon ce dernier observateur la séve serait douée de deux mouvements alter- natifs : l'un diurne et dirigé de bas en haut, l'autre nocturne effec- tué de haut en bas. Voici comment Mustel explique le premier mouvement (3). (1) Société botanique de France, séance du 18 octobre, 1857. (2) Article SÉvE, Encyclopédie moderne, t. XXV, 1851. (3) Mustel, Trailé de la végétation, t. IL, 1781, p. 164 et suivantes. 106 - ÉTUDES SÛR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU « La lümière et la chaleur du soleil opèrent sur toutes les parties de l'arbre, et surtout sur les feuilles, une grande force de suc- ción, cette force de succion agissant sur les orifices supérieurs des conduits de la séve doit nécessairement fa faire monter des racines aux branches. » Dü reste, en lisant attentivement tout ce qu’il écrit à ce Sujet, on voit que, dans son opinion, l'ascension diurne de la séve est due üniquement à deux causes : 4° L'abondante transpiration des parties foliacées, là succion des feuilles, selon son expréssion ; 3 2° La pression qui serait exercée sur le liquide souterrai par l'eau vaporisée par la chaleur solaire, et restée emprisonnée dans les interstices du sol comme dans dë petites marmites de Papin. Cete dernière influence sérait done de méme nature que cellé qui fait jaillir l'eau dans le petit instrüment de physique si connu sous lë nom de fontaine de compression. Enfin, voici toujours d’après le mémie observateur, quéllé së- rait la cause du mouvement nocturne de descente de la sévë : € Lorsque la frdicheur de ld nuit commence, ld condensation succède à la raréfaction. . . . .. L& transpiration cesse; les par- lies du tronc et des branches, €t sürtoüt les feuilles qui en étàietit lés prineipauk iganes, deviBHüent ceux dé l'iüspirátión de là séve (1). » on À ce sujet Mustel fait observer que, peu aprés le Couclier dü so- leil, il se dépose sur les feuilles de l'humidité provenatit, soit de la rosée, soit de la condensation partielle de la vapeur d'eaü atio- sphérique ; et quë ce liquide pénètre ensuite dáns lëš tissus. Pitis il $e demaride comment l'eau absorbée par les fetilles péüt descen- dre jusqu'à l'extrémité des racines. Il n'y a pas d'apparénce, dit-il; que ce soit par Son propre poids; eh raison dé l'énorme difficulté qu'elle doit éprouver à se mouvoif dans des edriatix aussi ténu que le sont les conduits de la séve. « Quel ést done eet ägent se démande-t-il álors ? L'expérience nous le fait connaitre, et nous démontre que les racines qui, pen- (1) Mustel, Trailé dé lá végétation, t. V) 47811 p» 165 et süivante: DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 107 dant la chaleur du jour, étaient des organes de remplacement et de nutrition, deviennent pendant la fraîcheur de la nuit des or- ganes d'aspiration et de dissipation; elles ont fourni pendant le jour à l'entretien des parties extérieures et des feuilles, et ces mêmes parties fournissent à leur tour à leur entretien pendait la huit. » On le voit; Mustel raisonne ici sans preuves à l'appui, et je n'ai point trouvé, non-seulement dans le traité de la végétation; tnais encore dans les écrits des auteurs qui, à ma connaissance; ont adopté les mêmes idées, d'expétierices propres à justifier leurs théories. J'ai dit plus haut que d'autres botanistes admettent au contraire que, dans les circonstances normales, les racines sont chárgéés d'absorber le fluide hutritif à l'état liquide pendant que les feuilles, par évaporation, débarrassent l'économie de sof excédánt d'éau. Voici à cet égard, deux allégations très-explicites du docteur H. Schacht (1). On lit en effet, page 200 : « La racine, en vertu de son organisation 'atiatóihiqte, në saù- tait guère excréter que des quantités très-faibles de matière; son écorce meurt très-rapidement et en se subérifiant constitue un ob- stacle insurmontable à l’excrétion comme à l'absorption. » Et plus loin, page 340, le même auteur ajoute : « Tandis qué la surface des jeunes racines est à peu prés exelü- sivement affectée à l’absorption de la noürritüre terrestre, la sür- face des feuilles et, en général; tous les orgaties verts des plantes, ont, en outre, une autre fonction très-importante à remplir, à savoir l'exhalatior des gaz et des vapeurs aériformes. » Cette conclusion; il est vrai, est en partie basée sur un fait en- core conjectural, hypothétique : une évaporation nulle ou tout au moins trés-lente et très-difficile par l'appareil souterrain: Mais i! faut convenir que cette dernière opinion présente en sa faveur des particularités anatomiques d’une certaine importance. Les phytotomistes nous ont appris en effet que la surface des or- (4) Les arbres; pät lë doéteur H. Schdelit, traduction dE. Morren; 4862. À , 108 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L EAU ganes souterrains ou sans cesse submergés était, ainsi que s face inférieure des feuilles flottant sur l'eau, constamment privée de stomates ; tandis que ces pores corticaux se montraient toujours en grand nombre sur les surfaces libres des organes aériens et particulièrement des feuilles. On en a conclu naturellement que les stomates sont destinés à faciliter, à activer les échanges entre la plante et l'atmosphère ; et, en particulier, que ce sont les organes principaux de l'évaporation. La majorité des botanistes partage cette maniére de voir. Ainsi, au dire de Senebier (1) : « Hedwig croit que la transpiration se fait au travers de ces pores et quelquefois par de petits canaux prolongés qui ressemblent à des poils plus ou moins longs et roides. » Hedwig en effet, se préoccupa le premier des fonctions des sto- mates. Dès 1793, il annonçait que ces organes n'absorbent point la vapeur d'eau contenue dans l'atmosphére, mais sont des petites bouches par lesquelles s'exhale constamment, sous forme de va- peur, l'eau renfermée dans le végétal. Pour ce célèbre botaniste, cet acte constituait la véritable transpiration du végétal considéré comme être vivant; et il distinguait ce phénomène de la simple évaporation physique qui se produit à la surface des organes végé- taux comme à celle de tous les corps inertes imbibés d'eau. Depuis, de Candolle, Sprengel, Link et Rodolphi, ont adopté cette théorie en lui donnant quelque extension. Et aux botanistes qui, de son temps, professaient encore l'idée de l'absorption de la vapeur d'eau par les stomates, Guillemin (2) faisait remarquer aque: « Cette opinion est contradictoire aux observations les plus gė- nérales, savoir : que les plantes qui absorbent le plus facilement l'humidité, ‘comme les plantes grasses et les vues de stomates. » De Candolle (3), comme nous venons de le dire, distinguait deux modes d'évaporation : la déperdition insensible et l'exhalation (4) Senebier, Physiologie végétale, t. 1V, p. 82. (2) Guillemin, Ann. de Fromont, t. I, 1830. (3) De Candolle, Physiologie végétale, t. 1, p. 107 et suivantes, algues sont dépour- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 109 aqueusé. Il entendait par déperdition insensible, le phénomène physique d'évaporation qui se produit dans tout corps vivant ou inerte, plus humide que l'air environnant. Par les termes d'exhalation aqueuse, il distinguait au contraire un mode d'évaporation qui n'avait jamais lieu que dans les étres vivants, et qui était par conséquent un acte essentiellement vital, que beaucoup d'autres physiologistes désignent par le mot de transpiration: Or; dans l'opinion de ce savant : « L'émanation ou exbalation aqueuse s'exerce évidemment par les stomates, » — mais — « les racines, les graines, et en général tous les organes sans stomates, ne sont soumis qu'à la déperdition insensible, » « Tous ces faits, remarque de Candolle, résultent d'expériences - faites par Guettard , Saint-Martin , Bonnet et Senebier avant méme qu'on connüt l'existence des stomates. M. Knight les con- firme en montrant qu'une feuille de vigne n'exhale de goutelettes d'eau que du côté inférieur, c'est-à-dire, celui où elle a des sto- mates, et non du cóté supérieur. » FR: Depuis, on a continué à professer la méme doctrine. Ainsi on lit dans le traité de botanique d'A. de Jussieu : « L'évaporation ou exhalaison aqueuse se fait presque entiére- ment par la voie des stomates. » MM. J. Decaisne et Ch. Naudin (1) disent, qu'arrivée dans les feuilles l'eau : « Qui n'est séparée de l'air extérieur que par la faible épaisseur des parois cellulaires, les traverse et se dissipe dans l'atmosphére sous forme de vapeur invisible à laquelle les stomates donnent issue. » Il serait facile de multiplier les citations à cet égard. Par exemple on lit à la page 36 de l'ouvrage indiqué plus haut : Les Arbres. | « L'absorption des vapeurs et des gaz, ainsi que leur expulsion, s'effectuent par l'ouverture des stomates. » (4) Manuel de l'amateur des jardins, t. I, p. 146. 110 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Je terminerai cette analyse , en rappelant les résultats obtenus par un des expérimentateurs qui se sont, dans ces derniers temps, le plus spécialement occupés de cette question. Dans un mémoire ayant pour titre : Recherches sur l'absorption et l'exhalation des surfaces aériennes des plantes (1), le docteur Garreau pose, entre autres, les conclusions suivantes : 1° Les quantités d’eau exhalée par les faces supérieure et infé- rieure des feuilles sont le plus ordinairement comme 1 à 2, 1 à 3et plus rarement 1 à 5 et au delà; ces quantités rela- tives ne tiennent. pas à là position. respective des faces, puisque les feuilles renversées donnent les mêmes résultats que dans leur posi- tion naturelle; | 2° Il existe quelques rapports entre la quantité d'eau exhalée et le nombre de stomates, comme on l'avait admis, mais la transpira- tion insensible a pour effet de provoquer l'exhalation d'une forte proportion de ce fluide. S 2. — Recherches nouvelles, ll résulte de Ja revue rapide que je viens de faire des opinions et des travaux des physiologistes, que la partie souterraine d'un végé- tal transpire moins que la partie aérienne. Toutefois, arrivé à ce point, le probléme de Ja Lranspiration des’ racines est loin d’être complétement résolu. J'ai montré plus haut de quelle manière on peut expliquer comment ; dans l'hypothèse d'une transpi- ration nulle ou trés-faible des organes radiculaires, Ja racine doit néanmoins se dessécher plus rapidement que la tige, lorsque la plante est soumise à la dessiccation spontanée due à l'influence de l'atmosphère. Mais il est évident que le méme fait est susceptible, à priori, d'une autre interprétation. Car bien que la racine trans- pire fort peu, selon toutes les données de la science, néanmoins ette transpiration existe, el l'on conçoit que cette évaporation lo- sale pourrait à elle seule amener une prompte dessiceation de l'or- (4) Annales des sciences naturelles, 3* série, botanique, t. XIII, 1849. DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 114 gane, dans le cas où ce dernier ne contiendrait qu'une faible pro- portion d'eau. Dans ces circonstances, la détermination du. rapport entre les proportions d'eau contenues dans les tissus de la racine et de Ja tige d'une plante vivante offrait ainsi un grand intérét; et c'est à ce point de vue particulier que je me suis placé. dans l'étude de Vexhalation aqueuse des racines. Pour faire connaitre en détail mes recherches, je me propose d'indiquer successivement : I. — Le nom des plantes soumises à l'expérience, leurs carac- téres de végétation et leur mode de culture; Il. — Le procédé de dessiccation employé à leur égard ; - III. — Les résultats obtenus. . NOMS DES PLANTES, LEURS CARACTÈRES DE VÉGÉTATION ET LEUR MODE DE CULTURE. J'ai opéré sur deux espèces différentes : une monocotylédone, le froment ; une dicotylédone, Ja fève de marais (Faba major) ; mais j'ai plus spécialement expérimenté sur cette dernière. En second lieu, relativement aux particularités caractéristiques que présente la végétation de la fève, voici les seules indications - nécessaires à connaitre et que je rappellerai brièvement. Les feuilles, que je distinguerai par des numéros d'ordre1, 2, 8, éte., — en commençant toujours par la feuille la plus voisine des coty- lédons, sont, sur le méme sujet, de formes et de dimensions différen- tes selon leur situation, c'est-à-dire selon leur âge; ce qui est con- forme à la loi générale d'évolution de cette catégorie d'organes. Les deux premiéres feuilles sont toujours trés-réduites et ressem- blent plutôt à des bractées qu'à des feuilles véritables ; néanmoins, dans toutes ces recherches, je les compterai toujours comme des feuilles. Ainsi, en disant tel pied a six feuilles par exemple, j'en- tendrai par là qu'il porte à sa base deux feuilles bractéiformes et 112 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU plus haut quatre feuilles ordinaires, c’est-à-dire respectivement mu- nies d’un limbe et d'un pétiole. Des bourgeons naissent à l'aisselle de toutes ces feuilles, puis s'épanouissent successivement de la base au sommet. On en trouve souvent deux et quelquefois trois réunis à l'aisselle de chacune des deux feuilles inférieures. Dans ce cas, ces bourgeons supplémen- taires s'épanouissent toujours aprés le bourgeon principal, et leur développement est constamment moins avancé que celui de ces derniers. Les boutons sont axillaires et naissent ordinairement dès la septième feuille. Toutefois, toujours plus ou moins avortés à l'ais- selle des premières feuilles florifères, ils n'atteignent leur complet développement et ne s'épanouissent que plus haut sur la tige, lors- qu'ils naissent à la neuvième et à la dixième feuille, plus ou moins du reste selon les sujets et surtout selon les modes de culture. Un point des plus importants serait de fixer avec précision dans tous les cas l'état de développement d'une plante, afin d'arriver à établir ainsi sur des bases certaines et à rendre possible la compa- raison physiologique des divers végétaux. Malheureusement c'est là une question bien difficile à résoudre. Sans doute la durée de la végétation, c’est-à-dire l’âge de la plante, est une donnée dont on doit tenir grand compte dans ce cas ; attendu que les caractères physiques et chimiques des tissus se modifient avec le temps, comme nous le verrons fréquemment dans la suite de ces recher- ches. Mais ce n'est point là bien évidemment l'unique donnée du probléme, puisqu'il n'existe point de rapport constant pour toutes les plantes d'une méme espéce entre leur àge et leur degré de dé- veloppement. On sait, en effet, par maints exemples, que l’accrois- sement d'un organe est subordonné à un certain nombre d'influences variées. Il dépend des caractéres physiques et de la nature chimique du sol, de l'état hygrométrique de l'air et de sa température, du mode d'exposition dela plante, et enfin eten grande partie de l'idio- — méme du sujet soumis à l'observation, Et ces inégalités j - développement, non-seulement se produisent d'une plante à l'autre, mais encore se manifestent dans les diverses régions d'un DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 113 méme sujet. Ainsi, pour ne citer que l'exemple le plus frappant, les deux systémes organiques opposés : l'appareil souterrain d'un cóté, et l'appareil aérien de l'autre, ne présentent point constam- ment le méme mode d'évolution. Dans les conditions normales, c'est la racine qui s'organise tout d'abord, et la formation du sys- téme aérien est postérieure et surtout subordonnée aux progrés du systéme souterrain. Mais combien de dérogations individuelles à cette régle générale sont produites par des causes trés-difficiles à discerner, et que l'on rattache alors indistinctement, ne pouvant faire mieux, à l'idiosyncrasie du sujet, mot vague destiné à mas- quer notre ignorance. Aiusi, bien souvent la tige prend, dés sa sortie des enveloppes séminales, un accroissement rapide; tandis que le pivot tombe en léthargie dés que sa pointe a franchi l'orifice béant et dilaté du micropyle. Toutefois cette anomalie n'est que temporaire, et lorsqu'elle se présente : ou bien la plante meurt prématurément, ou bien, ce qui est le cas le plus ordinaire, au bout d'un certain temps la végétation de la partie aérienne se ralentit comme dans les plantes dites bisannuelles, tandis que si- multanément la partie souterraine se réveille et se met à végéter avec vigueur. Bientôt, grâce à cette double modification, la pro- portionnalité normale entre le développement de la racine et celui de la tige se rétablit ; et, à partir de ce moment, les deux systé- mes organiques reprennent simultanément et parallèlement leur évolution. Ce sont là des effets qu’il est facile de produire artificiellement et en quelque sorte à volonté, soit en modifiant les milieux, soit en gênant, en entravant plus ou moins par des obstacles matériels le développement de telle ou telle partie de la plante. On voit dès lors combien sont nombreuses les causes dont il faut tenir compte lorsqu'il s'agit de comparer l'état physiologique de deux plantes de méme espéce; ou bien lorsqu'on veut caracté- riser et indiquer avec précision la i nm d'évolution du sujet sur lequel on opère. Comme termé de comparaison, tout en tenant compte de l’âge, j'ai eu recours au nombre de feuilles développées et distinctes du bourgeon terminal, c'est-à-dire j'ai compté les entre-nceuds, sans vi. 8 114 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU oublier toutefois combien ce moyen appliqué rigoureusement et isolément serait défectueux. Car deux plantes ayant le méme nom- bre de mérithalles, peuvent néanmoins considérablement différer l'une de l'autre. | Par exemple, l'une sera souffrante, languissante, présentera une tige grêle, aux entre-nœuds largement espacés, et ne portera que des feuilles décolorées et rabougries. Ce sera ce que les jardiniers appellent une plante tirée. L'autre, au contraire, vigoureuse et fortement constituée, à lige grosse et courte, à mérithalles rapprochés, trapue pour ainsi dire, donnera des feuilles largement développées et colorées d'un beau vert foncé. Ces deux plantes pourront avoir le méme nombre d'entre- nœuds, le méme âge, et pourtant quelle différence entre elles deux ! C'est évidemment l'eeilseul qui peut faire toutes ces distinctions et apprécier toutes ces nuances, dont l'ensemble constitue l'état physiologique du sujet. Je me suis toujours efforcé de donner à cet égard les indications nécessaires. t J'arrive enfin au mode de culture. Il m'a paru intéressant de vérifier si le mode de culture n'influe- rait point sur la nature de la loi que je recherchais. Aussi ai-je expérimenté sur des plantes élevées de trois manières différentes, et formant par conséquent trois groupes bien distincts. 1°% croupe. — Les plantes furent élevées dans l’eau ordinaire. A l'aide de flotteurs et par l'emploi de divers modes de suspension, dont j'aurai l'occasion par la suite d'indiquer les principaux, chaque sujet était fixé de telle sorte que sa racine plongeait tout entière dans l'eau et pouvait librement sy développer, pendant que sa partie aérienne végétait dans l'atmosphère. 2° GROUPE. — Ces plantes étaient disposées comme les précé- dentes, mais On avait remplacé l'eau pure employée dans le pre- "jer cas, par ce que j'appellerai à Favenir de l'eau de terreau. Voici quel a été le mode de préparation de ce liquide. On a pris du terreau provenant de fumier consommé de chevaux entiers, puis en le soumettant à des lavages méthodiques on a ob- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 115 tenu un liquide jaune brun, rougeátre, rougissant faiblement le papier de tournesol. 450€ de cette dissolution, évaporés à sec au bain-marie, ont laissé un résidu de 05,312, soit exactement 0**,00208 par centim. cube, ou trés-approximativement 05,002. Telle est la teneur moyenne de l'eau de terreau qui m'a servi dans mes expériences; comme on le voit, c'est une solution aux 2 millièmes environ. - 3° groupe. — Il comprend les plantes élevées dans un sol nor- mal, dans la terre. Afin de mieux fixer les caractères de la loi que je recherchais, j'ai fait en outre varier le mode d'évolution des plantes, à l'aide de certaines mutilations exercées sur elles et qui ‘avaient pour résultat de retarder plus ou moins leur accroisse- ment. Enfin, je compléterai ces détails par une remarque importante. Tout le monde connait la grande influence exercée par l'air libre sur la végétation, et l'on sait depuis longtemps qu'une plante quel- conque pousse avec plus de vigueur à l'air libre que dans l'air con- finé d'une serre, d'un appartement. Par exemple, deux plantes aussi semblables que possible, placées l'une sur le rebord exté- rieur et l'autre sur le rebord intérieur d'une fenêtre fermée, et qui ne seront done séparées l'une de l'autre que par l'épaisscur du vitrage, présenteront bientót néanmoins de notables différences. La plante vivant à l'extérieur, à l'air libre, sera toujours plus forte, plus vigoureuse, mieux portante que la plante maintenue en dedans de la fenétre. Cette différence tient sans doute à des causes mul- tiples, parmi lesquelles il faut probablement ranger l'absorption exercée par le verre à vitre des radiations chimiques extrémes du spectre solaire. Mais sans prétendre rechercher la cause du phéno- méne, j'ai voulu m'assurer s'il pouvait exercer une influence dans la question que je traite; et pour les deux premiers groupes de plantes, j'ai ordinairement opéré sur deux séries : l'une ayant vé- gété à l'air libre, et l'autre dans l'air confiné derriére, mais contre une fenétre du laboratoire. 116 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU II PROCÉDÉ DE DESSICCATION ADOPTÉ. Une fois la plante parvenue à l'état de développement désiré, on arrétait la végétation. Pour les sujets appartenant aux deux pre- mières catégories, il suffisait d'un simple lavage pour obtenir le végétal intact et prét pour la dessiccation. Quant aux plantes de la troisiéme catégorie, c'est-à-dire élevées dans de la terre, la prépa- ration était plus longue, plus délicate, car il était important de dé-- gager les racines sans les briser. On exposait la plante sous un filet d'eau qui la débarrassait à la longue de toutes les matières solides étrangères. Néanmoins, et malgré toutes les précautions prises, un certain nombre de ramifications radiculaires étaient toujours brisées et entrainées avec la terre par les lavages. C'est là une particularité qu'il ne faudra point perdre de vue lors de la compa- raison et de l'interprétation des résultats obtenus. Surtout on ne devra pas oublier que ces mutilations portent le plus ordinaire- ment sur les parties terminales des ramifications, c'est-à-dire sur les parties les plus jeunes. Les lavages terminés et la plante égouttée, on séparait les diffé- rents organes, racine, tige, cotylédons, puis on pesait chacun d'eux à l'état frais. Alors, aprés avoir été réduits en petits fragments, ces différents organes étaient isolément desséchés dans une étuve chauffée à l'eau bouillante, pour être finalement pesés de nouveau aprés dessiccation complète. ` DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 417 ITI RÉSULTATS OBTENUS PREMIER GROUPE PLANTES AYANT VÉGÉTÉ DANS L'EAU ORDINAIRE. ee PREMIÈRE SÉRIE FEVES EXPOSÉES A LA LUMIÈRE DANS L'INTÉRIEUR DU LABORATOIRE. Tableau n° 4. NUMÉRO | NATURE de de POIDS. |FRAIS.| EAU. | SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION, L'EXPÉR. |L'ORGANE. 25 aout 1864. ! gr. gr. gr. 100—4 | racine pest Dis Die Eee e Marie bee n | calculé 1 0,919 0, 081 Longueur de la tige : 07,075. observé|0,82 |0,743|0,077]|., Id. _ pivot : 0™,085. — Plusieurs racines secondaires à la calculé| 4 100—3 tige l 0,90610,09%| base du pivot. 29 aour 1864. observé[4,12 [1,045|0,075]. , calculé | 4 |0,933/0,067 ^ pis dans le bourgeons observé |3,285|3,048]0,237 ra ene "BR calculé | 4 0,928|0,072 dico fos 111—41 | racine 111—3| tige | 29 aour 1864. . (observé [2,827|2,664]0,163 24) racine | outenté | 4^ [0,942]0,058 6 feuilles distinctes, | ngueur de la tige : 07,684. observé |7,733|7,250/0,483 ld. pivot : 07,260. 1 12—3| tige 1caicolé 0,938/0,062 5 SEPTEMBRE 41864. observé |2,96 |2,774/0,186|. ,. disti dis d calculé | ^ |0,937/0,063 bourgeons o s us - : observé |10,67,9,948/0,722 Longueur de la tige: 07,587. 149—3| tige calculó | 4 [0,932]0,068 (€ — | 419—4| racine Remarque. — En s'appuyant sur les indications concordantes fournies par le poids des organes frais, par le nombre des entre- nœuds et par la longueur des axes, tige et pivot, ou peut ranger les 148 quatre plantes par ordre croissant de développement, et alors on reconnait que : 1° La proportion d'eau contenue dans uu organe déterminé aug- mente avec les progrès du développement; elle est successivement : ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU NUMÉRO D'ORDRE DE LA PLANTE. NATURE DE L'ORGANE. no apap 100. 44. 119. 412. ANNE 21s 6. 0,919 0,933 0,937 0,942 TEE ee Din 0,906 0,928 0,932 0,938 2° La proportion d’eau est plus grande dans la racine que dans la tige ; 3^ La différence entre les proportions d'eau de la racine et de la tige sur un méme pied, diminue avec les progrés du développement, car elle est successivement égale à 0,043 0,005 0,006 0,004 Tableau n? 2. NUMÉRO | NATURE de de POIDS. [FRAIS . EAU. | SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR, | L'ORGANE. 20 SEPTEMBRE 1864. b é 1 435 der 0 093 i observ. i . 141—1| racine est 4 (0,935/0.065 [Deux feuilles distinctes du bourgeon 121—3| tige {observé |2,298|2,093/0,205| sconarn à pr grandes racines] calculé | 4 |0,911/0,089 20 SEPTEMBRE 1864. ves i observé |4,68 |4,585|0,095 ve Labs 1 |0,943/0,057 |. ea 122—3| tige !9b3ervé|2,17 |1,997]0,173| "e 9" {calculé | 4 {0,9200080 20 SEPTEMBRE 1864. . n (observé [2,256|2.19910.4197 4 TEN 3 * , aao reino | colon. ^4. lo oaí 0,0861... it 420—3| tigo observé |1,555|1,433 0,122 V ^7* état {calculé | 4 0,922/0.078 | DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 119 Tableau n? 2 (Suite). NUMÉRO | NATURE 1 de de POIDS, | FRAIS.| EAU. | SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR. | L'ORGANE. 20 SEPTEMBRE 1864. (observé | 105 7003 02402 mii e observé |2, $ x j'ai tend calculé 1 0,954 10,049 [Trois feuilles distinctes et séparées du 128—3| tige observé |3,52 13,27810,242| bourgeon terminal, 8? calculé | à |0,931/0,069 20 SEPTEMBRE 1864. xin : observé |2,433|2,316]0,117 TCU star peni 1. 10,984/0,049 |. t 123—3| tige observé |3,982|3,675|0,307 : E. calculé 4 ][0,923|0,077 24 SEPTEMBRE 4864, . observé 12,59712,46510,132 Tien FaGINN calculé 1 |0,945|0,055 Quatre feuilles distinctes et séparées 125—3| ti observé [|5,093|4,718]|0,375| du bourgeon terminal. — "| "8 calculé | 4 10,926/0,074 QA SEPTEMBRE 1864. ^ observé |2,79512,66310,132 126—1| racine } calculé | '4.— [0,953 0,047 rs 126—3l ti observé |5,37 |5,012/0,358 x TS] "E? jlealculé | 4 0,933|0,067 291 SEPTEMBRE 1864, T M ES observé |2,693|2,553]|0,14 calculé | 1 |0,948/0,052 Cinq feuilles distinctes et séparées du 127—3| tige !9bservé|7,337]6,803]0,534 bourgeon terminal. ^/—?| Yge jeaeulé | 4 |0,927]0,073 21 SEPTEMBRE 1864. " observé |2,95 |2,796/0,454 128—1|racine | calculé | 4 — |0,948/0,052 NECS: 128—3| ti observé |7,33 16,84 10,52 ^ Ses E calculé | 4 |0,929/0,074 21 SEPTEMBRE 1864. i observé [2,9 12,69410,206 439-3] secine: 1000 ET 0, 929 0,071 |six feuilles distinctes et séparées du 129—3| ti observé |7,577|7,01 |0, "567 bourgeon terminal. —?| "B? jealeuló | 1 10,925|0,075 120 ÉTUDÉS SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Pour interpréter convenablement ce tableau, il convient de re- marquer tout d'abord que ces plantes faisaient partie de deux se- mis d'âges différents; l'un, le plus ancien, comprenait les plantes n°? 127, 128 et 129. Ceci posé, sous le rapport du développement, on peut répartir les végétaux en cinq catégories : A Plantes portant 2 feuilles séparées et distinctes du bourgeon terminal, B = 3 — C — Á — D — 5 — E — 6 — — ae En calculant la quantité moyenne d'eau contenue dans les plan- tes de chaque catégorie, on obtient les résultats suivants : CATÉGORIE. NATURE DE L'ORGANE. ———To— —— — d; A B [M D E racine | 0,944 | 0,952 | 0,954 | 0,948 | 0,929 Eau contenue dans la tige | 0,917 | 0,927 | 0,930 | 0,928 | 0,925 On en conclut que : 1* La proportion d'eau contenue dans un méme organe croit d'abord, atteint un maximum, puis au delà décroit avec le temps ; 2° Pour chaque plante en particulier, cette proportion d'eau est toujours plus grande dans la racine que dans la tige ; 3? La différence entre les proportions d'eau de la racine et de la lige, sur un méme pied, diminue quand l’âge du sujet augmente, puisqu'elle a été successivement égale à 0,024 0,025 0,024 0,020 0,004 L'interprétation physiologique de la première loi me semble dé- couler naturellement des circonstances spéciales de la végétation des plantes soumises à l'expérience. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. | 121 En premier lieu, le semis a été fait très-tard, et le plant émet- tait ses premières feuilles à l'époque de l’année où, dans les condi- tions normales, il doit déjà avoir achevé de mürir ses graines ; il s'est donc trouvé dans des conditions climatériques particuliéres et anormales. En outre, le semis avait été fait dans l'eau d'un cristal- lisoir; et les plantes, dépourvues de tuteurs et de supports, pen- daient hors du vase, ce qui rendit bientót la végétation difficile et languissante. En ayant égard à ces considérations, on est conduit à penser, ce me semble, que la proportion d'eau contenue dans un organe doit aller en croissant tant que la plante est dans sa période d'activité physiologique, puis qu'elle décroit ensuite pour atteindre son mini- mum lors de la mort du sujet. DEUXIÈME SÉRIE FÈVES AYANT VÉGÉTÉ A L'AIR LIBRE ET A LA LUMIÈRE. Le 22 septembre 1864, on choisit dans le cristallisoir où l'on avait déjà pris les sujets de la catégorie n* 120 quatre pieds aussi semblables que possible. Ces végétaux s'élaient librement développés jusqu'alors, sans supports ni tuteurs. Chacun d'eux portait alors quatre feuilles distinctes et séparées du bourgeon terminal, et possédait en outre d'excellentes racines et des cotylé- dons parfaitement sains. Il fallait maintenant redresser les tiges pour favoriser la végétation. Pour cela on prit un vase cylindri- que de verre, dont l'orifice libre était entouré d'un collier de liége. Ce dernier portait quatre tiges de fer régulièrement espacées et sur chacune desquelles on avait fixé une des plantes. Pendant toute la durée de l'expérience, oneut le soin de maintenir le niveau de l'eau dans le vase de manière à submerger les racines qui se trou- vaient librement suspendues dans le liquide, sans jamais atteindre les cotylédons. Enfin l'appareil était placé sur le rebord extérieur d'une fenêtre et pouvait recevoir le soleil durant les premières 122 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU heures de la matinée. On arréta l'expérience le 2 décembre 1864. Aucune des plantes n'avait fleuri, la végétation des tiges paraissait se continuer, mais le développement des racines était arrêté. Enfin les divers pieds, rangés par ordre décroissant de vigueur, étaient ainsi placés : : .430— 4 130 — 1 130 —3 130 — 2 Les trois premiéres seules furent soumises à la dessiccation et donnèrent les résultats?suivants : NUMÉRO | NATURE de de POIDS. | FRAIS. EAU. | SEC. | ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR. | L'ORGANE. 2 DÉCEMBRE 1864. j gr. gr. gr. 130—4| racine {servé | 6,242| 5,88 [0,362 —— E # calculé 1 0,942 0,058 here mer séparées y distincte 130—i] tigo [observé 9,524 7,65. ei SaaS eme ain eres calculé 1 0,904/0,096 2 DÉCEMBRE 1864. i : (observé | 5,135| 4,832 0,303 130—1] racine 1^ dé Pep D i 0,059/13 feuilles séparées et distinctes observé |17,063 15,543|4,59 | d"çPourgeon, les feniles 3, 4, , , '«M30—41l ti 5, 6, 7, 8, sont tombées. "^ {calculé | ‘4 | 0,914/0.089 2 DÉCEMBRE 1864, 130—3| racine a 5,732 5,394 0,338 5. calculé 1 0,94110,059/4a feuilles séparées et distinctes] tige | observé |14,647|13,340 4,307| du bourgeon terminal, les feuilles 130— calculé 1 0,914/0,089| > #5: 6, 7, sont tombées, o Ces nombres donnent lieu aux remarques suivantes : Dans ces trois plantes, deux seulement, les n° 4 et 3 sont phy- siologiquement comparables, et fournissent d'ailleurs des résultats d'une remarquable concordance. Ces deux plantes, en effet, sont parvenues sensiblement à la méme phase d'évolution à treize feuilles, etla seconde douze ; dans la premiére mières feuilles du bas sont tombées ; dans la seconde, e : la première , les six pre- e sont seule- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 1238 ment les cinq premières, en exceptant bien entendu les deux feuilles bractéiformes, qui persistent sur les deux sujets. Quant à la première plante, elle offre, relativement aux deux autres, une anomalie de composition qui me paraît tenir surtout à ce que sur douze feuilles elle n'en a encore perdu que trois, ce qui dénote chez elle un état d'affaiblissement et de dépérissement moins avancé. Enfin, on remarquera que la proportion d'eau est sensiblement la méme pour les trois racines. 0,942 0,941 0,944, Ce résultat s'explique aisément, puisqu'au moment de la dessic- cation, les trois racines, comme je m'en suis assuré, étaient dans le méme état physiologique. Il résulte de cette discussion que l'on doit adopter les nombres suivants, pour les proportions d'eau contenues dans les plantes, à cette période de leur existence : Pour la racine, 0,9414 Pour la tige, 0,944. Cette conclusion montre que : 1° Ces plantes ont dépassé la période du maximum d'imbibition et par conséquent du maximum d'activité végétative, et qu'elles sont entrées dans la phase de dépérissement signalée, entre autres particularités, par une diminution graduelle dans la quantité d’eau; résultat en tout conforme à celui qui résulte de l’examen physiolo- gique des sujets ; | 2° Mème arrivée à cette période de la vie végétale, la racine contient encore une plus forte proportion d’eau que la tige. 124 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU DEUXIÈME GROUPE PLANTES AYANT VÉGÉTÉ DANS L'EAU DE TERREAU. PREMIERE SÉRIE FÈVES EXPOSÉES A LA LUMIÈRE DANS L'INTÉRIEUR DU LABORATOIRE. Voici l'histoire succincte des plantes de cette série. Chacune des graines a d'abord été placée sur un flotteur deliége, percé dans sa région centrale et posé sur l'eau de terreau. Dans ces conditions, l'embryon a pu librement se développer. Le 23 septembre on les a changées desituation et on leur a donné un numéro d'ordre. Chacune des plantes a. été disposée dans un appareil composé d'une éprouvette à pied, munie à son orifice libre d'un collier de liége supportant une tige de fer. Cette tige de fer était le tuteur auquel on fixait le sujet de maniére que toute sa racine füt constamment submergée, tandis que sa tige et ses cotylédons res- taient hors de l'eau. Ce jour-là, 23 septembre, la végétation offrait les caractères suivants : N° 138. — Pivot tronqué à une certaine distance de la base, racines saines, peau de la graine couverte de moisissures, six feuilles développées et distinctes. N° 139. — Pivot entier, racines et cotylédons sains, plante vigoureuse, six feuilles développées. N* 142. — Pivot entier, racines et cotylédons sains, plante assez vigoureuse, six feuilles développées. N° 146. — Pivot entier, racines et cotylédons sains, plante assez vigoureuse, six feuilles développées. A partir du 15 novembre 1864, on les a soumis successivement à la dessiccation, et voici les résultats que l'ona obtenus : DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 125 NUMÉRO | NATURE de de POIDS, | FRAIS. EAU. SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR. | L'ORGANE. 15 NOVEMBRE 1864. | gr. gr. gr. : observé 5,63 | 5,253|0,377 19 feuilles distinctes. À partir d 142—4| racine calculé 1 0,933/0,067 la 8e, lebte tués La lante a toutes ses feuilles; les observé 19,625|17,64 |2,015 feuilles 3, Aet 5 commencent 142—2| tige lidt à 0,897|0,103| à se dessécher. 48 novemBre 1864. : observé! 5.98 | 5,49310,4587 |10 feuilles, dont 5 sont tombées, 138—4| racine | i À i x le bourgeon axillaire inférieur calculé 1 0,919 0,081| es mhd : il a 7 feuil- 4 |o les, et son bo d la- TORUM Ms ree 24,93519,848/2,447| les, et son bourgeon de rempla- calculé 1 0,903 0,097 longueur. 18 wovewsnE 1864. k46—41.racine observé 3,875| 3,543/0,332 sine 15 VE 1 "gu Mac 41 feuilles, dont 3 sont tombées, 146—9| tige | Observ 3 : : calculé 1 0,895:0,105 : 48 wovEwsnE 4864. observé! 6,12 | 5,77810,342 calculé A 0,94410,056 derer ocre arme eas acies aaraa eim , , 139—1 | racine 139—2| tige Pour juger les résultats contenus dans ce tableau, il importe, je crois, de faire les remarques suivantes : Ces quatre plantes forment en réalité deux groupes bien distincts. Dans le premier, composé des pieds n** 142 et 146, le sujetissu de la graine a vécu sans se propager, puisque aucun des deux n'a ni fleuri, ni développé de bourgeons ; on n'a donc affaire ici qu'à un centre unique d'activité végétative. L'examen de ces plantes mon- tre en outre qu'elles sont entrées toutes deux dans la période de dépérissement ; mais la premiére est plus éloignée que la seconde du terme de la végétation, puisque la plante n* 142 a encore toutes ses feuilles, bien que trois d'entre elles commencent à se faner, tandis que la plante n° 446 en a déjà perdu trois. Le deuxième groupe comprend les n° 438 et 139. Ces deux 126 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU plantes sont entrées dans une autre phase de Ja vie végétale. L'individu issu de la graine est près d'atteindre le terme de sa végétation, puisque le n° 138 sur dix feuilles en a perdu cinq, et le n* 139 sur douze feuilles en a perdu six; mais chacun de ces individus a émis de son pied un bourgeon vigoureux qui croit avec rapidité, car l'un de ces rameaux a déjà sept feuilles et l'autre six. Ainsi une seconde génération s'éléve aux dépens de la premiére qui va bientót périr. Par conséquent, si l'on veut disposer les quatre plantes dans l'ordre eroissant des évolutions successives, on les placera de la manière suivante : 142 146 138 139 et dès lors, les nombres obtenus sont très-significatifs. En effet, le tableau précédent peut se résumer ainsi : NUMÉRO DE L'EXPÉRIENCE. NATURE DE L'ORGANE. —— ame am 142 146 138 139 `~ racine | 0,933 0,914 | 0,919 0,944 Eau contenue dans . . . tige | 0,897 | 0,895 | 0,903 | 0,927 Ainsi se trouvent vérifiées, dans un nouveau cas, les deux pre- mières lois énoncées plus haut. Quant à la troisième, elle est égale- ment confirmée, puisque les différences entre les quantités d’eau contenues dans la racine et dans la tige d’un même pied sont suc- cessivement : 0,036 0,019 0,016 0,017 DEUXIÈME SÉRIE FEVES AYANT VÉGÉTÉ A LA LUMIÈRE ET A L'AIR LIBRE. Ces plantes proviennent du semis rie précédente. Le 23 septembre, l'appareil de suspension que j'aid les vases sur le rebord extérieu qui a fourni les sujets de la sé- on a mis chacune d'elles dans écrit plus haut; puis on a posé r d'une fenétre, Ainsi placées, DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 497 elles sont restées jour et nuit exposées à l'air et ont pu recevoir directement les rayons solaires pendant les premières heures de la matinée. A partir du 11 novembre, on les a successivement soumises à la dessiccation ; ce qui a permis de dresser le tableau suivant : NUMÉRO | NATURE de de POIDS, | FRA'S.| EAU. | SEC. | ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR. | L'ORGANE. 44 noveusre 1864. l dog gr. | er ve 4132—14 | racine ent P ie de Ja Be Telle; le bourgeon calculé 1 0,921[0,9241| axillaire inférieur a 4 feuilles. 132—ə| ii pra 21,400|19,13 |2,27 ge végétation du chevelu, eue ige plante assez vigoureuse. calculé | a | 0,89410,106 41 xovemBre 1864. a observé | 6,874] 6,54810,323 [12 feuilles, bout TER reel 135—4| racine À calculé | s= |:0,953/0,047 tir de Ja 7^ feuille, le bourgeon 71 illaire inférieur a 3 feuilles ; 435—2| tize observé |28,852|26,481/2,3 point de végétation du chevelu, S^ calculé | 41 | 0,91810,082]| Plante assez vigoureuse. AA wovEuBnE 1864. S rie A observé | 4,62 | 4,32210,298 toeta, EN LS calculé | 4 | 0,935|0,065| tiennent encore à la tige ; fleurs s ... (observé 17,95 |16,045 1,905, series à partir de f dxième FLE a 4: Fo 80klo F06| aan ie 13 NOVEMBRE 1864. F observé | 3,805] 3,56310,242/43 feuilles, quelques-unes com- —— ferai 4 | 0,936|0,064|; mencent à noireiri, boutons observé |18,630146,606/2,024| très-faible végétation du che- 133—2| tige } calculé | '4 | 0,894/0,109| vel, plante assez vigoureuse. 13 novemBre 1864. : observé | 3,965| 3,711/[0,254 à : d , Plante chétive, 13 feuilles, 2 tom- 1917 AIRE. 1 oslculé 1 0,950|0,060| bées, 4 en partie 1 flétrics. mais ore attaché tige; point sara] ge. | observé J15, 77614,0241 1,755 ges Ge po ?, , 45 NOVEMBRE 1864. ._ (Observé|10,085| 9,492]0,593|14 feuilles, 4 tombée, 4 fanées] 134—l|racine À alul | a | 0,944|0,059 core es Fes Piel : observé |23,920|21,517|2,403 mire neri laire inférieur, ic , ; t lo d 135—2| tige faai 4 | 0,900|0, | 0-02, mais net pe encore | | épanoui. 198 / ÉTUDES SUR LE RÔLÉ PHYSIQUE DE L'EAU Le groupement physiologique des six plantes offre de grandes difficultés; car il faut tenir compte ici d’une influence nouvelle, dont il semble cependant impossible d'isoler complétement les effets de ceux amenés par le cours régulier de la végétation. Tous les sujets compris dans le tableau précédent ont subi l'action de la gelée; et, pendant plusieurs jours, l'eau de terreau des appareils est restée couverte d'une couche de glace. Cet abaissement de température a dü se faire sentir plus ou moins vivement, selon le tempérament des divers sujets ; et, par suite, le nombre des feuilles desséchées sur chaque pied par la gelée a nécessairement varié, d'une plante àl'autre, en raison directe de leur sensibilité indivi- duelle au froid. Ainsi, dans cette série, la chute des feuilles a été provoquée par deux causes distinctes : 1* la gelée ; 2° le dépérissement amené par l'àge des organes. Par conséquent, dans nos appréciations, nous devrons sans doute tenir compte de l'état des feuilles, mais ne point oublier cependant que dans ces circonstances ce genre de consi- dérations ne donne que des indications incertaines pour la détermination précise de la période d'évolution que les sujets tra- versaient alors. L'état des racines m'a paru devoir fournir, dans ce cas, des ren- seignements plus positifs; et c'est principalement à cet ordre d'indications que je me suis arrété, sans lui accorder néanmoins une valeur absolue. En appliquant ces nouveaux caractéres de classification, con- jointement avec ceux dont je me suis servi antérieurement, on est amené à diviser ces plantes en deux catégories. La première com- prend les sujets qui n'ont pas développé de bourgeons axillaires, elle se compose des numéros 133, 136, 137. La deuxième ren- ferme toutes les plantes qui ont produit des rameaux; elle com- prend les numéros 135, 132, 134. Résumant sur ces bases les données du caleul, on trouve les nombres suivants : DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 129 PREMIÈRE CATÉGORIE, NUMÉRO DE L'EXPÉRIENCE. NATURE DE L'ORGANE. — TT Ti iai go e 133 137 Eau contenue dans. . À ue | osti | | racine 0,936 | 0,935 | 0,894 DEUXIÈME CATÉGORIE. | NUMÉRO DE L'EXPÉRIENCE. NATURE DE L'ORGANE. Te, 135 432 | 134 racine 0,953 0,921 Eau contenue dans. . . tige 0,918 0,894 Ces deux tableaux montrent que la proportion d’eau contenue dans la racine est plus grande que celle renfermée dans la tige. Quant aux deux autres lois énoncées antérieurement, elles ne se vérifient point ici : soit que la classification physiologique des plantes offre des inexactitudes, soit enfin que ces deux lois comportent des exceptions accidentelles. TROISIÈME GROUPE PLANTES AYANT VÉGÉTÉ DANS LA TERRE. PREMIÈRE SÉRIE FÈVES EXPOSÉES A LA LUMIÈRE DANS L'INTÉRIEUR DU LABORATOIRE. Le 22 aoüt 1864, à quatre heures de l'aprés-midi, on met en germination trois féves dans un pot à fleurs de dimensions moyennes VI. 9 130 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU et contenant un mélange à parties égales de terre franche de jardin, el du terreau dont je me suis servi dans toutes mes expériences. Le 2 septembre suivant, on arréte la végétation, et l'on soumet les deux plantes à la dessiccation. Tableau n? 4. NUMÉRO | NATURE de de POIDS. | FRAIS. | EAU. | SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR, | L'ORGANE, PREMIÈRE PLANTE, | gr. gr. gr. : observé 0,56410,517 0,047 La gemmule n'est pas encore épa- Eu iie pose À 0,917:0,083 pom de la tigelle, 0*,05 99—3| tive observé [0,65 |0,57610,074| ^ 5 du pivot, ^ 09,094. s © calculé 4 0,886 0,114 Point de racines secondaires. DEUXIÈME PLANTE. observé |0,514]0,471 0,04 |Même état de développement ; la base calculé [| 0,922 0,078| du pivot porte trois rudiments de observé 0,62210,552 0,07 [Longueur de la iiaa 0,05. {calculé | 4 0,887/0,113| Id. du pivot, 07,012. | 99—4| racine 99—6| tige Prenant la moyenne des résultats fournis par ces deux plantes, toutes deux trés-sensiblement dans le méme état de développe- ment, on a : N° 99. racine, 0,919, Eau contenue dans | : tugo, — 0,887. Le 6 aoüt 1864, à quatre heures de l'aprés-midi, on met en ger- mination trois fèves dans un pot préparé comme le précédent. Le 6 septembre, à dix heures du matin, on arréte la végétation et l'on dessèche les trois plantes. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. Tableau n° 2, 131 NUMÉRO | NATURE L'EXPÉR. | L'ORGANE. de de POIDS, |FRAIS.| EAU. | SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION, PREMIÈRE PLANTE. gr. gr. gr. ,0 3,819/0,246 | à bservé |4,065 88—1| racine f 9 À calculé |4 0,939|0,061 l6 feuilles distinctes et séparées du 88—3] tige observé |9,922|9,465|0,757| bourgeon terminal. 9" {calculé | 4 0,92410,076 DEUXIÈME PLANTE. : observé |3,735|3,513|0,299292 88—4| racine dett a [0,941]0,059 Mere 88—6| tize (observé |9,575|8,881 0,694 88 calculé | 4 |0,928/0,072 TROISIÈME PLANTE, {observé |4,33 [4,41310,247 calculé A 10,950/0,050 observé 19,22 18,542/|0,678 calculé | 4 |0,926/0,074 88—7| racine Même état. l 88—9| tige f | En prenant la moyenne des résultats fournis par ces trois plantes, toutes dans le même état, on obtient : N° 88. racine, 0,944. Eau contenue dans f tige, 0,926. Ces deux tableaux peuvent done se résumer ainsi : NUMÉRO DE L'EXPÉRIENCE. NATURE DÉ L'ORGANE. 7 99 88 racine 0,949 0,944 Eau contenue dans, , . . . tige 0,887 0,926 132 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L EAU Done : 1* La proportion d'eau contenue dans un méme organe croit avec les progrés du développement ; 2 Pour chaque plante, la proportion d'eau est moindre dans la tige que dans la racine; 3° La différence entre les proportions d'eau contenues dans la racine et dans la tige d'un méme pied diminue progressivement, puisqu'elle est successivement : 0,032 0,018 DEUXIÈME SÉRIE FEVES EXPOSÉES À LA LUMIERE ET A L'AIR LIBRE. Le 2 aoüt 1864, à quatre heures de l'aprés-midi, on met vingt graines de féves en germination dans une terrine de grés conte- nant un mélange à parties égales de terre franche de jardin et de terreau. La terrine est placée à l'air libre età l'exposition du sud. Le 10 aoüt, à cinq heures de l'aprés-midi, ori fait choix de quatre de ces plantes au méme degré de développement : sur chacune d'elles la tigelle est dressée, mais la gemmule n'est pas encore épa- nouie. On leur enléve les cotylédons sans dépiquer les plantes, et on laisse en végétation. Le 13 ooüt, à quatre heures et demie de l'après-midi, on coupe les cotylédons sur cinq nouveaux pieds parvenus à l'état de développement des premiers; puis enfin, le 18 août, à neuf heures du matin, on enlève encore les cotylédons de cinq plantes ayant respectivement quatre feuilles complétement développées et distinetes du bourgeon terminal. Le 42 septembre, à dix heures du matin, on arréte la végétation ; et l'on répartit les plantes en trois catégories : CATÉGORIE A.— Plantes amputées dans le jeune âge et rabougries. CATÉGORIE B. — Plantes amputées plus tard et vigoureuses. - CATÉGORIE C. — Plantes entières. DANS LA NUTRITION DES PLANTES, CATÉGORIE A. 133 NUMÉRO | NATURE de de POIDS. | FRAIS:| EAU. | SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION, L'EXPÉR. | L'ORGANE. b gr. gr. gr. 1 observé |0,574|0,537|0,037 67—28 racine | hg 4 : calculé 1 9,93610,06413 fouilles distinctes et séparées du 67—29| tige (observé 10,94410,87410,070| bourgeon terminal. 8 j|calculé | 4 0,926|0,074 | | im . „Ţ fobservé|0,58110,54710,034 Aiad LORS Lostonlé [4 ^. 105 01) MUR Ra anale nes Fonte 0,787|0,731|0,056|^ ues fe te 9" {calculé | 4 10,929|0,071 l l . (observé |0,820/0,765|0,055 97-732 racine À calculé | "47 |0,9330,067) i. 67—33| tige {observé | 1,11011,027/0,083 mom 8?- } calculé | 4 |0,925/0,075 l | ; observé |1,36111,28610,075 Hier 0! TER eed 4 |0,945/0,055! amei 67—97| tige { observé |1,991|1,848/|0,143 er 5? calculé | 4 |0,928/0,072 | En prenant la moyenne des indications données par les plantes 2 et 3, qui sont de même áge, on peut résumer ainsi le tableau précédent : PLANTES A NATURE DE L'ORGANE. LL — ^ — —— 3 feuilles. 4 fouilles. 5 feuilles. racine | 0,936 0,936 0,945 Eaw contenue dans. . . . | tige 0,926 0,927 0,928 Remarque. — Les deux premières lois se vérifient encore, mais non la troisiéme, puisque les différences sont : 0,016 0,009 0,017 13^ ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU CATÉGORIE B. NUMÉRO | NATURE de de POIDS. | FRAIS, | EAU SEC, ÉTAT DE LA VÉGÉTATION, L'EXPÉR. | L'ORGANE. se gr. gr. > observé| 3,849| 3,58910,26 : i 07—20] racine {ostane | 4 | o;ossloosn |? ne m w observé |12.105 11,059|1,046| geon axillaire inférieur a trois SIM D Léalenté "^ | ograjo oge) ‘villes: l (Un 4,421! 4,11710,304 : observ 710, 8 feuilles, bout ts mais visi- 674 | racino (eee | 4 | rai [ococo Hebe tea x I 67—2 ie observé |41,550/10,475|1,075 inférieurs sont Quid, le pre- 8 calculé À 0,90710,093 mier a déjà une feuille séparée. | | à bservé | 3,953| 3,70310,250 67—2 E < Perlen a rid calculé 1 0,93710,06318 feuilles, boutons à peine visi- 61—93. tige observé 9,870| 9,023/0,847 bles dans le bourgeon terminal. - calculé A 0,91410,086 . | bservé | 7,201| 6,7 4 P" à observé | 7, ,751/0,450 ta ine rats A | 0,937/0,063| s 67—A44| tige (observé |15,545|13,243 4,339 |" nme To précédent. calculé 1 0,908/0,092 l | 67 —A14 raci observé| 8,465| 7,70810,457 acme calculé | a | 0,984]0,056|. ,.. ok 67—42| tige | observé 17,862 16,202 1,660 |^ ^^" TOENE otre | atéulé A | 0,907/0,093 bservé| 3,780| 3 67—1 : observé | 3, ,#7410,30 FR À calculé | "1 | 0,919 0,084 |? tees; Jesbontons ne sont pas 67—19| tige Deer un 13,4491,331| axillaire intérieur porte trois calcu 0,910! 0,09 ù j l RETI e $,122| 4,77710,345 calculé | 4 | 0,933/0,067 |o tuiles, la plante est prête à 67—4 | tige yan 16,824115,14211,682| fleurir. "aos d 1 0,900/0,1 ] 87-23] mine observé | 7,022| 6,569/0,453 calculé | 4 | 0,935/0,065|. 67—25| tige (observé 6,683 15,183 1,5 |? filles, commence à fleurir, Miss 1 0,91010,09 DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 135 Il semble naturel de répartir ces plantes en trois groupes, d'après le nombre de feuilles ; et, en outre, de distinguer la plante en fleurs de celle qui ne l’est pas. En suivant ces indications, et pre- nant des moyennes pour les plantes de même développement, on peut résumer de la manière suivante les résultats qui précèdent : NATURE DE L'ORGANE. EE D. —7 7 feuilles flor. nulle 1 plante. PLANTES A 9 feuilles 8 feuilles e Ó flor. nulle 3 plantes. — floraison 1 plante, — rÁ—Ó flor. nulle 2 plantes. PŘ floraison 4 plante. Eau contenue dans. . | racine tige 0,932 0,914 0,936 0,910 0,944 0.907 0,927 0,935 0,910 0,904 Ces résultats montrent que la proportion d’eau contenue dans la racine est plus grande que celle renfermée dans la tige; mais les variations, tantôt dans un sens et tantôt en sens opposé, de ces quantités d'eau sembleraient indiquer, si ce n'est par l'effet d'une erreur expérimentale, que ces plantes sont parvenues dans le voi- sinage du point où la proportion d'eau atteint son maximum. CATÉGORIE C. NUMÉRO | NATURE de de POIDS. | FRAIS, EAU. | SEC. | ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR, |L'ORGANE. bservé| 6,227, 5,791|0,436 ax pres , 1430 |9 feuilles, bout ss, I 67— 15| racine gere 4 0,930/0,070 bourgeon oxillairo inférieur a : observé |18,103|16,567|1,636| wit as épanout. r mals 07—174 Ugo Leone DD eWOLU A i l 671—8 T peo 8,608| 7,966|0,642 "Ae. à Mealulé | 4 | 0,925/0,075]10 OE tn Mom eie Gz——10| tige observé [22,759/20,836/1,923/ Taire inférieur a 2 feuilles. - calculé 1 D,946 1,085 | | 67—5 | racine [eren | 4 [a em 677 | uge observé [24,946 [23,051 |1,895 Hill: Mr le 270 es 189 calculé | 4 | 0,924|0,076 [7 136 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Ce que donne en résumé : PLANTES A D, NATURE DE L'ORGANE. 9 feuilles. 10 feuilles. — o T Ee r -— mm — — LT floraison nulle. {floraison nulle.| floraison. ( racine 0,930 0,925 » Eau contenue dans.. . . | tige 0,910 0,946 0,924 Cette catégorie provoque les mêmes remarques que la catégorie B. Je rapporterai encore une expérience faite sur des fèves. Le lundi 22 août, on a rempli des pots à fleurs de dimensions moyennes d'un mélange à parties égales de terre franche de jardin et de terreau. On a mis dans chacun d'eux trois fèves. Les pots ont été laissés à l'air, à l'exposition du midi, et, à partir du 22 novem- bre, on a soumis successivement ces plantes à la dessiccation. Le tableau suivant contient les résultats obtenus. NUMÉRO | NATURE de de POIDS. | FRAIS. | EAU. SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION, L'EXPÉR. | L'ORGANE. | 22 NOVEMBRE 1864, — RACINES RÉUNIES DES TROIS PLANTES. ET n vs A FA 92— m observé |21, > $ 2—1 | racine ess 1 0,93110,061 PREMIÈRE PLANTE. PREMIÈRE PLANTE. 14 feuilles, 2 sont tombées; n'a observé [20,686|18,669]2.017|. ^ ^ ^" : servé MAE e eem a | 0,902/0,098 esposte ` a ? 16 feuilles, 9 sont tombées ; le DEUXIÈME PLANTE. bourgeon axillaire inférieur a 6 feuilles, dont 4 sont tombées, 92—4 tige {observé |22,185 20,048|2,137 TROISIÈME PLANTE. | calculé 1 0,904|0,096]16 feuilles, 8 sont tombées. TROISIÈME PLANTE, 925 | tige (obeervà 23,345|24,153|2,199 ! calculé 1 0,90610,094 DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 137 (Suite). NUMÉRO | NATURE ds p POIDS, | FRAIS. | EAU, | SEC. | ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR. | L'ORGANE, 22 NOVEMBRE 1861, — PREMIÈRE PLANTE. l : gr. gr. gr. bo !|-pacinó nar 13,644112,684|0, | calculé 1 0,93010, POER cite A bservé |26,897|24,082|2 ; : 8—2 jo , , :919 46 feuilles, 3 sont tombées; 1 P uge ! calculé 1 0,970|0, plante e ds pet fleiri, male bas :tifé, DEUXIÈME PLANTE, ; PR PLANTE. A $ observé |13,231|12,341|0,89 |17 feuilles, 8 sont tombées; elle 98—3 | racine Kenda [|] 0,99210.067) "e me : observé |25,505|23,018|2,487 duda. huida (a 1 | 0,902/0,098 29 NOVEMBRE 1864. — RACINES RÉUMES DES TROIS PLANTES, ee , observé |23,96 |22,094|1,866 por aa pne 1 | 0,922/0,078 PREMIÈRE PLANTE. —— 16 feuilles, dont 5 sont tombées. 951 iles ( observé 18,295|16,179]2,146 DEUXIÈME PLANTE. à 9?" (calculé 1 0,884|0,016]12 feuilles, 4 manquent; le bour- Pira erii " DEUXIÈME PLANTE. balles — 1 | ... (observél14,6 113,10911,491 TSE PARS 95—2 tige pan é 1 | 0.898 0.102 14, failles, 4 manquent; traces TROISIÈME PLANTE. i observé |15,825|14,084|4,741 rim | ugs ip 4 | 0,890/0,140 10 DÉCEMBRE, — RACINES RÉUNIES DES TROIS PLANTES. T bservé |26,005|23,868]2,137 97—14 | racine f ^ x d 1 calculé 1 0,918/0,082 Bugs a da: PREMIÈRE PLANTE, 8 feuilles, 5 manquent. / 7 Gbservé 171, 491-6, 88810, 808]. O mami ^ ora | sm dae | 74° | ozote]ocose tts 7 mangues hd DEUXIÈME PLANTE. 17,36 observé 97—2 | tige den TROISIEME PLANTE. EE aA ( observé ! calculé 97—3 | tige 15,308]2,052 4 | 0,8820 1 | 0,903/0,097 9 feuilles, 3 manquent ; 3 bour- a trois bourgeons, dont un a 7 feuilles développées. TROISIÈME PLANTE. geons à l'aisselle de la feuille inférieure, l'un a 10 feuilles et le deuxiéme 2. 138 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU (Suite.) NUMÉRO | NATURE de de POIDS, | FRAIS. | EAU. | SEC. ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. - L'EXPÉR. | L'ORGANE. | 13 néceusre 41864. — PREMIÈRE PLANTE. gr ic e PREMIÉRE PLANTE. g e ) ! 13 feuilles, 8 manquent ; 11 feuilles 91—1 tige observé 35,456 32,08 8 3,3 68 rien “axillaire inférieur, calculé 1 0,905/0,095| dont 6 manquent. DEUXIÈME PLANTE, DEUXIÈME PLANTE. : 16 feuilles, 9 manquent ; le 2° ra- Bal. aa 30,817]27,902/2,915| mem axilairo a 7 feuilles, 4 vs Ee |ealclé | ! | 0,905/0,095| mantent. En prenant les moyennes des nombres fournis par les plantes d’un même pot, on a : NUMÉROS DE L'EXPÉRIENCE. NATURE DE L'ORGANE. In ieee en Mis 92 98 95 91 91 ( racine | 0,934 | 0,931 | 0,922 | 0,918 pas déterminé. Eau contenue dans b. 0,904 | 0,899 | 0,890 | 0,897 | 0,905 Ce tableau confirme les résultats antérieurement obtenus , et fournit plus spécialement quelques nouvelles remarques. Les différences entre les quantités d'eau contenues dans la racine et dans la tige d'un méme pied sont successivement 1 0,027 0,032 0,032 0,021 Ce qui est parfaitement conforme à ce que nous avons dit pré- cédemment : les différences décroissent pendant la période d’acti- vité végélative, et croissent, au contraire, pendant la période de ralentissement, i Dans les trois premières expériences, n'* 92, 98 et 95, le dépé- rissement des individus issus de graines est de plus en plus pro- noncé; et l'on voit en méme temps la proportion d eau contenue dans un méme organe diminuer graduellement. Au c ontraire, dans DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 139 les deux dernières expériences, n° 97 et 91, les bourgeons axil- laires sont en pleine végétation, et l'on voit la proportion d'eau contenue dans la tige augmenter progressivement. TROISIÈME SÉRIE BLÉ EXPOSÉ A L'AIR LIBRE ET A LA LUMIÈRE. Le 29 septembre 1863, on séme du blé dans des pots ordinaires, remplis de terre franche de jardin. A partir du 25 octobre suivant, on arréte successivement la végétation et l'on procéde aux dessic- cations, en réunissant toujours ensemble les plantes d'un méme pot. NUMÉRO | NATURE de de POIDS, | FRAIS, EAU, SEC, | ÉTAT DE LA VÉGÉTATION. L'EXPÉR. | L'ORGANE. 25 ocroBre 4863. Lobserve | 07737] 01351030 $1——4 | racines) 9.987 V 9, ^ 17 calculé 1 0,590|0, 4 10|45 plantes, chacune a 3 feuilles. 21—2 | feuilles observé |10,295| 9,055|1,240 ^ calculé 1 0,88010,120 : 22 ocroBRE 1863. . (observé| 4,759] 1,535|0,224 22—1 | racines} calculé | ‘4 | 0,87310,127 … (observé |10,599| 9,499|1,100 22—2 | feuilles) | né | a | 0,896,0,404 44 plantes, chacune a 3 feuilles. 29 ocroBaE 1863. 20 3 P aedes observé | 4,875| 4,58810,287 calculé 1 0,941 10,059 |40 plantes, quelques-unes ont observé| 6,186| 5,015|4,474]| À feuilles. 23—2 feuilles | 1 0,811/0,189 4129 wovEwsRE 1863. dde . observé] 6,17 | 5,82 |0,35 ui racines calculé 1 0,54310,057 à feuilles. : observé |46,603|144,382|2,221 |19 plantes, chacune a 4 feutttes. 30—2 feuilles | calculé | 1 | 0,866/0,434 l 140 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU En résumant ce tableau, on a : NUMÉROS DE L'EXPÉRIENCE. NATURE DE L'ORGANE. ——PÁá——— T 21 92 23 30 (racines 0,590 0,873 0,944 0,943 Eau contenue dans | touilles 0,880 0,896 0,811 0,866 REMARQUE. — Les n* 21 et 22 présentent une exception, la seule que j'ai rencontrée jusqu'ici à cette loi que la racine renferme toujours plus d’eau que la tige. Cette exception est-elle réelle, lient-elle bien à une particularité de végétation de ces plantes? ou bien est-elle simplement le fait d'une erreur de manipulation? c’est ce que je ne saurais décider. Dans le doute, j'ai inscrit ici les nom- bres tels que je les ai obtenus. Mais les deux dernières expériences confirment de tous points les résultats précédemment acquis. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. Il résulte des recherches précédentes que : 1^ La quantité d'eau contenue dans la racine d'un pied de féve est toujours supérieure à celle renfermée dans la tige, quelles que soient d'ailleurs les conditions de la végétation. Comme on savait déjà que l'évaporation est moins active à la surface des racines qu'à la surface des feuilles, voici comment on peut expliquer maintenant que, dans une plante entiére exposée à l'air, la racine se dessèche plus rapidement que la tige. Aprés sa séparation du sol, la végé- lation ne s'arrête point aussi tôt, et la mort ne survient pas sur-le- champ. Le mouvement ascensionnel des sucs nutritifs se continue donc encore pendant un certain temps; et, par suite, la dessicca- tion des tissus doit procéder de la base au sommet. 2° La quantité d'eau contenue dans un méme organe croit avec l’âge, pendant la période d'activité physiologique; et décroit au contraire avec le temps, pendant la période de dépérissement. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 141 CHAPITRE I. ABSORPTION DE LA VAPEUR D'EAU PAR L'APPAREIL RADICULAIRE. r § 4. — Historique, A ma connaissance, les recherches les plus anciennes sur ce sujet sont dues à W. Edwards et Colin (4). Dans leur mémoire, ces deux savants étudient l’action de la vapeur d'eau sur la germi- nation. Leurs expériences, faites sur des graines de céréales : blé, orge, avoine et seigle, les amènent aux conclusions suivantes : « ll y a deux conditions nécessaires pour que la germination ait lieu dans la vapeur ; la première, c'est qu'il y ait une certaine pro- portion d'eau dans la graine; la deuxième, que l'air qui les entoure soit trés-prés de l'humidité extréme. Dans l'air, à cette limite extréme, la graine commence par absorber de l'eau, et, quand elle en à absorbé une quantité suffisante, si la température est constante ou à peu prés, l'air qui est saturé de vapeur, tient la membrane externe dans un état d'humidité parfaite ; ce qui favorise tellement les fonctions, que la germination a lieu. Si, au contraire, la température s'éléve et que l'air s'éloigne de l'humidité extrême, l'absorption est augmentée, mais la membrane externe n'étant pas assez humectée, ses fonctions sont ou génées ou paralysées, et la germination est retardée ou arrétée. » Ainsi ces deux savants sont parvenus à faire germer des graines de céréales dans l'air trés-humide, dans l'air saturé ou tout au moins trés-prés de son point de saturation. A plusieurs reprises, j'ai essayé de reproduire ces expériences, jai toujours échoué. J'ai opéré, il est vrai, sur des fèves, ce qui semble démontrer que le phénoméne déerit par W. Edwards et Colin n'est pas général. Quoi qu'il en soit, voici comment je disposais l'expérience : Dans un flacon de verre à large goulet et bouché à l'émeri, je (4) Edwards et Colin, Sur les effets de la vapeur d'eau dans toutes les périodes de la végétation (Comptes rendus, t. 1V, 1837). 142 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU versais un peu d’eau. Puis je collais, avec de la cire à empreinte, les graines à l'extrémité d'un fil dont l'autre extrémité était fixée, par le méme moyen, à la face inférieure du bouchen. Ce dernier étant mis en place et, par conséquent, l'appareil étant fermé, la graine se trouvait suspendue dans une atmosphère trés-humide, sinon complétement saturée. Or, jamais, dans ces conditions, je n'ai vu la germination se produire, non-seulement dans les graines normales, c'est-à-dire relativement sèches et telles que les four- nissent les fruits mürs; mais encore dans des graines préalable- ment imbibées par une submersion de vingt-quatre heures. Dans mes expériences, la peau des graines se recouvrait peu à peu de moisissures; elles pourrissaient, mais jamais les radicules ne se sont montrées. Du reste, pour que des expériences de cette nature soient con- cluantes, il faut, de toute nécessite, que l'expérimentateur se tienne toujours en garde contre l'intervention de l'eau à l'état liquide. Dans ces appareils hermétiquement clos, dont l'air intérieur est toujours saturé ou bien prés de l'être, le refroidissement nocturne | doit amener, chaque soir, la précipitation en gouttelettes trés-fines d'une portion de la vapeur ambiante. Or, on admettra aisément à priori, que cette sorte de pluie périodique, en s'attachant aux grains, pourrait suffire à elle seule pour fournir au fur et à mesure à l'embryon la quantité d'eau nécessaire à sa germination. Cette remarque nous explique en outre pourquoi l'on pourrait réussir avec certaines graines et échouer complétement au contraire avec d'autres; comment, par exemple, le grain de blé recueillerait jour- nellement, par ce moyen, une provision d'eau suffisante pour lui ; tandis qu'une graine de plus grandes dimensions, ayant par conséquent de plus larges besoins à satisfaire, ne pourrait ainsi trouver la possibilité de s'approvisionn er de l'eau néces- saire. j Cependant les observateurs dont je viens de rappeler les travaux, disent que la réussite était d'autant plus incertaine que l'atmos- phére confinée, dans laquelle s'opérait la germination, était plus grande. Il semble cependant, d'aprés l'explication précédente, que c'est le contraire qui aurait dà arriver, puisque plus le volume DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 143 d'air est grand, et plus le poids d'eau condensée par un certain abaissement de température est considérable. D'ailleurs la note publiée dans les Comptes rendus est trés- concise, bien des points importants sont passés sous silence, et cet intéressant sujet appelle de nouveau l'attention des physiologistes. Laissons done de côté la question de l'absorption de la vapeur d’eau par les téguments de la graine, et passons immédiatement à l'examen des opinions et à la revue des recherches les plus impor- tantes faites sur l'absorption de la vapeur d'eau par les racines. Je commencerai cette revue en citant textuellement l'analyse faite par M. Duchartre d'un mémoire publié en Allemagne sur ce sujet. Voici comment s'exprime M. Duchartre (1). « L'un des botanistes les plus distingués de l'Allemagne, M. Un- ger, a fait deux expériences par lesquelles! il croit avoir démontré non-seulement que les racines aériennes absorbent la vapeur d'eau répandue dans l'air, mais encore qu'elles en absorbent une grande quantité. Dans sa première expérience, il a vu, dit-il, une racine aérienne d'Epidendrum elongatum longue de dix-sept pouces, placée dans un air saturé de vapeur d'eau, absorber en vingt-quatre heures plus de 1/4 de son poids. Sa seconde expérience a porté sur une épiphyte de la famille des Commélynées, le Spironema fra- grans, Lindl. Un pied de cette plante, simplement fixé contre un morceau de bois, a été suspendu dans l'atmosphére humide d'une serre, Dans l'espace d'un an, dit'le savant allemand, il a doublé de poids, gráce uniquement à la vapeur d'eau répandue dans l'air, qu'il à pu absorber au moyen de ses racines aériennes. » M. Duchartre repousse les conclusions du botaniste allemand, et dans un travail des plus intéressants par la nouveauté et l'impor- tance des résultats, il a été conduit à la doctrine suivante, aprés une étude minutieuse et attentive de la question (2) : « Des expériences en grand nombre m'ont prouvé que les épi- (4) Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, vol, II, janvier 1856, p. 70. m EP (2) Expériences sur la végétation des plantes épiphytes. (Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture, t. II, janvier 1856, p. 67 et suivantes). 1444 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE PE L'EAU phytes n'absorbent l'humidité en vapeur répandue dans l'air ni par leurs feuilles ni par leurs racines, d'oü il résulte que l'atmosphére humide des serres ne leur fournit rien, ne les nourrit pas, et ne peut intervenir dans leur végétation qu'en diminuant la transpi- ration abondante dont leur surface serait le siége, si l'air qui les entoure était plus sec. Pour qu'elles absorbent l'eau nécessaire à leur nutrition, il faut qu'elle leur arrive à l'état liquide. Dès lors, dans leur pays natal, les pluies et les rosées, dans nos serres, les seringages et les arrosages, ont pour elles toute l'importance qu'on avait attribuée à tort à la vapeur aqueuse. » Les recherches de M. Duchartre se subdivisent en trois parties ; le savant botaniste étudie successivement les relations de l'humi- dité atmosphérique avec : 19 la tige et les feuilles, 2° les racines, 9* enfin la plante épiphyte tout entière. Pour élucider le premier point, M. Duchartre détache des tiges d'Epidendrum elongatum et de Spironema fragrans, recouvre la plaie de collodion et prouve, avec la balance, que ces tiges ainsi préparées perdent progressivement de leur poids, quand on les maintient suspendues dans l'atmosphére, toujours cependant très- humide, de la serre à orchidées du Muséum de Paris. Mais l'habile expérimentateur dont janalyse le travail ne se borne point à ce premier résultat, et donne une plus grande auto- rité à sa conclusion en montrant qu'une tige de Dendrobium mo- schatum et une feuille d'Angrecum eburneum placées sous des cloches de verre reposant sur des assiettes pleines d'eau, conti- nuent à diminuer de poids, bien que maintenues dans ce cas dans des atmosphères saturées d'humidité, Donc il n'y a pas eu absorp- tion notable de vapeur d'eau, car, selon la remarque de M. Du- chartre : « Evidemment les feuilles ou les racines ne peuvent absorber de l'eau sans que le poids dela plante entiére en soit augmenté, tan- dis qu'une diminution de poids indique sur-le-champ ou bien que l'absorption a été nulle, ou tout au moins, et dans la supposition la plus défavorable, qu'elle a été insignifiante comparativement à la déperdition. » L'auteur étudie ensuite absorption radiculaire. Le dispositif DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 145 qu'il adopte pour ses nouvelles expériences est le suivant : une cloche de verre tubulée repose, par son bord libre, sur le fond d'une assiette pleine d'eau; on fait passer la plante par cette tubulure et on la fixe, dans son orientation normale, avec un bouchon de liége qui la saisit vers le bas de la tige. Par cette disposition très- simple, la racine tout entiére reste seule constamment plongée dans de l'air saturé d'humidité, pendant que la tige et les feuilles sont exposées l'air libre. Dans ces conditions un Dendrobium moschatum, mis en expé- rience le 6 octobre 1855, avait perdu 1/5 environ de son poids primitif dés le 26 du méme mois. Parvenu à cette phase de l'expé- rience, on a mouillé les racines en secouant un peu d'eau dans la cloche une ou deux fois par jour, et, dans l'espace de cinq jours, fait remarquer l'auteur : «la plante avait réparé ses pertes, elle avait repris sa fraicheur. » Enfin, dans la troisième série d'expériences, M. Duchartre a sus- pendu des plantes entières dans l'air humide, et toujours il a con- staté une diminution de poids. Bien plus, fait trés-important, ces plantes qui dépérissaient graduellement quand elles séjournaient simplement dans l'air humide, augmentaient aussitôt et progres- sivement de poids quand on se déterminait à les mouiller une fois — par jour à l'aide d'un léger seringuage. La comparaison et la discussion de ses expériences aménent l'au- teur à cette conclusion : < Il est, je crois, démontré par les expériences dont on vient de voir les résultats, que les plantes vraiment épiphytes, Orchidées, Broméliacées et autres, ne tirent de l'atmosphére, ni par leurs feuilles, ni par leurs racines, l'humidité qui s'y trouve répandue, quelque forte que puisse en être la proportion. C'est là, si je ne me trompe, un fait inattendu, contraire méme aux idées qui avaient eu cours jusqu'à ce jour. Mais comment ces plantes se nourrissent-elles puisque leur situation est telle qu'elles ne peuvent rien recevoir de l'atmosphére, seul milieu dans lequel elles vivent? C'est unique- ment en absorbant l'eau liquide qui mouille leur surface et parti- culiérement celle de leurs racines, organe principal de cette ab- sorption. » vi. 10 146 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Quelques années plus tard, en 1860, cette question était soulevée et débattue par la Société botanique de France, à la séance du 24 février 1860, à propos d'une étude de M. Duchartre sur ce point si controversé et si délicat. « L'eau de la pluie qui mouille et lave les organes extérieurs des plantes est-elle absorbée directement?» A ce sujet M. Decaisne exprimait le désir de voir M. Duchartre se livrer à des expériences sur l'absorption, par les racines, de l'eau à l'état de vapeur, et ajoutait en outre (1) : | « Les racines absorbent probablement l'eau sous forme de va- peur, à travers les fissures du sol. La partie supérieure de l'ancien labyrinthe du Jardin des plantes était plantée de Lycium, et ces arbrisseaux y croissaient avec vigueur, quand on remua la terre pour y planter des ifs, on la trouva aussi séche et aussi friable que dela cendre. On sait, d'ailleurs, qu'une plante végète d'autant mieux que son sol est plus poreux, et l'on connait par expérience les bons effets du binage et du drainage. » M. Duchartre répondit : « Qu'il partage l'opinion de M. Decaisne sur l'importance des fonctions des racines, qui lui semblent étre l'organe essentielle- ment absorbant des plantes, Il croit que, dans les faits rapportés par M. Decaisne, il faut tenir grand compte de l'hygroscopicité du sol et de son état de corps poreux quile rend éminemment propre à absorber l'humidité de l'air, pour la transmettre ensuite aux ra- cines. C'est là, comme onle sait, le motif pour lequel l'ameublisse- ment par les labours est extrémement avantageux aux plantes, et peut méme diminuer beaucoup les fâcheux effets de la séche- resse. » Le sol en effet possède un pouvoir hygroscopique des plus éner- giques, mais variable avec sa composition chimique et ses qualités physiques. C'est là un résultat mis en pleine lumière par les re- cherches des chimistes, et par les expériences des agronomes. Cette propriété physique spéciale des sols se traduit par trois phénomènes différents : 4° par la quantité d’eau absorbée, 2 par la quantité d'humidité condensée, 3° par l'énergie plus ou moins (1) Bulletin de la Société botanique de France, t. VII, p. 95, année 1860. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 147 grande avec laquelle le sol retient l'humidité dont il est imprégné. En plaçant différents échantillons de terre arable dans des cy- lindres dont le fond était percé de trous, puis versant sur la sur- face de la terre de l’eau distillée jusqu’à refus, M. Meister (1) a constaté qu’un kilogramme de terre provenant de marais retenait 1051 grammes d'eau, tandis qu'un échantillon du sol sablonneux de Nuremberg ne retenait que 302 grammes dans les mémes cir- constances. Mais indépendamment des eaux pluviales qui l'imbibent, la terre végétale tire encore du sous-sol, par un effet de capil- larité, une portion de l'eau qu'elle livre ensuite aux plantes. Cet effet d'aspiration se produit dans tous les sols, mais avec des in- tensités variables. Pour mesurer ces variations M. Meister a em- ployé deux méthodes différentes: dans l'une il déterminait lac- croissement de poids éprouvé par une quantité déterminée de terre absorbant l'eau par sa partie inférieure ; et, dans l'autre, il mesu- rait la hauteur à laquelle l'eau peut s'élever dans ces circonstan- ces. L'auteur a reconnu que la terre des marais gagne 219 parties d'eau tandis que le terrain sablonneux n'en absorbe que 88; en outre dans l'espace de vingt et une heures, l'eau a pu s'élever à 0m,90 dans une terre riche en humus, et seulement à 0m,22 dans un sol crayeux. M. Meister a également examiné le pouvoir absorbant du sol pour la vapeur d'eau répandue dans l'air. Voici les curieux résul- tats auxquels il est parvenu: « La faculté d'absorber l'humidité de l'air peut s'étudier en exposant un poids déterminé de matiére au contact d'un air saturé d'humidité renfermé dans une cloche. Mais ces conditions sont trop loin de celles qui se réalisent dans la nature pour qu'on puisse en tirer des résultats réellement utiles. Un procédé plus rationnel consiste à exposer à l'humidité atmosphérique les diffé- rents échantillons renfermés dans des tubes pendant un laps de temps parfaitement déterminé. En opérant de cette maniére M. Meister a trouvé que de la terre grasse contenant 36 parties (4) D'aprés un extrait publié dans le Journal d'agricullure pratique, nouvelle période, 1861, p. 142 et suivantes. 148 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU de sable et 15 parties de matières organiques, absorbait 572 grains par pied carré en trois nuits de la fin de juin. Le terrain sablon- neux de Nuremberg n’en absorbe que 69, et du sable quartzeux mélangé de mica, moins encore, 34 seulement. » 572 grains par pied carré donnent environ 2 à 3 tonnes métri- ques par hectare, 34 grains donnent 2 hectolitres. Quelle prodi- gieuse quantité d'humidité est donc soutirée chaque nuit de l'at- mosphère par la surface d'un vaste pays dont la puissance absor- bante varierait entre ces deux termes extrémes. En novembre la précipitation est encore plus abondante, une seule nuit a donné 392 grains par pied carré de sol gypseux, 314 pour la méme sur- face de terre grasse, 327 pour la terre des marais.» Enfin, pour compléter ses recherches, le méme auteur a mesuré la force avec laquelle les différents sols retiennent l'eau. De la terre des marais, exposée à la lumière diffuse, ne perdait que 3^ pour 100 de son eau, pendant que la terre sablonneuse en perdait 73 pour 100. Comme on le voit, la nature du sol influe d'une maniére aussi sensible sur la facilité de déperdition que sur sa puissance d'absorption de l'eau. 8 2. — Recherches nouvelles. Ces faits et beaucoup d'autres que je pourrais citer, montrent l'extréme importance du rôle que le sol, par sa nature spéciale, remplit dans l'acte important de l'approvisionnement d'eau des plantes. Mais si l'on est d'accord sur ce point, les opinions que je viens de rapporter montrent aussi combien on diffère de maniére de voir, quand il s'agit de savoir sous quelle forme l'eau du sol s'introduit dans le végétal. Est-ce uniquement et exclusivement sous forme liquide ? ou bien sous forme de vapeur ? ou entin, et selon les cas, tantôt à l’état liquide et tantôt à l’état de vapeur ? C'est là une question fort délicate et fort complexe; et en pré- sence des conclusions contradictoires, des divergences d'opinions, des suggestions hypothétiques et des doutes formulés par les expé- rimentateurs, il est prudent, avant de se pron 3 oncer, de multiplier et de varier encore les expériences. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 149 Ce sont ces considérations qui me déterminent à rapporter ici les recherches, fort incomplétes du reste, que j'ai faites sur ce sujet, et que je reproduis simplement ici à titre de documents pour une solution ultérieure définitive. Mais avant tout, je désire aller au-devant des objections et des restrictions que l'on pourrait opposer à mes expériences; et pour cela je vais bien préciser les conditions dans lesquelles je me suis placé. En physiologie, un fait n'a de valeur que dans les circonstances oü ils'est produit ; hors de ses limites naturelles il n'a plus du tout la méme signification. C'est là un principe tellement évident qu'il semble inutile de le rappeler; et cependant, dans maintes circonstances, nous sommes involontairement tentés de tirer d'un fait des conclusions beaucoup plus générales qu'il ne con- vient. - C'est une faute que l’on commet plus fréquemment en physiolo- gie végétale qu'en physiologie animale; et pourtant c'est surtout dans la premiére de ces deux sciences que cette erreur peut avoir de graves conséquences. La plante en effet, par suite de son individualisme multiple et par l'absence d'appareil propre à liquéfier préalablement les matières alimentaires, est sous une étroite dépendance des agents exté- rieurs. Dés lors, sous peine de mort, elle doit pouvoir et peut en effet, bien plus aisément que ne le fait l'animal, modifier le jeu de son organisme de manière à le maintenir dans une parfaite harmonie avec les conditions extérieures. C'est ce qui explique les résultats très-différents que l'on peut obtenir dans un méme ordre d'expériences exéculées cependant sur les mémes végétaux, quand on fait varier les circonstances ex- térieures. Aussi le caractère essentiel de l'expérimentation réelle- ment physiologique est, dans l'étude d'un acte vital, de chercher à réunir une suite de déterminations exécutées au milieu de con- ditions graduellement modifiées pour se rapprocher de plus en plus des conditions normales, des conditions naturelles. En procé- dant ainsi d'un cas simple mais artificiel, au cas complexe mais réel, on a plus de chances d'arriver à déméler la vérité. 150 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU A ce point de vue, le phénoméne dont je vais parler est plus éloigné du phénoméne naturel ou spontané analogue, que ne l'est celui provoqué par l'expérimentation de M. Duchartre sur la végé- tation des plantes épiphytes; et cela pour deux motifs. En premier lieu, M. Duchartre a opéré sur des plantes aériennes par excellence, sur des épiphytes ; tandis que j'ai choisi des plantes essentiellement terrestres, des pieds de blé dont je changeais ainsi brusquement les habitudes spécifiques en les forçant de vivre en- racinées non plus dans le sol, mais dans l'atmosphére, si l'on peut parler ainsi. x En second lieu, le blé de mes expériences avait germé au fond d'un cristallisoir de verre contenant assez d'eau pour mouiller suf- _fisamment les grains sans les submerger. En sorte que le système radiculaire appelé brusquement à exercer son pouvoir absorbant dans l'air, s'était développé dans l'eau, c’est-à-dire dans un milieu fort différent à la fois et de l'atmosphére et du sol proprement dit, Ainsi, j'ai expérimenté sur des racines aquatiques, pendant qu'il aurait fallu prendre des racines aériennes ou tout au moins, en respectant un peu plus les conditions normales de la végétation, des racines souterraines. J'insiste heaucoup sur cette distinction que je crois trés-impor- tante ; trop d'expérimentateurs la négligent dans leurs recherches. L'observation attentive et suivie des divers actes de la végétation m'a prouvé qu'on était bien loin de connaître tous les modes d'in- fluence que la nature du milieu exerce sur l'ensemble des carac- tères d'un organe. D'ailleurs depuis que ces recherches sont terminées, j'ai appris qu'un savant botaniste, M. Julius Sachs, avait signalé dans un mé- moire spécial les faits que j'avais moi-méme observés; et je me félicite de partager l'opinion d'un observateur aussi habile. Voici l'une des conclusions du savant allemand, c'est identiquement celle que me donnaient mes expériences et mes observations (1). « Les racines ont la faculté de s'accommoder au milieu dans le: (1) Julius Sachs, sur la Culture dans l'eau des plantes terrestres, 4860, analysé par le Bulletin de la Société botanique de France, t. VIL, 1860, p. 283 et suiv. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 151 quel elles croissent et de se développer de telle sorte qu'elles puis- sentremplir leurs fonctions sans entraves uniquement dans ce milieu. Celles qui se sont produites dans la terre ne peuvent plus végeter dans l'eau; elles ne tardent pas à y périr, et elles sont remplacées par d'autres qui, produites dans ce liquide, peuvent y végéter pendant longtemps. Il en est de méme pour les racines for- mées dans l'eau et que l'on transporte ensuite dans la terre. Il ré- sulte de là que toutes les expériences qu'on fait avec des plantes qui sont mises dans l'eau aprés avoir été arrachées de la terre où elles végétaient, ne sont pas concluantes; pour qu'elles le soient, il faut que les plantes soient élevées dans l'eau dès l'origine. Il faut ajouter l'impossibilité d'arracher des racines sans en rompre, et la difference compléte qui existe entre des racines rompues et celles qui sont entières, » Ceci n'expliquerait-il boipf l'effet funeste de l'eau stagnante sur les racines? Les agriculteurs savent que dans les terrains forte- ment argileux, les flaques d'eau souterraines altérent, désorga- nisent, pourrissent les racines qui viennent y tremper momenta- nément. Au contraire, le fait si connu de la formation de ces masses de chevelue dites queues de renard, à l'intérieur des conduits d'eau dans lesquels les racines parviennent accidentellement à péné- trer, montrent que ces organes peuvent vivre et méme s'acceroitre et se multiplier bien qu'entiérement submergés. Dans le premier -cas la racine était une racine souterraine, aussi est-elle morte dés qu'on a voulu la changer de milieu pour la faire vivre dans l'eau. Dans le second cas, au contraire, l'organe submergé est né là méme où il était appelé à végéter, son organisation a dû se conformer aux exigences de son milieu natal, et dés lors rien ne net son existence. Quoi qu'il en soit et ces réserves faites, voici la disposition que j'ai adoptée. L'appareil se compose d'un flaeon de verre ordinaire, et à large goulot, fermé par un bouchon de liége. On avait préparé une mince plaque de liége, dont le diamètre était assez petit pour qu'elle pût passer à travers le goulot du flacon, et dont la circon- férence portait un certain nombre d'entailles au fond desquelles on pouvait fixer les grains en germination. 152 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU Il s'agissait ensuite de suspendre la plaque de liége dans l'inté- rieur du flacon, en s'arrangeant de manière à pouvoir aisément faire varier sa distance au fond du récipient. Dans ce but, des bouts de fil, passés à travers la plaque de liége et arrêtés à sa face inférieure par un simple nœud, traversaient le bouchon de liége du flacon, "auquel ils se maintenaient ensuite par le seul effet du frottement. Par cette disposition trés-simple, il suffit de tirer successivement sur chacun des fils pour faire monter la plaque de liége au niveau désiré, tout en la maintenant horizontale. Enfin le bouchon du flacon portait deux tuhes de verre respectivement ouverts à leurs deux extrémités, dont l'un était spécialement affecté à l'approvi- sionnement d'eau; et tous deux conjointement servaient en outre à renouveler facilement l'air dans l'intérieur de l'appareil. Voici maintenant les détails des expériences. N° 43. — Le lundi 4 avril 1864, à midi, on dispose sur la pla- que de liége de l'un des appareils que je viens de décrire quatre grains de blé pris dans un eristallisoir, où ils germaient à l'aide d'un peu d'eau. Au moment où l'on met ces grains en expé- rience , la tigelle n'est point encore sortie de la gaine ou cotylédon, et l'appareil radiculaire se réduit à trois racines. On verse de l'eau dans le flacon, de manière que son niveau soit à 3 centimètres environ de la plaque de liége; quant aux racines, aucune ne touche l'eau, mais leur extrémité libre en est trós- rapprochée. En(in, l'appareil est placé dans une pièce éclairée, mais de facon toutefois à n'être point directement fra ppé par les rayons du soleil. N° AA. — C'est la contre-épreuve de l'expérience précédente. Le mardi 5 avril 1864, à trois heures, on monte un appareil identique avec le précédent; sauf que, dans ce dernier, le liége flottant sur l’eau du flacon, les racines sont toujours et tota- lement submergées. Il est bon de remarquer en outre que les grains de blé employés dans les deux appareils, faisaient partie de la même germination, et présentaient sensiblement le même dé- veloppement. Résumons maintenant les principales observations fournies par ces deux expériences simultanées. DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 153 Le mercredi 6 avril, à huit heures du matin, chacune des tigelles du flacon n° 44 porte une gouttelette d’eau à sa pointe terminale ; aucune plante du flacon n° 43 n'offre cette particularité. Je ne veux point m'occuper ici du mécanisme de l'apparition des gouttelettes d'eau à la pointe de la premiére feuille de chacune des plantes du flacon n° 44. Ce phénomène si curieux s'observe communément dans le blé, l'orge, le seigle, le mais et plusieurs autres graminées; il a été, d'ailleurs, l'objet des observations et des études de plusieurs botanistes. J'ai moi-même consacré beau- coup de temps à cet objet, et je me propose d'en parler dans une autre circonstance. Mais il est pourtant une particularité de ce singulier phénoméne que je veux faire remarquer ici, car elle se rattache étroitement au sujet que je traite en ce moment. On sait, depuis Mussenbroeck, que ces gouttelettes d'eau ne proviennent point d'un dépót de rosée ; puisque, comme cet habile physicien l'a fait observer le premier, Je phénomène se manifeste également chez les plantes abritées dans l'intérieur des serres et des appartements. C'est donc un résultat direct de l'action vitale; c’est un acte physiologique lié bien manifestement au degré d'énergie de l'absorption. J'ajouterai, pour ne rien omettre des conditions essentielles du phénomène que Bénédict Prévost et, aprés lui mais beaucoup plus tard, en 1851, M. Gasparini (1) ont annoncé, ce qu'il est trés-aisé à chacun de vérifier, que cette excrétion aqueuse cesse aprés le complet développement des pre- miéres feuilles. Eu s'appuyant sur ces notions, il semble naturel d'attribuer les différences d'effet signalées plus haut entre les plantes des deux flacons, à une inégalité dans l'activité de l'absorption. Les plantes du n° 44 ont dà beaucoup absorber, leurs racines étant submer- gées; tandis que les racines des plantes du n° 43, uniquement plongées dans l'air humide, n'ont dà absorber que peu ou point. Cette conclusion s'aecorde avec cette loi, que j'ai maintes fois vérifiée, à savoir, que les gouttelettes sont d'autant plus grosses que la terre est plus humide. Je dis dans la terre humide, mais non pas /4) Membre de l'Académie Pontana. ` 454 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU dans l'eau ; car, dans ce dernier milieu, les phénomènes sont bien loin de présenter le caractère de simplicité qu'ils possèdent dans les végétations normales, Dans une végétation en sol ordinaire, en effet, après un copieux arrosage, on voit bientôt de grosses gouttes se montrer à la pointé de chacune des tiges. Enlève-t-on ce liquide, une nouvelle goutte se forme rapidement ; et l'on peut renouveler plusieurs fois l'expérience et obtenir le méme résultat. Mais les gouttes d'eau qui apparaissent successivement sur la méme feuille diminuent peu à, peu de volume, se forment de plus en plus lentement et difficilement. Ainsi, sans aucun doute, il existe une étroite connexion entre l'apparition des gouttelettes d'eau et l'activité de l'absorption radiculaire. Le vendredi 8 avril, à huit heures du matin, voici quelle était la situation de chacun des deux flacons : Dans le flacon n° AA, la végétation est belle et vigoureuse; la première feuille est déjà sortie du cotylédon, mais elle est encore enroulée sur elle-méme; sur les quatre plantes, une grosse goutte d'eau se montre à la pointe de cette feuille. Dans le flacon n° A3, au contraire, la végétation est languissante; sur une seule des quatre plantes, la première feuille est sortie du cotylédon, mais aucune des quatre tigelles ne porte de goutte d'eau. J'ajouterai une remarque importante au point de vue du róle que remplit l'eau dans l'économie générale de la plante. Comme je l'ai dit plus haut, les huit pieds de blé provenaient d'un semis fait dans l'eau d'un cristallisoir. Or, ayant eu la précaution de laisser ce vase à côté des flacons n° A3 et AA, j'avais ainsi des plantes de même espèce et de même âge, vivant dans des conditions diffé- rentes, qu'il était facile de déterminer. Dans les deux appareils, les plantes végétaient au milieu d'une atmosphére chargée d'humi- dité; dans le cristallisoir, au contraire, elles se développaient à Vair libre. Eh bien, sous le rapport de leur vigueur de végétation, les plantes du cristallisoir étaient intermédiaires entre celles des deux flacons; et, de plus, on ne voyait que sur quelques-unes d'entre elles seulement, quelques gouttelettes beaucoup plus petites que celles que portaient les plantes du n* A4. Ces deux différences s'expliquent aisément. Celle qui a rapport DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 155 à la vigueur du plant est une conséquence directe du mode de nutrition des plantes phanérogames, pendant leur période de ger- mination. Ailleurs, je me suis longuement étendu sur ce sujet, que je crois avoir suffisamment développé. Enfin, quant à la différence entre le nombre et la grosseur des gouttes d'eau, l'infériorité sous . ce rapport des plantes tenues à l'air libre, montre bien manifes- tement, ce me semble, l'influence qu'un air saturé d'humidité doit exercer sur le moment d'apparition et la grandeur de ces gouttes. Je poursuis maintenant l'examen des partieularités de végétation offertes par les plantes du flacon n° 43. Le samedi 9 avril, la végétation était de plus en plus languis- sante et ne faisait plus aucun progrés sensible. Chaque spongiole était jaunâtre et tranchait ainsi trés-nettement sur la colora- tion blanche du corps de la radicelle. Les jeunes tiges offraient, en outre, des traces manifestes de décoloration, et leur teinte vert pâle indiquait. clairement leur état de souffrance ; d'ailleurs, aucune d'entre elles n'avait de gouttelette d'eau à sa pointe. Dans ces circonstances on crut le moment favorable pour faire la contre-épreuve. On tira donc les fils de maniére à maintenir la plaque de liége assez prés de la surface du liquide, pour que cha- cune des radicelles püt plonger son extrémité libro, sur une lon- gueur de 4 centimètre environ, dans l'eau du flacon. Dés le lundi 44 avril, à huit heures du matin, les effets de ce changement dans la situation des plantes étaient des plus mani- festes, Les tissus étaient redevenus verts, les spongioles avaient perdu leur coloration jaunâtre et maladive pour reprendre leur couleur blanche naturelle; et, enfin, la pointe de chaque tigelle portait une gouttelette d'eau. Les conclusions qui ressortent de ces faits sont maintenant fa- ciles à tirer. Dans ce cas, il est de toute évidence que l'absorption . de la vapeur d'eau par l'appareil radiculaire a été tout à fait insuf- ` fisante pour entretenir le jeu régulier des organes. Et qu'on ne vienne. pas objecter à cette conclusion que le blé du flacon n° A3 étant plongé complétement, tiges et racines, dans une atmosphére saturée d'humidité et ne se renouvelant que trés-difficilement, la transpiration par les feuilles et par suite les mouvements du liquide ^ 1 T 156 ÉTUDES SUR LE RÓLE PHYSIQUE DE L'EAU nutritifdevaient se trouver notablement ralentis.Que par conséquent, comme l'absorption et l'évaporation sont deux actes solidaires, ce qui nuisait à l’un devait entraver l’accomplissement de S Cette objection n'aurait ici aucune valeur, puisque les parties aé- riennes des plantes du n° 44 se sont trouvées dans les mêmes con- ditions, et cependant, non-seulement leur végétation a suivi son cours régulier, mais encore elle a été plus vigoureuse qu'à l'air libre. Ainsi, sans aucun doute, l'absorption de la vapeur d'eau, en ad- mettant qu'elle eût lieu, est toujours restée insuffisante pour satis- faire tous les besoins du végétal. Et pourtant, pendant la période de germination, la plante n'exige qu'une trés-faible quantité d'eau , bien moins grande, toutes proportions gardées, que celle qui lui est indispensable quand elle est adulte. Qu'on mette en effet une graine dans un flacon hermétiquement bouché; aprés lui avoir fourni toutefois toute l'eau nécessaire à sa compléte imbibition ; ce qui est une condition préliminaire indispensable et sans laquelle il n'est point de germination possible. Il suffira désormais que la ra- dicule baigne partiellement dans quelques gouttes d'eau pour que l'évolution du germe se produise. C'est qu'en effet, dans cette phase de son existence, l'embryon se nourrit surtout aux dépens des matériaux déposés dans l'albu- men et les cotylédons. Or ces substances ne sont point ordinaire- ment séparées par des membranes spéciales, par des épidermes, des tissus à nourrir; ou tout au moins quand ces barrières existent, elles sont alors si faibles, qu'on peut dire avec vérité que, pendant cette période de la vie végétale, tous les tissus sont eux-mêmes des spongioles. Par conséquent ces matiéres, une fois élaborées par des agents extérieurs, peuvent aisément circuler méme à l'état de dissolution concentrée; et par suite sous un faible volume relatif fournir, à chaque tissu, une proportion trés-notable de principes alibiles. D'ailleurs, la masse totale de l'organisme est alors rela- tivement si faible, que la consommation alimentaire doit étre bien peu de chose. Pour ce double motif, la quantité d’ comme véhicule des éléments réparateurs , temps de la germination, eau employée durant les premiers doit étre bien petite; et malgré eela, nous DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 157 venons de voir que l'absorption de la vapeur d'eau est incapable à elle seule de suffire à l'approvisionnement de la plante. Je rapporterai, en terminant, une observation qui est d'accord avec les conclusions que je viens de tirer de l'expérience précé- dente. Dans une série de recherches qui fait le sujet d'un autre travail, les plantes en végétation plongeaient par leurs racines dans l'eau d'un flacon de verre dont le bouchon servait en méme temps à les maintenir dans celte position. Par l'effet du travail physiologique d'exhalation de la partie aé- rienne, l'eau baissait peu à peu dans le flacon, et l'on était de temps à autre forcé d'en ajouter de nouvelles quantités. Dés lors, et au. seul point de vue de leurs relations avec l'eau, on pouvait répartir en plusieurs catégories les différentes radicelles d'un meme pied. Les unes, et c'était le plus grand nombre, grâce à leur longueur, plongeaient toujours dans l'eau, au moins par leur ex- trémité. Dans ce cas, la spongiole se conservait intacte, l'absorp- tion suivait son cours ordinaire et la vitalité des radicelles persis- tait pendant toute la durée de l'expérience. Les autres, beaucoup trop courtes, restaient hors de l'eau pendant un certain temps; et bientôt se présentait l'une des deux particularités suivantes. Ou bien la partie terminale de la radicelle avait pu atteindre la paroi du fla- con avant que la baisse de l'eau n'eùt fait émerger la spongiole tout entière ; ou bien la radicelle, par l'effet de sa position, restait dans l'air sans toucher les parois. Dans le premier cas, la spon- giole gardait son intégrité, la radicelle son activité; et quand on la submergeait de nouveau, elle continuait à s'allonger et à se rami- fier. Dans le deuxième cas au contraire, la spongiole s'altérait; peu à peu cette altération gagnait les tissus voisins jusqu'à une certaine hauteur; en sorte qu'une portion de l'extrémité radiculaire se mortifiait. Aussi lorsqu'on remplissait de nouveau le flacon, la ra- dicelle ainsi tronquée et mutilée continuait bien de se ramifier, mais ne prenait aucun accroissement en longueur. Pourquoi cette différence? En examinant le flacon on reconnait que toutes les pointes de radicelles qui s'appuient sur le verre con- servent toujours une goutte d'eau retenue là, malgré la pesanteur 158 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU par les attractions mutuelles du verre, du liquide et de la racine. Quant au liquide, il provient lui-même de la vapeur d’eau périodi- quement condensée sur la paroi, à chaque refroïdissement noc- turne. On s’explique maintenant la conservation de la pointe de la radicelle dans un cas, et sa destruction dans l’autre. Quand la spongiole reste baignée par l'eau, les conditions ordinaires de son existence n'ont point changé, son allongement peut et doit donc continuer. Mais quand au contraire la spongiole n'est plus entourée que par l'air humide, alors les conditions de son développement changent; et ce brusque changement entraine la mort et par con- séquent l'atrophie de la portion la plus délicate de la spongiole. Je terminerai cette étude en rappelant une particularité bien connue de la végétation des plantes bulbeuses , qui ne suffit point à elle seule pour établir la non-absorption de la vapeur d'eau par les racines des plantes terrestres , mais qui vient ajouter une pro- babilité nouvelle en faveur de cette opinion. Quand on pose la base du plateau d'un bulbe quelconque, d'un bulbe de jacinthe par exemple, à la surface de l'eau, on en voit, au bout de quelques jours, sortir quantité de radicelles qui pendent attachées à la périphérie de l'organe, sur l'espéce de bourrelet cir- culaire qui le circonscrit latéralement. Mais si l'on renverse l'oignon de maniére à plonger uniquement sa pointe ou bourgeon terminal dans l'eau, le corps entier du bulbe restant à l'àir, les racines ou ne se développent point ou restent de simples protubérances mame- lonnées. Dira-t-on que dans ce cas la partie feuillée demeurant sub- mergée, l'absorption aqueuse doit alors se faire par cette région et l'absorption gazeuse par le corps du bulbe? Peut-on affirmer qu’en renversant ainsi les conditions ordinaires de la végétation, chan- geant le milieu naturel des Organes, forçant la tige à vivre comme une racine et la racine commej;une tige, on oblige par cela les orga- nes à changer aussitót la nature de leurs fonctions pour qu'ils puis- sent rester en parfaite harmonie avec le milieu environnant? Ce phénoméne serait donc une conséquence du principe de l'adaptation des fonctions aux milieux habités par les organes. En supposant, ce qui n'est pas d'ailleurs, cette loi générale et applicable en DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 159 toutes circonstances, il ressort déjà de l'expérience précédente que, en temps ordinaire, les racines ne doivent préter aux parties aériennes qu'un faibleconcours pour l'absorption des gaz, puisque ces organes ne se sont point développés dans le cas où elles au- raient été pour la plante d'un si grand secours, s'ils étaient réel- lement des agents de l'absorption gazeuse. Mais il est une troisiéme observation qui jette un nouveau jour sur la question. On sait qu'au printemps les plantes bulbeuses déposées sur les tablettes d'une armoire, entrent néanmoins en végétation, lan- guissent quelque temps, puis retombent en léthargie. Or, dans ce cas, on ne voit point de racines se former; et cependant c'est sur- tout dans ces circonstances que la végétation des racines devrait se manifester et surtout l'emporter sur celle du bourgeon terminal, si les racines étaient réellement capables d'absorber l'humidité atmosphérique. Car toutes les fois qu'une substance destinée à pénétrer dans l'organisme se raréfie dans le milieu qui la contient, nous voyons l'organe plus spécialement chargé de l'absorber se modifier de maniére à multiplier ses points de contact avec cette substance. La feuille, l'organe par excellence de l'absorption aérienne, nous en fournit une preuve convaincante. Petite, rabou- grie, écailleuse quand elle est souterraine; souvent réduite à ses nervures principales quand elle est aquatique; son parenchyme se développe en abondance dés qu'elle devient aérienne. La racine, l'organe d'absorption des liquides, subit des variations de méme ordre. A mesure que le fluide nourricier qui lui parvient s'appau- vrit, le chevelu se multiplie ; et dans l'eau courante, un des liquides les plus pauvres en matières étrangères, il atteint son maximum de développement. Tel est, je crois, le principal motif de cette hypertrophie singuliére des racines si connues sous le nom de queues de renard. Or j'ai répété plusieurs fois la dernière expé- rience, elle m'a toujours donné le méme résultat : jamais je n'ai vu l'oignon simplement posé sur le bois ou la pierre nus émettre des racines. J'ai, par exemple, conservé pendant plusieurs années des caieux de tulipe dans un tiroir toujours maintenu fermé. Chaque printemps les caieux donnaient une pousse étiolée de 1 à 2 centi- 160 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU mètres de longueur, puis s'arrétaient pour recommencer l'année suivante ; mais jamais ils n'ont donné de racines. Or, je le répète, si la racine pouvait absorber directement la vapeur d'eau, il semble qu'elle aurait dà subir, dans ces derniéres circonstances, des mo- difications propres à étendre sa surface libre pour augmenter par ce moyen sa puissance d'absorption. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. I. — Dans le blé et les fèves en germination, les racines qui ont pris naissance el ont d'abord vécu dans l'eau, ne sauraient puiser dans l'air, méme saturé d'humidité, assez de vapeur d'eau pour entretenir la végétation. Il. — L'interprétation rationnelle de la monstruosité végétale connue sous le nom de queue de renard, ainsi que les particularités offertes dans le développement incomplet des plantes bulbeuses que l'on prive d'eau, conduit à la méme conclusion. La racine est par excellence l'organe d'absorption des substances liquides. DEUXIÈME SECTION DE LA PERMÉABILLITÉ DE LA RACINE.POUR L'EAU. Cette question comprend deux sujets bien distincts : l'étude de la sortie des liquides contenus dans les tissus ou excrétion radi- - culaire, et celle de la pénétration dans l'orga à nisme des liquides étrangers où absorption radiculaire. DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 161 CHAPITRE PREMIER EXCRÉTION RADICULAIRE. Je n'ai pas l'intention de faire ici l'histoire des opinions succes- sivement émises au sujet des excrélions radiculaires ; encore moins de prendre parti dans le débat et de proposer une nouvelle théorie. Tous les points principaux de cet intéressant sujet se trouvent con- signés et discutés avec beaucoup de soin dans la thèse inaugurale de M. Cauvet. Je désire simplement rapporter ici quelques faits dus à mes observations personnelles et susceptibles de jeter un peu de jour sur la question. Dans mes longues recherches sur le rôle physique de l’eau dans la végétation, j'ai été amené à faire plusieurs remarques utiles pour cette partie de la physiologie des plantes. Depuis qu'Ewards et Colin, MM. Becquerel et Matteuci, ete., ont montré que les graines de céréales dégagent de l'acide acétique pendant la germination ; un certain nombre d'expérimentateurs ont puisé dans cette particularité l'idée d'une méthode d'investigation qui a bientót été appliquée, avec des variantes diverses, à un assez grand nombre de végétaux, dans le but d'étudier l'exerétion radi- culaire. Cette méthode consiste à faire germer les graines : soit dans une petite quantité de teinture bleue de tournesol, soit mieux sur des fragments de papier bleuis par le tournesol et maintenus constamment humides. J'ai employé ce procédé pendant le printemps de 1860. J'opérais sur de la graine de lin. Je rapporterai seulement deux séries d'ex- périences, car elles ont toutes présenté les mémes particularités. PREMIERE SÉRIE. PROCÉDÉ EXPÉRIMENTAL. — Au fond d'un verre à boire ordinaire on place du coton, au-dessus des découpures de papier coloré en bleu par le tournesol, puis les graines de lin que l'on recouvre de vi. 11 162 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU nouvelles découpures. Par des arrosages à l’eau distillée, on entre- tient autour des graines l'humidité nécessaire à leur germination. Expérience N° 1. — Le9 avril 1860, à quatre heures de l'après- midi, on place ainsi des graines de lin sur du papier bleu de tourne- sol, A côté est un second verre, chargé comme le précédent, mais ne contenant. point de graines; il est destinéà servir de terme de comparaison. Le 17 avril, à cinq heures de l'aprés-midi, les plantes sont en pleine germination, et le papier a rougi précisément dans ses points de contact avec les racines. La coloration du papier de l'autre verre n'a pas sensiblement changé de nuance. EXPÉRIENCE N° 2. — Comparativement avec l'expérience préce- dente, on fait un essai de germination sur du papier de tournesol rougi. La couleur n'ayant pas changé, on en conclut qu'il y a forma- tion et expulsion d'une substance acide pendant la germination des graines dans l'air. Mais la constatation de ce fait n'est pas la preuve de l'existence d'une véritable excrétion. Sans doute ces graines sont dépourvues d'albumen, mais on peut attribuer cette matière acide à l'altération de leurs enveloppes. Cependant je répondrai à cette objection que l'on pouvait suivre le trajet des racines, par la trace rougeâtre qu'elles avaient laissée sur le papier. Quoi qu'il en soit, et que l'on admette apres cela l'excrétion ra- diculaire, ou qu'on la repousse ; que l'on explique les résultats de cette dernière expérience par l'action d'un liquide exsudé de la racine ou par l'effet d'une décomposition des enveloppes séminales ; j'ajouterai que dans tous les cas, rien ne prouve que le fait soit général et que daus toutes les germinations, il y ait toujours appa- rition à l'extérieur d'un liquide acide. Car la dernière observation porte sur une graine essentiellement oléagineuse, dont la matière grasse a dù s'acidifier trés-promptement au contact de l'air ; et cette transformation peut trés-certainement se produire sans le con- cours de l'influence vitale. , DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 163 DEUXIÈME SÉRIE. ` On remplit le fond d’un grand cristallisoir de verre avec du co- ton ; au-dessus on étend une feuille de papier bleuie par le tour- nesol et percée de trous, sur laquelle on dispose des graines de lin ; puis on recouvre le tout d'un second lit de cpton, et l'on arrose avec de l'eau distillée. A cóté onplace un vase témoin devant fonc- tionner à blanc. L'expérience commence le 17 avril 1860, à six heures du soir. Le 19 avril, à six heures du soir, les radicules ne se montrent point encore ; mais le papier a rougi dans les points où se trouvent les graines. Ce fait vient appuyer l'opinion qui regarderait là matiére acide comme issue des enveloppes séminales et non point de l'embryon. Le 21 avril, à cinq heures et demie du soir, les radieules sont alors sorties et ont en moyenne la longueur du grain; mais linten- sité de la coloration rouge que l'on observe autour des grains ne parait pas avoir augmenté depuis la dernière observation. Plusieurs expérimentateurs ont appliqué cette méthode d'inves- ligation à des plantes adultes, et ils opéraient dans ce cas de la manière suivante : La planie était arrachée du sol, ses racines lavées avec soin et débarrassées de la terre, puis on les plongeait dans la teinture de tournesol. Pendant l'année 1859 j'ai répété cette expérience sur des plantes de différentes espèces. Expérience n° 48, — Le 14 mai, à trois heures aprés midi, on prépare, comme il vient d’être dit, deux pieds de Senecio vulgaris, puis on suspend chacun d'eux de façon que les racines de l'un, n° 48 a, plongent dans la teinture bleue de tournesol, et celles de l'autre, n° 48 4, dans de la teinture rougie. Deux verres contenant des échantillons des deux liquides sont placés à cóté, afin d'agir par comparaison. Le lendemain, 42 mai, à quatre heures et demie de l'aprés-midi, on examine les plantes : 48-a, sujet bien portant, liquide d'un 161 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU rouge vineux ; donc les racines du sénecon ont donné une matière acide ; car le changement de couleur, surtout quand il est produit si promptement etsur une aussi grande quantité de liquide, par une plante d'ailleurs parfaitement saine, ne saurait étre regardé comme un effet de putréfaction. 18-5 : la dissolution, hier d'un rouge vineux, est maintenant d'un rouge pelure d'oignon, ce qui confirme le résultat précédent. On laisse les deux plantes dans la teinture de tournesol, jusqu'au 7 mai, etla coloration rouge persiste. ExPÉRIENCE N° 24. — Le 13 mai, à trois heures et demie de l'aprés-midi, on met en expérience deux pieds femelles de Mercu- rialis annua, plongeant, par leurs racines, dans de la teinture bleue de tournesol. EXPÉRIENCE N° 25. — Le méme jour, à quatre heures de l'après- midi, on dispose de la méme manière deux pieds de Sonchus oleraceus et un pied d' Euphorbia helioscopia. Le lendemain, 14 mai, les plantes sont en trés-bon état, et la teinture de tournesol a fortement rougi. En outre, cette coloration se conserve la méme durant les jours qui suivent. Ainsi les résultats sont identiques, toujours il y à apparition d'une substance manifestement acide; et l'on ne saurait attribuer cet effet à l'aeide carbonique exhalé par l'organe submergé, car la teinture rougie par le séjour d'une racine n'est point ramenée au bleu par l'ébullition. Le fait est donc constant, reste maintenant à l'interpréter. Au premier abord, on serait porté à l'attribuer à une excrétion, et à voir méme dans cette simple expérience une démonstration satisfaisante de l'existence de cette dernière. Mais si l'on réfléchit que des rameaux détachés, comme ceux de lilas , de sureau, rougissent également la teinture de tournesol dans laquelle ils plongent par leur bout coupé, on penchera pour une autre explica- üon. Ün sera porté à voir, dans le changement de couleur, l'ac- tion de la séve, toujours acide dans le végétal sain, et extravasée par les plaies nombreuses faites aux racines de l'arrachage. J par l'opération méme )n1 HE . i , ai voulu soumettre cette manière de voir au contróle de l'expé- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 165 rience en trempant, dans la teinture de tournesol, les racines rigoureusement intactes d'une plante adulte ; et les faits sont venus confirmer mes prévisions. Pour satisfaire à la condition fondamentale de l'expérience, un moyen simple s'offrait à l'esprit : opérer sur des plantes ayant germé dans l'eau et vivant depuis lors les racines constamment submergées. Le 29 août 1864, à trois heures de l'après-midi, on suspendit un pied de fève de manière que, restant vertical, ses racines piongeaient entièrement dans de la teinture bleue de tournesol. La plante provenait d'une graine ayant germé dans l'eau et pos- sédait, au début de l'expérience, quatre feuilles séparées et dis- tinctes du bourgeon terminal. Elle resta exposée, pendant toute la durée de l'observation, derriére une fenétre oü elle pouvait rece- voir les rayons du soleil pendant la seconde moitié de la journée. Or jamais la teinture de tournesol n'éprouva le moindre change- ment de coloration. La plante continua de vivre et de se déve- lopper pendant un certain temps, puis elle mourut sans avoir fleuri ; alors les portions immergées se putréfièrent, et néanmoins la teinture de tournesol conserva sa coloration primitive. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS, Pendant la germination des graines de lin, il y a production et apparition hors de la graine d'une matiére acide; toutefois les expériences rapportées dans ce chapitre ne sauraient suffire pour décider si ce produit est le résultat d'une véritable excrétion, ou simplement l'effet d'une altération éprouvée par quelque portion de la graine. Les racines de pieds de fèves adultes, élevés dans l'eau, n'ex- crètent point de matières acides ; au moins en quantité suffisante pour colorer la teinture de tournesol dans laquelle elles plongent. Ce qui porte à penser que la coloration en rouge de la teinture » tournesol produite par les racines de certaines plantes, et présentée par divers auteurs comme une preuve de l'existence d'une excré- 166 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU tion acide, est due à ce que des radicelles blessées et partiellement déchirées laissent couler de la séve au dehors. CHAPITRE II. ABSORPTION RADICULAIRE. L'étude de l'absorption radiculaire est un sujet vaste et com- plexe qui offre bien des problémes divers à traiter. Je me suis attaché uniquement à celui-ci : quels sont les changements appor- tés à l'économie végétale par la substitution de l'eau plus ou moins chargée de matières nutritives au sol ordinaire ? Pour arriver à quelques données sur ce point, j'ai opéré com- parativement sur trois sols différents : la terre, l'eau chargée de matières nutritives et l’eau ordinaire. Dans chacun de ces genres d'éducation j'ai pu en outre modifier les conditions générales de la nutrition, en variant le mode d'exposition et le degré de lumiére; c'est-à-dire en opérant tantót à l'air libre et tantót dans une atmosphère limitée, tantôt à la lumière et tantôt à l'obscurité. Les effets obtenus dans ces diverses circonstances peuvent se répartir en deux groupes comprenant : l'un les phénomènes ext?- térieurs, apparents, physiques en un mot, portant sur des varia- tions de couleur, de consistance, de dimensions, etc.; l'autre les phénoménes plus intimes qui dépendent de la constitution méme des tissus. S 1. — Modifications extérieures de la plante dues à la nature du sol, Mes observations ont porté sur les fèves et sur le blé. Les plantes que l'on fait vivre les racines constamment sub- mergées, ont des tissus plus mous, plus délicats que les plantes de méme espéce élevées dans les conditions ordinaires. Leurs tiges sont lirées, c'est-à-dire ont les nœuds beaucou Dans les féves, p plus espacés. un grand nombre de fleurs avortent avant leur DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 167 épanouissement; et parmi celles qui s'épanouissent, bien peu nouent leurs fruits. Ces derniers, déjà en si petit nombre, parais- sent d'ailleurs ne devoir arriver que trés-difficilement à maturité. Voici du reste, comme exemple, le récit détaillé de l'une de ces éducations faites sur des féves. Préparation des expériences. N° 50. — Le 1* mai 1864, à six heures du soir, on met en germination dix graines de fèves dans de l'eau ordinaire contenue dans un grand cristallisoir de verre. Chaque graine est posée sur un petit flotteur de liége percé d'un trou central pour laisser passer la radicule. N° 51. — Le 8 mai 1864, à six heures du soir, on met également en germination et de la méme manière, une seconde série de dix fèves, Ainsi le premier semis a huit jours d'avance sur le second. Appareil de végétation. Le pot à fleurs des éducations ordinaires est ici remplacé par un grand cristallisoir de verre qui est rempli avec de l'eau ordinaire pour le n° 50, et avec de l'eau de terreau pour le n° 51. On découpe deux planches de liége de facon à leur donner un diamétre un peu plus petit que celui du cristallisoir, pour leur laisser du jeu et leur permettre de s'élever ou de s'enfoncer à volonté dans le vase. Chacune des planches est supportée par quatre gros fils de fer qui la traversent de part en part ; grâce à cette disposition, on peut soulever ou abaisser à volonté le ra- deau, en le faisant glisser le long des tiges de fer. Les frottements suffisent d'ailleurs pour l'arréter de lui-même au point précis où on l'amène. Dans chacun des deux appareils on fait en sorte que la planche de liége se maintienne à fleur d'eau. Restait maintenant à fixer les plantes. A cet effet sur le pourtour du disque de liége on pratique dix en- tailles en forme de coin ; et dans chacune d'elles on place et l'on maintient une graine avec des fils convenablement tendus, de facon que toute la masse des racines plonge toujours dans l'eau, tandis 168 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU que la tige et les cotylédons restent à l'air libre. Enfin, chaque tige est elle-méme soutenue par un fil de fer implanté dans la plaque de liége, et auquel on l'attache avec quelques brins de fil ordi- naire. : Je passe maintenant à l'examen des particularités de végétation présentées par ces deux groupes de plantes. Ayant été désireux de savoir si le développement apparent, c'est- à-dire celui qui se traduit par le nombre, les dimensions et la cou- leur des feuilles, par la grosseur et la longueur du pivot, par l'abondance ou la rareté du chevelu etc., etc., était toujours en rapport direct avec les augmentations de poids du sujet; j'ai saisi l'occasion de cette expérience pour faire quelques observations à cet égard. On a commencé par donner à chacune des dix graines du n° 50, prises d'ailleurs au hasard, un numéro d'ordre; puis on a pesé chacune d'elles : une première fois, le 4° mai, lors de leur mise en germination, et une seconde fois le 10 mai, à quatre heures du soir, avant de les placer sur le radeau. La différence entre ces deux pe- sées a donné l'accroissement total pour cette période de temps; d'où l'on a déduit par le calcul l'accroissement éprouvé par chaque gramme primitf des divers sujets. Ces déterminations ont permis de dresser le tableau suivant : NUMÉROS blu iani? ACCROISSEMENT ACCROISSEMENT d'ordre. à nent total, 1 nes gr. gn- : 3 . 1 3.312 6,115 3,803 1 645 2 2,365 8,285 5,920 2,503 3 2,185 6,337 4,452 1,900 x. 2,090 8,059 5,969 2,856 5 2,509 9,983 7,474 2,919 6 2,536 8,373 5,837 2,302 7 2,100 5,828 3,728 1,775 8 2,340 6,699 4,359 1,863 9 2,363 8,391 6,028 2,551 10 2,365 7,229 4,864 2,057 DANS LA NUTRITION DES PLANTES, 169 En disposant ces plantes de manière que les augmentations de poids décroissent de l'une à l'autre, on a : NUMÉROS ACCROISSEMENT NUMÉROS ACCROISSEMENT d'ordre. de poids. d'ordre. de poids, Me ko oo» 2,302 Turco ds 5 ROOT CHOSES CE ebb Bra sono mines not 9 le PRU 1.51 RTE 1,863 Was cs x XD CEU LE 2,503 fico uice seu em 1,775 eiui AUS aao 2/908 het qnseralot 1,645 D'autre part si on les envisage seulement sous leurs caractéres extérieurs, elles se rangent ainsi : i Les plus avancées sont les n° 5 et A, leur tige a une hauteur de 13 à Licentimètres; puis vient le n° 2 qui a sensiblement la méme hauteur, mais dont la foliation est un peu en retard. Au troisième rang se placent les n° 6 et9 dont la hauteur de tige est de 9 centi- mètres ; ensuite vient le n° 10 qui n'a plus que 4 centimètres de hauteur ; puis les n^ 3, 8, 4 dont la tigelle commence à se débar- rasser des enveloppes dela graine ; et enfin le n* 7 dont la radicule seule est sortie. . Les résultats précédents prouvent done que le développement est assez exactement proportionnel à l'augmentation de poids du sujet. Ces déterminations montrent en outre que l'augmentation de poids a varié entre des limites assez écartées et représentées par les nombres 2,502 et 1,645. Ces constatations terminées, les féves furent placées sur un ra- deau qui baignait dans de l'eau ordinaire ; et l'appareil fut posé sur le rebord d'une croisée où il pouvait recevoir les rayons du soleil pendant la première moitié de la journée. Le 27 juin, à trois heures de l'aprés-midi, on dispose les dix fèves de la seconde série sur un radeau en tout semblable au pré- cédent, mais baigné par l'eau de terreau. — 45 juin. N° 50. — Les plantes 5, 4, 9, 2, 6 sont en pleine floraison , ce qui montre que les inégalités de développement des divers sujets de ce semis se sont maintenues dans le méme sens. Aucune plante 170 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU du n° 51 ne montre de fleurs, mais tous les pieds sont plus vigou- reux que ceux de la première série. — 17 juin, quatre heures du soir. Une fleur de l'une des plantes du n° 51 est prête à s'épanouir. — 18 juin, cinq heures du soir. La floraison commence sur deux pieds du n° 54. Cette observation montre que les boutons, pourse former et s'épa- nouir, ont mis le méme temps dans les deux séries, Ainsi la qualité de l'eau ne semble modifier en rien l'époque de la floraison. A partir du 18 juin, la floraison poursuivit son cours ordinaire dans les deux séries; mais quelques gousses seulement se forme- rent, autant d'un côté que de l'autre ; chacune ne contenait d'ail - leurs qu'un nombre trés-restreint de graines, une, deux, trois tout au plus. Aprés avoir grossi pendant quelque temps, les fruits ne tardérent point à être arrêtés dans leur évolution par la mort des tiges qui se desséchérent brusquement, comme grillées par un coup de soleil. C'est là un des effets les plus ordinaires des éducations dans l'eau, soit pure, soit additionnée de diverses matières nutritives. Cette dernière, quoique donnant lieu à une végétation moins pauvre et moins chétive, ne parait point cependant suffisamment nourrissante; et dans les deux cas les tiges meurent comme grillées par le soleil, sans avoir pu mürir leurs fruits. Cependant ce n'est pas la radiation solaire qui estla cause premiére de cette mort prématurée, car des sujets de méme espèce, élevés en pots et à la méme exposition, supportent au contraire parfaitement la chaleur solaire. t Toutefois je ferai remarquer que ce n’est pas toute la plante qui meurt, c’est uniquement la tige, c'est-à-dire l'individu primaire, l'individu originairement contenu dans la graine; et il nieurt non point sous la rigueur du climat, mais bien de vieillesse, d'une vieil- lesse anticipée. Mal nourri, il n'a pu accomplir toutes les phases de son évolution, il s'est arrété au dernier acte, au plus important, à celui de la maturation des graines. Il a péri d'épuisement, mais les bourgeons auxquels il a donné naissance ont conservé leur vitalité, Aussi, dans ce genre d'expériences, quand le desséche- DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 471 ment des tiges commence, voit-on les bourgeons axillaires de la base s'épanouir alors et croître avec vigueur. Ils se nourrissent des débris laissés par le pied-mère, auxquels ils ajoutent les ma- tériaux qu'ils parviennent à puiser dans les milieux environ- nants, Cette alimentation leur suffit d’abord, comme elle avait suffi dans le principe au pied-mére; aussi dans les premiers temps leur végétation est-elle vigoureuse. Mais bientót elle se ralentit, et les rameaux périssent à leur tour, aprés avoir été moins loin que leurs devanciers dans la série des évolutions de la vie individuelle. Ces bourgeons en effet donnent naissance à des rameaux courts, trapus qui se couvrent hátivement de boutons. Ces derniers s'épanouissent il est vrai, mais leurs fruits ne nouent pas; et les derniéres traces de vitalité s'éteignent successivement sur les divers pieds. 8 2. — Modifications produites dans la constitution des plantes par la mature du sol. Les tissus végétaux comprennent deux ordres de composés : des matiéres organiques d'une part, des matiéres inorganiques de l'autre; et toutes indistinctement sont étendues ou imbibées d'une certaine quantité d'eau indispensable à l'aecomplissement des phé- noménes vitaux. Dés lors trois sujets d'études s'offrent à nous : l'eau, les matières organiques et les matières inorganiques de l'économie végétale. | On posséde déjà de nombreuses recherches sur la proportion d'eau contenue dans les tissus; elles prouvent que non-seulement cette proportion varie d'un végétal à l'autre, mais encore sur le méme individu selon l'organe considéré. Cependant ces détermina- tions ne sont point encore assez multipliées pour répondre à toutes les exigences de la science. On s'explique d'ailleurs la rareté re- lative de ce genre de travaux, quand on songe à la longueur fasti- dieuse, rebutante, des manipulations qu'ils exigent. Deux savants auxquels on doit un des mémoires les plus importants qui aient jusqu'ici paru sur la constitution des tissus végétaux, écrivaient : « Les chimistes savent combien il est long et difficile d'amener à un degré complet de dessiccation une certaine quantité de matière 199 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU végétale, surtout lorsque ce sont des herbes, dont le tissu présente une quantité plus ou moins forte de parenchyme (1). » J'ai repris cette question, mais en l'étudiant à un point de vue que je erois nouveau ; je me suis borné uniquement à chercher de quelle maniére variaitla proportion d'eau dans un méme organe avec l’âge de ce dernier. Des nombreuses déterminations rapportées plus haut, et de celles que je possède encore sur ce point, j'ai pu déduire cette loi qui me paraît rigoureusement démontrée pour deux espèces : le blé et la fève. La proportion d'eau contenue dans un organe, tige, feuille, ra- cine, ou dans la plante entiére, augmente depuis la germination, atteint son maximum pendant la période d'activité fonctionnelle du tissu, puis décroit ensuite progressivement jusqu'à la mort de l'or- gane. C'est là une loi que je crois nouvelle. A priori, et moi-méme jai partagé longtemps cette manière de voir, on est porté à penser que plus un organe est jeune, plus ses tissus sont aqueux ; l'analyse ce- pendant prouve le contraire. Ce résultat inattendu est néanmoins facile à interpréter pour quiconque connait les caractères essentiels de l'économie végétale. En effet, plus un organe est jeune, plus il transpire; c'est là un résultat acquis par l'expérimentation directe et complétement in- dépendant des vues et des théories préconcues. La raison en est facile à saisir d'ailleurs, car l'épiderme ne se constitue et sur- tout ne s'épaissit qu'avec le temps, done l'obstacle opposé à la trans- piration grandit à la longue. Or, par suite du développement progressif de la racine, un tissu quelconque recoit du sol des quantités d'eau sans cesse croissantes, ou tout au moins et dans le cas le plus défavorable, sensiblement constantes, tandis que son exhalation aqueuse diminue de plus en plus, il doit done s'ache- miner peu à peu vers cet état d'équilibre que l'on peut appeler son état de saturation. Plus tard l'activité vitale se ralentit, les fonc- tions se dépriment, l'énergie de l'absorption décroit et la quan- (4) Malaguti et Durocher, Recherches sur ia répartition des éléments inorganiques dans les principales familles du régnevégétal (Annales des sciences naturelles, ^* série, Botanique, t. IX, 4858, p. 233). DANS LA NUTRITION DES PLANTES. 173 lite d'eau qui pénètre à chaque instant dans l'organe diminue de plus en plus. Mais comme par la déperdition insensible, il perd à chaque instant, sous forme de vapeur, une portion à peu près constante de cette eau, les tissus doivent devenir de moins en moins aqueux. Voilà pourquoi, dans la période de dépérissement de la plante, la proportion d'eau contenue dans les différents or- ganes diminue graduellement. Quelle que soit du reste la valeur que l'on attachera à cette explication, la loi n'en existe pas moins; elle me parait sürement établie pour les deux espèces que j'ai indiquées ; et je considère la mise en lumière de cette loi comme un des principaux résultats acquis par ce travail. Jusqu'ici, comme je viens de le faire remar- quer, les analystes n'avaient point dirigé leurs efforts de ce côté. Ainsi, on lit à la page 233 du mémoire déjà cité de MM. Malaguti et Durocher : « Nous commencerons par faire observer que, si nous avons négligé de déterminer le rapport entre le poids de la plante et celui de sa cendre, c'est en considération du retard qui en serait résulté, vu que nous avions à faire plus de cent incinérations. » Pour moi j'ai exécuté plus de deux cents incinérations dans le cours de l'année 1864, et à la fin de l'année 1863 ; elles me con- duisent toutes, malgré les conditions variées dans lesquelles à dessein j'ai fait vivre les plantes, à la loi formulée plus haut ; cette dernière peut donc être regardée comme rigoureusement démontrée, Les recherches sur la matière organique des tissus végétaux n'ont pas été ordinairement entreprises dans un but physiologique; mais bien en vue des applications industrielles, agricoles, écono- miques. On voulait surtout déterminer le rendement de telle ou telle espèce dans des conditions déterminées de végétation. Or la plante, si je puis m'exprimer ainsi, est une véritable fabrique de matière organique, dont la feuille est, selon les idées généralement reçues aujourd'hui, l'agent essentiel. Il était donc trés-important d'étudier cette production en elle-méme, de voir comment elle variait selon les conditions d'àge, de température, d'humidité, de lumière, etc. Enfin, parmi les questions que souléve l'étude des matiéres 17^ . ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU inorganiques des tissus, il en est une qui a plus particulièrement - fixé mon attention. Ces substances proviennent du sol, sont introduites dans l'orga- nisme par l'eau absorbée par les racines et qui, en s'évaporant, les dépose dans les diverses parties de l'économie. De là résulte que pour des plantes différentes élevées dans les mêmes conditions, la proportion des matiéres minérales peut servir de mesure à la vitesse de circulation de la séve ; et, pour un organe en particulier on peut dire que : 4* son inerustation est d'autant plus prompte que le mouvement de la séve est plus actif ; 2 le dépót est d'au- tant plus abondant que le tissu est plus âgé. Ce sont là des consé- quences importantes du mode spécial d'alimentation de la plante sur lesquelles de Saussure (1), le premier je crois, a appelé l'atten- tion des physiologistes. Tel est l'ordre d'idées auquel je me suis attaché dans mes études sur la constitution des tissus végétaux vivants. Mais la discussion de plus de deux cents observations ne saurait trouver place ici sans etre réduite à de si petites proportions, qu'elle perdrait tout l'inté- rét qu'elle peut avoir. Le sujet est trop important pour être traité d'une manière incidente et accessoire ; il sera l'objet d'un mémoire spécial, dont ces Études forment l'introduction. RÉSUMÉ GÉNÉRAL ET CONCLUSIONS Parvenu au terme de ce long travail, je vais essayer de réunir les faits les plus saillants qui résultent de mes observations et de mes expériences personnelles, i 1° La vitalité des germes, dans le blé et dans la féve, esi détruite par la submersion des graines dans l'eau de mer: l'eau douce, dans les mêmes circonstances, n'améne pas d'effet sensible si l’aération est suffisante, et la germination commence aussitôt, — 2° Dans le blé, la phase de germination tout entière peut s'ac- complir sous leau dont on entretient l'aération. par la pré- (4) De Saussure, Recherches chimiques sur la végétation. DANS LA NUTRITION LES PLANTES. 179 sence de microphytes verts, ou par un renouvellement convenable du liquide. 3 Dans la fève, l’évolution commencée s'arrête bientôt, et l'embryon meurt, probablement par asphyxie. — ^? Les végétaux adultes de ces deux espèces périssent prompte- ment quand ils sont totalement submergés. Leur mort est produite tout à la fois par l'asphyxie et par l'inanition; mais le défaut d'oxygène paraît être la cause principale de leur fin prématurée. & L'eau n'est point un agent toxique pour les organes foliacés qu'elle baigne ; et leur accroissement se continue tant qu'ils peu- vent recevoir de leurs racines,ou de l'eau méme qui lesenvironne, de l'oxygéne et des aliments en quantité suffisante. 6° Les parties herbacées ainsi immergées s'orientent dans la lumière rouge comme dans la lumière blanche. 7° Certains liquides colorés, comme la teinture bleue de tour- nesol, partagent l'innocuité de l'eau douce; tandis que d'autres liquides, comme l'eau salée et le perchlorure de fer, exercent sur les tissus une action toxique d'énergie variable. 8° L'action du perchlorure de fer est favorable à la végétation quand elle s'exerce sur la racine, et nuisible, au contraire, quand elle s'exerce sur les organes foliacés. 9" Les plantes ligneuses, à bourgeons latents pendant l'hiver, comme le fuchsia et la véronique, peuvent effectuer sous l'eau leur premier bourgeonnement ; mais les rameaux périssent bientôt d'asphyxie et d'inanition., 10° A la mort de ces derniers, des racines tendent à se former dans la région submergée, et des bourgeons, au contraire, à se développer sur la partie émergée, c'est-à-dire sur l'ancienne racine. 11? Dans le blé et la féve, les racines qui ont pris naissance et vécu d'abord dansl'eau, ne sauraient ensuite puiser dans l'air, méme sa- turé d'humidité, assez de vapeur d'eau pour entretenir la végétation. 12» La racine est, par excellence, l'organe d'absorption des substances liquides, et les feuilles les organes d'exhalation de la vapeur d'eau. 43° Pendant la germination des graines de lin, il y a produe- tion et apparition au dehors d'une matiére acide. 176 ÉTUDES SUR LE RÔLE PHYSIQUE DE L'EAU, ETC. 14° Les racines des pieds adultes de fèves élevés dans l'eau n'excrètent point de matières acides, il en est de même des parties aériennes des sujets de la même espèce développés dans les condi- tions normales de la végétation. 15° L'eau douce, plus ou moins chargée de matières solubles, est un sol désavantageux pour les plantes terrestres ; parce que les matières nutritives n’y subissent pas complétement cette élaboration préparatoire qu’elles éprouvent dans la terre, et qui paraît indis- pensable à la nutrition ultérieure de la plante. 16^ Cette infériorité de l'eau comme sol parait surtout tenir à l'insuffisance de l'oxygène; et, en grande partie, à un effet nuisible résultant de la naissance et du développement des proto-orga- nismes : microphytes et microzoaires. 17° Le blé et les fèves qui végètent le pied dans l'eau offrent des traces d'étiolement d'autant plus prononcées que l'eau est plus pure; et les plants de fèves, en particulier, périssent préma- lurément, sans avoir pu mürir leurs graines. 18* Dans ces conditions, le blé peut vivre au moins deux ans sans fleurir ; et subir, dans l'intervalle des deux végétations, les effets de l'hivernage, absolument comme les plantes vivaces. 19° Dans le blé et la fève, la quantité d'eau contenue dans la racine est supérieure à celle renfermée dans la lige. 20° Dans ces deux espèces, la proportion d'eau d'un organe, tige, feuille, racine, ou dans la plante entiére, augmente depuis la germination, atteint son maximum pendant la période d'activité fonctionnelle du tissu, puis décroit progressivement jusqu'à la mort de ce dernier. f ÉTUDES SUR L'HERBIER DU GABON DU MUSÉE DES COLONIES FRANCAISES. (Continué du vol, V, p. 368.) Le Didelotia étant considéré comme une Cæsalpiniée dont lan- drocée est formé de cinq étamines fertiles égales et dont le pé- rianthe est rüdimentaire, il est facile de voir que les Vouapa d’Au- blet, dont les organes de végétation sont les mémes, en différent surtout par deux caractères. La corolle ne disparaît que d'un côté. de la fleur, et l'androcée ne se développe aussi que d'un côté. C'est un pétale seulement, l'étendart, qui atteint de grandes dimen- sions, tandis que les quatre autres pétales avortent complétement, ou ne sont représentés que par de pelits moignons rudimentaires. Les deux étamines qui répondent aux côtés de ce grand pétale sont précisément celles qui avortent, et les trois autres étamines al- ternipétales deviennent grandes et fertiles comme celles du Dide- lolia. Les mêmes caractéresse retrouvent dans l’Anthonota, genre très- caractéristique de la végétation des contrées tropicales de l'Afrique, et qui parait d'abord facile à distinguer des V ouapa, quand on n'é- tudie que l'espèce type de Palisot de Beauvois, l'4. macrophylla (Flor. Owar. et Ben., T, 70, t. 42), attendu que, malgré leur peti- tesse, toutes les piéces de la corolle et de l'androcée peuvent exister dans cette espèce. L'A. macrophylla a en effet cinq pétales et quelquefvis dix étamines, quoique le nombre ordinaire de ces dernières y soit seulement de neuf. Mais entre cette espèce et les Vouapa de l'Amérique tropicale, il y a d’autres espèces intermé- diaires où un plus grand nombre de pièces de l'androcée viennent à manquer. Il y a done à choisir entre deux alternatives : faire au- tant de genres, ou à peu prés, que l’Ænthonota présente d'espéces en Afrique; ou réunir les Anthonota aux Vouapa à titre de simple vi. (7 oct, 1865.) 42 178 ÉTUDES section. 1l y a même lieu de se demander si les Humboldtia à fleurs pentandres ne doivent pas aussi rentrer dans le même genre, car ils en ont le périanthe, le gynécée, les bractées latérales, le récep- tacle et l'inflorescence. Ces mêmes Humboldtia servent également de transition vers la plante à fleurs décandres et à cinq pétales dé- veloppés, qui porte, dans les collections de Mann, le n°726, et dont M. Bentham doit prochainement donner la description. Dans cette plante il n'y a que quatre pétales ; c'est-à-dire que l'un d'eux correspond à deux folioles du calice, comme dans les Anthonota. Le Vouapa macrophylla peut être conservé comme le type de la section Anthonota. Il parait que cette plante est commune au Gabon, où les indigènes la désignent sous le nom de O'Kambo. Elle figure abondamment dans les collections de MM. Duparquet (n. 15) et Griffon du Bellay (n. 14, 47, 299) qui insistent sur l'ex- cellente odeur de péche que répandent ses fleurs. Dans celles-ci le calice est formé de quatre sépales, dont un double, révéle son origine et sa composition par une petite échancrure qu'il porte à son sommet et par ce fait que le plus grand des pétales lui est superposé. Quant au nombre des autres parties de la fleur, il est insuffisant dans la description de Palisot de Beauvois, et méme dans celle de la Flore du Niger (p. 328), où on lui accorde : de un à trois pétales, et de trois à huit étamines fertiles. Les pétales sont au nombre de cinq, et les étamines s'élévent toujours jusqu'à neuf et rarement dix. La dixiéme étamine, celle qui serait superposée au grand pétale, est, quand elle existe, un simple tubercule stérile. Mais les neuf autres étamines ont une anthère qui peut s'ouvrir suivant sa longueur et contenir du pollen en quantité variable. Quatre des pétales sont fort petits, tandis que l’étendart est énorme et enveloppe dans la préfloraison, non-seulement les organes sexuels, mais encore les sépales latéraux autour desquels s'enroule son limbe involuté. Nous savons que c'est du côté opposé au grand pétale que se trouventles grandes étamines; elles sont superposées aux trois sépales simples. Les étamines qui répondent aux deux moitiés du sépale double sont ordinairement différentes de toutes i SUR L'HERBIER DU GABON. 179 les autres par leur anthère dont une loge avorte à peu prés complé- tement, celle qui est tournée vers le bord du grand pétale, Quant aux quatre étamines qui sont superposées aux petits pétales, elles sont les moins développées, mais elles ontsouvent l'anthére déhis- cente dont nous avons parlé. Le gynécée s'insére, non au fond du réceptacle, mais sur sa paroi, du côté du grand pétale, et c'est également de ce côté que se trouve le placenta. La plante récoltée sur le rio Nuñez, dans le pays des Landoumas en 1837, par Heudelot, qui porte dans ses collections le n° 753, et qui est probablement une de celles auxquelles il est fait allusion dansle Niger Flora, ne me parait être. malgré quelques différences superficielles, qu'une forme de l'espéce de Palisot de Beauvois. Ses feuilles sont plus membraneuses; leurs nervures sont moins prononcées; les inflorescences et les fleurs sont un peu plus petites dans toutes leurs parties; mais l'organisation florale est tout à fait la même et nous appellerons cette plante 7^. macrophylla, B, Heu- delotiana. | | A la même section se rapporte une autre espèce, recueillie éga- lement par Heudelot en 1837, et à laquelle nous donnons le n° 753 bis, avec le nom de J"ouapa (Anthonota) crassifolia (1). Les folioles de ses feuilles, ordinairement au nombre de trois, sont en effet bien plus épaisses et plus coriaces, elliptiques ou obovées ; et les inflorescences, naissant sur le bois des rameaux déjà âgés, sont formées d'axes nombreux, contractés, n'aiteignant qu'un ou (4) A. crassifolia, n. spec., foliis bijugis; petiolo robusto brevi ; foliolis breviter petiolulatis; limbo elliptico rariusve obovato coriacco crasso integerrimo, supra lavi lucido, subtus opaco; penninervio ; costa subtus prominula ad basin incras- Sala rugosa (ad 13 cent. longo, 9 cent. lato) ; floribus in ligno annorum præceden- tium ortis racemosis; racemis brevibus (4-2 cent.) fasciculatis dense ferrugineo- velutinis ; pedicellis brevissimis; calyce 4-partito; laciniis 3 subæqualibus simpli- cibus; quarta duplici obovata apice truncato emarginata subcordatave; petalis l minimis ovatis claberrimis membranaceis; quinto longe unguiculato 2-alato ; staminibus 3 majoribus demum longe exsertis ; lateralibus 2 minutis antheriferis ; ^ autem sterilibus apice globosis simplicibus glandulæformibus; ovario villosulo 4-ovulato ; stylo involuto longiusculo apice stigmatoso capitato; fructu ümmaturo) inæquali-obovato apice obtuso compressiusculo oblique suleato undique ferrugineo- velutino. — Oritur in Senegambia, ubi ann. 1837 legit Heudelot (exs., n. 753 bis), 450 ÉTUDES deux centimètres de longueur et recouverts d'un duvet velouté ferrugineux. Quant aux fleurs, elle n'ont que quatre sépales au calice, le plus grand d’entre eux présentant la forme d’un cœur, avec une échancrure arrondie au sommet, pour indiquer sa double origine. Le grand pétale est semblable à celui de l'espèce précé- dente, et les quatre petits ont la forme d'écailles ovales et mem- braneuses. Il y a aussi trois grandes étamines à anthères fertiles. Les petites sont ordinairement au nombre de quatre. Deux d'entre elles, placées sur les côtés, ont une anthère biloculaire didyme ; les deux autres n’ont à leur sommet qu'un petit renflement glan- duleux et globuleux. Les bractéoles latérales qui enveloppent tota- lement le bouton sont de forme ovale, et non obovales comme dans l'espèce précédente. Une plante curieuse serait celle qui, avec l'organisation géné- rale des F’ouapa africains, présenterait un calice de cinq sépales à peu près égaux entre eux et pourrait former dans le genre une section spéciale (Pentisomeris). Cette plante existe au Gabon, où elle a été rencontrée par M. Griffon du Bellay (n. 299) et par M. Duparquet (n. 16). Nous la nommerons V. demonstrans (4). C'est un arbuste sarmenteux dont les feuilles sont presque sessiles (4) Vouapa (Pentisomeris) demonstrans, n. spec. Frutex sarmentosus (fide cl. Griffon du Bellay), ramis robustis ragosis striatis. Folia robusta paripinnata tri- juga; petiolo brevissimo crasso rugoso; foliolis (ad 90 cent. longis, 8 cent. lat.) oblongis apice breviter acuminatis basi inæquali-rotundatis extus subauriculatis integris coriaceis crassis supra levibus lucidis subtus opacis ferrugineis penniner- viis venosis; costa venisque subtus valde prominulis; nervis secundariis margini paralleliter inter se osculatis. Racemi axillares (ad 15 cent. longi) ramosi basi brac- teis (stipulis?) 2 lanceolatis membranaceis glabris (2 cent. longis, ! cent. latis) involu- crati. Bracteolæ florum laterales ovato-lanceolati coriacei crassi ferrugineo-puberuli. Calycis lacini 5 subæquales oblongo-acutæ membranaceæ glabræ, petalis 4 mino- ribus paulo longioribus conformes ; petalo quinto maximo longe crasseque ungui- culato ; limbo 2-1obo late membranaceo in alabastro involuto sepalaque 3 involvente. Stamina fertilia 3; filamentis demum longe exsertis in alabastro inflexis; antheris ovatis 2-locularibus rimosis; staminodiis glandulæformibus 2-4 vix conspicuis obsoletisve, Germen ferrugineo-villosulum /j-ovulatum breviter stipitatum ; ovulis oblique descendentibus ; stylo bis involuto gracili glabro apice capitellato stigma- toso. — Crescit in Gabonia ubi legerunt cl, Duparquet (n. 16) et Griffon du Belluy (cat. 4 (1864), n. 299), SUR L'HERBIER DU GABON. 151 et à six folioles oblongues-acuminées, épaisses, coriaces, glabres, avec un rachis vigoureux et noueux à sa base. Les fleurs naissent à l'aisselle des feuilles, sur le vieux bois, et sont disposées en grappes ramifiées qu'accompagnent à leur base deux bractées lancéolées et rigides, analogues aux deux braeléoles latérales qui enveloppent chaque fleur dans le bouton, mais glabres et moins épaisses. Les bractéoles au contraire sont coriaces et recouvertes d'un duvet ferrugineux. Les folioles calieinales ne sont pas toutes visibles dans le bouton. Trois d'entre elles sont enveloppées par le limbe énorme et involuté du grand pétale. Les deux seuls sépales que l'on aperçoive au dehors sont précisément ceux qui, indépendants - ici, sont réunis en une seule pièce dans les autres Anthonota. Tous sont des languettes oblongues, aigués, glabres, membraneuses, et telle est aussi la forme des quatre petits pétales qui dépassent à peine le calice. Quant à l'androcée, il est ici d'autant moins déve- loppé que le périanthe l'est davantage. Les trois grandes étamines ont seules pris tout leur accroissement. Les autres, comme dans les Fouapa américains, sont invisibles ou représentées par de très-courts mamelons sans anthéres. L'ovaire renferme quatre ovules, et le style à tête stigmatifère légèrement renflée, s'enroule deux fois sur lui-méme dans le bouton. On peut encore établir dans le même genre une section inter- médiaire aux deux précédentes, dans lesquelles les pétales se com- portent de telle facon qu'il n'y en a plus que deux petits avec la forme de courtes languettes écailleuses. Les trois autres sont à peu prés égaux entre eux; ce qui s'obtient par la grande diminution de longueur du pétale auquel le placenta est superposé, en méme temps que les deux pétales latéraux deviennent larges, membra- neux, colorés et à peu prés égaux au premier dont ils ne différent plus que par leur forme légérement insymétrique. C'est à cause de cette égalité des trois pétales que nous proposons d'appeler cette section T'riplisomeris. Le type en sera le V. explicans (1), plante (4) V. (Triplisomeris) explicans, n. spec. Frutex sarmentosus (4-5-metralis, fide Heudelot), ramis gracilibus teretibus striatis (griseis), Folia alterna breviter 182 ÉTUDES recueillie par Heudelot en 1837, sous le n° 758, et qui croit dans les lieux secs de Fouta-Dhiallon. C'est un arbuste sarmenteux à ra- meaux gréles et à feuilles paripennées, dont les folioles glabres et membraneuses sont ellipliques-acuminées, et dont les fleurs sont disposées en petites grappes alternes sur toute la longueur d'un grand axe grêle atteignant jusqu'à prés d'un demi-métre d'étendue, et pendant verticalement vers le sol. Les petites grappes n'ont guère que 4 ou 2 centimètres de longueur et sont couvertes à leur base de petites cicatrices laissées par les fleurs qui tombent à mesure qu'elles se sont flétries. Leur bouton est piriforme, et leur calice trés-glabre n'a que quatre folioles dont une, échancrée au sommet, représente deux sépales. Les trois grands pétales sont à peine plus longs que le calice et les bractéoles latérales. Les deux petits pétales sont aplatis et squamiformes. Il y a trois grandes élamines, comme dans tous les Anthonota, plus six ou sept petites qui se présentent sous forme de languettes filiformes subulées, ou capilées, mais sans anthère fertile à leur extrémité. L'ovaire est porté par un pied court et renferme quatre ou cinq ovules. Le style enroulé dans le bouton du cóté de la concavité du réceptacle est, dans cette espèce, très-court, relativement à la longueur de l'ovaire. petiolata; petiolo basi incrassata nodoso rugoso ; foliolis 2 v, rarius 3-jugis ellip- tico-acuminatis (ad 12 cent, longis, 5 cent. latis) basi rotundatis integerrimis mem- branaceis glaberrimis, supra lucidis (late virescentibus), subtus opacis ferrugineis; penninerviis reticulatis; costa nervisque subtus valde prominulis ; petiolulis basi ar- ticulatis robustis brevibus (2-3 mill.) rugosis nodosis. Flores longe racemosi ; racemo gracili nutanti perlongo (25-45 cent.); racemulis parvis in axi remote alternis (1-2 cent. longis) basi florum occasorum cicatricibus notalis, Braeteole flornm laterales obovatæ concava coriaceæ, Calycis sepala 3 minora ; quarto autem duplici apice obtuso emarginalo v. breviter fisso. Petala majora 3; scilicet mediante uno cordato paulo breviori, latérälibusque 9 paulo longioribus membranaeeis insyme- tricis coloratis (rubris, fide Heudelot) calyce bracteolisque paulo longioribus; reliquis 2 brevissimis squamæformibus glaberrimis. Stamina fertilia 3 in alabastro inflexa demum longe exserta ; sterilia autem 6, 7 aut subulata aut apice capitato glandu- læformia nec antherifera, Germen 4-5-ovulatum ; ctylo involuto brevi apice trun- cato. Legumen (immaturum) complanatum crassum ad medium jnter semina 2 (immatura) coarctatum in sicco oblique rugosum striätam undique ferrugineo-vil- losulum. — Crescit in siccis, ad Fouta-Dhiallon Senegambiæ, ubi legit Heudelot (exs,, n. 738), anno 1837. SUR L'HERBIER DU GABON. 183 Le fruit présente aussi cette particularité qu'il porte un étrangle- ment vers le milieu de sa hauteur. Il est d'ailleurs aplati, rigide, recouvert d'une villosité brunâtre abondante, et parcouru à l'état sec par un grand nombre de rides obliques. , Quoique le genre Afzelia ne soit pas représenté dans les collec- tions faites au Gabon, il est impossible de ne pas parler de ce genre à propos des Anlhonota, car leurs affinités sont extrêmement étroites et il n'y a guère de caractère bien important qui les sépare l'un de l'autre. On ne peut guére en effet tenir compte de l'absence dans les Afzelia des quatre pétales qui sont rudimentaires dans la plupart des Anthonota, car ces pétales n'existent pas davantage dans les Fouapa américains. D'ailleurs le grand pétale a la méme forme et le méme mode de préfloraison dans les Afzelia que dans les autres types. On ne peut non plus tenir compte du nombre absolu d'étamines qu'on observe dans les Afzelia, car si PA. africana Sm. n'a que sept étamines fertiles, sans staminodes, l4. bracteata Voc., a en outre deux grands staminodes filiformes et subulés, Quant à la situation de ces différentes pièces de l’androcée, elle est facile à constater dans la fleur de VA. bracteata. Il n'y a pas d'étamine superposée au grand pétale. Les deux staminodes sont superposés au sépale double qui occupe le cóté postérieur de la fleur. Une grande étamine fertile est superposée au sépale anté- rieur, et deux autres, à peu prés égales, ehaeune à un sépale la- téral. Restent quatre étamines, fertiles, mais plus petites que les précédentes, et qui seraient superposées aux quatre petits pétales s'ils existaient. Cette taille relative et celte position des étamines fertiles est donc tout à fait ce qu'on observe dans l'AntAonota ma- erophylla. Seulement les deux étamines à anthère uniloculaire de ce dernier manquent dans VA. africana et sont stériles dans PA. bracteata. Il n'y aurait donc pas là de motif suffisant pour dis- linguer génériquement les Afzelia des Vouapa. Mais dans les premiers, il faut noter que les bractées latérales sont amincies sur les bords et non. valvaires avant l'anthése, mais imbriquées. En attendant qu'on puisse savoir si les graines müres des Anthonota 184 ÉTUDES sont pourvues de cette production arillaire colorée et semblable à de la cire qu'on remarque à la base de celles des Afzelia, il n'y aura donc d'autre caractère générique suffisant pour séparer ces derniers, que cette préfloraison des bractées, leur petite taille rela- tivement à celle du bouton et l'éruption précoce de celui-ci hors de ces enveloppes supplémentaires (voy. Wiger Flora, 396). Heudelot a trouvé lA. bracteata en Sénégambie (n. 882), en 1837, parmi les roches, au bord des eaux vives du Fouta-Dhiallon. C'est, nous apprend-il, un arbre de 4 à 5 mètres de hau- teur, à rameaux pendants et à fleurs écarlates qui paraissent au mois de mai. M. Mann a recueilli cette espèce sur la rivière Ba- groo (n. 890), et il y a longtemps que M. Forbes l'avait observée, dans le golfe de Delagoa, car elle figure depuis 1822, sous les n” 86 et 98 dans l'herbier de la Société d'horticulture de Londres. Quant à A. africana, qui originairement fut observé à Sierra- Leone, Barter l'a retrouvé à Nupe (n. 1218); M. Perrottet l'a rapporté en 1833, de la Sénégambie, et Heudelot l'a récolté, en 1837, sur les bords du rio Nuñez (n. 767). M le signale comme un arbre de 10 à 12 mètres, qui porte en mars et avri! des fleurs trés-odorantes. Le genre Berlinia de Solander parait pouvoir étre conservé comme distinct, malgré ses nombreuses analogies avec les A/zelia -et les Wouapa de la section Anthonota. Des derniers il posséde, comme l'ont déjà fait remarquer les auteurs du N iger Flora (398), les braetées latérales coriaces, épaisses et välvaires, renfermant longtemps le jeune bouton ; de l'un et de l'autre il a le calice et le grand pétale bilobé. Mais il diffère de tous deux en ce que ses éta- mines sont au nombre de dix, toutes lerliles, superposées, cinq aux sépales, et cinq aux pétales ; et des 4fzelia, en ce qu'il posséde les quatre petits pétales des Anihonota. M. Mann à même rapporté (n° 1842) une plante dont M. Bentham nous donnera bientót sans doute la description, et dans laquelle l'androcée étant tout à fait celui des Berlinia, les quatre pétales pairs grandissent au point d'égaler presque celui auquel est superposé le placenta, en méme SUR L'HERBIER DU GABON. 155 temps que, comme dans le Vouapa demonstrans, le calice pré- sente cinq divisions imbriquées. Ou cette plante formera un genre distinet, ou, ce qui nous parait plus logique, elle constituera une section remarquable dans le genre Berlinia dont elle montrera toutes les analogies avec les Amherstia, Schotia, etc. Quant aux Berlinia proprement dits, à pétales latéraux de petite taille, ils ne sont représentés dans les collections du Gabon que par une seule espéce, le B. acuminata de Solander. M. Griffon du Bellay nous a rapporté qu'au milieu des foréts du Gabon, il recon- naissait la présence de cette plante, sans la voir, à la délicieuse odeur de ses fleurs. M. Duparquet (n° 20) a été frappé de l'épais- seur et des grandes dimensions de son fruit dont la terre est sou- vent jonchée au pied des arbres, et qui ressemble, dit-il, à une forte semelle. i Dans l'herbier d’ Heudelot se trouve une autre espèce de Berli- nia qu'au premier abord nous avions cru n'être qu'une forme du B. acuminata, plus petite dans toutes ses parties et à inflores- cences beaucoup plus ramifiées. Mais en examinant de prés ses fleurs qui n'ont guère que la moitié de celles du B. acuminata, nous avons vu qu'elles présentaient dans leur organisation des différences très-nettes. Leur style, très-court par rapport à la hau- teur de l'ovaire adulte, ne peut que s'envouler en une crosse brève et arrondie. Celui du B. acuminata est au contraire plus long que l'ovaire lui-même, ce qui lui permet de se replier deux fois paral- lélement à lui-même. Dans le B. acuminata, les pétales latéraux sont étroits, allongés, spatulés ou dolabriformes, avec une portion supérieure fort étirée relativement à la base qui est à peine auri culée; tandis que, dans la plante d'Heudelot, ces mémes pétales sont presque cordiformes, fortement auriculés à la base, avec une portion apicale courte, irréguliérement ovale et trés-petite relative- ment à la portion basilaire. Nous désignons donc sous le nom de B. Heudelotiana l'espéce qu' Heudelot (n* 886) a récoltée en 1837, prés de Bangalan, dans le haut Pongos. C'est, suivant lui, un arbre élevé de vingt à trente pieds, à rameaux pendants et à fleurs 186 ÉTUDES blanches d'une odeur très-suave, qui paraissent au mois de mai (4). Il est un autre type qui semble se rattacher à la fois à la plante de M. Mann (n* 18/42) et aux Berlinia vrais, et dont la valeur gé- nérique me parait au moins contestable, c'est le Daniella thurifera Benn. , qui figure aussi dans les collections de Mann (n° 166, 2674), el qu'Heudelot (n° 164, 364), signale comme une plante commune au Fouta-Dhiallon, dans les plaines de Woulli, où les habitants le nomment T'hiévi. Avec le port et le feuillage des Berlinia et des Afselia, le Daniella a des fleurs à androcée décandre, toutes les étamines étant fertiles et infléchies dans le bouton. Le calice a quatre sépales imbriqués, dont un plus grand auquel est superposé un pétale. Ce dernier est très-variable comme taille et comme forme, et il parait souvent exister seul à l'état adulte, Mais quand on observe de jeunes boutons, on y voit également deux pétales latéraux et deux plus petits pétales qui, d'ordinaire, disparaissent dans la fleur adulte. Quant aux pétales latéraux, ils s'arrêtent de bonne heure dans leur développement, ou présentent dans les fleurs adultes toutes les variations possibles de taille et de consistance. D'ailleurs l'ovaire qui est multiovulé s'insère du côté du pétale le plus grand et le seul constant, c'est-à-dire du sépale double; de sorle que si l’on distingue génériquement le Daniella, ce ne peut être qué par la constitution si variable de sa corolle. Une note de l'herbier d'Heudelot nous donne au sujet de cette plante des ren- seignements intéressants que nous transcrivons textuellement. C'est un arbre élevé de 12 à 45 mètres et plus, à tronc cylindrique et droit, de 3 à 4 mètres de hauteur. Son écorce est lisse et cendrée, el ses rameaux droits sont tous égaux en hauteur; ce qui lui donne l'aspect d'un arbre taillé en gobelet. Les feuilles sont blanchâtres en dessous, d'un vert clair en dessus. Les fleurs sont blanches, trés- odorantes. Les pétales (?) sont épais et charnus, et laissent suinter une liqueur sucrée dont les abeilles sont avides. C'est un caractère curieux que celui de l'insertion excentrique du (1) La collection de M. Mann renferme trois ou quatre autres espèces de Ber- linia que M. Bentham décrira prochainement, SUR L'HERBIER DU GABON. 187 gynécée dans la plupart des genres qui se groupent autour des Amherstia et des Vouapa. Le réceptacle floral y ala forme d'un sac ou d'un tube plus ou moins profond; et c'est à une hauteur variable de cette cavité réceptaculaire que s'insère le style, tantót prés du bord, tantót plus ou moins prés de son fond. Celle insertion est done la méme que dans la plupart des Chrysobalanées. Et comme cependant, le pointoùse trouve porté le pied de l'ovaire est voisin du sommet organique du réceptacle, il faut bien admettre qu'il y a eu dans ces cas une inégalité de développement des différentes régions du réceptaele. C'est ce que l'observation directe confirme; toutes les fois qu'on peut examiner les fleurs assez jeunes, on voit que l'insertion du gynécée y est centrale ou à peu prés. En méme temps que ce fait est analogue à celui que présentent ce qu'on a appelé les éperons soudés des Pelargonium, des Vochysiées, ete., si l'on rem- place par la pensée un réceptacle floral par une cavité ovarienne, on voit que les Légumineuses à insertion centrale du podogyne, répon- dent aux ovaires à placenta central libre, tandis que les Cæsalpi- - niées à insertion pistillaire excentrique représentent les gynécées à placentation plus ou moins pariétale. Et l'on peut en conclure que l'essence des placentations, quelque lieu de l'ovaire qu'oecupent les trophospermes, est toujours la méme, aussi bien que le pistil des Légumineuses est toujours inséré sur une méme région organique du réceptacle floral. Celte insertion pistillaire excentrique caractérise un groupe for naturel de Cæsalpiniées, groupe dont les principaux types son. ` les Dialium, Amherstia, Brownea, Tamarindus, Vouapa, Cru- .dya, Schotia, Afzelia, Dibrachion, Tachigalia. Dans tous ces genres il està remarquer que la paroi du réceptacle où se trouve l'insertion du gynécée est toujours celle qui répond au placenta. L'insertion des ovules se fait donc du côté de la paroi réceptacu- laire, tandis que le dos du carpelle répond à la fosse ou au tube plus ou moins profond et en forme d'éperon soudé que présente le réceptaele. Cette loi, pour être générale, n'est cependant pas constante; et 188 ÉTUDES la disposilion inverse peut s'observer et servir à caractériser un autre groupe de Légumineuses à insertion pistillaireexcentrique. Ce groupe n'est représenté jusqu'ici que par un seul genre africain, l'un des plus beaux qu'ait recueillis M. Griffon du Bellay, et auquel il est trop juste que nous donnions le nom de ce savant collecteur. Le Griffonia (1) est vulgairement appelé Njalissa - Quango par les indigènes du Gabon. C'est un arbre dont les fleurs ne ressemblent guére de loin à celles d'une Légumineuse. Avec leur forme tubuleuse et leur éclatante coloration rouge (2) elles rappellent beaucoup celles des Zauschneria dont elles ont à peu prés la taille, et elles sont réunies en longues grappes terminales. Vues de plus prés elles laissent apercevoir un ovairelonguement stipité qui dépasse le périanthe et qui a tout à fait la structure de celui des Légumineuses, avec un placenta pariélal portant ordinai- (4) GRIFFONIA, nov. gen. Flores hermaphroditi ; receptaculo regulari tubuloso ad apicem paulisper dilatato, ad faucem perianthium staminaque gerente. Calyx basi gamopbyllus brevis, apice 5-dentatus; dentibus subæqualibus sepius apice obtusiusculis; præfloratione imbricata. Petala libera sessilia subæqualia ; præflo- ratione vexillari; caducissima. Stamina 10, breviora 5 petalis opposita ; filamentis erectis liberis ; antheris introrsis 2-locularibus longitudine rimosis in alabastro ovario arcte adpressis. Germen longe stipitatum receptaculi tubo lateraliter inser- tum ; placenta ad concavitatem receptaculi, nec, ut plerumque solet, ad perianthium spectante, plerumque /-ovulata; ovulis oblique descendentibus amphitropis ; stylo gracili excentrico vix ad apicem stigmatosum incrassato., Fructus, uti germen, longe exsertus; receptaculo calyceque basi persistentibus ; stipite gracili filiformi, eum Coluteæ arborescentis (fide cl. Duparquet et Griffon du Bellay) referentibus, inflato-vesiculosum, pauciovulatum (immaturum), siccilate, uti planta fere tota, nigrescens, — Dicitur in hom. cl. Griffon du Bellay, regionis quoad res her- barias ditissimae indagatoris indefessi, — Species pulchra, scil. G. physocarpa, fruticosa (ad 2 met. alta) in sepibus orta, foliis alternis ovato-acutis brevissime (x cent.) petiolatis ; limbo simplici ovato-acuto, hinc acuminato, inde varius rotun- dato emarginatove (ad 10 cent. longo, 5 cent. lato) integerrimo membranaceo pen- ninervio basi 3-nervio venoso reticulato, supra lucido lævi, subtus pallidiori glaber- rimo ; racemis simplicibus terminalibus. — In Gabonia legerunt Griffon du Bellay (n. 546) et Duparquet (n. 22), ibique vulgo audit Njalissa-Ouango. (2) Suivant les notes recueillies par M. Griffon du Bellay, le tube réceptaculaire est d'un jaune orangé, avec l'intérieur rouge. Les sépales sont orangés et les pétales qui sont très-caducs, sont.de couleur verdátre. Les feuilles sont d'un vert pâle et justré à la face supérieure. Il parait que cetie plante est charmante ; elle n'a pas d'usage connu. Nous verrons ultérieurement qu'elle est congénere du Schotia sim- plicifolia de Vahl. SUR L HERBIER DU GABON. 189 rement quatre ovules obliquement descendants. Le pied gréle de l'ovaire s'insére latéralement, dela facon que nous savons, sur la paroi d'un réceptable tubuleux qui porte à la gorge un périanthe et un androcée à peu prés réguliers; un calice en forme de sac à cinq divisions peu profondes, disposées dans le boutonen préflorai- son quinconciale ; cinq pétales presque égaux, dont la préfloraison est vexillaire, et dix étamines à filets libres et à anthères introrses, superposées, cinq aux divisions du calice, et cinq plus courtes aux pétales. Le fruit longuement stipité et sortant du réceptacle floral qui persiste à la base du podogyne, est, d'aprés MM. Griffon du Bellay et Duparquet, comparable à celui du Baguenaudier par son apparence vésiculeuse. Les graines que nous n'avons pas vues müres sont, d'aprés les mémes observateurs, solitaires ou trés -peu nombreuses. Quantaux organes de végétation, le Griffonia est un arbuste d'environ 2 métres de hauteur. Ses feuilles sont alter- nes, simples, elliptiques ou ovales-aigués, à pétiole court, arti- culé à sa base, et à stipules représentées par de petites languettes. finement ciliées et disparaissant de trés-bonne heure. Il n'y a pas de Légumineuse qui, par tous ses caractères, rappelle davantage les Chrysobalanées, et ces dernières n'en différent essentiellement que par leur ovaire uni ou biovulé. On ne connaissait guére jusqu'iei en Afrique de type analogue, parmi les Légumineuses, à celui des Martiusées qui sont des plantes américaines. Aujourd'hui nous sommes à méme d'en signaler deux qui appartiennent l'un à la région occidentale, et l'autre à Mada- gascar. La première est la plante que les indigénes du Gabon dési- gnent sous le nom de Ngandji. Le premier échantillon du Vgandjt qui nous soit parvenu, avec ses fleurs en grappes rappelant d'un peu loin celles d'un Alpinia ou de certaines Orchidées, avait été rapporté par le P. Duparquet (n. 19). Aussi lui avons-nous dés lors donné le nom de Dupar- quelia (4) orchidacea. C'est, d'après M. Griffon du Bellay, un (A) DUPARQUETIA, mov. gen., Flores hermaphroditi, receptaculo subconvexo. Calyx 2-phyllus ; lacinia una antica crassa florem totum in juventute involvente : 190 ÉTUDES arbuste qui s'éléve isolément dans les plaines sous forme d'un buisson d'environ 2 métres de hauteur. Ses rameaux cylin- driques et glabres sont couverts d’un écorce brune à teinte uni- forme, lisse ou très-peu rugueuse, et la plante ne laisse échapper aucun suc lorsqu'on la coupe. Les feuilles sont alternes et impari- pennées, accompagnées de stipules très-caduques et dont la cica- trice nous indique seule l'existence (1). Le nombre des folioles varie de trois à sept; elles sont d'autant plus petites qu'elles sont situées plus bas sur le rachis commun; et chacune d'elles est portée par un pétiolule distinct, glabre comme le rachis lui-même. Le limbe est obovale, ordinairement atténué, plus rarement arrondi à sa base, brièvement acuminé au sommet ; entier, membraneux, trés-glabre, penninerve, subtrinerve à la base, finement veiné et réticulé, d'un vert terne et foncé en dessus, plus clair et luisant inférieurement. Les plus grandes dimensions du limbe sont de 17 centimètres de long, sur 12 de large. Les pétioles sont d'un brun rosé, ainsi que les nervures, et, suivant M. Griffon du Bellay, «chaque pétiole commence par une portion charnue de 4 centi- mètre de longueur ». Les pétiolules, qui ont environ 4 millimètre altera postica multo tenuiori angustiorique utrinque ab antica involuta. Corolla: petala 5, scilicet. postica 3 minora lanceolata membranacea inter se imbricata ; 2 autem anteriora mulio majora inaequalia basi inæquali-auriculata, posteriora in alabastro involventia, inter se imbricata. Stamina 10, scilicet 2 anteriora sterilia petaloidea obovata v. subspathulata margine glanduloso-ciliata ; glandulis eis peta- lorum posteriorum conformibus sed multo majoribus et inde conspicuis ; stamina fertilia 8 3-adelpha, quorum 4 posteriora, 4 autem lateralia per paria connata ; antheris apiculatis introrsis unilocularibus intus sulcatis et longitudine ad medium dehiscentibus. Pistillum sicut et stamina post anthesin reflexum ; germine 4-alato : alis brevibus 2 anterioribus, 9 autem posterioribus ; placenta posteriori 2-ovalata ; ovulis descendentibus ; micropyle extrorsum supera ; stylo tenui ad apicem paulo incrassato stigmatoso. Fructus ignotus. Arbuscula (ad 2 met, alta) "glabra ; foliis alternis stipulaceis breviter acuminatis integerrimis membranaceis glabris penni- nerviis. Flores racemosi, singuli bracteati pedicellati: pedicellis basi 2-bracteolatis ; racemis simplicibns terminalibus. — Crescit in Gabonia ibique vernacule audit Ngandji. Legerunt el. Duparquet (n. 19) et Griffon du Bellay (n. 329). Legit quoque cl. Mann, ad. riv. Cameroon (n. 751, 2210). Species unica : D. orchidacea. (1) M. Griffon du Bellay, qui a observé cette plante avec beaucoup d'attention, à vu ces stipules dont la longueur est, dit-il, d'un centimètre. SUR L'HERBIER DU GABON. 191 de longueur, sont entiérement formés de ce tissu charnu et ver- dâtre. Les folioles mobiles sur le pétiole commun, ont, ainsi que la feuille tout entiére, la propriété de se rabattre et de pendre sur les rameaux. Les fleurs sont disposées au sommet des rameaux en grappes d'environ 12 centimètres de longueur. L'axe de la grappe est simple, cylindrique et glabre; il porte une quarantaine de fleurs et beaucoup de boutons qui sont eneore loin de s'épanouir quand les fleurs de la base ont déjà noué leurs fruits. Le périanthe et l'androcée de ces fleurs tombe alors d'une seule piéce et couvre le sol au pied de la plante. Les pédicelles floraux arrondis, d'un vert brun et ve- louté, articulés, ne dépassent pas 4 ou 2 centimètres de lon- gueur. lls se dilatent un peu à leur sommet en un réceptacle floral à peu prés plan, qui porte le calice, la corolle, l'androcée etle gynécée. Sous la fleur il y a deux bractées latérales qui demeurent toujours très-petites. Le calice est formé de deux sépales, l’un antérieur et l'autre postérieur. Ce dernier est mince et de petite taille, relative- ment au sépale superposé à la bractée florale, qui est au contraire épais, beaucoup plus coriace que le sépale postérieur qu'il enve- loppe par ses deux bords. Leur couleur n'est pas non plus la- méme; car l'antérieur est verdâtre, brun sur les bords, blanc à l'intérieur, tandis que le sépale postérieur est blane et n'a qu'une raie brune sur sa ligne médiane. La corolle est formée de cinq pé- tales roses veinés, d'abord trois postérieurs dont un médian enve- loppé par les deux latéraux, tous les trois presque égaux, lancéolés, d'un rose vif et marqués de veines brunes, d’après les notes de M. Griffon du Bellay. Ces trois pétales sont enveloppés par les deux pétales antérieurs qui sont beaucoup plus grands et dont la configuration est si singulière qu'on les compte d'abord pour trois ou quatre pétales. Ils ont, en effet, un limbe aigu, à peu prés régu- lier ; mais, prés de leur base, ils possèdent, sur celui deleurs bords qui regarde la bractée florale, une expansion latérale en forme d'auricule; et comme par ce méme bord ils s'enveloppent l'un l'autre, il arrive d'ordinaire que le pétale enveloppé a son auricule 192 ÉTUDES bien plus développée que celle du pétale recouvrant ; el c'est dans ce cas-là qu'on croit au premier aspect à l'existence de trois pétales antérieurs. En somme, la préfloraison de la corolle est quincon- ciale, mais le plan de symétrie de ce quinconce est oblique par rapport au plan antéro-postérieur de la fleur. L'androcée est formé de huit étamines fertiles ét de deux lan - guettes que nous croyons pouvoir considérer comme des stami- nodes pétaloides. Ces staminodes sont antérieurs, membraneux, obovales-lancéolés, chargés sur leurs bords de petites glandes stipitées qui se retrouvent aussi sur les pétales postérieurs, mais qui y sont bien moins prononcées. Quant aux étamines fertiles, elles sont triadelphes, car leurs filets aplatis, d'abord unis en un seul anneau, se séparent bientôt en trois languettes, dont une posté- rieure, et deux autres latérales. La languelle postérieure supporte quatre anthères dont la forme extérieure est la méme que dans les Zollerniées; et chaque languette latérale en supporte deux, à moins que, de ces deux étamines, l'antérieure n'avorte, comme cela arrive assez souvent. Les anthéres sont surmontées d'un prolongement aigu du connectif; elles n'ont qu'une loge qui s'ouvre suivant sa longueur, par une fente médiane qui est indiquée d'avance par un sillon trés-déprimé, et qui s'étend environ à la moitié de la hauteur de l'anthére. Quand la fleur s'est épanouie, toutes ces éta- mines se rabattent en bas et en dehors, et s'appliquent ainsi sur le gynécée qui est forcé de suivre ce mouvement de réflexion. L'ovaire est à une loge, avec un placenta postérieur qui supporte deux ovules descendants, dont le micropyle est dirigé en haut et ch dehors. Le sommet de l'ovaire s'atténue graduellement en style, et ses cótés portent quatre cótes saillantes, dont deux postérieures et deux antérieures. Quoique nous ne connaissions pas le fruit mür, il est done probable qu'il présente quatre ailes plus ou moins mar- quées. Ce qu'il y a de certain, c'est que lorsqu'il vient de nouer, il présente tout à fait en petit la forme du fruit mûr du Tetrapleura Thónningii Bexrm., figuré dans la planche IH (fig. 5); mais il s'en distingue, outre le petit nombre de graines qu'il peut con- SUR L'HERBIER DU GABON. 193 tenir, par ce fait que le placenta répond, non pas à une des quatre ailes, mais à l'intervalle des deux saillies postérieures. On voit, par ce qui précéde, que tout en affectant de grandes analogies d'organisation avec les Zollernia et les Martiusia, le Duparquetia en différe notablement par le nombre de ses éta- mines fertiles, la configuration de ses staminodes et de sa corolle, en méme temps que par son calice qui n'a que deux piéces oppo- sées l'une à l'autre, et non pas cinq, comme les Martiusia, ni, comme les Zollernia, un sac gamophylle irréguliérement déchiré lors de l'anthése. ; L'autre plante africaine que nous croyons devoir rapporter au même groupe, est originaire de Madagascar; elle n’a pas été, que nous sachions, décrite jusqu'ici ; et il est certain qu'elle a très- peu le port et le feuillage d’une Légumineuse. Elle ressemble plutôt, au premier abord, à une Dilléniacée ou à certaines Pitto- sporées australiennes. Son organisation florale se rapproche cepen- dant beaucoup de celle des Zollernia. Nous lui donnerons le nom générique de Baudouinia (1), pour reconnaître les services ren- dus à la botanique par le capitaine Baudouin, l’un des derniers explorateurs de la Nouvelle-Calédonie. Ses fleurs ont, sur un réceptacle convexe, un calice et une corolle, formés chacun de cinq folioles lancéolées, imbriquées, libres et à peu près sembla- bles entre elles. L'androcée est constitué par dix étamines super- posées, cinq aux sépales et cinq aux pétales, insérées hypogyni- quement et formées d’un filet renflé à son sommet en pyramide renversée, et d’une anthère introrse à sommet aigu. Ce sommet | : id (1) BAUDOUINIA, nov. gen. Flores hermaphroditi subregulares; receptaculo con- vexo depresse conico. Calyx 5-partitus ; laciniis subæqualibus lanceolatis glabris; præfloratione imbricata. Petala sepalis conformia tenuiora ; præfloratione imbricata (vexillari). Stamina 10 hypogyna, quorum 5 alterna petalis opposita, aut omnia inter se subæqualia, aut plerumque eo breviora quo ad placentam magis propin- qua; filamentis hypogynis liberis e basi longe angustala obpyramidatis apice in- crassato truncatis; antheris basifixis introrsis 2-locularibus sagittatis, apice penicil- latis; intus haud procul ab apice dehiscentibus ; rimis mox divaricatis usque ad basin descendentibus, Germen breviter stipitatum pauciovulatum ; ovulis plerum- que 3 campylotropis subhorizontalibus v. obliquis descendentibus ; ovario in stylum subulatum apice haud incrassatum attenuato. Fructus (immaturus) carnosus oblique vr. (11 mars 1866.) 15 194 ÉTUDES porte un petit bouquet de poils fins, et la déhiscence commence par le haut des deux loges par une fente commune qui bientôt se - bifurque et descend finalement jusque tout en bas de l'anthére. Le gynécée s'insére au centre du réceptacle ; un pied porte l'ovaire qui est surmonté d'un style aigu, subulé, sans renflement stigma- tique, et qui renferme ordinairement trois ovules campulitropes, . A voir la consistance presque charnue des parois de l'ovaire, on devine d'avance que la gousse sera épaisse et charnue, ce qui arrive en effet. Elle renferme depuis une jusqu'à trois graines qui sont séparées les unes des autres par des saillies intérieures et obliques de l'endocarpe. Pour se faire une idée exacte du B. sol- lyæformis, qu'on place maintenant ces fleurs pédicellées, ou so- | litaires, ou réunies par petits bouquets de deux ou de trois fleurs, à l’aisselle des feuilles d'un arbuste de vingt-cinq pieds environ, dont les rameaux sont gréles et dont le feuillage est à peu prés glabre, chaque limbe étant simple, obovale-oblong, arrondi à son sommet, longuement atténué à sa base, et supporté par un pétiole gréle et court qu'accompagnent deux petites stipules latérales trés-caduques. C'est à Port-Lewen, sura cóte de Madagascar, dans les mornes boisés qui bordent la mer, que Boivin (n* 2556) a trouvé cette plante, en 1849. D'aprés ce que nous venons de voir, le Baudouinia a donc le calice d'un Martiusia et l'androcée d'un Zollernia, et se rattache en méme temps aux Swartziées et au Cassiées. Mais quoique ses étamines soient au nombre de dix, on voit que, dans la plupart ^wtipitatus oligospermus ; seminibus singulis (2, 3) in locellis spuriis inter dissepi- menta obliqua ex endocarpio incrassato orta obliquis, — Species hucusque unica, scil. B. sollyeformis, arbuscula (adspectu Pitiosporeas nonnullas referens, ad 25 ped. alta, fid. Boivin), ramis gracilibus ; cortice rugoso griseo; foliis alternis oblongo-obovatis, rarius subspathulatis (2 4 cent. long., 4 cent. lat.), basi longe an- gustata ; apice rotundato; integerrimis membranaceis glabris, supra lucidis laevibus, subtus opacis pallidioribus penninerviis venosis ; costa nervisque utrinque (in sicco) prominulis; petiolo gracili brevi (3-5 mill.); stipulis 2 brevissimis trigonis cadu- cissimis ; pedunculis gracilibus axillaribus folio brevioribus 4-3-floris; pedicellis procul a flore 2-bracteolatis, . Oritur in Malacassia, ubi ad Port-Lewen, in littore maris, martio aprilique flo- rentem, anno 1849, legit Boivin (exs,, n, 2556, in herb, Mus, par.). SUR L'HERBIER DU GABON. . 495 des fleurs, elles vont en diminuant de taille à mesure qu'on se rapproche davantage du côté placentaire de la fleur; ce qui se produit aussi dans quelques Casses de l'ancien monde, tandis que les étamines deviennent tout à fait courtes et stériles dans la plupart des autres et qu'elles disparaissent méme complétement d'un côté de la fleur des Martiusia et du Duparquetia, genres dont les affinités avec les Casses sont par conséquent trés- étroites. Quant aux Casses elles-mémes, elles sont richement représen- tées, dans l'herbier du Gabon, par quelques-unes de ces mauvaises herbes si abondantes dans le voisinage des tropiques. Telles sont le Cassia occidentalis L., qui se retrouve dans l'ouest aussi bien que dans l'est, au Gabon (Duparquet, n. 25),à Fernando-Po (Mann, n. 69), au Niger (Barter, n. 1602), à Zanzibar (Boivin); le C. Tora L. (obtusifolia), recueilli au Gabon par MM. Griffon du -Bellay (n. 121), Duparquet (n. 24), Mann (n. 595), à Saint-Louis du Sénégal, par Leprieur, en 1824, à Nupe et à Jeba, par Bar- ter (n. 1630), à Maurice, par Sieber (Fl. exs., Il, n. 241), à Zanzibar, par Boivin, en 1848; le C. Absus L., à l'aide duquel . les négres guérissent certaines ophthalmies et qui est signalé dans le Flore Senegambiæ T'entamen (261). Heudelot (n. 207, 414) l'a récolté en 1836 et 1837 dans les sables du Cayor ; Barter(n. 1620, 1621), à Nupe; Boivin, à Montbaze ; mais nous ne l'avons pas vu dans les herbiers du Gabon. Le C. mimosoides L., en y compre- nant les C. geminata Vau et microphylla W., a été rencontré par tous les botanistes précédemment cités (Duparquet, Griffon- -i du-Bellay, n. 55, 57, Mann, n. 996, Barter, n. 1619, 462, Perrottet, Leprieur, Heudelot, n. 251). Dans l'est, Boivin l'a re- cueilli à Zanzibar et à Bourbon (n. 1476). Le C. alata L., qui est si fréquemment planté au Sénégal, et dont les graines envoyées en Franee commencent à produire pour nos serres de si belles plantes ornementales, se retrouve également au Gabon (Griffon du Bellay, n. 604, Mann, n. 1000), mais avec des formes à ce qu'il semble plus réduites. II n'est guère possible de parler des 496 . ÉTUDES Casses, sans signaler le Poinciania pulcherrima(1), l'un des Flam- boyants des pays chauds, qui a été introduit au Gabon, et qui s'y cultive (Griffon-du-Bellay, n. 150 bis), aussi bien que dans tout le reste de l'Afrique chaude, au Cap (Sonnerat), à Zanzibar (de Belligny), à Maurice (Sieber, Fl. exs., Il, n. 333), au Sénégal (Leliévre) et à Sierra- Leone (Don, Vogel, Barter). | Les Mezoneuron sont très-voisins des Poinciana et des Cæsal- pinia, car Îls ne différent en somme de ces derniers que par l'obliquité plus prononcée du rebord supérieur de leur coupe ré- ceptaeulaire et par la maniére dont le dos de leur gousse se pro» - longe dans toute sa longueur en une aile plus ou moins épaisse. On n'a pas jusqu'ici recueilli de Mexoneuron au Gabon, mais nous croyons avoir sous les yeux l'espéce à laquelle il est fait allusion, dans le Niger Flora (324), comme ayant été trouvée par Heudelot dans la Sénégambie ; il nous parait juste de la désigner sous le nom de M. Benthamianum (2). Elle parait surtout caracté- risée par la longueur de ses grappes, l'épaisseur de leur axe prin- cipal qui est ligneux et chargé d'un grand nombre de petites cicatrices saillantes répondant à la place d'autant de fleurs tombées et de leurs bractées axillantes, ses gousses étroites, allon- gées et peu épaisses relativement à leurs dimensions, le petit nombre de graines qu'elles renferment, et la forme des folioles qui sont elliptiques ou légérement obovées, glabres et d'un vert foneé supérieurement, pâles à la face inférieure. Le genre Cæsalpinia est représenté au Gabon comme dans tant | “ie régions chaudes du littoral, par le C. (Guilandina) Bon- - (4) Thünning avait déjà observé en Guinée cette plante dont Schumacher donne la synonymie détaillée, p. 229 du Beskriv. af Guin. plant. (2) M. foliis completis ignotis; foliolis elliptico-obovatis, apice rotundatis retu- sisve (3 cent. longis, 1 $ cent. latis) integerrimis membranaceis, dibus, subtus albidis opacis penninerviis glaberrimis ; racemis simplicibus demum lignosis perlongis (30-40 cent.) cicatricibus crebris pedicellorum occasorum bractea- rumque prominulis notatis; receptaculo florum late obliquo pube bus oblongis basi et apice rotundatis membranaceis glabris 2-9-spermis (ad 8 cent. longis, 2 cent. latis); alasubintegra v. obsolete sinuata membranacea venosa (£ cent. lata). — In Senegambia, anno 1837 legit Heudelot (herb, Mus. par.) " supra dense viri- rulo ; legumini- SUR L'HERBIER DU GABON. 197 due, que M. Duparquet (n. 20) y a rencontré communément sur le littoral, Heudelot l'avait de méme récolté, en 1837, dans la Sénégambie (n. 464). E Il n'y a pas de véritable Schotia dans l'herbier du Gabon, et ce genre parait apparlenir aux régions plus méridionales. Citons en pássant une plante de ce genre qui se trouve daus l'herbier de la Société horticulturale de Londres, et qui a été recueillie en 1822, au golfe de Delagoa, par M. Forbes(n. 32). Nous proposons d'appeler Forbesiana cette forme (1) du S. tamarindifolia Arz., qui, avec des folioles obovées, légèrement aeuminées, un peu si- nueuses, présente ses fleurs réunies en boules presque sessiles sur le vieux bois, ou au sommet de rameaux gréles, et dont le gynécée, porté par un pied plus distinct, se détache plus haut de la paroi de la coupe réceptaculaire, et ne devient indépendant qu'au niveau du bord de cette derniére. Quant au S. simplicifolia Taônx., avec une fleur trés-analogue par son organisation, il appartient, comme nous l'avons indiqué plus haut (p. 188), au nouveau genre Griffonia (2) dont il con- slitue une seconde espéce. Nous avons élé assez heureux pour retrouver, dans l'herbier des Jussieu, l'échantillon type de la plante de Thónning, envoyé autrefois par Vahl, et que De Candolle avait eu sous les yeux à l'époque où il rédigeait les Légumineuses du Prodromus (II, 508). C'est probablement un rameau latéral; son écorce glabre, et ses feuilles se distinguent facilement de celles du G. physocarpa par leur nervation, car les nervures secondaires partent de la base du limbe; au nombre de quatre. Celles qui sont- voisines des bords sont gréles et peu prononcées ; mais les deux intérieures sont plus saillantes et rapprochées de la nervure prin- (1) Nous ne pensons pas que la plante présente des caractères suffisamment tranchés pour être élevée au rang d'espèce. Huet ab dns (2) G. simplicifolia (Schotia simplicifolia TnóxN., Beskr., 232), Ce nom doit avoir la priorité sur celui de Bandereia WELW. (in BENTH, et HOOK., Gen., 577, n. 385), dont la publication est postérieure. Un autre genre, appartenant aux Chrysobalanées, a été dédié, dans le même ouvrage (608), à M. Griffon du Bellay, . mais nous verrons ultérieurement que ce nouveau type est considéré par nous comme ne constituant qu’une section du genre Couepia d’Aublet. 198 ; ÉTUDES cipale, tandis qu'existant seules dans le G. physocarpa, elles se rapprochent beaucoup plus du bord du limbe. Celui-ci est ici elliptique ou ovale-aigu, souvent acuminé, trés-entier, glabre, supporté par un pétiole court. Les fleurs sont caractérisées par le duvet pulvérulent et verdátre dont leur calice et leur tube récep- taculaire sont chargés en dehors, ainsi que les pédicelles et l'axe méme de l'inflorescence. Ce dernier est plus court que les feuilles, simple, épais, rigide et ligneux à sa base. Il est situé latéralement sur le rameau, mais non pas en général dans l’aisselle d'une feuille. Vers le sommet du rameau seulement, il occupe exactement cette position, Mais, plus bas, il est à égale distance de deux feuilles, sans étre superposé à aucune d'elles, et, plus bas encore, il se trouve au méme niveau qu'une feuille, mais placé sur son côté et non dans son aisselle. On voit par là que les inflorescences sont plus ou moins soulevées avec la branche quiles porte, comme il arrive dans tant d'autres plantes, Cucurbitacées, Ampélidées, Apocynées, Asclépiadées, Solanées, etc., et qu'ici, de méme que dans plu- sieurs Mappiées, telles que le Leptaulus (4), le rameau florifère se détache quelquefois de la branche qui le porte, exactement au ni- veau d'une feuille à l’aisselle de laquelle il n'est pas né. M. Griffon du Bellay a trouvé au Gabon uu Dialium (n, 318) qui, malgré quelques différences dans la forme de ses jeunes boutons, le duvet fauve qui les recouvre, l'épaisseur des sépales et la teinte brune foncée de la surface de l'ovaire, ne nous parait pas devoir être spécifiquement distingué de l’ancien Codarium nitidum de Vahl, désigné dans le Flore Senegambie Tentamen (267, t. LIX) sous le nom de Dialium nitidum. C'est une plante extrêmement polymorphe ; la taille des feuilles, leur configuration et l'état de leurs surfaces, la longueur des pédicelles floraux et leur degré de rapprochement, sont tellement variables, qu'aprés avoir d'abord été considérés comme des espéces distinctes, le Codarium nitidum, envoyé à Jussieu par Vahl, et dont les folioles sont pe- (4) Adansonia, II, 376. SUR L'HERBIER DU GABON, 199 tites etelliptiques, etle D. acutifolium Arz., tel que Smeathmann, Leprieur, Barter, ete., l'ont récolté, avec ses feuilles allongées, étroites et lancéolées, doivent être forcément reliés entre eux par une foule de formes intermédiaires, observées par Adanson (n. 232) et par. Heudelot, Il devient méme fort douteux pour nous, qu'on puisse conserver comme espèce distincte le D, discolor du Niger Flora (329), qui semble cependant tout d'abord bien caractérisé, Quelques-uns des échantillons d'Heudelot (n. 585) ont, avec le méme feuillage, des fleurs construites comme celles du €. acuti- folium de Vahl. Le duvet brun qui existe à la fois sur l'ovaire, le disque et les filets staminaux, dans les échantillons de Barter et de M. Mann, constitue un caractére trop variable dans les plantes d'autres collecteurs, pour qu'on en puisse tenir compte. Il en est de méme du pétale, dont la présence ou l'absence n'a pas une va- leur absolue. Cet appendice existe dans la plante type de Vahlet manque dans les échantillons d'ailleurs trés-analogues de Leprieur. Dans certaines fleurs du rameau rapporté par M. Griffon du Bellay, le pétale est un moignon rudimentaire ; dans d'autres il manque complétement. Ce même pétale est à peine visible dans quelques fleurs, et grand, obovale, membraneux, dans quelques- autres, prises au hasard sur un échantillon type du Flore Sene- gambiæ Tentamen, recueilli par M. Perrottet. Non loin des Dialium se placent les Crudia dont le Flore Senegambiæ Tentamen ne mentionne aucune espèce. On pouvait cependant s'attendre à rencontrer dans la Sénégambie le C. sene- galensis Pl. (voy. Niger Flora, 329), et il figure, en effet, sous le n. 708, dahs les collections formées en 1837 par Heudelot. C'est, suivant ce voyageur, un arbre élevé de 10 à 20 mètres, qui croît sur les bords du Rio-Nunez et qui y fleurit en janvier. Ses feuilles sont remarquables par le développement et la persistance de leurs stipules membraneuses. Lorsqu'on observe ces organes à la base des feuilles naissantes, on voit que, comme dans la plupart des Légumineuses, ils sont latéraux. Mais comme ils ne se quittent pas en grandissant et qu'ils s'élévent graduellement, endemeurant unis 200 ÉTUDES - dans la moitié environ de leur hauteur, ils constituent défini- tivement une seule stipule bifide et intraaxillaire, sans qu'on puisse cependant méconnaitre leur véritable origine. Nous n'in- sistons sur ce fait que parce qu'il est applicable à la plupart des stipules intraaxillaires qu'on décrit souvent comme solitaires et qui sont doubles en réalité. Quant aux fleurs des Crudia, elles sont celles d'une Amherstiée apétale. Dans les échantillons d' Heudelot, que nous avons sous les yeux, le calice est ordinairement tétra- mère, mais parfois aussi pentamére. Quand il y a cinq sépales, ils sont disposés, dans le bouton, en préfloraison quinconciale. L'exis- tence de dix étamines, dont cinq grandes et cinq plus petites, in- dique d'ailleurs assez que, comme dans la plupart des Vouapa, un des sépales en représente une couple, tantót plus ou moins unis, tantôt indépendants jusqu'à la base. Les étamines s’insèrent au pourtour de la coupe réceptaculaire; leurs filets sont libres, altachés en haut sur le dos du connectif et repliés en dedans sur eux-mémes dans le bouton. Les anthéres introrses sont à cette époque appliquées et comme scellées contre les poils laineux dont est chargée la surface de l'ovaire. Celui-ci renferme ordinaire- ment plus d'ovules qu'on ne pense; le nombre six est le plus fré- quent. Le pied qui supporte le gynécée a toujours une insertion excentrique, si rapproché qu'il puisse être du fond de la cavité ré- ceplaculaire ; et c’est toujours du côté de l'insertion de ce court podogyne que se trouve le placenta. Le style, légèrement renflé en tête au sommet, est involuté dans le boulon. .. De ce qui précède, il résulte que les Crudia sont en même temps trés-voisins des Delarium. Même androcée et même périan- the; seulement le réceplacle devient tellement court dans les De- tarium, que l'insertion arrive à y étre sensiblement hypogyne, et que le gynécée en occupe à peu près le sommet, Cette disposition des parties s'observe également dans les Copaifera ; et il y alieu, ce me semble, de se demander si les Detarium doivent demenrer génériquement séparés de ces derniers: Nous ne rencontrons pas de Detarium dans l'herbier du Gabon; mais nous devons men- . SUR L'HERBIER DU GABON. 201 tionner une plante de ce genre dans les collections non décrites d'Heudelot (n. 822, 827), récoltée par lui, en 1837, dans les forêts qui avoisinent le Rio-Nunez; elle forme, d’après lui, un arbre élevé de 15 métres et plus, dont le tronc estdroit, cylindri- que et dont les rameaux étalés portent en mars des fleurs blan- ches et odorantes. Son bois est d'une assez belle couleur rouge et d'une grande dureté ; ses fruits, au dire des gens du pays, ne sont pas bons à manger. Les jeunes rameaux, les bourgeons, les pétioles sont recouverts d'un duvet brun ferrugineux trés- court, ainsi que la face inférieure des folioles. Celles-ci, au nombre de huit ou dix, sont elliptiques ou légèrement ovales et également arrondies, ou réluses aux deux extrémités, parfois émarginées au sommet, Leur longueur ne dépasse pas 5 centimètres; elles sont minces, membraneuses, à nervures secondaires obliques et parallèles entre elles dans toute leur longueur. Les inflorescences, portées sur les côtés des rameaux, sont ramifiées et également ferrugineuses. Les fleurs ont un calice de quatre sépales presque valvaires, mais à bords taillés en biseau, et dix élamines dont cinq plus grandes et cinq plus petites. Une de ces dernières étant superposée exactement à la ligne médiane d'un sépale plus large que les trois autres, montre que celte foliole calicinale en représente deux unies entre elles dans toute leur étendue. L'ovaire renferme deux ovules des- cendants. Chaque fleur est portée par un court pédicelle, articulé à sa base, placé à l'aisselle d'une bractée, et accompagné de deux courtes bractéoles latérales. Cette plante, que nous avons nommée D. Heudelotianum, pourra paraitre, à cause des caractéres que nous venons d'énoncer, une espèce distincte du D. senegalense Gmer., décrit dans le Prodromus de De Candolle (H, 521), le Flore Senegambiæ Tentamen (269,t. LX) elle Niger Flora (329), avee des traits un peu différents. Nous croyons toutefois préféra- ble de ne l'en considérer que comme une forme, en songeant qu'il s'agit ici d'une plante éminemment variable quant à la forme, la taille, la consistance et l'état des surfaces de ses différents organes. Mais si Von cherche en quoi le D. senegalense Gus. diffère 909 ÉTUDES . ps. lui-méme d'un Copaifera, on ne trouve de dissemblance que dans l'épaisseur et la consistance du péricarpe. Le Detarium, avec son noyau épais, son mésocarpe succulent, pareouru de faisceaux vas- culaires plus ou moins rigides, est au Copaifera dont le mésocarpe n'est souvent qu'une portion peu épaisse du péricarpe et dont l'en- docarpe s'ouvre plus ou moins complétement ou demeure indé- hiscent, est, disons-nous, à peu prés ce qu'est la Pêche à l'Amande qu'on ne peut guère séparer génériquement l'une de l'autre, D'ailleurs le gynécée et l'androcée sont les mémes dans le Copai- fera et le Detarium. Dans l'un comme dans l'autre, il peut arriver qu'au lieu de quatre sépales on en observe cinq. Dans le premier, la préfloraison du calice peut étre nettement imbriquée ; mais, dans plusieurs espèces brésiliennes, le bord des sépales est simplement un peu taillé en biseau, comme dans le Detarium, et l’æstivation . devient presque complétement valvaire. 1l n'y aurait sans doute pas d'inconvénient à faire des Detarium une simple section du genre Copaifera. C'est avec plus d'incertitude encore que nous proposons de rapporter au méme genre, sous le nom de Copaifera? Mannii, la plante des collections de M. Mann, distribuée par l'herbier de Kew, sous les numéros 754, 1822 et 2194, avec le nom de Crudya? C'est un arbre qui croît près de la rivière Cameroon, et dont les rameaux sont chargés de feuilles alternes, composées de une à trois folioles. Quand elles en ont deux, celles-ci ont tout à fait la méme configuration que celles de notre Didelotia (voy. Adan- sonia, V ,t. VIH). Leur pétiole et leurs pétiolulessont courts, trapus, épais etrugueux. Les fleurs sont groupées en grappes composées, qui naissent sur le bois des rameaux, Leur réceptacle trés-court supporte quatre ou cinq sépales inégaux, concaves, fortement im- briqués, et dix étamines hypogynes à filets exserts, à anthères bilo- culaires, introrses, d'abord extrorses dans le bouton, par suite de l'inflexion des filets staminaux. Un certain nombre de ces étamines peuvent méme disparaître, cari] y a des fleurs qui n'en contiennent que cinq ou six. L'ovaire, libre et court, est atténué supérieure- SUR L'HERBIER DU GABON, 203 ment en un long style, d'abord replié sur le sommet de l'ovaire, puis redressé et dépassant le périanthe, sans renflement bien pro- noncé à son sommet. L'ovaire renferme un ou deux ovules sus- pendus et hémitropes, avec le micropyle supérieur et extérieur, Chaque pédicelle floral porte supérieurement deux courtes brac- téoles latérales, situées sous la fleur. En l'absence du fruit, il n'est pas facile de se prononcer d'une maniére définitive sur la place que doit occuper cette plante. Elle pourrait tout aussi bien se rap- porter au genre ZZardwickia de Roxburgh. Mais c'est ici le lieu de se demander quelle différence générique il y a réellement entre un Hardwickia et un Copaifera à fleur quinaire et à calice imbriqué, Les genres précédents se rattachent aux Mimosées par l'inter- médiaire de l'Erythrophleum guineense Don, qui a été décrit, dans le Flore Senegambiæ Tentamen (242, t. LV), sous le nom de Fillea suaveolens Gus. et Penn. Trouvée autrefois par Don à Sierra-Leone, puis à Albreda, par MM. Leprieur et Perrottet, cette plante a été retrouvée en 1836, dans le ravin de Woulli, et plus rarement dans le Ferlo, par Heudelot qui, dans son herbier (n. 155), nous a transmis sur elle de nouveaux renseignements. Là elle constitue un arbre de 30 métres et plus, à trone cylindrique, rectiligne, et de 2 métres de diamétre. Les branches naissent à une hauteur de 5 à 6 mètres, se couvrent de feuilles vertes et lui- santes, et donnent à l'arbre le port du Caileedra (Khaya senega- lensis). Les fleurs, d'un blanc jaunátre, apparaissent en mars et avril. Les habitants du pays désignent sous le nom de Tali, cet arbre redouté qui est un poison violent pour les hommes et les ani- maux. Une petite dose de l’écorce broyée, jetée dans des aliments, suffit, à ce qu'il parait, pour causer la mort. Les Mimosées ont rarement des propriétés délétéres aussi énergiques. Quant aux fleurs, elles ont un réceptacle concave, et l'insertion des pétales y: est périgynique. Le calice est, dans le bouton, aussi long que la corolle, gamosépale, et partagé supérieurement par cinq fentes profondes (1). Quant à la gousse, sa forme parait varier quelque (4) L'insertion de la corolle est donc inexacte dans la planche du Flora Sene- 204 ÉTUDES peu, suivant les échantillons, tantôt plus large et plus plate, avec un rebord plus ou moins saillant des deux côtés, tantôt plus arron- die et cylindroide, sans sutures saillantes sur les deux bords. Il y . a longtemps que les graines sont connues comme présentant deux particularités remarquables ; un albumen assez épais, analogue à celui des Gledischia; et une couche superficielle, pulpeuse et gommeuse dont la saveur est douceâtre, et qui prend une grande épaisseur quand on laisse tremper les sémences dans l’eau. Non loin des Erythrophleum se place Owala des Gabonais, qui est le Pentaclethra macrophylla Bern. (in Hook. Journ., M, 127), et qui se caractérise principalement par l'organisation de son androcée et celle de son fruit. On savait, depuis 1837, par les notes jointes aux collections d'Heudelot (n. 823), qu'il y avait sur les bords du Rio-Nunez, une Mimosée à grandes gousses ligneuses, longues d'un pied à un pied et demi, et dont la graine était riche en matiére grasse. Là ces gousses se trouvent en abondance au pied de l'arbre qui les produit, dont la hauteur est de 20 métres environ, et dont les rameaux ouverts, étalés, sont chargés de grandes feuilles bipennées à folioles trés-nombreuses, insymétri- ques, trapézoïdales, opposées les unes aux autres, comme les divisions du rachis de la feuille. Celle-ci est accompagnée à sa base, de deux stipules lancéolées, de petite taille, et la base des divi- sions porte en outre des stipelles sétacées, La même plante a été observée par Vogel, à Fernando-Po (Niger Flora, 329), et ré- cemment par M..Mann (n. 2203), sur les bords de la rivière Cameroon. M. Duparquet (n. 13) et M. Griffon du Bellay (n. 28) l'ont également récoltée au Gabon. C'est, suivant ce dernier, un arbre qui n'atteint guère, dans ce pays, que 5 à 6 mètres de hau- teur, trés-rameux et trés-feuillu. Ses feuilles sont, ou glabres, ou recouvertes d'un fin duvet ferrugineux. La forme de leurs folioles est un peu variable; elles sont plus ou moins insymétriques et plus ou moins arrondies ou aiguës à leurs extrémités. Quand le feuillage gambiæ Tentamen; el c'est probablement par mégarde que M. Bentham dit (Gen. , 588) du calice : « dentibus 5 brevissimis », SUR L'HERBIER DU GABON. 205 commence à paraître, il constitue au bout des rameaux des espèces de touffes chargées d’un duvet velouté de couleur marron. Plus bas les branches sont couvertes d’une écorce rugueuse et portent de nombreuses cicatrices saillantes des anciennes feuilles. La sec- tion des faisceaux fibro-vasculaires qu'on voit sur ces cicatrices figure grossièrement un masque humain, d’après l'observation de M. Griffon-du Bellay. Le nombre des paires de folioles est très- variable ; M. Griffon n'en a compté qu'une douzaine au plus ; il y en a souvent davantage sur les échantillons d'Heudelot. Les fleurs, trés-nombreuses, qui apparaissent dans la saison séche, sont grou- pées en épis ramifiés, sur les axes desquels elles sont sessiles et articulées ; elles sont polygames. Leur calice (?) a la forme d'une petite clochette gamophylle, à cinq dents arrondies, ciliées et imbriquées dans la préfloraison. Au-dessus de lui, le réceptacle forme une cupule profonde dont le fond est occupé par un gyné- cée souvent stérile et dont la surface intérieure est tapissée d'un disque glanduleux, tandis que la corolle et l'androcée sont insérés -sur les bords. Les pétales sont épais et valvaires. Les étamines fertiles, au nombre de cinq, alternent avec les pièces de la corolle. Leurs filets sont infléchis dans le bouton, plus tard redressés et exserts ; leurs anthères sont introrses, biloculaires, déhiscentes par deux fentes longitudinales. La glande caduque, elliptique, orangée, que porte en haut le connectif, est d’abord appliquée le long de sa face interne, dans l'intervalle des deux loges de l'an- thére, A chaque pétale répond un petit faisceau de deux ou trois filaments stériles, gréles, repliés sur eux- mêmes dans le bouton, et qu'on considère comme des staminodes alternant avec les étamines fertiles. En dedans de l'androcée, le bord saillant du disque se découpe en dix petites dents glanduleuses et obtuses. L'ovaire, ordinairement mal développé, supporté par un pied trés- court, contient cependant souvent de nombreux ovules disposés sur deux rangées verticales: Le fruit attire surtout l'attention par l'épaisseur de ses parois ligneuses et ses grandes dimensions. L'un d'eux, envoyé par MM. Griffon du Bellay et Touchard, mesure 206 ÉTUDES 55 centimètres de longueur, sur 9 de largeur et 8 1/2 d'épaisseur. C'est une sorte de batte aplatie, atténuée obliquement vers la base, et dont le bord, arrondi et mousse, présente dans toute sa longueur un sillon de déhiscence qui le partage en deux lévres. La surface de toute la gousse est d'un brun-marron, velouté avant l'entiére maturité, puis, le duvet tombant, glabre et pareourue, comme un morceau de bois, par des stries et des fissures longitu- dinales. Cette gousse s'ouvre avec élasticité, et ses deux valves ten- dent avec une grande force à s’écarter l'une de l'autre et à s'en- rouler ensuite en dehors. Telle est la puissance de ce mouvement de déhiscence, que M. Poisson ayant fixé en plusieurs points, avec des boulons, les deux valves d'une gousse qu'il voulait conserver intacte, l'une de ces valves se brisa et commença de s'arquer en dehors, quand le fruit eut été placé dans un endroit suffisamment sec. Il est probable que, dans leur pays natal, les graines sont, au moment de la déhiscence, lancées avec élasticité à une certaine distance. Elles ont jusqu'à 7 centimètres de long, sur 5 de large, et sont aplaties, minces au bord, inégalement trapézoïdales, oblique- ment atténuées vers leur point d'attache, glabres, lisses et luisantes à leursurface qui est d'un brun foncé, parcourue suivant sa longueur par de nombreuses rides obliques, peu profondes. Les habitants récoltent ces graines qu'ils mangent, et dont l'embryon, épais et charnu, paraît riche en une matière grasse qui rancit rapidement. Cet embryon remplit toute la cavité formée par les enveloppes minces et coriaces de la graine. Ses cotylédons se prolongent au- dessous de leur insertion en une sorte d’auricule décurrente de chaque côté de la radicule qui en est complétement entourée comme d'un étui. Ce n'est qu'avec grand doute que nous rapporterons provisoi- ` rement à ce genre, sous le nom P? Griffoniana, la plante que M. Griffon du Bellay (n. 6) a rapportée avec le nom indigène de N'ichiumbou. Nous n'en connaissons ni les fleurs, ni les fruits mürs ; mais les feuilles sont trés-voisines de celles du P. macro- phylla, Elles sont bipennées, avec les nervures secondaires et les SUR L'HERBIER DU GABON. 207 folioles opposées, nombreuses, sessiles, insymétriques et trapézoi- dales, taillées obliquement en coin à la base, obtuses au sommet, glabres, un peu coriaces, ternes et légérementferrugineuses à la face inférieure. Elles ne se distinguent guére de celles de l'espéce précédente, que par la présence d'une ou deux petites glandes sessiles, à sommet concave, situées à la face supérieure de la nervure principale, au niveau dela naissance des nervures secon- daires. Les fleurs sont disposées en grappes ou en épis ; et les fruits, tels que les a recueillis M. Griffon du Bellay, avant l'époque deleur maturité, sont des gousses rectilignes, à bords parallèles, à parois peu épaisses encore, d'un vert brunátre à la surface, glabres ou chargées d'un fin duvet ferrugineux. Leur longueur est alors de 45 à 20 centimétres, et leur hauteur d'un centimétre à un cen- timétre et demi. D'aprés M. Griffon du Bellay, ce N'tehiumbouest un arbre magnifique dont le trone est couvert d'une écorce d'un blanc rougeâtre, dont les rameaux sont très-feuillus, et dont la hauteur est de 45 à 30 mètres. Les rameaux sont bruns, à taches grises, rugueux et fendillés. Les extrémités, les pétioles, sont bru- nátres et chargés d'un court duvet. Les feuilles articulées se rabat- tent à eertains moments obliquement sur les rameaux. Mais si l'on trouve à cette plante quelque analogie avec les Pentaclethra, il n'en est plus de même de celle que M. Griffon du Bellay (n. 460) a rapportée sous le nom d'Habeian ou Owala du Boquoé. Celle-ci a bien les folioles insymétriques de la plante pré- cédente, avec une auricule très-prononcée en bas, et, au point méme de l'insertion de la foliole, une sorte de glande elliptique d’où partent en rayonnant quatre ou cinq nervures digitées; mais les feuilles sont alternes, avec un bourgeon à leur aisselle, et simplement pennées. ll parait que cette plante porte aussi des gousses énormes, Le Condori ou Adenanthera pavonina L. se renconire au Gabon; il y porte le nom vulgaire de Zanga-vara (Griffon du Bellay, n. 146). Les Entada, qui ne diffèrent essentiellement des Adenanthera, - + 208 ÉTUDES que par l'organisation de leurs fruits, sont beaucoup plus com- muns dans l'Afrique tropicale qu'on ne l'avait pensé jusqu'ici, et surtout qu'à l'époque où l'on ne connaissait que le seul E. afri- cana du Flore Senegambiæ Tentamen (233). Récoltée autrefois par M. Perrottet (n. 35), prés de T'iélimane, dans le royaume de Cayor, à Kounoun, dans là presqu'ile du Cap-Vert, et à Albreda, celte espèce a été retrouvée par Heudelot (n. 53), en 1835, dans le pays de Kombo et dans tout le Cayor. D'aprés ses notes, c'est un arbre de 20 à 30 pieds de haut, qui croit dans les bas-fonds, et qui fleurit en mai. Son tronc a un pied de diamètre, et ses ra- meaux ouverts ont un bois mou et aqueux et une écorce gris-vert. Les fleurs sont d'un blanc sale et inodore. Au dire des gens du pays, les éléphants, trés-avides de ses feuilles et de ses jeunes branches, déterrent aussi, avec leurs défenses, les racines qu'ils mangent, sans doute parce qu'elles contiennent beaucoup d'eau. En l'absence des fruits, nous ne pouvons rapporter qu'avee quelque doute à ce genre les quatre espèces suivantes : Lapremiére, E? durissima (1), a les feuillages de lE. africana, avec la méme forme à peu prés des folioles; mais celles-ci sont plus elliptiques et deux fois plus larges. C'est, suivant Heudelot (n. 414) qui a trouvé cette plante dans les pays de Kombo et de Cayor, en 1835, un arbre de 30 à 40 pieds de haut, dont le bois, d'un noir mêlé de rouge, est, contrairement à celui de l'espèce précédente, d’une extrême dureté. Le tronc est tortueux et chargé de plaques corticales d'un gris noir. Les branches sont pendantes et les feuilles alternes sont bipennées, avec un renflement brun au bas du pétiole et de ses divisions ; elles sont bijuguées, avec en- viron neuf paires de folioles sur chacune des quatre divisions se- (4) Entada? durissima. Folia basi incrassata articulata bipinnata bijuga ; foliolis ad 9-jugis elliptico-oblongis, basi inæquali- obtusatis, apice rotundatis v, brevissime apiculatis (2cent. long., 4 cent. lat.) subsessilibus membranaceis glabris, Spicæ folio 3 plo breviores; floribus creberrimis sessilibus ; calyce ad medium 5-fido pubes- centi ; antheris orbiculari-obcordatis compressis ; loculis apice divergentibus ; con- nectivi glandula apicali in alabastro inflexa globosa crassa glaberrima ; ovario dense villoso multiovulato ; stylo brevi, SUR L'HERBIER DU GABON. 209 condaires. Les fleurs, qui paraissent en mai et juin, sont sessiles sur l'axe de leurs épis, avec un calice pubescent, fendu jusque vers le milieu en cinq divisions aigués, et des anthéres orbiculaires-ob- cordées, comprimées, à prolongement du connectif épais et globu- leux, d'abord infléchi ct logé en haut de l'écartement des deux loges. L'ovaire, qui contient de trés-nombreux ovules'disposés sur deux rangs, est couvert de poils blanchâtres. Laseconde, E. scandens, 8 Heudelotiana, a, au contraire, de larges folioles elliptiques ou obovales, faleiformes, insymétriques, avec une moitié intérieure de beaucoup moins large quel'extérieure. La taille de ces folioles qui sont glabres, luisantes, finement veinées, donne au feuillage un aspect tout différent. Les feuilles sont ordi- nairement bijuguées, et il y a deux à trois paires de folioles sur chaque division secondaire du rachis. Mais souvent, en outre, celui-ci, aprés avoir porté ses deux divisions, se continue, ou en une languette courte et gréle, ou méme en une assez longue vrille enroulée, simple ou bifurquée. Les épis sont supra-axillaires, sim- ples, gréles, allongés, dépassant de beaucoup les feuilles. Toutes les parties des fleurs sont glabres. Le calice est membraneux, à einq dents obluses à peines marquées. Les élamines sont surmontées d'une petite bouleblanche, molle et glanduleuse. L'ovaire entiére- ment lisse et contenant de nombreux ovules, est surmonté d'un style grêle, plusieurs fois replié sur lui-même. L'E. scandens peut donc être placé dans une section bien différente de celle qui contiendrait les deux espèces précédentes. Heudciot (n. 850) a trouvé celle -ci en (4) E. scandens, 8 Heudelotiana. Vix lignosa (fid. Heudelot), ramisteretibus glabris centro canaliculatis; ligno molli, Folia remote alterna, uti planta tota glaberrima 2-juga ; foliolis 2-3-jugis inæquali-obovalis ellipticisve (ad 8 cent. long., 3 cent. lat.) inæquali-falcatis, intusconcavis, apice rotundatis emarginatisve, ad basin inæquali- angustatis ; ima basi obtusata ; petiolo ad basin longe nudato, ima basi incrassato ; apice aut truncato aut breviter apieulalo aut in cirrhum simplicem duplicemve longe producto. Stipule linearismbulate glabra (ad 4 cent. longae). Spicæ paulo supra axillares folio /nonnunquam 2plo) longiores simplices basi nudatæ mox crebri- flora, Flos sessilis; calyce campanulato brevi membranaceo obsolete 5-dentato. Petala longiora oblonga crassa angulata calyce 3plo longiora, Germen oblongum teres glaberrimum multiovulatum ; stylo gracili glabro ad apicem vix incrassato in alabastro plicato. y1. (41 mars 1866.) 1^4 210 ÉTUDES 1837, dans le pays des Landoumas, où elle eroit dans les lieux pierreux. C'est un végétal sous-ligneux, dit-il, sarmenteux, à liges grimpantes, à racine vivace, Il se couvreen avril de tleurs jaunà- tres, trés-odorantes. La plante récoltée à Fernando-Po, par M. Mann (n. 1438), en 1862, parait trés-voisine de celle-ci et pourrait méme n'en étre qu'une sous-forme. —— La troisième, E. Duparquetiana (1), appartient aussi, par ses larges folioles, à cette section, et n'a probablement été jusqu'ici observée qu'au Gabon. D'aprés M. Duparquet (n. 12), c'est un trés- bel arbre. L'écoree de ses rameaux est rugueuse, couverte de petits points saillants rougeâtres. Ses feuilles ont un rachis court et trapu et sont bijuguées. Chaque division du rachis ne porte qu'une paire de folioles opposées, et encore l'une des folioles de chaque paire peut manquer ; en tout eas, chaque feuille n'a au plus que huit folioles. Celles-ci sont ovale-aigués, légérement atténuées à la base, briévement acuminées au sommel, presque symétriques, entières, coriaces, penninerves, reticulées et entièrement glabres. Leur pétiolule est à peu prés nul. Les fleurs sont disposées en épis axillaires, géminés, plus longs que les feuilles ; et, comme celles- ei peuvent manquer au sommet des rameaux, les différents épis, rapprochés les uns des autres, qui répondent à leurs aisselles, con- stituent une sorte de panicule raneuse. M. Duparquet compare la couleur des fleurs à celle du Réséda. Ces fleurs sont sessiles. Leur calice, égal en hauteur à la moitié de leur corolle, est découpé supérieurement en cinq dents courtes, mais bien marquées. Leurs pétales, unis dans leur portion inférieure, sont aigus, épais, lan- (1) E.? Duparquetiana. Folia bipinnata ; petiolobrevi robusto basi articulato ; pinnulis ad 4 per paria oppositis; foliolis 2-jugis subæquali-ovato-acutis, basi paulo angustatis, apice brevi-acuminatis (ad 8 cent. long., 8 cent. lat.) subsessilibus inte- gerrimis glaberrimis coriaceis penninerviis venosis, supra lucidis, subtus opacis in sicco ferrugineis, Spicæ in axillis geminatæ graciles rectæ simplices multifloræ folio 2-plo longiores; floribus artieulatis. Calyx brevis crassus æquali-5-dentatus. Petala basi connata lanceolata crassa glaberrima valvata, Stamina in alabastro "corrugata, demum longe exserta ; connectivo supra loculos in apiculum gracilem aut subulatum aut rarius obovato-incrassatum caducum producto, Discus corollae “interior cum petalis androcæum connectens. SUR L'HERBIER-DU GABON. 211 céolés el marqués d'une nervure médiane visible, Le prolongement du connectif au-dessus des anthéres est variable de forme, tantôt globuleux, tantôt étroit et allongé, glabre toujours et tombant de bonne heure. Le gynécée est également glàbre ; le style est à peine renflé à son sommet. L'intérieur de la base du périanthe est doublé d'un épaississement discoide qui unit, dans une certaine étendue, la portion inférieure de la corolle et de l'androcée. Le numéro 26 de l’herbier de M. Duparquet doit probable- ment se rapporter au Piptadenia africana Hoor. F. (Niger Flora, 330), autant qu'on peut en juger d’après les descriptions et en l'absence d'échantillons. authentiques. On trouve communément eneore au Gabon (Duparquet, n. 24 ; Griffon du Bellay, n. 215), de même qu'en Sénégambie (Leprieur, Perrottet), au Congo (Smith, in herb. R. Brown), à Nupe (Barter, n. 1175) et sur la rivière Calibas (Mann, n. 2269), le Mimosa asperata L. (M. polyacantha W. — M. Habbas Du), qui est l'Erget. el krone du Voyage de Bruce (V, t. 7), d'aprés de Candolle (Prodr., TI, 428) et les auteurs du Flora Senegambiæ Tentamen (234). Il faut encore mentionner l'Ogagoumé des Gabonais, dont MM. Griffon du Bellay et Touchard ont adressé les fruits au Musée des colonies, et qui se rapporte au T'elrapleura Thón- ningii Benta. (in Hook. Journ., IV, 355; Niger Flora, 330). Cette plante n'est connue en Europe que par la deseription qu'en ont donnée Schumacher et. Thónning (Beskriv., 233), sous le nom d’Adenanthera tetraptera. C'est le Pepræmese des Gui- néens, d’après les mêmes auteurs. Nous avons fait représenter (pl. 1v, fig. 5) ce fruit, tel qu'on le ramasse au Gabon, au pied des arbres qui le: produisent et qui mériteraient d'être connus, ne füt-ce. qu'à cause de leurs feuilles qu'on dit être opposées et bipinnées. Les indigènes se servent de ces fruits pour faire des fumigations, dans les cas de fièvres pernicieuses. M. parait que l'écorce de l'arbre est aussi employée comme. vomitif. ll serait fort intéressant de suivre le développement des espèces 919 ÉTUDES d'ailes latérales que forme le péricarpe, dont la coupe trans- versale représente exactement une croix; c’est un sujet d'étude que nous recommandons aux personnes qui pourront étudier l'évolution du fruit dans son pays natal. Les Swartziées proprement dites ne paraissent pas jusqu'ici représentées au Gabon, tandis qu'elles le sont, dans la Séné- gambie, principalement par le Cordyla. Mais on y trouvera sans doute beaucoup de Baphia, qui relient les Swartziées aux Sopho- rées. Le plus remarquable est, sans contredit, le M' pano des indigénes, dont nous devons à M. Griffon du Bellay une des- cription trés-détaillée. C'est un arbre élevé, dont l'écorce épaisse est d'un brun. foncé, et dont l'aubier a une grande largeur. Les rameaux sont presque noirs et chargés prés de leur extrémité d'un duvet velouté, eouleur de rouille. Les feuilles sont alternes et simples, ovales ou oblongues, lancéolées, presque arrondies à la base-et ordinairement acuminées au sommet. Leur limbe atteint jusqu'à 12 centimètres de longueur, sur 4 de largeur; il est entier, coriace, d'un vert sombre, glabre et lisse à la face supérieure, plus clair en dessous, penninerve et finement réti- culé. Le pétiole est long de 1 à 2 centimètres, souvent épais et un peu rugueux; les stipules qui accompagnent sa base sont trés-caduques. Les fleurs sont abondantes, quelquefois axillaires, mais bien plus ordinairement réunies au sommet des rameaux en longues grappes multiflores qui occupent réellement l'aisselle des feuilles supérieures. Mais comme celles-ci sont souvent peu développées, l'ensemble de l'inflorescence simule une grappe ramifiée terminale, dont les divisions arrondies et peu épaisses atteignent jusqu'à 2 centimètres de longueur. Elles sont, ainsi que les pédicelles et les calices, chargées d'un duvet court et serré, velouté et brunâtre. Les pédicelles ont de 9 à 3 cen- timétres de longueur; ils sont géminés ou réunis en plus grand nombre à Vaisselle de bractées alternes qui tombent de bonne heure ; et leur sommet un peu renflé porte deux braetéoles trés-courtes, obtuses, fort élargies, qui souvent deviennent con- SUR L'HERBIER DU GABON, 243 fluentes par les bords et forment une petite collerette presque circulaire autour de la base du calice. Celui-ci est valvaire, en forme de sac, se déchirant inégalement et se déjetant d'un côté lors de l'anthése. La corolle est papilionacée, avec un étendart à peine plus long que les autres pétales. Ceux-ci exhalent une odeur de fleur d'orange; ils sont d'un blanc jaunâtre, et l'éten- dart porte de plus, près de sa base, une tache jaune légèrement striée de brun. Les étamines sont libres, et rarement quelques- uns de leurs filets sont unis entre eux dans une certaine étendue ; les anthéres sont d'un blanc rosé, introrses et déhiscentes par deux fentes longitudinales. L'ovaire est velouté, légèrement an - guleux ; il renferme jusqu'à douze ovules descendants ; il s'atténue en un style arqué dont le sommet stigmatifére est à peine renflé en massue. La gousse a la taille de celle de nos haricots ; elle est peu épaisse, comprimée, obtuse à la base et brièvement acuminée au sommet. Son épicarpe est brun et glabre à la surface ; son endocarpe parcheminé est d'un vert pàle quand il est sec. A la ma- turité, les deux valves s'écartent l'une de l'autre de haut en bas ; puis chacune d'elle s'enroule isolément en spirale. Les graines peu nombreuses doivent de cette facon étre chassées hors du péricarpe, et nous n'avons pu les examiner. A ces caractères, on reconnait dans le M’ pano un Baphia qui ne se rapporte à aucune des espèces décrites dans le Wiger Flora (320) et qui serait bien plutôt voisin de la première espèce décrite dans ce genre, le Cam-wood des Anglais ou B. nitida ArzeL. (1). Mais même en tenant compte de l'erreur qui a fait représenter, dans l’espèce d'Afzelius, un rameau chargé de feuilles simples comme une feuille composée-pennée, et des stipules pour des stipelles, il est facile de voir que les prétendues folioles y sont sessiles ou à peu près, ce qui n'arrive pas dans l'espéce du Gabon dont l'inflorescence parait également caracté- ristique. Pour ces motifs, nous nommerons celte dernière B. /auri- (4) In Lopp., Bot, cabin., IV, t. 367. 2944 .— ÉTUDES folia ; elle paraît commune au Gabon où l'ont récoltée M. Griffon du Bellay (n. 2, 139) et M. Duparquet (n. 26). Il sera intéressant de savoir si l'on pourrait tirer le méme parli de son bois que du Cam-wood, fourni par une espèce évidemment trés-voisine. Les Delaria de Desvaux sont congénères des Baphia, comme l'a trés-bien établi M. Bentham (Wiger Flora, 321 ; Gen., 553), et il m'a méme paru que le Baphia hematoxylon Hoox. v. (Poda- lyria hœmatoæylon Scnom. et Taônn., Beskr., 202, — Carpolobia versicolor Don, Gard. Dict., T, 370 ?) était identique au Delaria pyrifolia Desvx (Ann. sc. nat., ser. I, IX, 406). Trés-voisine de l'espèce précédente, principalement par son fruit, cette espèce s'en distingue très-facilement par son inflorescence, son calice glabre et le pétiole long et grêle de ses feuilles dont le limbe est relativement d'une grande minceur. Dansuneautre espèce dont les fleurs sont construites comme dans les deux précédentes, mais dont le mode d'inflorescence est diffé- rent, les rameaux se font remarquer par leur grande ténuité, et tous les organes sont glabres ; il est méme probable que les bran- ches trés-gréles de cet arbuste observé par M. Duparquet (n. 28), ne peuvent se soutenir et demeurent plus ou moins pendantes. Les feuilles ont un pétiole mince, long d'un centimêtre environ, de couleur foncée, et un limbe membraneux ovale-aigu, acuminé. Les fleurs sont géminées à l'aisselle des feuilles et supportées chacune par un pédicelle filiforme, deux fois aussi long que le pétiole. A part ce caractère, la ténnité des rameaux el la longueur du pétiole, celle espèce est celle qui se rapproche le plus du | B. nitida d Afzelius. Nous l'avons appelée B. leptostemma (4). Aux espèces précédentes, il faut ajouter celle qu'a recueillie (4) B. leptostemma, ex omni parte glaberrima ; ramulis gracilibus stipularum cicatricibus notatis; petiolis gracilibus (ramulo subaequalibus) sapra canalicolalis in sicco dense fuscatis; limbo ovato-acuminato, basi rotundato membranaceo glaberrimo integerrimo penninervio (8 cent. longo, 3 + cent, lato) ; costa nervisque (in sicco palliaulis virescentibus) subtus prominulis; floribus in axillis foliorum geminatis ; pedicello (1, 2 cent. longo) filiformi glaberrimo nutanti ; calyce sacciformi glaber- rimo membranaceo longitudine fisso; petalis inter se æqualibus apice rotundátis. SUR L'HERBIER DU GABON. à 915 Heudelot, en 1837, dans la Sénégambie, dans les lieux secs et pierreux du Rio-Pongos, et qui porte dans ses collections le n. 898. C'est peut-être l'espéce de Bracteolaria à laquelle M. Ben- tham fait allusion, dans le Wiger Flora (322). C'est, suivant Heudelot, un arbuste élevé de 4 à 5 mètres, et dont les rameaux, gréles et pendants, se couvrent en mai de fleurs blanches ét ino- dores. Ces rameaux se font tout d'abord remarquer par le duvet fin et serré, de couleur fauve-doré, dont ils sont entièrement couverts dans leur jeune âge, ainsi que les pétioles et les ner- vures proéminentes à la face inférieure du limbe, les axes dé l'in- florescence et les pédicelles floraux. Le limbe des feuilles a à peu prés la méme forme oblongue ou ovale-acuminée qu'on ob- serve dans les espéces précédentes. Sa base est arrondie, sés bords sont entiers ; el sa lame membraneuse, penninerve, veinée, est à peu prés glabre partout ailleurs que sur les nervures, Le pétiole, aussi épais que le rameau qui le porte, atteint jusqu'au tiers dela longueur du limbe. Les stipules qui persistent un peu plus longtemps que dans les autres espèces, sont assez longues, subulées et recouvértés aussi de duvet fauvé. Mais linflorescence est surtout remarquable, rappelant par sa conformation celle du Baphia (Bracteolaria) polygalacea. Elle consiste en grappes ramifiées, situées à l'aisselle des feuilles, qu'elles peuvent égaler et méme surpasser en longueur. Plus sou- vent encore ces inflorescenees portent de jeunes feuilles ; ot plutôt, un. rameau de l'année, qui est chargé de feuilles assez développées dans sa portion supérieure, n'a vers sa base que des appendiees moins développés à l'aisselle desquels se trouvent situées les grappes de fleurs. Chaque pédicelle oceupe l’aisselle d'une courte bractée chargée de duvet, et porte immédiatement sous la fleur inclinée, deux bractéoles latérales concaves, bien plus -grandes que dans toutes les espèces précédentes et renflées à leur “base en un bourrelet glanduleux. Le calice membraneux s'ouvre par deux fentes longitudinales. Les pétales sont à peu près égaux entre eux. Les étamines sont, ou libres, ou légéremernt uniés par 246 ÉTUDES la base de leurs filets. L'ovaire chargé de poils raides et longs ne renferme qu'un très-petit nombre d’ovules; il est surmonté d'un style glabre à tête stigmatique globuleuse. Nous appellerons cette espèce Baphia Heudelotiana (1). | M. Duparquet (n. 29) a encore trouvé au Gabon un autre Baphia qui se distingue immédiatement par les longs poils mous etfauves dont sont chargés ses rameaux et ses pétioles, et qui alteignent jusqu'à un tiers ou un quart de centimétre de longueur; nous l'appelons B. pilosa (2). Ses feuilles ont un long pétiole assez épais el un limbe elliptique-lancéolé qui n'a pas moins de 14 centimètres de long sur 7 delarge. Il a, dans le jeune âge, les nervures poilues, mais il devient presque glabre à l’âge adulte, surtout à sa face supérieure où proéminent à peine les nervures, fort saillantes inférieurement. Ici les stipules paraissent persis- (4) B. Heudelotiana. Frutex (4-5-metralis), ramis adultis glabris, novellis petiolis costa nervisque et stipulis inflorescentiæque ramulis et pedicellis indumento brevi denso in sicco rufescenti subaureo obsitis. Folia oblonga v. ovato-acuta (ad 10 cent. longa, 4 cent. lata) basi rotundata ad apicem angustata v, sæpius acuminata ; summo apice acuto obtusiusculove; integerrima membranacea nisi ad costam uervosque glabra; petiolis ramulo subæqualibus cylindricis (4, 2 cent, longis); stipulis (7-1 cent. longis) subulato-acutis. Flores autin imis anni ramulis axillares racemosi ; aut in axillis foliorum praecedentis anni composito-racemosis, racemis et nonnunquam fíoliiferis; pedicellis gracilibus (5-1 cent. longis), in axilla bracteæ reniformis solitariis; bracteolis 2 sub floreconcavis pro genere majusculis, basi glanduloso-incrassatis. Calyx membranaceus valvatus longitudine mox 2-partitus. Stamina aut omnino libera aut basi filamentorum nonnihil connata. Ovarium dense setosum | pauci(2, 4)ovulatum; stylo glabro apice capitato globoso stigmatoso ; alabastris in summo pedicello ante anthesin inflexis, (2) Baphia pilosa, fruticosa(?}, ramis teretibus demum glabratis, cortice nigres centi, novellis pilis rectis fulvis, uti petioli, racemi et foliorum juniorum nervi, indutis. Folia sat longe (ad 3 cent.) petiolata; limbo in petioli apicem angulato elliptico-lanceolato, basi rotundato, apice acuto v. breviter acuminato integer- rimo ciliato membranaceo demum subcoriaceo supraque glabro, penninervio ; nervis primariis haud procul a margine inter se osculatis; reticulato venoso. Racemi axillares folio multo breviores sepius petiolo paulo longiores ; floribus paucis in axilla bractearum singularum solitariis pedicellatis; laminis 2 lateralibus - (stipulis, ut videtur, bractearum) ; bracteolis sub alabastro geminis calyci æqualibus v. paulo brevioribus oblongo arcuatis pilis rigidiusculis sparsis; calyce membra- naceo longitudine unilateraliter fisso; vexillo petalis reliquis paulo longiori ; sta- minum liberorum filamentis subulatis; antheris oblongis; ovario dense setoso; styloapice vix incrassato capitato stigmatoso. SUR L'HERBIER DU GABON. 217 lantes, car à l'époque de l'anthése on les aperçoit encore sous forme de languettes ovales-aigués, longues d'un demi-eentimétre. Mais c'est avant tout par ses fleurs et ses inflorescences que cette espéce se caractérise facilement. Les fleurs sont en courtes grappes, simples et pauciflores, à l'aisselle des feuilles dont elles sont loin d'atteindre la hauteur. Chacune d'elles est accompagnée à sa base, non-seulement d’une bractée, dont elle occupe l'aisselle, mais encore de deux lames latérales, plus longues et plus larges que cette bractée dont elles représentent probablement les stipules. On les prendrait toutefois pour des bractéoles latérales stériles, si celles-ci n’occupaient immédiatement dans la fleur leur position accoutumée dans ce genre. Mais tandis que, dans toutes les autres espèces, elles forment À peine une petite collerette peu visible, elles deviennent ici aussi longues, ou à peu près, que le calice, et se détachent sous forme de deux folioles oblongues, arquées, couvertes de poils roides et clair-semés. Le bouton se dégageant de l'intervalle de ces bractées, s'incline aussi à angle aigu sur le sommet de son pédicelle. Le calice membraneux se fend d’un seul côté dans sa largeur; l'étendard est un peu plus long que les autres pétales ; les dix étamines ont des filets libres et des anthères oblongues; l'ovaire, chargé de poils roides et dressés, contient une demi-douzaine d'ovules descendants, et le style se termine par une tête stigmatifère peu renflée, Il y a quelques Dalbergiées au Gabon, et l'on pouvait s'attendre à y rencontrer l'Ecastaphyllum Brownei Pers. (ap. D. C., Prodr., H, 420), qui est si commun sur presque toute la côte orientale de l'Afrique. tropicale et qu'on a observé à l'ile du Prince, à Nupe (Barter, n.24, 1828, 2095 ; Mann, n. 262), aux environs même de Saint-Louis (Heudelot, n. 510), sur les bords salés dela Casamance (Perrottet), au Rio- Nunez et au Rio-Pongos (Heudelot, n. 97, 510, 623), à Oware (P.-Beauvois). C'est ici, comme partout ailleurs, un arbuste plus ou moins sarmenteux, dont les rameaux s’enroulent quelquefois en vrille autour des objets voisins et qui parait rechercher le voisinage des eaux saumâtres des bords de la mer (Duparquet, 218 ÉTUDES n. 35). C'est en même temps une plante très-polymorphe, et l'on remarque de grandes variations dans l'épaisseur du péricarpe subéreux de ses gousses ; si bien qu'il y a lien de se demander s'il est bien nécessaire de conserver le genre Ecastaphyllum, et s'il ne serait pas plus simple d'en faire, dans le genre Dalbergia, le type d'une petite section, uniquement caractérisée par l'épaisseur de son péricarpe. M. Duparquet (n. 30) a aussi recueilli sur le bord des eaux le Drepanocarpus lunatus G. F. W. Mey. (Prim. fl. essequib., 238), qui était un Pterocarpus pour Linné fils (Suppl., 317) et pour Gærtner (Fruct., H, t. 256). On sait qu'il se rencontre en Guinée, d’après Schumacher et Thónning (Beskr., 105) qui l'ont appelé Sommerfeldtia ovata. Vogel l'a observé au Grand-Bassan et à Nun-River, d’après le Wiger Flora (315). Il croit aussi au Congo, où Chr. Smith l'a récolté; dans les bois humides des bords de la Casamance, à Albreda, sur les rivesde la Gambie (Leprieur), à Lagos (Barter, n. 2147), àOware (P.-Beauvois), et probablement sur toute la cóte oceidentale de l'Afrique tropicale. Heudelot (n. 339) nous apprend que c’est un « arbuste buissonnant, diffus, haut de 5 à 6 mètres, chargé en mars et avril de fleurs rose-violacé, et qui croît en abondance sur les bords des cours d'eaux, où par ses aiguillons il offre quelquefois un obstacle insurmontable à l'abordage des embarcations. » Ces aiguillons sont constitués par les stipules ar- quées et durcies ; sous la fleur on remarque deux bractéoles assez grandes appliquées exactement contre la base du calice. Les éta- mines sont monadelphes, et le tube qu'elles forment est fendu dans | toute. sa longueur, prés de la ligne médiane de son côté dorsal. L'ovaire renferme un ou deux ovules descendants, et le fruit est bien eonnu par sa forme campylotrope. On sait d'ailleurs que cette plante a été considérée comme originaire de l'Amérique tropicale, et qu'elle se rencontre sur ses cótes, à l'est comme à l'ouest, à la Guyane, aux Antilles et au Mexique. Nous ne connaissons pas jusqu'ici un Dalbergia proprement ‘dit provenant du Gabon. C'est seulement dans les collections SUR L'HERBIER DU GABON. 219 de 1837 d'Heudelot, que nous trouvons le D, pubescens Hoox F. (Niger Flora, 315), qui est, d'après les notes d'Heudelot (n. 895), un arbuste sous-sarmenteux, haut de 3 à 4 mètres, peu rameux; couvert en mai de fleurs blanches et inodores. H croit sur les monticules les plus voisins des bords du Rio-Pongos, et il est trés-remarquable par la couleur de rouille que présentent, sur les échantillons secs, ses inflorescences axillaires et terminales serrées, plus courtes que les feuilles qui ont de neuf à quinze folioles oblongues, obovales, obtuses au sommet. Heudelot a trouvé encore en Sénégambie le D. melanoxylon Gurk. et Penn. (Fl. Seneg. Tent., 227, t. LXM), et (n. 717) le D. sacalilis Hook F. (Niger Flora, 314), qui présente, sur les bords du Rio- Nunez, où il croit dans les lieux pierreux, l'apparence d'un arbuste sarmenteux, chargé de fleurs rouges en janvier, Le genre Andira n'était représenté jusqu'ici, dans l'Afrique tropicale, que par l'A. grandiflora du Flore Senegambiæ Ten- lamen (254), que!M. Bentham (Syn. Dalb., 422) a rapporté à lA. inermis H. B. K. (Nov. gen. et spec., VI, 385). Récoltée d'abord à Albreda, par M. Perrottet, puis à Galam, par MM. Le- prieur et Heudelot, cette espèce a été retrouvée par ce dernier (n. 54), en 1835, dans les forêts élevées, à l'ouest du village de Kombo, et constitue en cet endroit une forme remarquable par l'étroitesse de ses feuilles lancéolées, qui sont quatre fois plus longues que larges, trés-lisses et luisantes au-dessus, ternes et blanchâtres en dessous, avee. la. côte trés-proéminente, et le sommet plus. ou moins longuement acuminé. Nous rapporte- tons encore au genre Andira, mais avec doute, sous le nom d'A.? gabonica (1), la plante qui porte dans l'herbier de (4) Andira? gabonica. Folia ex omni parte glaberrima (25 cent. longa); costa gracili ; foliolis 11 petiolulatis suboppositis alternisve; petiolulo brevi (4, 5 mill) -pasi ruguloso; stipellis filiformi-subulatis petiolo dimidio brevioribus ; limbo ovato-acuto (7 cent. longo, À cent. lato), basi rotundato , apice sepius breviter acuminato integerrimo subcoriaceo penninervio; costa nervisque remote alternis, subtus valde prominulis; supra lucido levi, subtus opaco. Flores in summis ramulis composite racemosi ;raceinulis in axilla bractearum alternarum Caducarum 290 ÉTUDES M. Duparquet le n° 32. C'est un arbuste à feuilles composées- pennées dont les folioles sont au nombre de onze, à peu prés opposées ou alternes, ovalesaiguës, trés-glabres, coriaces, à pétiolules courts, accompagnés à leur base de fines slipelles subulées, égales à la moitié de leur longueur. Les fleurs sont disposées sur de petites grappes courtes, alternativement éche- lonnées sur le sommet d’un rameau dont toute la surface est chargée d'un duvet velouté épais, de couleur brunátre. Les fleurs ont un calice d’un pourpre foncé et une corolle blanche. Le premier est presque entier, ou à cinq dents peu prononcées; la seconde a un étendart un peu plus court que les autres pétales. Les étamines sont d'abord unis en un tube fendu, sauf l'étamine vexillaire qui est libre jusqu'à la base. Puisles autres filets devien- nent indépendants les uns des autres près du sommet, et sont, dans cette position, alternativement plus longs et plus courts. L'ovaire presque sessile est couvert d'un duvet brunâtre, et se termine par un style subulé et arqué ; il renferme deux ou trois ovules, l'inférieur étant souvent fort petit. M. Bentham a dernièrement réuni aux Dalbergiées le genre Lon- chocarpus, qui est représenté au Gabon et dans les contrées voisi- nes, par un assez grand nombre d'espéces intéressantes. Au pre- mier rang figure l'Osani des Gabonais, qui est le Lonchocarpus formosianus D. C. (Prodr. , V, 260, n. 7), que M. Bentham (Syn. Dalberg., 88) considère comme la même plante que les L. maero- phyllus H.B. K. (Nov. gen. et spec., VI, 383) et domingensis D. C. (loc. cit., n. 3), et qu'il rapporte comme variété glabrescens au L. sericeus VI. B. K. (I. cit., VI, 383, not.)qui estencorele L. pyæi- darius D. C. et le L. tomentosus Tut. ( Arch. Mus. IV, 82). C'estl'an- cien Robinia sericea de Poiret, et, suivant les auteurs du Flore paucifloris brevibus (ad 4 cent.); ramis pedicellisque brevibus et calyce (purpu- rascenti) dense villosulis ; calyce sacciformi aut recte truncato aut breviter 5-den- tato (6 mill. alto); corolla (alba) calyce 3-plo longiori ; vexillo obtuso demum reflexo petalis reliquis paulo breviori; stamine vexillari omnino libero ; ovario breviter stipitato villoso pauci(2, 3)ovulato ; stylo subulato arcuato, In Gabonia, anno 1864, legit cl. Duparquet (exs., n. 32), Ab. A, inermi longe diversa, SUR L'HERBIER DU GABON. 221 Senegambiæ Tentamen (225), le R. violacea de la Flore d'Oware et de Benin (II, 28, t. 76). Au Gabon, où cette espèce est com- mune partout, d'après M. Griffon du Bellay (n. 46) et M. Dupar- quet (n. 2), elle forme un arbre trés-rameux, de 5 à 6 métres de hauteur, qui se couvre, à partir de septembre et pendant presque toute la saison pluvieuse, de magnifiques grappes de fleurs d'un violet-lilas ; elles rappellent, non-seulement par leur couleur, mais aussi par leur parfum très-doux, le Syringa vulgaris. Les indi- gènes en administrent l'écorce aux enfants, dans les maladies du ventre; elle agit sans doute par le tannin qu'elle contient. M. Le- prieur a trouvé celte plante au Cap-Vert, près de Dakas, en 1827 et 1829, D'après le Niger Flora (316), c'est elle que Thónning (Beskr., 352) a observée en Guinée et appelée Robinia argentiflora ; Vogel l’a rencontrée depuis le Quorra jusqu'au Grand- Bassan ; Don à Saint-Thomas. Heudelot l'a récoltée en 1835 (n. 97), dans le pays de Kombo, sur les bords de la Gambie, prés du village d'Esséaw. Là elle forme, d'aprés lui, des arbustes de douze à quinze pieds de haut, à rameaux pendants ; et ses fleurs rosées, mélées de blane, paraissent au mois de juin. Outre celte espéce qui est la seule rapportée jusqu'ici du Gabon, les collections d'Heudelot renferment encore quatre espéces décrites par M. Ben- tham ou par les auteurs du Flore Senegambiæ T'entamen, savoir, les L. fasciculatus (1), laxiflorus (2), cyanescens (8), brachy- (4) L. ? fasciculatus BENTH., Syn. Dalberg., 100, n. 45. « Plante sarmenteuse, s'élevant au sommet des arbres de plus de cinquante pieds. Fleurs très-odorantes en décembre, janvier. Habite les forêts du Fouta-Dhiallon. » (HEUDELOT (1837), n. 693.) (2) L. laxiflorus GUILI. et PERR., Tent. fl. Seneg., I, 226. « Arbuste élevé de 6 à 7 mètres. Rameaux ouverts, diffus. Fleurs violettes odorantes, en décembre- février. Croit dans les montagnes de Rondou et du Woulli, » (HEUDELOT (1836), n. 152.) : d (3) L. cyanescens BENTH., Syn. Dalberg., 96, n. 31. «Tige sarmenteuse s'éle- vant à 10-12 mètres. Fleurs violettes, en mars, avril. Les habitants obtiennent, par - la macération des feuilles, une fécule colorante, tout à fait semblable à celle de l'indigo ; elle teint d'un bleu noir. Croit sur les bords du Rio-Nunez. » (IIEUDELOT (1837), n. 825.) "we - ÉTUDES pterus (4), et une cinquième que nous avions appelée autrefois L. Heudelotianus, et qui nous parait constituer probablement une simple forme du L, Barteri Benta. (2), à feuilles plus petites et plus courtes, à rachis et à pétiolules plus gréles et à inflores- - cences plus ou moins rameuses. Il yabeaucoup de plantes dans les herbiers qui, faute de fruits, ne peuvent être rapportées sans hésitation aux Millettia plutôt qu'aux Lonchocarpus. Ces derniers ont une gousse indéhiscente, et celle des Millettia s'ouvre le plus souvent. Il y a cependant des espèces de ce dernier genre dont on peut dire, avec M. Bentham (Gen., 498, n. 104): « Legumen tarde val egre dehiscens. » On comprend dés lors combien une classification des Légumineuses, fondée sur Ja structure du fruit, doit, si commode qu'elle puisse être, mécon- naître de rapports naturels, obligée qu’elle est de placer les Lon- chocarpus, à légume indéhiscent, parmi les Dalbergiécs, tandis qu'elle doit laisser les Millettia auprès des Robinia et des Wista- ría. Parmi ces Millettia douteux, nous signalerons d'abord la plante magnifique que nous appellons M. Griffoniana (3), espèce (4) L. brachypterus BgxTu., Syn. Dalberg., 100, n. 46. « Liane s'élevant au sommet des plus hauts arbres. Fleurs blanc-rosé, odorantes. Croit au bord des eaux vives du Fonta-Dhiallon, » (HEUDELOT (1837), n. 828.) (2) L. Barteri BENTB., Syn. Dalberg. , 99, n. 39. La plante récoltée par Heudelot, . en 1837 (n. 803), dansles lieux inondés, sur les bords du hio-Nunez, est un arbuste armenteux, S'élevant à 15 ou 20 pieds et couvert de fleurs roses en avril. Les folioles n'atteignent que 8 centimètres de longueur; elles sont elliptiques ou obo - vales, assez longuement acuminées et obtuses à l'extrême sommet. Toute leur sur- face est totalement glabre. Leur rachis et leurs pétiolules n'ont qu'un millimètre d'épaisseur. E (3) Millettia? Griffoniana, arborescens (fid. cl. Griffon-du Bellay), ramis tere- tibus glabris ; cortice fuscato tenuissime punctulato ruguloso ; foliis remote alternis imparipinnatis ; petiolo ni ad basin incrassatam gracili glabro, supra sulcato, in costam conformem abeunte; foliolis oppositis remote 2-A-jugis brevissime (8, ^ mill.) petiolulatis ovatis lanceolatisve (5-10 cent. longis, 3 cent. latis), basi rotundatis v. saepius paulo angustatis ; apice plerumque acuminato; integerrimis membranaceis glaberrimis, supra dense viridibus, subtus pallidioribus, penninerviis; costa nervisque primariis vix obliquis tenuibus, subtus leviter prominulis ; racemis in axilla foliorum sepe delapsorum solitariis simplicibus gracilibus (20-30 cent. longis) nutantibus, basi bracteis gemmæ lanceolatis imbricatis persistentibus mu- nitis; floribus crebris breviter (5 mill.) pedicellatis ; calyce membranaceo glaber- SUR L'HERBIER DU GABON. 293 à folioles ovales-acuminées ou oblongues, minces et glabres et à longues grappes simples et axillaires, chargées de fleurs à corolle lilas. C'est, suivant M. Griffon du Bellay, un arbre rare au Gabon, mais il parait se rencontrer plus fréquemment dans d'autres por tions de l'Afrique occidentale et tropicale, Nous mentionnerons avec plus d'hésilation encore une espèce qui se rapproche beau- eoup des Lonchocarpus et qu'Heudelot a désignée dans son her- bier (n. 815), sous le nom de Robinia, Ce M .? rhodantha (4) (nom qu'il doit à ses fleurs roses, odorantes), est un arbre haut de 10 à 12 métres, qui croit sur les bords du Rio-Nunez, et dont les rameaux pendants sont couverts, dans leur jeune àge, ainsi que les rachis, les pétioles des feuilles, leur nervure principale, et l'axe des grappes, d'un duvet fauve, fin et serré. Ses feuilles im- paripennées ont cinq ou six paires dé folioles opposées, à pétiolule court et à limbe membraneux, lancéolé, acuminé, souvent atténué et comme spathulé à sa base, d'un vert blanchâtre à l'état sec ; et l'on y voit, en face de chaque pétiolule, une stipelle subuiée, presque aussi longue que lui et chargée de duvet roussátre. Comme dans l'espéce précédente, les grappes sont simples, axillaires, rimo obsolete 5-dentato; corolle (lilacinæ) vexillo quam petalis reliquis paulo longiore; staminibus 9 in tubum gracilem connatis; decima a basi ad apicem libera ; ovario pauci(2-4)ovulato. — In Gabonia legit cl. Griffon du. Bellay (exs. n. 203, in herb. Mus. colon. gall. et Mus. par. Stirpem eamdem a cl. navarcho Grey, anno 1860, in Africa occidentali lectam et a Mus. Kewensi communicatam nuperrime vidimus.) (4) Millettia? rhodantha, arborea (10-12 metralis), ramis teretibus pube tenui fulvescenti, uti petioli, petioluli, stipellæ, -foliorum costa et racemi, dense obsiti ; ramulis nutantibus ; foliis (ad 20 cent. longis) sepius 5-6-jugis imparipinnatis ; foliolis oppositis, petiolulis brevibus (2, 3 mill.) stipellisque subulatis petiolulo vix brevioribus munitis ; limbo lanceolato vel ad basim longe angustato subspathulato (ad 6 cent, longo, 2 cent, lato) ad apicem obtusato v. sæpius acuto acuminatove integerrimo membranaceo nisi ad costam nervosque glaberrimo (in sicco pallide viridescente glaucescente). Flores racemosi (rosei odoratique, fide Heudelot); racemis simplicibus axillaribus folio paulo brevioribus (12 cent.) nulantibus; pedicellis brevibus gracilissimis ; calyce cupulæformi membranaceo gamophyllo inæquali-4-dentato brevissime villosulo ; vexillo apice rotundato pelalis reliquis breviori ; staminibus 9 in tubum gracilem connatis, decimo libero ; ovario tomentoso obsolete 4-costato. In Senegambia ad ripas Rio-Nunez, anno 1837, martio apri- lique florentem legit Heudelot (exs., ne 815, in herb, Mus, par,), 221 ÉTUDES gréles et à peu près de la longueur des feuilles; de méme aussi plusieurs bractées persistantes entourent la base de la grappe, et les deux plus extérieures de ces bractées paraissent représenter les stipules épaissies de la feuille axillante. | MM. Duparquet (n. 40) et Griffon du Bellay (n. 2€9) ont aussi retrouvé au Gabon, sur les bords de la mer, l'Órmocarpum verru- cosum Par.-Beavv. (Fl. owar., 1, 96, t. LVIID), plante que Vogel (Niger Flora, 302) a observée au Grand-Bassan, dans les maré- ` cages el dans les sables du bord dela mer. Heudelot (1837) l'a signalée dans les lieux inondés des bords du Rio-Nunez, où elle fleurit en décembre, et constitue un arbuste « à fleurs roses, à tiges en baguettes, élevées de 9 mètres environ. » Elle se re- trouve encore dans les collections de M. Mann (n. 457), prove- nant de l'embouchure du Niger. Parmi les Hédysarées gaboniennes, mentionnons encore : Vl'Uraria picta Desvx (Journ. bot., HI, 422) ou Hedysarum pictum Jaco. (c. rar., HI, t. 367), qui est rare à Tougouchiaro, suivant M. Griffon du Bellay (n..340), et à Bondou, dans la Sénégambie, d'après Heudelot (n. 440) ; plus, deux véritables Desmodium qui sont : 1° le D. latifolium D. C. (Duparquet, n. 38), synonyme du D. lasiocarpum D. C. (Prodr., I, 398, n. 25. — Hedysarum deltoideum Scaun. et Tnóxs. — H. lasiocarpum PaL.-Bkavv., Fl. owar., I, 32, t. 18. — H. latifolium Roxs.); 9* deux des nombreuses formes du D. adscendens L. (Duparquet, n. 39, 45); lZEschynomene diffusa Scuvw. (Duparquet, n. 43); enfin une espèce du genre Stylosanthes, le S. guineensis Scn. et Tn. (Beskr., WT, 151), quiexiste en Guinée, au Grand-Passan (Niger Flora, 301), à Saint-Louis du Sénégal et sur la Gambie (FI. Sen. Tent, , 205); il a été observé aussi à Denys, dans le Gabon, par MM. Dupar- quet (n. AV) et Griffon du Bellay (n. 181). Il parait difficile de dis- tinguer spécifiquement. cette plante du S. erecta de Palisot de Beauvois (Fl. owar. et ben., II, 28, t. 77), qui n'en est qu'une forme pour les auteurs du Niger Flora. Heudelot a sigualé la plante à tiges couchées et à rameaux blanchâtres, dans le pays de SUR L'HERBIER DU GABON, 295 Kombo (n. 2, 45), oà elle eroit sur les revers des dunes de sable, au cap Sainte-Marie; et la forme à tiges dressées, dans le pays de Cayor (n. 406), où elle est trés-abondante pendant la saison des pluies. Dans l'une et dans l'autre la corolle est de couleur jaune. Le N'tona (Griffon du Bellay, n. 197), légumineuse sarmen- teuse, rare au Gabon, est un Mucuna qu'en l'absence de feuilles et de fruits nous ne pouvons rapporter qu'avee doute au M. fla- gellipes Voc. (Niger Flora, 307), trouvé autrefois en abondance par Vogel, sur les bords du Niger. Les notes de M. Griffon du Bellay nous apprennent que toutes les Légumineuses qui se rap- proehent plus ou moins des haricots portent au Gabon le nom de Ossangué et que les habitants en mangent deux espèces, dont : l'une s'appelle Ossangué-Ozégué, c'est-à-dire : haricot du bord de la mer, et dont les fleurs sont violettes ; nous n’en avons point vu d'échantillons; ce sont peut-être des Dolichos. Le D. Lablab L. (Lablab vulgaris Savi) est trés-répandu dans le pays p du Bellay, n. 184, 266.) L'Igongo des habitants du Gabon est le Tephrosia Vogelii Hoox. r. (Niger Flora, 296). Vogel qui l'avait trouvé à Fernando- Po et sur le Quorra, avait fait connaitre que les négres cultivaient celte plante et l'employaient à —A le poisson. M. Griffon du Bellay (n. 251) l'a retrouvée à Denys, sur la cóte gabonaise. Il n'est pas moins curieux d'apprendre qu'elle fait partie des col- lections rapportées de Zanzibar par Boivin (1847). Nous ne savons si, dans l'Afrique orientale, cette magnifique plante sert à la péche; mais les Gabonais l'emploient à cet usage, comme nous l'apprend M. Griffon du Bellay, dans son remarquable travail sur le Gabon, publié en 1865, dans le Tour du monde (285). Ils se servent, nous apprend-il, de « l'7gongo que l'on cultive sur les habitations et qui aura sans doute suivi les migrations des tribus venues de l'intérieur. Rien de plus facile que cette péche. Je l'ai fait prati- quer un jour devant moi, dans une large nappe d'eau laissée au milieu des rochers de la plage par le retrait de la mer. Quelques . v1. (18 mai 1866.) 15 226 ÉTUDES - poignées de feuilles y furent malaxées ; tout le menu fretin qui s’y trouvait monta immédiatement à la surface et mourut ; un moment aprés, une sorte de lamproie vint aussi bàiller au grand air et se laissa prendre avec la plus grande facilité. C'était tout ce que con- tenaitle bassin, et malgré ce rapide empoisonnement, le poisson était excellent.» M. Duparquet (n. h)a récolté le Sesbania punc- tata D. C. (Prodr., H, 265). Le genre Zriosema est représenté au Gabon par une espèce très-commune, qui doit prendre le nom d'E. rufum, altendu qu'elle est spécifiquement identique avec le Glycine rufa Scu. et Tn. (Beskriv., 118), comme l'ont avancé avec douteGuillemin et Perrottet (Fl. Seneg. Tent., 216), à propos de la description de leur Rhynchosia glomerata. En comparant l'échantillon type du Glycine rufa, envoyé à A. L. de Jussieu par Vahl et récolté en Guinée par Thónning, nous avons vu qu'il ne présente absolu- ment aucune différence avec certaines formes de l'espèce recueillie au Gabon, et qui est d'ailleurs une plante extrémement polymorphe, ayantles tiges et les rameaux plus ou moins ligneux, plus ou moins velus, les feuilles tantôt très-aiguës, tantôt plus obtuses, presque glabres et verdâtres à la face inférieure, ou au contraire blanchâtres, avec des nervures très-saillantes chargées de duvet roussâtre. Le duvet qui recouvre les gousses est aussi très- variable comme taille et comme nuance, Ici les rameaux sont assez rigides (Griffon du Bellay, n.157), avec les feuilles plus écartées les unes des autres; là (id., n. 250) celles-ci sont plus petites, rapprochées vers le haut des rameaux, plus ou moins obtuses. Ailleurs (Duparquet, n. 38) elles sont discolores, avec des stipules plus grandes encore que dans les échantillons de Barter qui ont servi, dans le Niger Flora (343), de type à l'E. glomeratum Hook. r. Aucun des Eriosema à inflorescences plus longues que les feuilles ne s'est observé jusqu'ici au Gabon; mais on voit dans les collections (1857) d'Heudelot (n. 758), une autre espèce à inflo- cescences courtes, que l'E. rufum, et que nous appelons E. elon- SUR L'HERBIER DU GABON. 227 gatum (1), parce que ses feuilles supérieures sont très-éeartées les unes desautres, par suite d'une élongation des rameaux gréles, presque sarmenteux, un peu anguleux, couverts d'un duvet serré et un peu rude, d'un fauve ferrugineux; si bien que les entre- nœuds atteignent jusqu'à un décimètre de longueur. Les feuilles sont trifoliolées, avec des folioles à court pétiolule ferrugineux, elliptiques-oblongues, obtuses aux deux extrémilés et trinerves à la base, avec un duvet roux sur les nervures, qui se détache sur le fond glaucescent de la face inférieure. Les inflorescences attei- gnent rarement la hauteur dulobe moyen des feuilles, et, supportées par un pédoncule axillaire gréle et hérissé de poils fins et ferrugi- neux, elles eonsistent en une courte téte globuleuse ou légérement ovoide, formée d'une dizaine de fleurs à pédicelle très-court. C'est dans les lieux secs et arides du Fouta-Dhiallon qu'Heudelot a trouvé cette espèce couverte de fleurs en janvier. L'4brus precatorius L. se trouve communément au Gabon. Les habitants connaissent bien la saveur sucrée des feuilles et des rameaux de cette Liane à réglisse ou OEil de serpent des Européens (Duparquet, n. 34). La plante est vulgairement appelée Adépou (Griffon du Bellay, n. 162, 911, 337), et la graine Adzome-Kené ou Atchoum-Kené. Les chanteurs du pays se servent des feuilles qu’ils mâchent «pour s'adoucir le gosier». Ces feuilles ont un usage bien plus singulier. D'après M. Griffon du Bellay, «les amou- reux les font infuser dans l'alcool et offrent cette boisson à leurs futurs beaux-péres, pour les décider à leur donner leur fille en mariage» ; c’est une sorte de philtre préconisé par les féticheurs. L'une des plus intéressantes Papilionacées du Gabon est le (4) Eriosema elongatum. Perennis (fid. Heudelot); ramis gracilibus fulvo-ferru- ` gineis hirtello-tomentosis ; internodiis ad, 4 decim. elongatis ; summis ramulis gra- cilibus subsarmentosis pilis densioribus obsitis. Foliola inter se inaequalia (cen- trali ad 6 cent. longo, 2 cent. lat., lateralibus basi subinæqualibus, ad 3, 4 cent. longis, 1 cent. lat.); petiolulo brevi ferrugineo; costa nervisque subtus prominulis ferrugineis; stipulis inter se liberis lanceolatis (ad $ cent. longis) Racemi (ad 1 cent. Jongi) pauciflori ; floribus (ad 10) breviter pedicellatis ; basi nudati ; pedun- culo gracili hirtello ferrugineo (2 cent. longo). Crescit in Senegambiæ siccis aridis. que, ad Fouta-Dhiallon, ubi collegit Heudelot (exs., n. 758, in herb. Mus. par.). 298 : ÉTUDES Dioclea reflexa Hoox. r. (Niger Flora, 306), espèce du groupe Pachylobium, qui se retrouve dans l'Inde (Wallich, cat., n. 5562), à Manille (Cuming, n. 521), et que Vogel a récoltée à Fernando-Po et sur le Quorra. Elle se trouve dans l'herbier d'Oware de Palisot de Beauvois, qui lui a donné le nom de T'richodoum ; dans celui de M. Mann (n. 953), provenant de la Riviére du Gabon, et dans la collection de M. Griffon du Bellay (n. 122). C'est l'Ogatoka des Gabonais, et ceux-ci connaissent l'analogie de Ia graine de cette plante, avec celle de la Fève de Calabar qu'il appellent JV'taun'da. L'une et l'autre sont remarquables par la longueur de leur hile linéaire et arqué. Les fleurs sont de couleur violette, comme celles du D. violacea, du Brésil, auquel le D. reflexa ressemble tant. La plante est souvent grimpante; parfois encore elle forme un arbuste qui se soutient seul, M. Griffon du Bellay a remarqué que les fleurs ont cinq de leurs étamines stériles, entre autres l'éta- mine vexillaire qui est indépendante jusqu'à sa base. Les graines sont au nombre de deux à trois dans la gousse dont la paroi est d'une grande épaisseur et forme pour chaque grain un eompar- timent à peu prés complet. L'herbier du Gabon renferme quatre espéces vulgaires de Cro- talaria, qui sont : i . ^ LeC. verrucosa L. (Spec., 1005), espèce indienne qui se retrouve dans l'Afrique orientale, à Maurice, à Bourbon, à Zan- zibar; elle est commune au Gabon (Griffon du Bellay, n. 205). — 9 Le C. retusa L., autre espèce indienne transportée jus- qu'aux Antilles. Elle a été probablement introduite aussi au Gabon (Griffon du Bellay, n. 27, 332, Duparquet, n. 33). Boivin l'a rapportée de Mombaza. 3 Le C. cylindrocarpa, D. C. (Prodr., M, 133, n. 404), qui croit au Sénégal (Fl. Sen. Tent., 164), et au Gabon, sur le bord des cours d'eau (Duparquet, n. 36). he Le C. pisiformis, Guill. et Perr., trouvé d'abord dans les marais, dans la presqu'ile du Cap-Vert, et croissant au Gabon (Duparquet, n. 37) dans des conditions analogues. SUR L'HERBIER DU GABON, 299 Il ne nous reste à signaler, parmi les Légumineuses du Gabon, qu'une espèce dont la place est encore douteuse, et dont nous n'avons vu que les feuilles. C'est le Mbono-mbono, arbre rare aux environs de notre comptoir, et dont on rencontre un pied sur le chemin de Pyrat. D'aprés M. Griffon du Bellay (n. 149), sa hau- teur est d'une vingtaine de métres, et il se couvre en juin de grandes fleurs blanches auxquelles succédent des gousses d'en- viron 30 centimétres de long, brunes et glabres, ressemblant à une large semelle de soulier. Cet arbre remarquable se rapporte ou au genre Vouapa, ou plus probablement encore au Berlinia ; nous le signalons à l'attention de ceux de nos compatriotes qui visitent le Gabon ; ils y trouveront sans doute un grand nombre d'autres plantes intéressantes appartenant à la méme famille. EXPLICATION DES FIGURES. PrawcuE Il. Fic. 4. Griffonia simplicifolia (Schotia simplicifolia Scuvw. et Taünx.). Rameau chargé de feuilles et d'inflorescences qui sont soulevées et entratnées, de manière à ne se détacher de la branche qu'à une distance variable de leur feuille axillante. (D'après l'échantillon authentique communiqué par Vah! à A. L. de Jussieu): Fic, 2. Griffonia physocarpa. Fleur entière, un peu grossie. Fic. 3. Coupe longitudinale de la méme fleur. On voit que le placenta n'est pas situé du méme côté du réceptacle que l'insertion du podogyne.. Fic. 4. Diagramme floral. Fic. 5. Fruit, avant sa maturité. PracuE HI. Vouapa demonstrans. Fic, 1. Inflorescence. Fic, 2. Portion d'une feuille, où l'on n'a laissé qu'une foliole, presque sessile, et à base insymétrique. Fic. 3. Fleur entière, grossie. Le calice est formé de cinq sépales distincis ; et les pétales, sauf un seul trés-développé, ont à peu près la méme taille que les sépales. Fic. 4. Coupe longitudinale de la méme fleur. L'insertion du pistil est légère- ment excentrique, et se fait un peu plus du cóté du grand pétale. Fic. 5. Diagramme floral. Le grend pétale enveloppe, dans le bouton, non- seulement le reste de la corolle, mais encore les sépales latéraux. 230 . ÉTUDES SUR L'HERBILR DU GABON. Vouapa macrophylla (Anthonota macrophylla PAL.-Beauv. ). F - c. 6. Fleur entière, grossie. Les deux sépales postérieurs sont unis dans une grande étendue; et les pétales, sauf un seul, sont plus courts que le calice. . 7. Anthères dont une loge est bien plus petite que l'autre ou à peu près complétement avortée. Fic Berlinia Heudelotiana. F:c. 8. Diagramme floral. Fic. 9. Un des petits pétales. & Berlinia acuminata Sov. Fic, 10. Fleur entière, de grandeur naturelle. Fic. 41. Un des petits pétales, dont la forme doit être comparée à celle du pétale analogue du B. Heudelotiana, représenté fig. 9. PrawcnE IV. Fic, 4. Duparquetia orchidacea. Rameau portant des feuilles, des fleurs et de jeunes fruits. Fic, 2. Fleur, légèrement grossie. Fic. 3. Coupe longitudinale de Ja méme fleur. Fic. 4. Diagramme floral. C'est la méme plante que M. Bentham a fait connaître pour la première fois sous le nom d'Oligostemon, dans son Genera plantarum (570). En comparant les dates de publication, on verra que le nom de Duparquetia a pour lui l'antériorité (de méme que ceux qui ont été publiés jusqu'à notre feuille 13 exclusivement). Fic. 5. Fruit, un peu plus petit que nature, du Tetrapleura Thónningii Bextu. (D'après un échantillon envoyé par MM. Griffon du Bellay et Touchard.) PLANCRE V. Baudouinia sollyæformis. Fic. 4. Port. Fic. 2. Fleur entiére, grossie. Fic. 3. Diagramme floral. Fic. 4. Coupe longitudinale de la méme fleur. Fic. 5. Une étamine, isolée et grossie, pour montrer le mode de déhiscence. Fic. 6. Fruit, avant la complète maturité, coupé suivant sa longueur, pour montrer les fausses cloisons interposées aux graines. SUR DEUX EUPHORBIACÉES BRÉSILIENNES. Nous traiterons ici de deux plantes brésiliennes, appartenant à la famille des Euphorbiacées, et dont il n'a pu être question dans l'énumération que nous avons donnée (1) des genres de ce pays ; attendu que nous manquions alors de documents suffisants pour parler de la première de ces plantes, et que la seconde nous était totalement inconnue. L'une existait parmi les Artocarpées de l'herbier de Gandiclfaud ; l'autre, récoltée par M. Spruce, avait été provisoirement rapportée aux Zanthoxylées. I. ACANTHOLOMA Gaudich. Nous avons rappelé ailleurs (2) l'introduction qui fut faite, il y a quelques années, dans les serres de différents horticulteurs pari- siens, puis dans celles du Muséum, d'une trés-belle plante à feuilles allongées et épineuses sur les bords, qu'on désignait dans le com- merce sous les noms d’Hippomane spinosa, ilicifolia et longifolia. Son portet le suc laiteux qu'elle contenait en abondance lui don- naient l'apparence d'un certain nombre d'Euphorbiacées, en méme temps que ses slipules supra-axillaires rappelaient beaucoup celles des Artocarpées. « Ses feuilles, disions-nous, ressemblent aussi à celles de certains Sorocea; de sorte que cette plante tient à la fois par l'aspect aux Morées et aux Euphorbiacées. » La patrie de cet arbuste était alors totalement inconnue des jardiniers; mais nous eümes occasion d'en retrouver un échantillon parmi les Artocarpées provenant de l'Herbier impérial du Brésil, dont les doubles ont été rapportés au Muséum par Gaudichaud. Celui-ci a pensé que celle plante devait étre considérée comme le type d'un genre particulier auquel il a donné le nom d’Acantholoma; nous avons done nommé la plante À. spinosum, el nous en avons donné la description sommaire que nous reproduisons ici : Acantholoma Gaupicr., mss., in herb. Mus. par.— Hippomane (1) Adansonia, LV, 257 ; V, 221, 205 ; VI, 15. (2) Horticulleur francais, XV (1865), 295. 939 SUR DEUX EUPHORBIACÉES BRÉSILIENNES. spinosa n. P. (an 1,2). — H. longifolia et ilicifolia sort. Arbor humilis (ad 4 m. = alta) (4); caule erecto tereti (ad 2 cent. crasso); corlice glabro ruguloso (griseo) longitudine striato, cicatricibus remole alternis obovatis orbicularibusve (albescentibus) foliorum delapsorum et cicatricibus longe arcuatis (fuscatis) transverse linearibus stipularum notato. Folia, uti planta fere tota, valde lactescentia, superiora adscendentia, inferiora declinato-refleæa ; intermedia autem subhorizontalia breviter petiolata oblongo-subs- pathulata (ad 50 cent. longa, 10 cent. lata), basi longe attenuata ; apice rotundato; subæquali-fissa ; lobis acute spinescentibus pun- gentibus demum fuscatis ; penninervia fere avenia ; nervis primariis paralleliter obliquis v. ferme transversis; costa pallidiori subtus prominula; limbo ceterum glaberrimo, supra lucido levi, subtus pallidiori. Petiolus teres glaber robustus (ad 2 cent. longus), cras- situdine penne anseritiæ, lineis fuscatis circinnatis transverse notatus, Stipule supraacillares geminæ inter se connata ovato- acuta glaberrimæ (eas Artocarpearum referentes). Flores monaci, aut in summis ramulis brevibus acillaribus spicati, faemineis 4, 2 inferioribus; reliquis masculis alternis in awilla bracteæ brevis glandulis 2 stipulaceis oblongo-scutatis muniti; androphoro tereti erecto antheras sessiles 3 extrorsas cum calycis campanulati denti- bus 3 alternantes gerente ; bractea feemineorum glandulis 2 carnosts late ovatis complanatis stipata ; ealyce crassissimo 3-mero ; lobis in alabastro contortis ovarioque arcte adpressis ; ovario tenui conico 8-loculari S-ovulato; stylo erecto moo 3-fido ; lobis subulatis re- volutis intus dense papillosis. Nous avons fait remarquer, tout en donnant cette description sommaire de l 4cantholoma, que ce genre se rapprochait bien moins des Hippomane que des Stillingia, que sa fleur femelle était à peu prés celle d'un Sapium ; et, si l'on ne conserve pas comnie distinet le genre admis par Gaudichaud, à cause de l'orga- nisation de ses stipules, de son androcée, du calice des fleurs des deux sexes et, comme nous le verrons plus loin, du développement (4) Aujourd'hui la plante a atteint plus de 2 mètres de hauteur. SUR DEUX EUPHORBIACÉES BRÉSILIENNES, 233 énorme que prend, dans son fruit, la columelle, c’est parmi les Sapium, les Stillingia, et non parmi les Manceniliers, qu'il fau- dra le placer à titre de section. Plus tard, nous avons retrouvé, dans les jardins anglais, le méme végétal cultivé partout sous le nom d'Hippomane spinosa L., et nous l'avons encore revu dans l'herbier de Kew, envoyé par l'herbier de Berlin qui l'avait recu de M. Sellow, et nommé par Klotzsch Pachystroma, nom générique qui n'a pas été publié jus- qu'ici et auquel le nom également manuscrit d' Acantholoma doit étre préféré, à cause de son antériorité. Récemment enfin, la plante dépourvue de fleurs a été observée par nous dans les collec- tions de Guillemin (cat. n. 697) qui l'avait cueillie à Rio-Janeiro. Nous ne savons de quelle partie du Brésil viennent les échantillons de Sellow; ceux de l'Herbier brésilien (n. 3) sont indiqués comme provenant de la province de Rio-Grande-do-Sul. Il s'agit donc ici d'une espèce originaire du Brésil méridional, et dont la patrie est bien éloignée de celle des véritables Hippo- mane. Elle est en tous cas bien différente del H . spinosa de Linné (Spec., 1432), que Willdenow (Spec., VIII, 573), Persoon (Sy- nops. , II, 589) , Steudel (Nomencl.)et tous les auteurs reconnaissent comme synonyme du Sapium ilicifolium W., plante représentée par Plumier (con., 174, f. 4) et par Plukenet (Almag., 197, t. 196), sous les noms de Mancinella Aquifolii foliis, et de Llew Aquifolii folio americana, et dont l'herbier de Vaillant. renferme un échantillon sans fleurs, avec des feuilles ovales ou obovales, entières ou découpées en un fort petit nombre de dents épineuses, et à peine plus longues que larges ; ce qui est loin d'étre le cas de notre Acantholoma, dont les feuilles sont souvent six fois plus lon- gues que larges el pourvues de dents épineuses trés-nombreuses sur les cótés. Les particularités les plus dignes d'être signalées dans celle cu- rieuse Euphorbiacée, sont relatives : 1* Au mode d'insertion de ses stipules. Celles-ci sont réelle- ment latérales et au nombre de deux. Mais leur insertion est sou- 23h SUR DEUX EUPHORBIACÉES BRÉSILIENNES. levée d'une quantité variable au-dessus de l'insertion même du pétiole ; et, devenant connées entre elles, ou simplement rappro- chées par leurs bords, sans adhérence réelle, elles forment à un cerlain âge un seul sac conique qui enveloppe toutes les feuilles supérieures non encore développées, et ne eontribuent pas médio- crement à donner l'apparence d'une Artocarpée à une plante qui, sauf la nervalion, présente les feuilles d'un Sorocea. 2 A l'organisation de la fleur mâle. Son calice est une sorte de cornet gamophylle, partagé seulement en deux lobes dans la por- tion supérieure. Le réceptale se prolonge au centre de la fleur, sous forme d'une colonne cylindrique qui porte sur ses côtés, un peu au-dessous de son sommet, trois anthéres sessiles, extrorses, alternes avec les divisions du périanthe, 8° A lastrueture de la fleur femelle. Elle est entourée d'un certain nombre de lames glanduleuses, épaisses, qui de loin simu- lent un périanthe, et qui ne sont autre chose que les bractées flo- rales munies de deux glandes stipulaires à développement énorme. Quant au véritable calice, formé de trois sépales tordus dans la préfloraison d'une manière très-prononcée, il est si étroitement appliqué, jusques à son sommet, contre l'ovaire sur la surface duquel il semble se mouler exactement, qu'on ne le distingue pas du tout au premier abord du gynécée. L'ovaire est à trois loges alternes avec les sépales, uniovulées ; surmonté d'un style à trois branches entiéres, révolutées, papilleuses sur toute leur surface intérieure. h^ Aux dimensions relatives des différentes portions du fruit. Nous n'avons vu celui-ci que sur un échantillon de Sellow, dans l'herbier de Kew. Les trois feuilles carpellaires s'étaient, ainsi que les graines, probablement mûres, détachées de la columelle. Celle- ci persistait sous forme d'une épaisse pyramide à trois pans, pré- sentant une consistance ligneuse, une largeur de base sans exem- ple dans les autres genres de la famille des Euphorbiacées, et, outre les cicatrices linéaires, verticales, indiquant les points où la paroi convexe des loges venait se joindre à l'axe central du fruit, SUR DEUX EUPHORBIACÉES BRÉSILIENNES. 235 trois petites taches équidistantes, répondant aux faces de la pyramide, et au point d'insertion des graines sur la columelle. IL. PIRANHEA, nov. gen. Les Euphorbiacées à feuilles composées-digitées ne sont pas nombreuses, surtout parmi les genres à loges ovariennes biovu- lées. Les Bischoffia sont seuls dans ce cas, et ils ne croissent que dans l’ancien monde. Aujourd’hui cette forme exceptionnelle de feuillage va être représentée, pour les Euphorbiacées biovulées américaines, par une plante brésilienne, trouvée par M. Spruce, dans la province de Rio-Negro en 1851, aux environs de Barra (n. 4605), et rapportée par M. Bentham; sans doute à cause de la forme méme de ses feuilles, au groupe des Zanthoxylées. La plante est indiquée comme portant dans le pays le nom vulgaire de Piranha-uba, d'où nous avons tiré le nom générique de Pira- nhea, que nous proposons de lui appliquer. Cette plante parait dioique. Ses fleurs mâles ont un calice ayant de quatre à six divisions; un nombre variable, une quin- zaine au plus, d'étamines exsertes, insérées près du centre de la fleur et entremélées d'autant de petites glandes à pied court, dis- posées sans ordre apparent. Les fleurs femelles ont six sépales, formant deux verlicilles triméres. Leur ovaire est à trois loges superposées aux sépales extérieurs, surmonté d'un style à trois branches profondément séparées, subulées, réfléchies sur l'ovaire, stigmatifères intérieurement. A la base de l'ovaire s'observent une demi-douzaine de languettes stériles qui sont, ou les lobes d’un disque hypogyne, ou plus probablement des staminodes ; et l'intérieur de chaque loge ovarienne renferme deux ovules colla- téraux, suspendus dans l'angle interne, avec le micropyle exté- rieur et supérieur, et un large obturateur qui enveloppe toute la masse des ovales où seulement leur portion supérieure. Les fleurs femelles sont réunies en courtes grappes simples à l'aisselle des feuilles, et les fleurs mâles sont groupées en petites cymes glo- buleuses et multiflores, disposées alternativement sur des axes i 936 SUR DEUX EUPHORBIACÉES BRÉSILIENNES, communs, gréles et allongés, nés eux-mémes sur le bois des ra- meaux de l'année précédente, un peu au-dessous des pousses de l'année, soit isolément, soit réunis en grappes sur un petit axe commun né lui-méme sur le vieux bois. Qu'on joigne aux carae- téres floraux ‘qui viennent d’être énoncés, que les feuilles sont alternes, accompagnées de stipules caduques, et que leur limbe est formé de trois folioles presque sessiles, et l'on reconnaitra que le Piranhea, si voisin des Bischoffia asiatiques, par ses feuilles et sa fleur femelle, se rapproche encore davantage, par la polyan- drie de ses fleurs mâles, des Cyclostemon, des Daphniphyllum et autres genres à étamines nombreuses que nous avons réunis (Et. gen. Euphorbiac., 561, 564) sous les noms de Cyclostémo- nées et Gyrandrées, ainsi que des Longetia, et des Petalostigma de M. F. Müller. Il nous reste actuellement à donner la caracté- ristique en latin de la seule espéce que nous connaissions jus- qu'ici. PIRANHEA TRIFOLIOLATA. Arborescens; cortice striato cinerascenti; ramulis novellis petiolisque et inflorescentiæ ramis pube tenui con- spersis. Folia alterna stipulacea; petiolo gracili tereti (ad 8 cent. longo) stipulis 2 lineari-subulatis (3 mill. longis) caducissimis basi munilo; limbo trifoliolato; foliolis subsessilibus lanceolatis (42 cent. longis, h cent. latis) basi angustatis; summo apice acutiusculo v. sepius obtusiusculo; integerrimis v. obsolete crenatis membra- naceis penninerviis venosis, supra glabris dense viridibus; costa tantum nervisque primariis furfuraceo-pubescentibus; subtus opacis pallidioribus parcissime puberulis. Flores, ut videtur, dieci (dum monaci sint, in ramis diversis segregati), Flores masculi in spicis ramosis gracilibus aut acilla- ribus aut e ligno ramulorum prœæcedentis anni, haud procul a foliis, orti. Spice graciles fere filiformes puberulæ (6-8 cent, longa»). Flores alterne aut geminati aut fasciculati bractea bracteolisque 9 latera- libus brevibus ovatis concavis extus puberulis stipati ; pedicellis filiformibus (4, 2 mill. longis). Calyx brevis 4-6-partitus; laci- niis demum palentibus ovato-acutiusculis puberulis, Stamina SUR DEUX EUPHORBIACÉES BRÉSILIENNES. . 957 numero varia (plerumque 8-15); filamentis liberis gracillimis mox ecsertis calyce 2-3 plo longioribus , intermictis glandulis fere toti- dem calyce paulo brevioribus breviter stipitatis inæquali-capitatis ; antheris subdidymis introrsum 9-rimosis demum subcomplanatis. Flores foeminei et in ligno praecedentis anni, haud procul a foliis anni, in axilla folii praecedentis anni occasi et e cicatrice tantum noti spicati; spica brevi (1-3 cent.) crassiuscula simplici pauci- flora. Flores ad 40 bracteis parvis puberulis muniti. Calyæ 6-par- titus; laciniis ovato-acutis puberulis, interioribus 3 alternis. Ovarium exsertum obsolete 3-gonum pubescens, apice in stylum brevem mow 3-partitum attenuato; loculis 3 calycis laciniis 3 exte- rioribus oppositis biovulatis ; ovulis collateraliter pendulis subana- tropis minutis obturatore valde incrassato post anthesin fereomnino v. omnino obtectis involutisque ; styli laciniis 3 moo arcte ovario reflexis subulatis supra sulcatis stigmatosisque. Fructus? — Crescit in prov. Rio-Negro, Brasiliæ borealis, ubi prope Barra, florentem augusto 1851 detexit cl. R. Spruce (exs. n. 1605), ibique vulgo audit Piranha-uba (nomen unde generi impositum). Il est inutile de montrer comment ce genre à feuilles com- posées constitue un lien de plus entre les Euphorbiacées et les groupes si voisins, à tant d'égards, des Burséracées et des Picramniées. -— EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE I. Acantholoma spinosum. Fic. 4. Port dela plante considérablement réduite. Fic. 2. Petit rameau florifère, de grandeur naturelle. Fic. 3. Extrémité d'une inflorescence chargée de fleurs mâles, Chaque cyme partielle se termine par une fleur, située à l'aisselle d'une petite bractée qu'accompagnent deux grosses glandes stipulaires. Des bractéoles latérales, également biglanduleuses et ordinairement stériles se. trouvent en dedans de la bractée. Fic, 4. Fleur mâle, grossie. Fi, 5. Coupe longitudinale de la même fleur. - 238 __ DU GENRE NETTOA. Fic. 6. — de la fleur mále. N Fic. 7. Fleur femelle, accompagnée de bractées ar Fic. 8. Coupe longitudinale de la même fleur et des bractées en dedans des- ' . quelles on voit le véritable calice, étroitement appliqué contre l'ovaire. Dans la loge ouverte, l'ovule coiffé de son obturateur, Fic. 9. Diagramme de la fleur femelle. Prawcng VI. Piranhea trifoliolata. Fic, 4. Rameau chargé de fleurs máles. Fic, 2. Rameau portant deux inflorescences femelles. ~ Fic. 3. Fleur mâle, grossie. Fic. 4. Coupe longitudinale de la fleur mâle. Fic, 5. Fleur femelle, grossie. Fic. 6. Diagramme de la fleur femelle. Fic. 7. Coupe longitudinale de la fleur femelle. Fic. 8. Fleur femelle dont le périanthe est enlevé. L'ovaire est entouré des staminodes. DU GENRE NETTOA ET DES CARACTÈRES QUI SÉPARENT LES BIXACÉES DES TILIACÉES. Parmi les plantes indéterminées de l'herbier du Muséum de Paris, nous avons observé une curieuse espéce, indiquée par Deslontaines comme devant être rapportée au groupe des Tiliacées, et comme ayant été récoltée dans une des iles stériles qui avoi- sinent les cótes de la Nouvelle-Hollande (peut-étre par un des botanistes de l'expédition de l'amiral Baudin). Cette plante sin- gulière présente, avec le feuillage d'un Crozophora, des fleurs construites comme celles de la plupart des Tiliacées; mais sa pla- centation est très-neltement pariétale, comme celle d'une Bixacée ou d'une Samydée. Il s'agit done ici d'un type générique qui parait entièrement nouveau, et que nous dédions à M. Lad. Netto, jeune et zélé brésilien, récemment appelé à la direction de la section botanique du Musée de Rio-Janeiro, et qui s'est fait con- DU GENRE NETTOA. 239 naître par d'intéressants travaux sur la structure des tiges ano- males des lianes de son pays. Le /Vettoa crozophoræfolia, ligneux dans ses portions infé- rieures, parait être un petit arbuste. Son bois présente méme une certaine dureté, malgré la largeur de sa moelle et le grand développement des vaisseaux qui le parcourent. Son écorce est pourvue d'un liber épais et solide, comme celle d'un grand nombre de Tiliacées; et sa surface extérieure est chargée de poils étoilés très-nombreux qui cessent de s'aceroitre. d'assez bonne heure, mais qui, sur les jeunes rameaux, forment un abon- dant duvet furfuracé, de couleur fauve. Ce même duvet tapisse toute la surface des feuilles, dont le pétiole est court, et dont le limbe, ovale ou cordiforme, est arrondi ou échancré à la base, obtus au sommet, inégalement crénelé sur les bords, mou, coton- neux, penninerve, trinerve à la base, à nervures disposées en un réseau saillant en dessous et concave en dessus. Les feuilles s'insérent alternativement sur les branches, et sont accompagnées à leur base de stipules linéaires-subulées, trés-gréles, plus courtes que le pétiole, caduques et ne laissant de leur présence d'autre trace qu'ug petit point noirâtre et déprimé, tranchant par sa couleur sur la teinte jaunâtre du duvet dont la plante est revétue. Les fleurs sont réunies en petites grappes unipares, oppositifoliées, moins longues que les feuilles. Les pédicelles sont courts, et les calices sont aussi chargés de poils furfuracés. Les sépales sont au nombre de cinq, valvaires dans la préflo- raison. Le réceptacle floral présente, en dedans de leur base, un léger épaississement glanduleux à einq lobes peu prononcés. Au sommet de ces lobes répond l'insertion des cinq pétales qui sont libres, alternes avec les sépales, un peu moins longs qu'eux, membraneux et lisses, sauf près de leur base qui porte en dehors des poils étoilés, et disposés dans le bouton en préfloraison imbri- quée, ou plus rarement tordue. Le réceptacle s'élève ensuite en forme de colonnette cylindrique, évasée à son sommet en une sorte de plateau eireulaire à bords glanduleux et chargés de poils 2h40 DU GENRE NETTOA. étoilés. Cette dilatation rappelle bien la disposition qu'on observe dans la fleur de quelques Tiliacées voisines des Grewia. Sur la - face supérieure de cette sorte de patère sont portés, au centre le pistil, et, plus en dehors, les étamines dont le nombre est indéfini, et dont les filets libres, d'autant plus courts qu'ils sont plus exté- rieurs, supportent chacun une anthére biloculaire, déhiscente suivant sa longueur et d'abord légérement arquée, mais ultérieu- rement révolutée à ses deux extrémités, au point de regarder la corolle par une grande portion de sa face. L'ovaire, chargé éga- lement de poils étoilés, s'atténue supérieurement en un style creux et tubuleux dont le sommet est à peine renflé en tête stig- matifére. Il n'y a qu'une loge à l'ovaire, avec trois (1) placentas pariétaux fort peu saillants dans l'intérieur de sa cavité, et portant chacun, sur leurs bords, deux séries d'ovules anatropes et des- cendants. Le fruit de cette plante nous est totalement inconnu (2). Si maintenant nous cherchons à déterminer la place que doit occuper le JVettoa dans la classification, nous verrons qu'insépa- rable des Tiliacées par la préfloraison de son calice, son port, son androcée, et très-analogue à quelques-uns des genres les plus incontestés de cette famille par la forme „particulière et l'es- pèce d’entre-nœud que présente son réceptacle floral en dessus du périanthe, ce nouveau type a cependant des placentas pariétaux si peu proéminents dans l'intérieur de l'ovaire, que, par ce der- (1) On en compte plus rarement cinq, quatre, ou seulement deux. (2) Char. gen. Flores hermaphroditi. Calyx valvatus 5-partitus. Petala 5 libera ; receptaculo intus obsolete glanduloso, mox columnari erecto, demum in cupulam margiue glandulosam stellato-pubescentem dilatato, gynæceum staminaque hypo- Byna gerentem. Filamenta libera inter se inzequalia; antheræ introrsæ 2-loculares rimose, demum revolutz. Germen liberum 1-loculare; placentis 9-5 (sepius 3) multiovulatis ; ovulis anatropis descendentibus; stylo integro tubuloso vix apice stigmatoso capitato, Frutex stellato-pubescens, foliis alternis stipulaceis ; floribus racemosis ; racemis uniparis oppositifoliis. Char. gen. N. ex omni parte stellato-furfuracea; foliis cordato-ovatis, apice rotun- datis inæquali-crenatis mollibus penninerviis basi 3-nerviis venosis; anthemiis folio brevioribus (Petiolus ad 6 mill. long. Limbus 4 cent. long., 2 cent. lat. Stipulae 5 mill. lougæ. Flores ad 12 mill. lata). Hab. in insula sterili Australie proxima, in exped. cl. navarchi Baudin verisimiliter olim lecta (v. s, in herb. Mus. par.). bU GENRE. NÉTTOA, _ 9M nier caractère, il ne peut se rallier qu'au groupe des Bixacées. Parmi celles-ci, il se rapproche surtout des Cochlospermum et des Amoreuxia, dont il n'a cependant ni les feuilles, ni les anthéres, ni le mode particulier de placentation. Mais quelle est réellement la différence qu'il y a entre une Bixa- cée et une Tiliacée? Pour M. Planchon (F'oyage de M. Linden, 20), la question parait facile à trancher. ll dit des Bixaeces, que «la préfloraison du calice, combinée avee la placentation pariétale, dis - tingue ce groupe des Tiliacées. » MM. Bentham et Hooker se sont bien gardés d'admettre d'une maniére absolue le premier de ces caractères différentiels, ear ils ont reconnu (Genera, 122) qu'il y a des Bixacées à calice « subvalvaire », et (229) des Tiliaeées à sépales « subimbriqués ou imbriqués. » Mais ils ont maintenu l'im- portance du mode différent de placentalion, en disant (229) : « Genera nonnulla Bixinearum vel Samydacearum. etiam Tiliaceis quoad plures characteres accedunt, sed placentis parietalibus dis- tinguenda. » S'il ne s’agit ici que de faciliter, dans la pratique, un groupement commode et purement artificiel, nous admettons fort bien qu'on ait recours à la placentation, Mais nous n'allons pas, dans ce cas, jusqu'à penser qu'on puisse se flatter d'avoir obtenu un classement naturel. On a sacrifié tous les autres caractères qui sont identiques, à un seul point iei variable. Sans doute, parmi tous les caractéres que présentent les organes floraux, ceux qui sont relatifs à la constitution du gynécée, à la placentation, à l'agencement des carpelles entre eux, sont de tous les moins sujets à varier; mais il ne s'ensuit pas qu'ils soient partout et toujours absolus ; ee privilége n'appartient à aucun des traits de l'organisa- | lion végétale. Ainsi, que le Prockia, dont l'ovaire est parlagé en plusieurs loges par des cloisons complètes, soit reporté des Bixacées aux Tiliacées, rien ne nous parait plus pratique et plus conimode. Mais quand on a suivi, avec M. Payer (Organogr., 2h) le déve- topneinen de la portion supérieure de l'ovaire des Tiliacées, et qu'on y connaît le mode d'évolution centripète des cloisons, on vi. (12 juin 1866.) 16 242 DU GENRE NETTOA. comprend facilement comment cette évolution peut aller plus ou moins loin, et combien peu d'importance présente alors, dans ces types floraux, au point de vue réellement naturel, le cloisonnement | plus ou moins complet de l'ovaire. On peut d'ailleurs, sans avoir recours à l'organogénie, voir sur des échantillons d'herbier et dans des fleurs adultes, des loges parfaites dans plusieurs Flacourtiées et Cochlospermées, et d'autre part, des ovaires incomplétement cloisonnés, dans certaines fleurs de Corchoropsis, de Dasynema, d'Eleocarpus, et méme de Sparmannia, suivant MM. Bentham et Hooker (op. cit., 229). On eomprend alors qu'il arrivera peut- être un moment où les Tiliacées et les Bixacées des auteurs actuels. ne seront plus considérées que comme deux membres fort étroite- ment unis d'une seule et méme famille naturelle, et où les bota- nistes qui, pour la commodité de l'étude, les maintienidront sépa- rées, n'hésiteront pas à déclarer qu'ils ont recours à un mode de classement essentiellement artificiel. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE Vil. Fic. 4. Branche de Nettoa crozophoræfoliu, chargée de feuilles et de fleurs, de grandeur naturelle. Fic. 2. Bouton grossi. Fie. 3. Fleur épanouie, grossie. Fic. 4. Coupe longitudinale de la même fleur. Fic, 5. Diagramme floral. Le cercle qui entoure l'androcée représente le pour- tour du disque ou espéce de patère que forme le réceptacle sous les éta- mines. Fic. 6. Étamine grossie, vue par sa face interne. Fie. 7, Étamine vue en dehors, aprés la révolution de son sommet. NOTE SUR L'ORGANOGÉNIE FLORALE DES TACCACÉES. Le genre Tacca, établi par Forster pour une plante alimentaire observée par lui à Otahiti et dans quelques autres iles de la mer du Sud, à été considéré par R. Brown comme devant former un eroupe intermédiaire aux Aroidées et aux Aristolochiées. Il ne s'agit iei, bien entendu, que du T'acea de Rumphius, déerit dans l'Herbarium amboinense (V, 398, t. 114), et non des Aroidées plus ou moins analogues aux Amorphophallus, que leur feuillage a fait méconnaitre, non plus surtout que du Taccæ fungus figuré par Buchoz (Dee. 6, t. ix) à côté d'un véritable Tacca en fruits, représenté dans la figure 1 de la méme planche. Lindley (Veg. et Kingd., 149), quoique n'ayant pas observé personnellement les Taccacées, qu'il place définitivement à côté des Broméliacées, entre les Aracées et les Orontiées, fait remarquer leurs analogies avec les Aroidées d’une part, et de l'autre avec les Zingibéracées, surtout par le T'acca levis. Endlicher, tout en rappelant leurs affinités avec les Aroidées, trés-analogues suivant lui par le feuil- lage, mais d'ailleurs trés-différentes, et avec les Aristolochiées, indique aussi leur parenté avec les Dioscorées (Gen. , 159). Blume, dans son écrit publié à Leyde en 1833, sous ce titre: De novis quibusdam plantarum familiis expositio, et olim jam exposilarum enumeralio, n'a fait que rappeler qu'il avait, en 1827, dans son Enumeratio plantarum Javæ, complétement partagé l'opinion de R: Brown sur les analogies des Taccées avec les Aroidées et les Aristolochiées. Enfin M. J. C. Agardh, dans son Theoria Sys- lematis plantarum (33), a non-seulement adopté et additionné toutes les relations admises par les auteurs précédents, mais il a en outre indiqué des rapports avec les Roxburghiées et les Aspi- distrées, par cette phrase : « Taccaceæ sunt Aristolochieis, Dios- coreis, Bromeliaceis, Roxburghiaceis plus minus analoge, Aspi- distreis proximé collaterales, [formam superiorem hermaphroditam Cryptocorynearum, ut videtur, constituentes. » Malgré le port et 21^ NOTE SUR L'ORGANOGÉNIE FLORALE DES TACCACÉES, le feuillage des Taccacées, nous avons été conduit par nos études organogéniques à entrevoir une autre relation, non indiquée jusqu'ici, des Taccacées avec les Orchidées, dont elles représen- leraient, comme nous le verrons, mais d'une autre facon que les Apostasiées, une forme à fleurs régularisées. Dès les premiers âges de la fleur des Tacca, on entrevoit le mode d'insertion futur de leurs organes floraux, car leur récep- tacle présente de bonne heure la forme d’un cône renversé, dont la base, située à la partie supérieure, s'accroît principalement par son pourtour, de manière à limiter une petite fossette circulaire, alors peu profonde. C'est sur les bords de cette fossette qu'appa- raissent l'un aprés l'autre les deux verticilles trimères du périan- the, puis les deux verticilles, également triméres, de l'androcée. A celle époque, la jeune fleur est tout à fait semblable à celle d'une Amaryliidée, et en méme temps à celle de certaines Orchi- dées dont l'androcée est complétement né, mais où l'irrégularité n'a pas encore commencé à se produire. Les folioles du périanthe s'imbriquent ultérieurement dans chaque verticille, de telle facon que l'une d'elles est tout à fait enveloppée, l'autre complétement enveloppaute, la troisième moitié recouvrante et moitié recouverte. Les élamines présentent, principalement dans le Tacca pinna- tifida, des modifications très-singulières dans la forme de leur filet. Semblable au début à une petite lame plate et quadrilatérale, dont l'anthére arquée et introrse coiffe simplement le sommet, à la facon d'un cimier, ce filet finit par présenter l'apparence d'un énorme capuchon concave en dedans, et dont l'anthére, sa face tournée en dehors, n'oceupe plus qu'une très-pelite portion, qui répondrait à la racine du nez, si l'on supposait que ce capuchon coiffe une téte humaine. Ces changements successifs dans la forme du filet sont difficiles à décrire ; ils consistent d'abord en un élar- gissement considérable de l'organe qui, cessant en méme temps d'être plan, devient convexe en dehors et concave en dedans. C'est cette eonvexité qui grandit ensuite peu à peu jusqu'à ce que son fond forme le sommet du capuchon, tandis que lesommet organique NOTE SUR L'ORGANOGÉNIE FLORALE DES TAGCAUÉES. 245 du filet s'infléchit de plus en plus, pour venir rapprocher de son point d'insertion l'anthére qui est alors fort petite relativement au reste de l'organe. C'est ce mode d'agencement que les deserip- tions n'ont pu exprimer que d'une manière incomplète en disant des loges de l'anthére « cucullo intus adnalis ». Aprés avoir porté le périanthe et l'androcée, le réceptacle se creuse davantage à son centre, ou plutòt il s'accroît plus par sa portion périphérique que par sa portion centrale; il en résulte la formation d'une eoupe pro- fonde. C'est sur les bords de cette coupe qu'apparaissent simulta- nément les trois feuilles carpellaires sous forme de trois petits imamcelons arqués, superposés aux folioles extérieures du périanthe. Plus tard ces mamelons s'allongent, se rejoignent et forment à l'ovaire une sorte de couvercle ou de coiffe qui est sa seule por- tion appendieulaire. En méme temps les extrémités des feuilles car- pellaires se réunissent pour former le style, et leurs sommets bilobés s'épaississent, se réfléchissent et atteignent d'énormes dimensions dans plusieurs Taccacées, principalement dans le Tacca pinnatifida. C'est cette portion dilatée du style qui constitue au centre de la fleur une sorte de parasol, à peu prés comme dans les Sarracenia, ct que les botanistes s'accordent à regarder comme les lobes stigmatiques. Ainsi Endlicher (loc. cit. , 158) dit des Tac- cacées : « Stylus brevis crassus 3-sulcus. Stigma orbiculatum v. depressiuscule capitatum, radiato-3-fidum , lobis emarginato-2- lobis »; e& des Tacca : « Stigma orbiculatum stellato-6-radiatum, lobis emarginatis. » Lindley (Veget. Kingd., 449) décrit ainsi les styles et les stigmales : « Styles 3 connate; stigmas connate at the base, radiating, 3-lobed. » M. Agardh (Theor. Syst., 33) accorde aux Taccacées un stigmate : « Stigma late expansum »; et Guil- lemin, dans son article si précis sur le genre Tacca (Dict. d Hist. nat., XVI, 5), indique dans ce genre un « style marqué de trois sillons, portant trois sligmates dilatés ». Ce n'est pourtant pas cet énorme corps à trois lobes dilatés qui représente le stigmate. Celui-ci est placé au sommet organique des styles. Mais plus ceux-ci s'épanehent à droite et à gauche sous forme de larges 246 NOTE SUR L'ORGANOGÉNIE FLORALE DES TACCACÉES. auricules réfléchies, plus la véritable région stigmatifère se dé- prime, sous forme de canal on d'antre, tapissé de papilles spé- ciales, absolument comme dans les Orchidées. Il en résulte qu'on ne voit pas facilement le stigmate sur un pistil adulte. Il faut, pour l'apereevoir, couper le style en travers à sa base, et examiner par sa face inférieure ou concave cette espèce de champignon trilobé que les auteurs appellent stigmate. Alors au fond de l'échanerure qui sépare les deux moiliés de chaque branche stylaire jusqu'à une profondeur variable, on apercoit une fente ou bouche trans- versale étroite qui sert d'entrée à un canal infundibuliforme - marchant obliquement d'abord, puis verticalement et en se rétré- eissant, vers la base du style et l'intérieur de la cavité ovarienne. C'est là le véritable stigmate, comparable, répétons-le, à celui des Orehidées, mais qui est unique dans ces derniéres, tandis qu'il est triple dans les Tacca. C'est un conduit fort étroit et qui ne parait pas devoir facilement recevoir le pollen. Mais on sait que dans les fleurs adultes, le parasol stylaire recouvre tout l'androcée, comme un toit, et que les anthéres ne peuvent se trouver préci- sément en rapport qu'avec cette face inférieure où s'ouvre l'orifice stigmatique. Les orifices stigmatiques répondent à la ligne médiane de cha- cune des branches du style et sont alternes avec les placentas. H en résulte qu'à l’âge adulte, l'ovaire des Taceacées présentant à sa surface six cóles, dont trois, plus saillantes, répondent aux branches siylaires, c'est aux côtes les moins proéminentes que répondent les placentas. Ceux-ci apparaissent, dans l'intérieur et sur les parois du réceptacle concave, dans l'intervalle des feuilles earpellaires, sous forme de trois colonnes verticales, saillantes, et portant sur leur ligne médiane un léger sillon longitudinal. C'est à droite et à gauche de ce sillon que les ovules se montrent sur les placentas, vers le milieu de leur hauteur. Plus tard l'éruption ovulaire gagne en haut et en bas; en méme temps que d'autres ovules naissent en dehors des premiers, puis tout à fait vers les bords extérieurs des placentas. Les ovules sont done, dés leur NOTE SUR L'ORGANOGÉNIE FLORALE DES TAGCACÉES. — 9/7 apparition, disposés sur plusieurs rangées verticales, et toujours d'autant plus jeunes, qu'ils se rapprochent davantage des bords et des extrémités placentaires. Ils se recouvrent de deux enveloppes, el deviennent ensuite anatropes et horizontaux, ou légèrement obliques, en se tournant le dos et en se regardant par leurs raphés, . Aux particularités qui précèdent, il faut ajouter que, méme à l’âge adulte, il existe au centre du gynécée, dans l'intervalle. des trois branches du style, un canal vertical qui conduit. dans la cavité oyarienne; et, vers la périphérie, trois petites ouvertures équidistantes, qui sont celles de canaux nectarifères, analogues aux glandes septales d'un grand nombre de Monocotylédones. Le fruit infère des Taccacées rappelle d'ailleurs souvent par sa forme celui d'un. grand nombre d'Orchidées. Celui d’un Tacca pinnatifida, cultivé à Paris, fut pris par plusieurs personnes pour le fruit d'un. Ansellia, A sa maturité il perdit graduellement la teinte verte de son péricarpe assez dur, pour devenir brun et mou en quelquesjours, absolument comme ce qu'on appelle la gousse d'une Vanille. Ce qu'il y a de trés-remarquable, c’est que lorsque le blessissement fu! complet, le péricarpe commenca de dégager un parfum trés-analogue à celui de la Vanille. Nous nous bornons à signaler ce fait à ceux qui pensent que l'analogie d'organisation entraine souvent celle des propriétés, ainsi qu'à ceux qui songe- raient à tirer parti, au point de vue économique, d'une plante qui peut facilement croître en plein air dans quelques-unes de nos possessions d'outre-mer. Les Taccacées fournissent d'ailleurs, par leur. portion souter- raine, un autre produit utile dont les Taïtiens font depuis long- temps usage dans leur alimentation. Ce sont ces sortes de renfle- ments tuberculeux et riches en fécule qui sont considérés comme formés par les racines, et qui méritent de faire l'objet d'une étude toute spéciale. Je me bornerai pour le moment à dire qu'ils pre- sentent dans la plupart de leurs caractères une grande analogie avec les pseudo-bulbes des Ophrydées, organes qu'on peut définir : IAB — NOTE SUR L'ORGANOGÉNIE FLORALE DES TACCACÉES. des bourgeons axillaires anatropes à base gorgée de sues nourri- ciers. L'inflorescence des Taccacées mérite aussi d’être attentive- ment étudiée. Sans parler ici des longs filaments que les auteurs s'accordent à considérer comme des pédicelles stériles, et dont la véritable nature est encore incertaine, nous savons que tous les botanistes décrivent l'inflorescence comme une ombelle. Endli- cher dit d'elle: « Flores in apice scapi radicalis, simplicissimi, teretis v. angulati, umbellæ basi involucro foliaceo tetraphyllo sti- pata, involueri foliis integris subdecussantibus. » Lindley repro- duit presque littéralement cette opinion en ces termes : « Flowers placed on the top of a simple laper or angular furrowed scape, in umbels » . L'organogénie montre, et elle seule pouvait montrer - que les fleurs ne sont nullement disposées en ombelles. Elles sont au contraire groupées en cymes unipares scorpioïdes. Comme le nombre de ces cymes est le plus ordinairement de deux, il explique l'existence fréquente des deux larges bractées intérieures qui répondent chacune à la base d'une des eymes scorpioïdes. Mais avec un plus grand nombre de cymes partielles, réunies au sommet de la hampe commune, on observe aussi un plus grand * nombre de braetées; on en peut compter jusqu'à six ou huit. Quant aux filaments stériles, ce n'est qu'avee doute que nous avancons qu'ils pourraient bien représenter, non des axes dépour- vus de fleurs, mais les bractéoles latérales qui accompagnent les fleurs dela eyme. Nous avons vu ces bractées dans le jeune âge de l'inflorescence; mais nous n'avons pu, faute de matériaux suffisants, les suivre dans tous les àges ; c'est ce qui nous empêche d'être plus affirmatif. NOTE SUR L'ARACHIDE (Arachis hypogæn L.), Par M. €, JACOB DE CORDEMOY. (Ile de la Réunion, mars 1866.) Il est peu de plantes qui, aulant que l'Arachide, aient donné lieu à des opinions différentes de la part des botanistes. La singu- larité de sa fructification a depuis longtemps attiré leur attention; mais, la plante croissant difficilement aux lieux oü elle eüt pu étre étudiée, il en est résullé que les caractères qu'on lui attribue sont le plus souvent erronés. J'ai été assez heureux, en suivant le développement de la fleur à l'ile dela Réunion, pour observer quelques faits nouveaux qui ne laissent plus de doute sur la vraie nature de cette plante. Race. — Elle est pivotante, droite ou tordue, suivant la diffi- culté qu'elle rencontre à pénétrer dans le sol. Il en part une grande quantité de racines secondaires, courtes, filiformes, qui présentent comme la principale, cà et là, de petits renflements analogues à des tubercules ou mieux à des ganglions. Tice. — Suivant quelques auteurs, la tige, herbacée, peut acquérir une hauteur verticale de 40 centimètres. Le fait peut être vrai pour la variété connue sous le nom d'Arachide d' Afrique, il n'en est pas de méme dans l’Arachide de l'Inde. La tige en est toujours couchée. Elle s'étend sur le sol, qu'elle recouvre entière- ment. Elle est cylindrique, verte; les rameaux de méme. Ceux-ci sont assez nombreux, surlout vers la partie inférieure de la tige. Is sont trés-pubescents. FsviLLEs. — Les feuilles sont alternes, suivant la fraction 4/2. Elles sont composées de quatre folioles opposées , paripennées, subsessiles. La feuille comprend : une gaine assez large embras- sant presque complétement la tige en son point d'insertion; deux 250 NOTE SUR L ARACHIDE. stipules hastiformes, fortement acuminés, soudés à la gaine ; un pétiole allongé supportant les quatre folioles. Toutes ces parties sont pubescentes. Le limbe des folioles est ovato-cunéiforme, vert jaunâtre su- périeurement, plus pâle en dessous, où la nervure médiane est saillante; les nervures secondaires, penninerviées, sont à peine visibles; les deux folioles extrêmes sont plus grandes que les infé- rieures. La préfoliation est condupliquée. La nuit, les folioles dorment, c'est-à-dire se ferment en se rap- proehant l'une de l'autre, — — BouncEoNs, Boutons. — A l'aisselle des feuilles, il n'apparaît ordinairement qu'un bourgeon; on en voit pourtant deux quelque- fois; parfois aussi il nait en méme temps un bourgeon et un bouton. Dans ces deux derniers cas, les nouveaux axes sont situés à côté l’un de l'autre, INFLORESCENCE; — Sur le côté du bouton développé à l'aisselle de la bractée mère, il en nail toujours un second, de manière que l'inflorescence représente une petite eyme unipare composée de deux fleurs. Celles-ci sont. toutes deux fertiles; ce n'est que par accident qu'il y en a une d'elles qui avorte, Arrivée à un certain âge, la plante présente ces fleurs à l'ais- selle de chaque feuille. FLeur, calice. — Les fleurs sont toutes hermaphrodites, presque sessiles, irrégulières, symétriques, Le calice se compose de cinq sépales en préfloraison quincon- ciale, suivant leur ordre de naissance. Ces cinq sépales sont soudés ensemble, puis se séparent à une certaine hauteur, de manière à former un calice longuement tubulé et bilabié ; une des lèvres, l'antérieure, se compose de trois sépales dont l'extérieur est super- posé à la bractée axillante ; l'autre comprend deux divisions, dont l'une est extérieure, En grandissant, ces sépales soudés s'allongent de manière à former un tube filiforme, qui affecte l'apparence d'un pédoncule, et que les auteurs, jusqu'à Poiteau, avaient pris pour tel. La partie NOTE SUR L'ARACHIDE, 251 supérieure de ce tube est bilabiée, comme nous l'avons dit. ConoLLE. — Elle est papilionacée; l'étendard est antérieur et non postérieur, comme l'ont déerit les botanistes qui probablement n'ont observé sa position qu'après que la fleur s'est déjetée; ce qui arrive peu. de temps aprés l'anthése. Les ailes sont latérales, la carène postérieure. Comme le calice, la corolle est filiforme infé- rieurement ; le tübe ainsi formé est soudé avee celui du caliee. La fleur est done réellement gamopétale. La préfloraison de la corolle est carénale. Anprocée. — ll comprend dix élamines, qui naissent en deux vertieilles; l'extérieur superposé aux divisions du calice, l'autre à celles de la corolle. Ces étamines se soudent ensuite et forment un faisceau monadelphe qui s'unit avec le tube du calice et de la corolle. Les filets se séparent au-dessus de la gorge du tube, et restent enveloppés dans la earéne. Une de ces étamines est stérile et représentée seulement par son filet; c'est celle qui eat super- posée à la braetée axillante, Les anthéres ont deux loges, qui sont orbiculaires pour le verti- cille superposé à la corolle, et allongées pour l’autre; leur insertion est adnée ; leur déhiscence s'opére par deux fentes longitudinales. Pisriz. — L'ovaire est unique et composé d'une seule feuille carpellaire que, dans l’origine, on voit nettement naître au-dessus du verticille de l'androcée, à la partie postérieure de la fleur. Il est supere, lagéniforme; peu à peu il s'allonge, se referme et se prolonge en un trés-long style qui traverse tout le tube floral et va se terminer en pointe au milieu du faisceau des étamines. Le stigmate est donc nul; seulement la pointe du style est pubescente. Le placenta est pariétal, postérieur; il y a trois ou quatre ovules d'un vert foncé, qui se recouvrent de deux enveloppes ; ils sont semi-anatropes, descendants, de sorte que leur raphé touche le placentaire, et que le micropyle est inférieur, le hile supérieur. Anrnèse. — L'épanouissement a lieu vers les premières heures du matin ; la fleur se flétrit dans la journée; elle est d'un beau jaune d'or. 952 NOTE SUR L'ARACHIDE, Frucriricarion. — Quand la fleur se flétrit, le tube floral se dessèche et penche vers la terre. Il ne reste de vivace que l'ovaire, qui a noué, Celui-ci, de vert tendre qu'il était, devient violacé ; il prend la forme d'un cône à pointe fine et courbée. Le pédoncule trés-court qui le portait, s'allonge et se recourbe immé- - diatement vers la terre, qu'il atteint, quel qu'en soit l'éloignement. On dirait d'une racine adventive. Pendant ce temps, l'ovaire reste stationnaire; mais dés qu'il touche le sol, il blanchit, s'enfonce et grossit. Fnurr. — Le fruit se forme ainsi sous la terre, à quelques cen- timètres de profondeur. Longtemps il reste pointu; enfin il devient un fruit sec, indéhiscent, couvert de stries rugueuses, arrondi, qui n'est pas, à proprement parler, un légume ou gousse, puisqu'il ne s'ouvre pas et ne présente pas de nervure latérale. Ce fruit est uniloculaire, testacé, non lomentacé ; il est 4, 2:8, h-sperme, un ou plusieurs ovules avortant quelquefois. J'ai cherché si l'enfouissement de ees fruits était nécessaire à leur développement, et cela m'a été prouvé. Les pédoneules con- tinuent à s'allonger, et se flétrissent si on les empêche de s'en- terrer. Graine. — La graine n'est recouverte que d'une enveloppe, le testa. Jeune, elle renferme un albumen qui disparaît à la maturité. Les deux cotylédons s'ouvrent suivant le raphé. Au milieu, infé- rieurement, est l'embryon homotrope, à radicule infére. La gem- mule porte déjà plusieurs bourgeons feuillés, comme je l'ai déjà fait voir dans le Ceratophyllum (4). La préfoliation méme s'y dis- tingue trés-bien. Les eotylédons sont huileux. On peut donc récapituler ainsi les véritables caractères de cette plante : Arachis hypogæa.— Fleurs hermaphrodites, symétriques, irré- guliéres, subsessiles. (1) Adansonia, MI, 293, SUR DES PÉTALES A STRUCTURE ANORMALE. - 253 Calice gamosépale, bilabié, filiforme, à cinq divisions en pré- floraison quinconciale. Corolle gamopétale, filiforme, à cinq divi- sions alternes avec celles du calice, papilionacée ; étendard anté- rieur; préfloraison carénale. Androcée de 10 étamines monadel- phes, dont l'antérieure est stérile; anthéres biloeulaires, introrses, adnées, à déhiscence longitudinale, non conformes. Ovaire unique, uniloculaire, supére, 3-4-ovulé ; style long, pubescent à l'extré- milé ; stigmate nul. Ovules insérés sur un placenta pariétal posté- rieur, auatropes, ascendants ; raphé extérieur, micropyle infère, Fruit sec, indéhiscent, hypocarpogé, porté à l'extrémité d'un long pédoncule sortant de l'aisselle des feuilles, uniloculaire, testae, 1-h-sperme. Graine exalbuminée. Embryon homotrope, à radicule infère ; cotylédons huileux. Plante herbacée, radicante, annuelle, à tige et rameaux eylindri- ques, pubescents ; feuilles alternes, composées de deux paires de folioles, bistipulées, engainantes, penninerviées. Inflorescence axillaire en eyme unipare biflore. | SUR DES PÉTALES A STRUCTURE ANORMALE. Les pétales du verticille intérieur de la corolle de l'Asimina triloba Dux. présentent dans leur tissu quelques particularités assez singulières. Leur surface intéricure, surtout prés de la base, est chargée de saillies irrégulières, un peu charnues et glandu- leuses, d'une teinte souvent blanchâtre, et dont le rôle physiolo- gique n'es! sans doute pas sans importance dans la fécondation de la fleur. Aprés l'épanouissement en effet, le sommet de ces saillies est recouvert d'une couche légère de liquide, et cette sorte de nectar séerété sert à retenir les étamines et le pollen. Les premiéres se détaehent de bonne heure par leur base, et elles ne tiennent plus au réceptacle floral que par quelques trachées qui se déroulent et acquièrent une grande longueur. Les étamines peuvent de la 95h SUR DES PÉTALES A STRUCTURE ANORMALE. sorte arriver jusqu'à la concavilé des pétales intérieurs; alors les loges de l'anthére sont ouvertes, et le pollen lui-méme peut sortir de ees loges et se coller directement sur ces pétales. Or, il est à remarquer que les saillies de ces organes ne sont pas du tout semblables aux papillés qu'ón obsérve sur la face interne de tant de eorolles, et qui ne dépendent que dé l'épiderme. Dans l'Asi- mina, la surface seule des papilles est de nature épidermique et formée de cellules à paroi épaisse ét de bonne heure fort ramollie. Sous cet épiderme, la papille contient en outre une couche de tissu cellulaire, qui n'est autre chose qu'un prolongement du paren= chyme du pétale. Mais ce qu'il y a de plus singulier, c’est que le centre méme du parenchyme de ces mamelons est parcouru par du tissu vasculaire. Quand on observe sur une coupe longitudi- nale, conduite de la face supérieure à la face inférieure du pétale, une nervure du pétale, formée, comme d'ordinaire, de trachées nombreuses entourées d'une sorte d'étui de cellules étroites, allongées, simulant plus ou moins des vaisseaux cloisonnés, ofi voit cà et là ces nervures se ramifier, envoyer vers chaque pa- pille saillante une branche formée de trachées qui vont se perdre dans cette papille, et qui, non loin de son sommet, se termine, comme presque toujours, par des cellules spiralées, placées bout à bout et qui n'arrivent pas tout à fait jusqu'à la couche épider- mique de la surface. Ces mamelons saillants, contenant dans leur intérieur du tissu vasculaire, rappellent done sous ce rapport les feuilles à lobes saillants sur une de leurs faces et dont le tissu renferme aussi des ramifications, des nervures. Le pollen de VA. triloba a des grains unis en une sorle de chaine par des filaments mous qui ressemblent à ceux des Onagrariées. De plus, les grains nés dans une méme cellule primitive demeurent unis jusqu'au bout, trois à trois ou quatre à quatre. REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. De même qu'avant de publier une histoire spéciale du groupe des Renonculacées, nous avons rassemblé dans un mémoire par- ticulier (4) toutes les observations qui ne pouvaient trouver place dans un ouvrage didactique; de même aujourd’hui nous devons faire précéder la publication de la famille des Dilléniaeées de quel- ques remarques qui ne sauraient être insérées ailleurs. Ces remar- ques sont d'ailleurs peu nombreuses, attendu que les Dilléniacées ne renferment pas un très-grand nombre de genres, et qu'elles ont été amplement étudiées dans ces dernières années. Nous au- rons occasion de faire plusieurs fois allusion aux travaux les plus récents qui aient été publiés sur les affinités et l'organisation de ces plantes, et qui sont, entre autres : le Genera de MM. Bentham et Hooker (VI, 40.15), et les observations de M. Planchon, dans le Voyage de M. Linden (3, 4). | I. Le réceptacle floral des Dilléniacées, pour commencer par la portion axile de leurs fleurs, est en général convexe, comme celui des Renonculacées. Il y a cependant une légère restriction à faire au sujet du Burtonia Sariss., qui pour beaucoup d'auteurs demeure confondu dans le genre Hibbertia, sous le nom d'H. grossulariæfolia Sims. Cette plante passe généralement pour avoir les sépales réunis par leur portion inférieure en une courte cu- pule : « Sepala in cupulam brevem connata », disent MM. Bentham ct Hooker (op. cit., 14). Le calice ne présente cependant rien qui puisse justifier une telle définition, Les folioles dont il est formé sont libres. Mais c'est le réceptacle qui, à partir d'une certaine époque, se déforme et constitue une cupule peu profonde, de nature axile. Au début, ce réceptacle est légèrement convexe, et l'insertion des verticilles extérieurs de la fleur est hypogynique. Mais peu à peu le sommet du pédoncule se dilate; les bords de (4) Adansonia, IV, 1. 256 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. cette dilatation s'aceroissent plus que le sommet; sa surface supé- rieure devient plane, et plus tard même légèrement concave. I en résulle que l'insertion du périanthe et de l'androcée est, à l'âge adulte, légèrement périgynique, et que le fond des ovaires est, si peu que ce soit, placé plus bas que la zone d'attache des étamines. La périgynie est trés-peu accentuée, sinon elle n'eüt pas été jusqu'ici à peu prés constamment méconnue ; elle donne aux fleurs de l'A. grossulariæfolia une certaine ressemblance exlé- rieure avec celles de quelques Fragariées; elle rappelle ce qu'on observe (1) dans les Pivoines. Pour cette raison, il serait sans doute logique d'admettre le genre Burtonia comme dislinel, et c'est uniquement pour ne point multiplier les coupes génériques que nous laisserons provisoirement l'unique espèce qui présente cette organisation, parmi les Hibbertia. Comme beaucoup d'autres espèces de ce genre, PH. grossulariæfolia a quelques étamines extérieures slériles, les élamines intérieures plus longues que toutes les autres, les anthères nettement introrses, et les fleurs terminales, oppositifoliées. Le nombre des carpelles est éminem- ment variable. ll y en a tantôt cinq en face des pétales, tantôt dix, dont cinq sont oppositipétales, et quelquefois enfin un nombre plus considérable, réunis en une pelite téte globuleuse, comme ceux des Renoncules et de certaines Rosacées. Le réceptacle floral des Wormia et de quelques genres voisins conserve la forme conique; mais il devient en même temps trés- long et trés-gréle près de son sommet. Sa surface convexe pré- sente autant de pans étroits qu'il y a de carpelles dans l'ovaire, et c'est sur chacun de ces pans que s'insérent une des feuilles car- pellaires et une double série d'ovules. Il en résulte qu'au lieu d'avoir des carpelles complétement indépendants les uns des autres, comme la plupart des Pol/yéarpicæ d'Endlicher, les Wor- miées paraissent avoir un ovaire pluriloculaire à placentation axile. ll faut toutefois remarquer que les cavités considérées comme les (4) Adansonia, MI, 45; IV, 56. REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES, 257 loges d'un ovaire unique, dans les JF'ormia, sont séparées les unes des autres, non par une cloison simple, mais par un double feuillet péricarpien, et qu'entre ces deux feuillets, on peut péné- trer, sans détruire aucune adhérence normale, jusqu'à l'axe méme du gynécée. Les carpelles ne paraissent libres par leur angle in- terne que dans une trés-petite étendue, au-dessous de la base du style. Cette singuliére disposition, que nous ne pouvons malheu- reusement étudier qu'à l’âge adulte, tient probablement à ce que la crête intérieure de chaque loge ovarienne, dont on dit: « Aæi vie cohœærentia, » (1) représente la base organique de la feuille carpel- laire. Tandis que cette base ne s'insére, dans les autres Dillénia- cées, que suivant un croissant fort peu arqué ; iei ses deux bran- ches deviennent d'autant plus longues, et sa concavité supérieure d'autant plus prononcée, que le réceptacle s'étire davantage de bas en haut. Le véritable angle interne de l'ovaire ne serait donc re- présenté que par la petite portion qui demeure libre au-dessus du sommet du réceptacle ; et l'insertion de la base de chaque feuille carpellaire deviendrait en méme temps trés-allongée, trés- oblique et même presque verticale. L'étirement de l'axe placen- taire entrainant avec lui la base des carpelles, présenterait donc iei quelque chose de comparable à ce qu'on observe dans les Nigelles (2) dont l'ovaire est aussi pluriloculaire, au moins dans sa portion inférieure. La portion axile du gynécée et la forme de l'insertion des feuilles carpellaires seraient comparables à celles qu'attribue Payer (3) aux Capueines, aux T'remandra et aux Poly- gala. Cette disposition s'expliquerait en méme temps par ce que nous avons dit ailleurs (4) du prétendu ovaire, opposé à un sépale, du Pleurandra Readi, qui a en réalité deux carpelles libres oppo- sitipétales; mais dont le réceptaele floral s'éléve, sous forme de coin, entre les deux bases trés-obliques des feuilles carpellaires, et simule une cloison interposée à ces feuilles, tandis qu'il n'est (4) BENTHAM et Hooker, Gen., 11, n. 10. (2) Voy. Histoire des plantes (Renonculacées', 9, note 2. (3) Éléments de Botanique, 216, 217. (4) Adansonia, 111, 129, 131. vi. (12 juillet 1866.) 17 258 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. que la base organique du pistil dont il supporte seul les ovules.’ Dans les Dillenia, l'union des différents carpelles entre eux parait encore plus prononcée que dans le H^ormia ; et ces plantes mon- trent bien comment, dans la nature, où il n'y a pas de transitions brusques, on passe graduellement d’un gynécée à carpelles com- plétement libres, à un ovaire unique et pluriloculaire, Il ne faut done pas rejeter à priori en dehors des Dilléniacées, et pour ce seul earaetére, certains genres à ovaire eloisonné qu'y ont intro- duits autrefois plusieurs auteurs, et notamment M, Lindley (4). Ainsi, pour ne parler ici que des Actinidia (T rochostigma), nous voyons qu'un grand nombre d'auteurs rejettent ce genre parmi les Ternstræmiacées ; et cependant on ne peut trouver d'autre dif- férence, entre lui et les Dillenia, que la forme des anthères et la longueur de l'embryon ; caractères bien insuffisants, il faut l'a- vouer, pour séparer deux familles. Nous verrons d'ailleurs tout à l'heure que la forme des étamines est trés-variable parmi les Dil- léniacées, méme dans les différentes espèces d'un seul genre. MM. Bentham et Hooker (Gen., 14) ont encore noté comme des trails distinctifs des Actinidia, l'organisation de leur gynécée et l'absence d'arille autour de la graine, Or cet arille n'existe pas non plus dans les Dillenia, dont les Actinidia ont tout à fait le gy- nécée. L'ovaire y présente, vers sa périphérie, de vingt à trente loges, ou à peu prés, qui sont surmontées d'autant. de branches sLylaires réfléchies, Si l'on descend jusqu'à la base de ces styles, on trouve un léger vide au centre du sommet de l'ovaire ; c’est-à- dire que les carpelles sont libres à ce niveau, au moins dans une très-courte étendue, absolument comme nous l'avons vu dans les Wormia. Quant à l'insertion des ovules et aux caractères exté- rieurs des graines, les Dillenia, surtout ceux de la section Col- bertia, sont tellement identiques aux Actidinia, qu'il devient très- difficile dans certains eas de les séparer génériquement à l'aide de caractères vraiment sérieux. Le nombre des carpelles qui entrent dans la constitution du (1) Natur, Syst. of Bot., ed. 2 (1836), 91, 439. — Veg. Kingd. (1846), 424. iu S t4 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. - 259 gynécée, a élé jusqu'ici considéré, dans la plupart des genres, comme n'ayant pas une signification importante. Ainsi les Mib- bertia en ont quelquefois un nombre indéfini, plus fréquemment cinq, rarement un nombre moindre. Mais H. monandra R. Br., qui n'a positivement qu'un carpelle, présente d'ailleurs tous les caractères du genre, el n'en peut être séparé. Aussi MM. Planchon et Triana (1) ont-ils été parfaitement logiques en supprimant le genre Delima qu'ils ont fait rentrer dans les Tetracera. De méme encore il y a des Davilla unicarpellés et d'autres qui ont deux ou trois carpelles. Pour la méme raison, on ne saurait séparer généri- quement les Doliocarpus des Delima. Le carpelle unique des Doliocarpus devient, il est vrai, souvent bacciforme. Mais il de- meure coriace, peu charnu, déhiscent dans les Ricaurtea de M. Triana (2); de méme que,. parmi les Davilla, it y a des fruits à péricarpe plus ou moins épais el indéhiscent, et d'autres qui, sees et membraneux à leur maturité, s'ouvrent d'une façon va- riable. Tous les autres caractéres de floraison et de végétation. étant d'ailleurs les mêmes, nous nous proposons de réunir en uu groupe générique commun les T'etracera, les Delima, les Ricaurtea et les Doliocarpus, Le premier de ces types, tel que nous le re- présentent les Euryandra, aurait plusieurs carpelles au gynécée. Le second n'en aurait qu'un, déhiscent par une seule fente. Le. troisième serait également unicarpellé, à péricarpe peu eharnu et bivalve. Dans le quatrième, le péricarpe deviendrait tout à fait charnu et indéhiscent, | | C'est pour des raisons analogues qu'il nous paraitrait impossible de maintenir le genre Trisema Hoox. rF. (3), qui est vraisembla- blement synonyme du Vanieria du P. Montrouzier (A), et qui, par ses organes sexuels, ne s'écarte pas d'une manière notable des Hibbertia. Son gynécée est en effet unicarpellé, comme celui (A) Ann, sc. nat., sér. 4, XVII, 20. (2) Ann. $c. nat., sér. 44, IX, A6. (3) Hooker's Journal, IX, 47, t. 1 (1857); Gen., 4^, n. 12. (k) Mém. Acad. Lyon (1860), 176. 260 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. de l'H. monogyna R. Br. (1). Les étamines sont groupées en nombre indéfini tout autour du gynécée, et sont toutes fertiles, comme celles de beaucoup d’Hibbertia dits cyclandrés. L'inflores- cence unilatérale et le calice sont les mêmes que dans beaucoup d’Hibbertia originaires des mêmes contrées, et que dans les He- mistemma de Madagascar (2). Le nombre des ovules y est variable, quoique d'ordinaire un peu plus considérable que dans la plupart des Hibbertia. Mais il y a de ces derniers qui ont jusqu'à une douzaine d'ovules dans chaque carpelle, et certains ovaires de Trisema n'en renferment que cinq ou six. Ce caractère ne saurait done avoir plus de valeur ici que dans les T'etracera de la section Delima, dont les uns, surtout de provenance américaine, n'ont qu'une couple d'ovules, tandis que les autres, qui comme le D. sarmentosa W., croissent dans l'Ancien-monde, renferment dans chaque ovaire deux séries verticales d'ovules bien plus nom- breux (3). La corolle, il est vrai, se trouve souvent réduite à trois pétales dans le J/anieria. Mais outre que ce nombre n'est pas constant, car on en peut compter quatre, comme parait l'avoir fait d'une maniére constante le P. Montrouzier, il y ade nombreux Teiracera, Davilla, Doliocarpus, etc. , dans les fleurs desquels un ou deux pétales viennent souvent à manquer ; si bien que ce ca- ractére, nous le verrons, ne saurait avoir une valeur générique. II. L'androcée a presque toujours été considéré comme présen- tant des caractères d'une grande valeur, dans le groupe de plantes qui nous occupe. Lorsqu'on analyse les fleurs de tous les Dillenia connus (4), on n'y voit qu'une différence absolue avec les Acti- nidia, rejetés cependant vers les Ternstræmiacées : c'est que les anthères des Actinidia sont versatiles, plus courtes que les étamines à longue anthére tubuleuse des Dillenia et des W ormia, et quel'in- sertion de leur filet sur leur connectif n'est pas basifixe. De plus, (1) Ap. D. C., Syst., I, 429; Prodr., 1, 74, n. 11. (2) Voy. Icon. Lesserian., t. 7-77. (3) PL. et TRIANA, in Ann. sc, nat., sér. 4, XVII, 20. (4) En y comprenant, bien entendu, à l'exemple de M ; M. Hooker et Thomson, les Colbertia SALISB. (ex. D. 6., Syst. veg., I, 435). REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 261 l'organisation et la forme même des étamines jouent un grand róle dans la séparation des genres et méme des tribus. Ainsi les Wor- mia ont pour caractère: « antheræ biporosæ, » et les Dillenia : « antherc birimosæ, » et nous savons que tous les autres traits de leur organisation sont à peu prés les mêmes. Nous avons vu ce- pendant des anthéres trés-avaneces en âge, dans des fleurs épa- nouies de Dillenia, qui ne s'étaient ouvertes que prés du sommet, et non par des fentes occupant toute la longueur des loges. Ailleurs, comme dans le D. scabrella, nous avons vu les parois de ces mémes loges se déchiqueter et s'ouvrir d'une facon fort irrégu- lière. Il n'y a donc rien de trés-absolu dans le mode de déhiscence des étamines du genre Dillenia. Mais que l'on songe qu'on a cherché à distinguer par la forme même de ces organes les Dillé- niées proprement dites, des Délimées, qui sont presque toujours des plantes américaines. Cette division coincide, d'une facon assez commode, il est vrai, avec la distribution géographique, puisque les Tetracera sont les seules Délimées qui se rencontrent dans l'Ancien-monde. Mais on ne saurait dire sans erreur, que les filets staminaux des Délimées sont plus ou moins dilatés au som- met, tandis que les Dilléniées auraient des étamines à filets non dilatés dans la portion supérieure. Qu'on examine par exemple les différentes espèces du genre asiatique Acrotrema, si remar- quable par ses courtes tiges herbacées et son port analogue à celui des Renoncules et des Potentilles. L'espéce type du genre, l'A. cos- latum Jack, a des anthéres étroites, allongées, un peu aplaties , vingt fois environ aussi longues que larges et dont les deux loges s'ouvrent au sommet chacune par un pore arrondi à bords épaissis. La forme linéaire des anthéres se retrouve dans les étamines de IA. pinnatifidum Taw. et dans celles d'un certain nombre d'autres espèces de Ceylan, qui s'ouvrent par des fentes longitudinales. Mais les étamines de l'A. lyratum Tnw. (herb., n. 3364), qui ne parait pas pouvoir être exclu du genre, sont telles que leur filet, grêle et tout d'une venue, se renfle presque subitement près de son sommet en une tête qui porte les deux loges ellipsoïdes d'une an- 962 "REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. thére introrse ou presque marginale, loges qui, trés-rapprochées par leur sommet, divergent d'une quantité notable dans leur portion inférieure; disposition qui s'observe dans les anthères des Tetracera et autres Délimées analogues, d'une manière plus prononcée ordi- nairement, mais souvent aussi avec une dilatation moins marquée encore du sommet du filet. Évidemment la forme de l'étamine et le mode de déhiscence de l'anthére ne sauraient avoir dans ce cas une valeur générique. Dans les Hibbertia eux-mêmes, on peut voir des espèces telles que l'A. tenuiramea Sreuv., dont les anthères, ‘un peu plus larges que longues, ont deux loges presque didymes, globuleuses ou ellipsoides, bien différentes de ces loges étroites et adnées qu'on observe dans la plupart des espéces. M. F. Mueller a signalé un fait analogue, à propos de IH. stellaris (1). Quant à la disposition circulaire ou. unilatérale des étamines sur le réceptacle, disposition qu'on exprime d'une facon commode à l'aide des mots cyclandré ct pleurandré, appliqués à l’androcée, nous rappellerons d'abord ce que nous avons dit ailleurs (2) du mode d'évolution des étamines dans les Pleurandra. Ce fait que, ` dans certaines espèces, la situation excentrique et unilatérale de l'androcée, est congénitale, et non le résultat d’un avortement partiel dans un verticille floral qui aurait pu être complet à un âge antérieur; ce fait, dis-je, semblerait d'abord justifier l'opinion sou- tenue par plusieurs savants, que le genre Pleurandra doit toujours et partout pouvoir être suffisamment distingué des Hibbertia cy- clandrés. Il n'enest rien cependant ; et l'analyse de toutes les Hib- bertiées connues, montre qu'il y a un point où l'on ne peut plus séparer nettement le Cyclandra du Pleurandra. Aussi les genres Hemistemma Juss. et Pleurandra Laiki., qui paraissent au pre- mier abord suffisamment distinets, se confondent forcément par des espèces telles que l'H. spicata, dont M. F. Mueller (3) dit avec (1) Fragm. phyt, Austral., 11, 2. « Antherae fere omnium Hibbertiarum... sunt sua longitudine plus minus angustiores. Sed H. stellaris.... gaudet ea insigni nota, quod latitudo antherarum longitadinem paulo excedat, » (2) Sur l'organogénie florale du Pleurandra (Adansonia, IL, 129). (3) Fragm. phyt. Austral., 1, 4. REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 263 LA béaucoup de raison : «Species transitum a Pleurandris ad Hemis- temmata manifestum reddit. Stamina enim sunt ea genuine Pleu- _randræ ; quoad inflorescentiam species Hemistemmali pertinet ; stamen insuper unum allerumve castratum v. minutie imperfectum ostendit, » Il y a, d'autre part, dans PH. peduncularis que l'on cultive dansquelquesserres, des fleurs cyclandrées, dont l'androcée offre en un seul point de sa circonférence, une ou un petit nombre d'étamines stériles, toutes les autres demeurant fertiles. Dans plusieurs Hemistephus (1) et Hemipleuranda, il y à ün cercle complet d'étamines autour du pistil; mais celles qui sont fertiles n'oeeupent relativement qu'une petite porlion dé cette couronne d'étamines. Qu'on suppose maintenant les étamines stériles con sidérablement raréfiées (et il y a des fleurs où l'on n'en trouve plus qu'une seule, de l'autre côté des étamines fertiles), ot même que les staminodes disparaissent eoinplélement, et l'on aura un véritable Pleurandra, ainsi relié aux éspéces cyclandrées par toutés les transitions possibles. De méme la taille et la forme des éta- mines trés-nombreuses qui peuvent entrer dans un androcéé d'Hibbertia, sont très-variables, sans que cela semble avoir ure sérjeuse importance. Ainsi le genre 'rimorphandra Av. Bn. et Gr. (2) parait d'abord trés-nettement caractérisé par les étamines de trois espèces diffé- rentes qu'on observe dans ses fleurs ; et, quand on n’a comparé celles-ci qu'avec celles d’un petit nombre des Hibbertia ordinaire- iment cultivés dans nos serrés, On peut à la rigueur admettre, avec les auteurs du genre T'rimorphandra, « que ces modifications dans l'organisation de l'androeée fournissent de bonnes coupes généri- ques » . Mais on doit nécessairement changer d'opinion, quand on étudie tous les Hibbertia, Pleurandra, Hemipleurandra et He- mistemma de nos herbiers, et méme quand on analyse plusieurs st Kun. 2 gir Ma. Tu ui ui UN nombre des ovüles donné, dans la caractéristique du genre, comme étant de six, est aussi sujet à varier, car nous avons vu un carpelle qui n'en contenait que trois, dont deux inférieurs, 264 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. fleurs du Trimorphandra pulchella lui-même. Ainsi cette plante est donnée comme ayant des slaminodes extérieurs spathulés ; des étamines fertiles plus intérieures, au nombre de trente ou quarante ; et enfin, tout contre le gynécée, deux étamines d'une troisième espèce, à anthère trés-longue, alternes avec les carpelles et dépassant le sommet des styles. Sur deux fleurs que nous de- vons à l'obligeanee du cap. Baudouin, nous avons vu que ces grandes étamines peuvent étre au nombre de trois ou de quatre et ne plus affecter des rapports aussi exacts avec les éléments du gynécée. De plus, sur une de ces fleurs, on pourrait encore fonder un genre Tetramorphandra, car on y observe plusieurs étamines d’une quatrième espèce, interposées aux longues étamines inté- rieures et aux plus extérieures des étamines fertiles, et intermé- diaires aux unes et aux autres pour la longueur et la forme des anthères. Nous avons d’ailleurs observé une autre plante, dans les collections provenant du voyage de l’Astrolabe et de la Zélée, et ré- coltée en 1841 à Van-Diémen, par M. Le Guillou, dans laquelle les fleurs peuventavoir aussi, tantôt deux on trois étamines intérieures beaucoup plus longues que les étamines fertiles plus extérieures, et tantôt un bien plus grand nombre de ces anthères trés-allongées qui entourent le gynécée. L'examen de cette derniére espéce (1) mon- tre bien qu'il y a seulement exagération, dans les Trimorphandra, de cette inégalité de développement des pièces de l’androcée qu'on remarque dans tous les Pleurandra, ainsi que nous l'avons au- trefois démontré (2), et qui tient au mode méme d'évolution des (1) Hibbertia (Trimorphandra) tasmanica. Fruticosa, ramis gracilibus ramu- lisque hirtello-pubescentibus; foliis subsessilibus v. breviter petiolatis elliptico-lan - ceolatis (ad 5 cent, long., 2 cent. lat.) basi paulo attenuatis ; apice plerumque ro- tundato ; integerrimis, supra parce stellato-pubescentibus scabrellis, subtus albidis scaberrimis, pube stellata densissima; supra avenia; costa subtus prominula. Flores axillares plerumque solitarii; pedunculo folio paulo longiori gracili, Calycis imbricati laciniæ ovato-lanceolatze pilis paucis stellatis peltatis fere omnibus in- dutæ, Petala 4, 5 caduca. Stamina 3 v. 4-morpha; exterioribus minutis sterilibusve ; interioribus 3, 4 v. 7, 8 v. pluribus reliquis omnibus multo longioribus. Carpella 2 libera ; stylis longe filiformibus acutis ; ovulis 2-4 in ovariis singulis adscenden- libus, Germen pilis squamosis dense obsitum. Crescit ín Tasmania ubi, anno 1840, legit Le Guillou (herb, Mus. par.). (2) Adansonia, MI, 130. REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 265 étamines ; aussi bien que dans les Hibbertiu cyclandrés dont les étamines sont d'autant plus petites qu'elles sont plus extérieures ; changeant de laille et de forme d'une manière insensible ou d'une facon plus ou moins brusque, et devenant méme souvent stériles à la périphérie ; mais cela en nombre très-variable et d'une ma- niére trés-inconstante sur les différentes fleurs d'un méme pied, car nous avons vu des fleurs d'H. grossulariæfolia Sis, qui n’a- vaient pas de staminodes périphériques, et d'autres qui n'en avaient qu'un ou deux. Le méme fait peut s'observer dans les fleurs de l'H. peduncularis Hort. De méme, dans l'Hemistemma Commersonii D. C., il y a certainement des fleurs dont toutes les étamines sont fertiles; ce qui est loin d’être constant. ll y a des Dilléniacées à élamines à peu prés définies, et l’Adrastea salicifolia D. C. pourrait être tout d'abord con- sidéré comme tel ; car ses fleurs, avec cinq pétales, ont souvent deux verticilles de cinq étamines. Cependant quand on observe attentivement les cinq étamines qui répondent aux intervalles des sépales, on s'aperçoit, qu'outre qu'elles nesont pas toujours très- exactement superposées aux pétales, elles sont plus extérieures que les cinq étamines oppositisépales, et qu'elles les enveloppent complétement dans le bouton. L'étude organogénique pourra seule rendre compte de cette singularité. Mais les faits que nous venons de signaler ne permettent pas de choisir l’Adrastea comme pro- totype diplostémoné de la famille des Dilléniacées. Il ne s'agit pas ici des verticilles androcéens ordinaires qu'on rencontre dans des fleurs réguliérement diplostémonées. Ce qu'il y a de bien certain c'est que les étamines ne sont pas, comme l'indiquent MM. Ben- tham et Hooker (1), « simplici serie equaliter peripherica ; » car il y ena qui sont tellement intérieures aux autres dans les boutons,qu'on ne saurait les apercevoir de l'extérieur, aprés avoir écarté les pétales. Si l’on remplace, au contraire, les étamines par des faisceaux staminaux, il est facile de voir que la plupart des Candollea ont autant de ces faisceaux que de pétales, et qu'un faisceau y répond (4) Genera plantarum, 15, n, 15. t 966 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. exactement à l'intervalle de deux pétales. Tel est le cas du C. cunei- formis Lam. (4) si fréquemment cultivé dans nos serres. Les faisceaux alternipétales y sont formés de quatre à cinq étamines ; encore faut-il remarquer qu'une de ces étamines demeure, à l'état adulte, plus intérieure que les autres, et presque libre de toute adhérence avec les trois ou quatre élamines extérieures qui sont placées toutes au méme niveau et pourvues d'un filet commun aplati. L'étamine intérieure est née la première de toutes; mais l'organo- génie a de plus montréà Payer (2) que, lorsqu'il y a trois étamines extérieures, elles ne sont pas du méme Âge, là moyenne n'appa- raissant qu'après les deux latérales. L'étude des développements a d'ailleurs montré à l'illustre botaniste dont noüs rappelons les travaux, un fait qu'il ne faut jamais perdre de vue quand on com- pare les Dilléniaeées avec les Renonculacées si voisines À tant d'é- gards : c'est que, dans ces dernières, l'androcée a un développe- ment centripète et qu'il présente en général une grande multi- plication des verticilles ou des tours de spire suivant lesquels se fait l'insertion. staminale ; tandis que l'androcée des Dilléniacées est univerlicillé et que, comme dans les Malvacées et tant d’autres familles sur lesquelles M. A. Dickson a récemment (3) attiré l'at- tention des savants, une étamine alternipétale est, dans ces plantes, remplacée, à l'aide de dédoublements successifs, par un faisceau d'étamines plus ou moins nombreuses. Ne peut-on supposer, en voyant dans l'Adrastea cinq étamines plus intérieures, exactement opposées aux sépales, et, en dehors de celles-là, cinq autres éta- mines qui ne sont pas toujours exactement alternes avec elles, que ces derniéres étamines sont nées d'un dédoublement, en dehors et un peu sur les cótés, des cinq étamines primordialés alterni- pétales ? L'androcée des Pachynema ne semble guère se prêter à la méme Min et il sera probablement impossible, en dehors de l'ob- (4) Nov.-Holland., 11, 33. (2) Traité d'Organogénie comparée de la e 209, t LI, f. 19, 20. (3) Adansonia, gi 15 7: REMARQUES SUR LES DILLÉNIAGÉES. 267 servation organogénique, d'en déterminer la véritable symétrie. Il y a bien, il est vrai, dans la plupart des fleurs des Pachynema, huit étamines fertiles et deux staminodes, avec cinq pétales. Mais il nous a paru qu'aucune de ces huit étamines fertiles n'était exac- tement alterne ou opposée à une des divisions du calice, D'autre part, on n'observe assez souvent que sept étamines fertiles, dans les fleurs des P. junceum Bentu. (1) et complanatum R. Br. Dans ce cas, une des sept étamines parait être oppositisépale. Peut-être l'androcée est-il aussi soumis dans ces plantes à des dédouble- ments. Déterminons la position des deux corps considérés par tous les auteurs comme des slaminodes, et qui ont exactement la forme des filets des étamines ferliles, mais qui sont surmontés d'un petit renflement glanduleux, et non d'une anthére ; il est constant que ces eorps soient plus intérieurs que toutes les autres étamines, et alternes avec les deux carpelles. Des faits observés par Payer (l. cit.), relativement à l'évolution de l'androcée des Hibbertia, et des observations analogues que nous avons pu faire dans quelques autres espéces, telles que les H. perfoliata et volubilis, et dans les Pleurandra, il résulte que le nombre des élamines est toujours peu considérable au début, qu'il n'y en a d'abord qu'une seule, ou au plus cinq, et que cha- eune dé ces étamines primordiales, se dédoublant ensuite, dans l'ordre centrifuge, devient le point eulminant d'un faisceau bien plus riche ordinairement en lobes que ceux des Candollea. Lors- que la division est ainsi poussée trés-loin, les derniéres étamines produites dans chaque faiseead,, apparaissent à une époque où, par suite d'une sorte d'épuisement, elles ne peuvent plus accomplir toutes les phases de leur évolution. Fertiles ou non, elles sont de beaucoup les plus petites, et l'on sait que les plus extérieures peu- vent être tout à fait stériles. Ce fait n'est pas particulier aux Mib- bertia. Nous l'avons constaté dans plusieurs Tetracera, méme dans le T°. volubilis où l'existence des staminodes extérieurs, ré- duits à une languette subulée, n'est cependant pas constante; et (1) Dans cette espèce, une seule fleur nous a meme montré neuf étamines fertiles, 268 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. nous avons retrouvé la même disposition dans une curieuse espèce de Wormia à feuilles couvertes de poils, qui croit aux iles Mas- careignes et que nous appellerons W. ferruginea (1). La plus grande différence qu'il y ait en somme entre un Hib- bertia et un Candollea, c'est quele dédoublement de l'androcée est poussé beaucoup plus loin dans les premiers. Il en résulte que les faisceaux staminaux finissent par se confondre par leurs bords et qu'à l'àge adulte on ne les distingue plus les uns des autres. A cette époque, par conséquent, un Candollea se sépare assez faci- lement d'un Hibbertia ; et c’est une ressource pratique assez pré- cieuse pour que nous puissions placer l'un et l'autre dans ‘des divisions différentes ; mode de classement essentiellement artificiel, comme nous le verrons plus loin, mais dont aucun systéme de classification ne saurait s'affranchir entièrement, Ainsi M. C. Jacob de Cordemoy a déjà montré (2) comment, à la rigueur, les deux genres Hibbertia et Candollea pourvaient n'en former qu'un seul. Le nombre des ovules contenus dans leurs carpelles ne suffit plus à les séparer, non plus que la présence ou l'absence d’un arille autour de leurs graines. Les Candollea ont les étsmines unies en faisceaux, et les Hibbertia sont considérés comme ayant des éta- mines libres ; ce qui est trop absolu, puisqu'à l’âge adulte méme, l'union de leurs filets à la base peut encore subsister dans une légère étendue. Mais en général la séparation de ces faisceaux (4) W. ferruginea, n. sp. Arbor? ligno molli ; ramis petiolisque in sicco ferru- gineo-pilosis. Folia late elliptica (20-30 cent. Jonga, 15-20 cent. lata), basi rotundata emarginatave subintegra coriacea crassa, supra glabra, subtus tomento brevi denso ferrugineo obsita ; costa angulata subtus valde prominula ; nervis primariis (ad. 40) oblique parallelis valde conspicuis ; venulis reticulatis vix conspicuis, letioli crassi (8 cent. longi) ; alis 2 lateralibus st ipulæformibus membranaceis pilosis mox seceden- tibus basi cicatricibus 2 lateralibus supra-axillaribus in ramo persistentibus, Racemi dense pilosi terminales oppositifolii pluriflori (20 cent. longi). Calyx valde imbrica- tus; foliolis concavis extus rufescenti-pilosis. Stamina, aut fertilia omnia , aut ex- teriora sterilia subulata, Ovarium plerumque 8- merum ; loculis angulo interno tantum axi adfixis multiovulatis; stylis 8 reflexis apice vix incrassato stigmatosis. Crescit in Malacassia et in ins. Seychellarum ubi legerunt Bernier, Boivin, Per- villé (herb. Mus. par.). (2) Bull, Soc. bot, de France, VI, A50 (1859). REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. . 269 polyandres, n'est plus nettement dessinée, comme dans les Can- dollea ; et, nous le répétons, ce fait suffit, lors du complet déve- loppement des fleurs, pour placer sans hésitation, dans des groupes différents, les Candollea, à faisceaux staminaux définis, etles Hib- bertia, à étamines trés-nombreuses et disposées sans ordre apparent, comme celles des Tetracera, les Curatella, les Acrotrema, etc. On a encore attaché une grande importance à la direction des différentes régions de l'anthére, dans les Dilléniacées ; et, à une époque où l’on pensait devoir toujours attribuer des anthères ex- trorses aux Renonculacées, De Candolle avait eru pouvoir distinguer de ces deruiéres les Dilléniacées par leurs anthéres toujours in- trorses. A. de Saint-Hilaire fut le premier à montrer des anthéres réellement extrorses dans les Davilla, Empedoclea, Tetracera et Doliocarpus. Nous avons d'autre part établi que les anthéres sont nettement introrses dans un grand nombre de Renonculacées, telles que les Nigelles, les Aconits, les Dauphinelles (1), ete. Ce carac- tère distinctif entre les deux familles perd toute valeur, quand on - constate que, non-seulement les anthéres sont tantót extrorses et tantót introrses dans les différents genres de Dilléniacées, mais qu'en outre il varie dans les diverses espéces d'un méme genre, ou dans les nombreuses étamines d'une méme fleur. Dans le Te- tracera Assa D.C., on voit facilement pourquoi les loges de l'an- thére, situées prés du sommet du filet, peuvent devenir légérement introrses ou extrorses, suivant que le connectif s'aceroit un peu plus en dehors ou en dedans. Dans plusieurs fleurs du T. sene- galensis, nous avons vu des élamines extérieures à anthéres in- trorses, et des intérieures à anthéres extrorses, et cela sans qu'il y eût inflexion ou réflexion du filet. Dans celles du Davilla rugosa ` A. S.H. (2), lesanthéres regardent, les unes en dedans, etles autres en dehors ; différences de direction dans la face des anthéres qui s'explique facilement quand on connait le mode de formation de ces organes, el qui perd dès lors une grande partie de son importance, (1) Hisloire des plantes (Renonculacées), I, 8, 10 (note 2), 26, 30. (2) Pl. us. des Brasiliens, XXII. hi 270 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES, HI. Le périanthe des Dilléniacées présente quelques caractères qui paraissent constants ; en première ligne se place la persistance de leur calice autour du fruit. Il n'est pas absolument exact de dire que les Dilléniacées se distinguent par ce trait de leur orga- nisation, des Renonculacées, car le calice est quelquefois persistant dans ces dernières, mais dans un petit nombre de genres seule- ment (4). Dans quelques Dilléniacées, les sépales peuvent même s'épaissir et former autour du fruit un revêtement plus ou moins charnu. Toutes les Dilléniacées ont un calice et une corolle. Cependant Gaudichaud a désigné un JJ^ormia sous le nom d'apetala. Mais les fleurs de cette plante, que nous avons vue dans ses collections, . étaient dans un état tel qu'on ne pouvait affirmer si la corolle manquait primitivement ou si ses pétales s'étaient détachés. Le calice est toujours imbriqué dans la préfloraison. Les sépales sont en général en pelit nombre, quatre, cinq ou six, libres ou à peine unis dans leur portion inférieure. Dans les Empedoclea, genve établi par A. de Saint-Hilaire (2) pour une plante brésilienne très- analogue d'ailleurs aux Delima, les sépales sont représentés comme alteignant le nombre de douze ou treize et imbriqués les uns sur les autres. N'ayant pu retrouver, dans l'herbier d'A. de Saint- Hilaire, le type du genre Empedoclea, nous ne pouvons que sus- pendre notre jugement sur sa valeur. Peut-étre devra-t-il rentrer dans le genre T'etracera. Mais quant au Reiffersehiedia de Presl (3), dont nous avons vu une espéce dans les collections de Cuming (n. 930), nous ne le conservons que comme une section des W'ormia dont il a la corolle, l'androcée, le gynécée et les feuilles, et dont il ne se distingue qu'en ee que la spire suivant laquelle sont insérés les sépales, se prolonge vers la partie inférieure du réceptacle et porte des folioles calicinales de plus en plus petites, ou des bractées, au nombre de dix à quinze. Dans quelques espéces (4) Voy. Adansonia, 1V, 36. (2) Flor. Brasil. merid., 1, 90, t. Ll. (3) In Reliq. Hank., V, 74, t. LXII, REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 274 d'Hibbertia ou de Candollea à fleurs. presque sessiles, il ya ainsi un petit nombre de feuilles ou de bractées plus ou moins modifiées qui font suite aux folioles cal:cinales, en augmentent le nombre total, mais ne changent rien à l'organisation de tout le- reste de la fleur. La corolle tombe de bonne heure dans la plupart des Dillénia- cées, Il y a cependant des Davilla qui, sous leur calice très-épais, gardent jusqu'autour du fruit méme leurs pétales qui ne sauraient s'échapper. Ordinairement le nombre des pétales est le méme que celui des sépales, Toutefois on sait qu'il peut devenir moindre. Les Davilla peuvent n'en avoir que quatre, trois ou deux. L'Empedoclea n'en a que trois; les Delima et plusieurs T'etracera et H ibbertia sont souvent dans le méme cas. Il y à des boutons du Delima sarmentosa où l'on n'en peut compter qu'un ou deux. Ces faits diminuent de beaucoup, comme nous l'avons déjà vu, la va- leur du genre T'risema Hoox. r., et ne peuvent pas plus être pris en considération que le carpelle unique qui forme son gynécée, comme celui de certains Pleurandra et de quelques vrais Hibber- tia. Nous avons vu d'ailleurs que les Trisema peuvent avoir plus de trois pétales, Plus que jamais ce genre nous parait devoir être abandonné. | IV. Le port des Dilléniacées, la consistance ligneuse de la plupart de leurs tiges, la nervation singulière de leurs feuilles, sont autant de faits trop connus pour que nous y revenions ici. Un seul point nous arrétera, celui qui concerne les stipules. D'une manière gé- nérale, les Dilléniacées sont dépourvues de ces organes. Mais il n'est pas rare que leur pétiole se dilate plus ou moins à droite et à gauche, en forme d'ailes ordinairement peu prononcées; et entre ces dispositions et l'existence de stipules véritables, on peut dire qu'il y a toutes les transitions possibles. Les Mormia présentent en effet des expansions pétiolaires telles qu'elles ne se distinguent en rien des organes qu'on appelle stipules chez les Magnolia. Ainsi dans une jeune feuille de notre JJ: ferruginea (p. 268), on voit, de chaque côté du pétiole et dans toute son étendue, une 979 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. membrane marginale assez large pour enclore toutes les portions du rameau supérieures à la feuille. Plus tard on voit ces espèces d'ailes se détacher longitudinalement des bords du pétiole ; en méme temps que leur insertion sur le rameau devient trés-visible et est représentée par deux cicatrices latérales, obliques, supra- axillaires, et se rejoignant du côté opposé à la feuille, de manière àrappeler ce qu'on observe dans beaucoup de Figuiers. Il nous parait difficile de ne pas considérer comme des stipules ces expan- sions marginales. Il y a cependant des Davilla où elles sont moins prononcées et ne descendent pas jusqu'au rameau ; il y a, au con- traire, une espèce, que nous appelons pour cette raison D. wor- miæfolia (4), où la dilatation pétiolaire et la cicatrice linéaire oblique sur les branches sont tout aussi prononcées. V. Les véritables affinités des Dilléniaeées, celles qui sont ac- tuellement reconnues par tous les botanistes, ont été parfaitement déterminées par Adanson qui n'en connaissait cependant. qu'un petit nombre de genres. Les Curatella etles Delima (qu'il nommait Korosvel) étaient placés dans sa Famille des Cistes (2), les premiers, toul à côté des Nigelles et des Garidelles, au voisinage de la Famille des Renoneules. Le Dillenia (auquel il conserve son nom indien de Sialita) est au contraire rangé, dans le méme ouvrage (364), parmi les Anones, tout auprès des Magnolia. Remarquons que tous les classificateurs de notre siècle sont arrivés à consacrer ces rapports qu'Adanson saisit du premier coup ; les Dilléniacées se (1) D. wormiæfolia. Arbor ramis ramulisque et costis petiolisque foliorum his- pido-setosis, pilis ferrugineis declinatis. Folia Wormiæ late elliptica (15-20 cent. longa, 10 cent. lata) integra sinuatave coriacea crassa, supra glabra, subtus opaca hispidula ferruginea ; costa nervisque primariis ad 20 subtus valde prominulis. Petiolus (5-7 cent. longus) margine, more Wormiæ, alato- dilatatus ; stipulis (?) oblique in ramum insertis supra-axillaribus demum e cicatricibus linearibus notis. - Flores terminales racemoso-paniculati pro genere magni (eis D. flexuosæ A. S. H., ex icone, equalibus), sepalis 3 exterioribus brevibus suborbicularibus circa fructum reflexis lignosis, 2 autem interioribus multo majoribus (ad. 2 cent. latis), orbicula- ribus erecto-conniventibus valde concavis marginatis, extus pilis rigidis aureis dense birtello-setosis. In Guiana gallica legerunt olim Martin et nuperrime cl. Mélinon (herb. Mus. par.). (2) Familles des plantes, VI, 449, 450, REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 273 relient pour lui à la fois à nos Renoneulacées, à nos Magnoliacées et aux Cistinées. A.-L. de Jussieu, qui connaissait un nombre plus considérable de genres, les dispersa davantage. Il laissa auprès des Magnoliers (1) le Dillenia, que B. de Jussieu (2) avait rangé parmi les Anones, ainsi que le Curatella ; mais il relégua (339) les Tetracera, Tigarea et Delima parmi les Rosacées, et laissa (433) les Soramia et les Doliocarpus dans les Genera incertæ sedis. C'est Salisbury (3) qui proposa de séparer des Magnoliacées de Jussieu les Dilleneæ à titre d'ordre distinct, d'aprés ce que nous apprend R. Brown (4). De Candolle, énumérant (5) les Dillénia- cées à la suite des Renoneulacées, les partagea en deux tribus, les Delimeæ et les Dilleneæ. La position qu'il accorde à cette famille a été maintenue par tous les botanistes qui l'ont suivi. M. J.-D. Hooker a fait remarquer, dans son article sur le Tri- sema (6), que les Dilléniacées se distinguent principalement des Renonculacées par leur port arborescent et frutescent, par leurs sépales coriaces et qui persistent invariablement sous leur fruit, par la présence presque constante d'un arille et l'absence chez elles de cette tendance à la multiplication des pièces de la corolle et du gynécée, qu'on remarque dans les Renoneulacées. Cette manière de voir était à peu prés celle de Lindley (7), qui consi- dére les Dilléniaeées comme se séparant des Renonculacées par leur calice persistant, leur androcée et leur port. Elle a été repro- duite à peu prés dans le Genera plantarum de MM. Bentham et Hooker, en ces termes: « Dilleniaceæ Ranunculaceis. proxime differunt ( paucis exceptis) habitu, calyce persistente, seminibus arillatis. » Il est à remarquer que le caractère tiré de la présence d'un arille, s'est ici substitué à celui que présenie l'androcée et (4) Genera plantarum, 282. (2) Ordines naturales, in A. L. Juss., Gen., præfat., Ixviii. (3) Paradis. Lond., 73. ; (4) Gen. rem. on the bot. of Terra austr. (op., ed. Bennett, I, 12). (5) Syst. veg., T, 395; Prodr., I, 67, 70. (6) In Hooker's Journal, 1X (1857), 48. (7) Vegetable Kingdom (1846), 423. v1. (30 juillet 1866.) 18 271 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES, dont i! n'est plus question. C'est cependant le plus considérable, comme nous le verrons tout à l'heure. . M. J.-G. Agardh (1) a considéré la famille des Dilléniacées, telle qu'elle est aujourd'hui acceptée, comme une réunion de membres hétérogénes. Pour lui les Dilléniées des auteurs forment un groupe bien distinct, trés-voisin des Magnoliacées. Mais bien loin d'elles, on doit placer l'ensemble des Dilléniacées australiennes telles que les Candollea, Hibbertia, Adrastea, etc., dont le port rappelle beaucoup celui des Cistinées et qui n'en différent que par leur gynécée apoearpé, C'est de ce groupe des Hibbertiaceæ que M. Agardh dit : « Sunt forsan Tremandreis et Piltosporeis colla- terales, Cistineis affinitate proæimæ, carpellis apocarpicis. dis- nclæ. » Les affinités nombreuses des Renonculacées et des Dilléniacées sont de toute évidence. Nous avons dit ailleurs qu'à l'état adulte on ne peut les distinguer les unes des autres que par des à peu près, et qu'on n'a pas encore observé de Dilléniacée dont l'ovule, quand il est solitaire, n'ait. pas la direction ascendante, Dans ce cas, le mieropyle serait intérieur dans les Dilléniacées, et l'on sait qu'il est extérieur daus les Renonculacées. Mais l'étude or- ganogénique nous fournit, dans l'évolution centrifuge de l'an- drocée, un caractère sur lequel nous avons déjà insisté et qui a été observé jusqu'ici dans toutes les Dilléniacées dont on a pu observer le développement. Qui pourrait dire aujourd'hui qu'il en sera de méme dans les genres non étudiés, ou si l'on ne trouvera pas des Renonculacées à évolution androcéenne centrifuge? . Mais outre ces affinités étroites avec des plantes qui appartien- nent à la méme Classe des Polycarpicæ d' Endlicher, il nous semble entrevoir que la famille des Dilléniacées, telle qu'elle est aujour- d'hui eonstituée, n'est pas encore compléte, Les relations. évi- dentes qu'elle affecte avec les Cistinées, l'organisation florale de certaines Bixacées, telles que les Mayna, Carpotroche, elc., nous (1) Theor. system. plantar., 200. REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 275 laissent penser qu'elle pourrait bien avoir des représentants dis- persés dans quelques groupes à ovaire uniloculaire et à placen- tation pariétale, et que là on trouvera peut-être un jour des types qui seraient aux Hibbertia ou aux Tetracera, ce que sont les Monodora aux Anonacées; les Berberidopsis et les Erythrosper- mum aux Ménispermées et aux Berbéridées; ce que sont aux Re- nonculacées, les Papavéracées (1). Nous avons vu De Candolie et ses successeurs partager les Dilléniacées en deux tribus. M. Planchon (2) reconnait dans cette famille quatre catégories distinctes ; mais ce nombre est évidem- ment trop considérable. Nous en jugerons en citant les paroles mémes de cet auteur. « Toutes les Dilléniacées américaines, dit-il, appartiennent au groupe des Délimées, qui se retrouve également dans les régions tropicales d'Asie et d'Afrique. Elles nous parais- sent avoir une affinité évidente avec les Bixinées, qui s'en distin- guent aisément par leur placentation pariétale et leurs stipules. Les Hibbertiaeées australiennes se rattachent (ainsi que l'indique Agardh, Theor., 200) aux Cistinées. Les Dilléniacées proprement dites, à fruit baeciforme, pluriloculaire, polysperme, se rattachent à quelques égards au Saurauja et par ce dernier aux Clethra. Les genres Wormia, Acrotrema, Schumacheria, sont plus ou moins anormaux et ne rentrent exactement dans aucune des trois divisions indiquées. Nous sommes loin de méconnaitre d'ailleurs les rapports des Dilléniacées avec les Magnoliacées et les Winté- rées. » A côté d'opinions très-exactes qui reproduisent presque toutes celles des botanistes anglais, nous trouvons ici des exagé- rations évidentes et des généralisations absolues qui résultent d'un examen trop superficiel des différents genres. Ainsi l'on sait trés- bien que toutes les Bixacées ne sont pas pourvues de stipules, et l'on comprend que ee caractère n'ait pas une grande valeur. Il (4) Ilest assez singulier que certains Hibbertia, comme l'A. volubilis, aient l'odeur fétide des Pavots. Qu'on suppose leurs carpelles ouverts et unis bords à bords, on a la fleur d'une Papavéracée. (2) Voyage de Linden, 3, 4. 276 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. n'est pas trés-exact de dire que les Wormia ne se rattachent à aucun autre groupe de Dilléniacées, carles différences sont à peine sensibles, comme nous l'avons fait voir plus haut, entre un Dille- nia ctun JJ ormia, etil ne serait pas étonnant qu'un jour ce der- nier genre fùt supprimé. Par leurs fleurs et par leurs fruits, les Acrotrema sont tout à fait semblables aux T'etracera et aux genres voisins, sans qu’on puisse attacher une valeur excessive à la taille et à la consistance de leurs tiges. De même, lorsqu'on a analysé les fleurs des Schumacheria, on ne voit pas trop ce qui peut les éloigner de certains Hibbertia pleurandrés, et entre autres des Hemistemma. La dernière catégorie de genres anormaux dont parle M. Planchon, devait done disparaitre. MM. Bentham et Hooker (1) ont fait rentrer ces genres dans les trois tribus qu'ils admettent parmi les Dilléniacées. Ces savants ont en effet partagé toutes les Dilléniacées connues en trois tribus qui répondent, à peu d'exceptions prés, à autant de circonscriptions géographiques. Leur tribu H (Dillenieæ) est for- mée de plantes qui eroissent dans l'hémisphére austral de l'an- cien monde. Leur tribu HT (H ibbertic) est, à très-peu d'exceptions prés, bornée à des types australiens. Leur tribu 1 (Delimeæ), en dehors des T'etracera (en y comprenant les Delima), ne renferme que des genres américains. Cette division est essentiellement com- mode dans la pratique. Elle répond, jusqu'à un certain point, à la conformation des étamines. Les Delimeæ sont, dit-on, caractérisées par des filets staminaux plus ou moins dilatés au sommet et des anthères courtes à loges divergentes ou rarement parallèles ; les Dillenieæ auraient des filets non dilatés au sommet et des anthères linéaires ou rarement oblongues, à loges parallèles ; les Zibbertieæ enfin seraient caractérisées en ces termes : «.Staminum filamenta apice haud v. parum dilatata. Anthere sepius oblongae loculis parallelis contiguis rarius minimis divergentibus. » Nous ne re- viendrons pas sur ce que nous avons dit plus haut de la variabilité (4) Genera plantarum, 10. REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 977 dans un méme genre des caractères tirés des pièces de l'androcée. Rappelons seulement que nous avons vu, dans un méme genre, très-homogène quant à la masse de ses caractères, le genre Acro- trema, des filets renflés et des filets non dilatés au sommet; des anthères courtes presque didymes et des anthéres étroites et éti- rées; des loges à déhiscence porricide apicale et d'autres qui s'ouvraient par des fentes suivant toute leur longueur. Nous avons eru devoir préférer à des caractères tirés de la forme des organes, caractères dont l'importance parait minime en géné- ral, ceux qu'on pourrait emprunter aux rapports de position des parties et à leur indépendance ou à leur union mutuelle. En exa- minant les fleurs de toutes les Dilléniacées connues, nous avons vu que leurs carpelles sont indépendants les uns des autres, ou qu'au contraire ils sont réunis de la maniére que nous avons indiquée précédemment, de facon à constituer, en apparence du moins, un ovaire plariloculaire à placentation axile. C'est le fait des Dillenia, des Wormia et des Actinidia, genres des régions chaudes de l'ancien monde, qui seuls constituent notre seetion des Dillé- niées. Avec ces genres on ne peut confondre, quant au gynécée, tous les autres dont les earpelles sont complétement ou presque eom- plétement libres, avec des placentas pariétaux dans l'angle interne ou vers la base de l'ovaire. Ces derniers constituent un second groupe dont nous faisons deux tribus ou séries. Une première série, uniquement formée de plantes australiennes, contient des genres qui ont l'androcée nettement composé à l'état adulte d'un nombre défini d'étamines ou de faisceaux d'étamines manifestement adel- phes; nombre qui est en rapport avec celui des pièces du périanthe. Cette série comprend les Adrastea, les Pachynema et les Can- dollea ; ce dernier genre devra lui imposer son nom. Dans une seconde série de Dilléniacées polycarpicées, se trou- vent toutes celles qui ont des étamines en nombre indéfini, dont la relation, quant au nombre et à la position, avec les pièces du périanthe, échappe complétement, lors de l'état adulte, à l'obser- 278 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. vateur qui, ouvrant une fleur, constate qu'elle est pourvue d'éta- mines nombreuses, et ne peut alors constater autre chose. Un pareil mode de groupement nous a paru répondre à toutes les exigences de la détermination pratique. Qu'il constitue une classification absolument naturelle, cela ne saurait étre admissible, surtout pour l'organogéniste qui sait qu'à une certaine époque, un Hibbertia, qui n'avait encore que peu d'étamines dans chacun des faisceaux alternipétales de son androcée, était semblable à un Can- dollea qui aurait atteint l’âge adulte. Mais, dans un groupement queleonque de plantes appartenant à une famille suffisamment naturelle, il y a de ces points où les groupes secondaires se tou- chent et se confondent inévitablement en quelques points. Dans la classification de MM. Bentham et Hooker, dont nous reconnaissons hautement tout le mérite, et dont aucune n'approche jusqu'iei pour la perfeetion, nous voyons des passages nombreux établis d'une tribu à une autre. Les Schumacheria et les Hemistemma ont sou- vent exactement la méme fleur à androcée pleurandré ; les pre- miers sont des Dilléniées et les derniers des Hibbertiées. Les Acrotrema, qui sont des Dilléniées, ont parfois, avons-nous dit, la fleur et le fruit des Te/racera qui sont des Délimées. D'autre part, les Delima, qui sont des T'etracera, viennent se confondre par la fleur avec les Trisema, qui sont inséparables des Hibbertia ; et dans l'un comme dans l'autre de ces genres, on trouve : un calice pentamére, une corolle à pétales souvent moins nombreux que cinq ; des étamines en nombre indéfini, et un gynécée unicar- pellé, avec des ovules en nombre un peu plus considérable que ceux de la plupart des Tetracera et des Delima proprement dits. - Passons maintenant en revue les différents genres que nous admettons dans cette famille, et montrons de quelle manière ils se relient les uns aux autres. A. — SÉRIE DES CANDOLLEA., Etamines ou faisceaux d'étamines en nombre déterminé, répon- - REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 979 dant à celui des pièces du périanthe. Carpelles indépendants. Plantes australiennes. I. Cannozcea Labill, — Fleurs pentaméres. Faisceaux staminaux alternipétales, formés chacun de 1-6 étamines ou méme d'un bien plus grand nombre. Dans quelques cas on observe en outre des étamines isolées et oppositipétales. 5 carpelles oppositipétales, ou 3, ^ carpelles ordinairement glabres. Ovules le plus souvent soli- taires ou géminés, ascendants avec le micropyle en dedans et en bas, le hile présentant un commencement d'arille vrai. Feuilles alternes, sans stipules, articulées à la base. Fleurs ordi- nairement terminales et souvent solitaires au sowmet d'un court rameau. | IL AnrasrÆa DC. — Candollea à 40 étamines disposées sur deux verticilles, celui des étamines superposées aux sépales étant le plus intérieur, et les étamines extérieures n'étant pas superposées d’une manière absolument exacte aux pétales. Deux carpelles de Candollea. III. Pacaynema R. Br. — Adrastæa à 6-8 étamines fertiles, plus deux staminodes, alternes avec les deux carpelles. Plantes à cla- dodes ; feuilles réduites à de petites écailles. B. — SÉRIE DES HIBBERTIA. Etamines en nombre indéfini, libres ou presque entièrement libres, non disposées à l'état adulte en faisceaux distincts corres- pondant au nombre des pièces du périanthe. IV. HissERTIA Andr.— 8 sections. A. Cyclandra F. Muezz.— Bentu. et Hook. (Hibbertia D.C.— Ochrolasia Turcz.). — — 9, Burtonia Sauss. (W'arburtonia F. Mueuc.). Insertion péri- gyne. 3. Trimorphandra Br. et GR. Etamines — en nombre variable, plus longues que les moyennes. 280 REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES, ^. Haplogyne. Fleur cyclandrée avec un seul carpelle pauci- ovulé (H. monogyna R. Bn.). 5. Trisema Hoor. r.(Wanieria Mowrnovz.). Fleur cyclandrée à corolle incomplète. Un seul carpelle pluriovulé. 6. Pleurandra Lasit. Etamines pleurandrées, toutes fertiles. 7. Hemistemma Juss. Etamines pleurandrées, les extérieures stériles. 8. Hemistephus Drumm. et Harv. (Hemipleurandra Bentu. et Hook.). Androcée pleurandré. Staminodes bilatéraux ou périphé- riques. : V. Scuumacaeria Vahl. — Hemistemma à étamines latérales monadelphes, à carpelles (2, 3) uniovulés à fleurs unilatérales. VI. Terracera L. — Hibbertia cyclandr dilatés, à anthères courtes. — 4 sections. 1. Euryandra Forsr. Plusieurs carpelles. 2. Delima L. (Leontoglossum Hance. — 2 Delimopsis MiQ.). Un carpelle. Fruit sec univalve. 3. Ricaurtea Tri. Un carpelle. Fruit peu eharnu, bivalve. h. Doliocarpus Rot. Un carpelle. Fruit charnu, indéhiscent (Calinea Aus. — Soramia Ava. — T'igarea Avez.) és à filets staminaux VI? Davita F'andell. (Hieronia VeLLoz.), — Tetracera (Eu- ryandra) à deux sépales intérieurs accrus, Cpaissis, concaves, enveloppant le fruit (Sect. ? de Tetracera). VII? Curarezza L. (Pinzona Marr. et Zucc.). — Tetracera (Euryandra) à deux carpelles légèrement unis à la base (Sect. ? de Tetracera). IX? Ewrrooctra A. S. H. — Telracera (Delima) à sépales nombreux, à corolle appauvrie. X. Acrorrema Jack, — T'etracera pluriearpellés, à loges stami- nales variables (étroites-allongées, ellipsoides, ou porricides), à tige herbacée. REMARQUES SUR LES DILLÉNIACÉES. 981 C. — SÉRIE pgs DiLLENA. Etamines indéfinies. Carpelles unis en un ovaire pluriloculaire. Plantes de l'ancien continent. XI. Diccenia L. — Carpelles adhérents à l'axe, seulement en dedans. Cloisons à double feuillet indépendant. Calice charnu per- sistant. Anthéres à loges adnées, à déhiscence longitudinale. — 2 sections. 1. Eudillenia. Pétales blancs. Graines à bords chargés de poils. 2. Colbertia Sans. Pétales jaunes. Graines glabres. XII. Worm Rottb. (Lenidia Dup.-Tu.). — Dillenia à anthères porricides, à péricarpe membraneux ou coriace, à graine arillée. — à sections. 1. Euwormia. Elamines toutes fertiles, presque égales. 2. Wormiopsis. Etamines extérieures stériles, trés-courtes. 9. Capellia Br. Etamines intérieures trés-longues, recourbées h. Reifferscheidia Prest. Sépales (?) nombreux, imbriqués. XIII. Acrixioia Lindl. (Trochostigma Sies. et Zucc.).— Dillenia à anthéres versatiles, à loges non adnées. Loges ovariennes unies par les côtés et séparées les unes des autres par une cloison simple. SPECIES EUPHORBIACEARUM. EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. Si je ne continue pas actuellement la publication des Euphor- biacées de l'Amérique du Sud, c'est afin de profiter de l'occasion qui m'est offerte de décrire ici les espèces australiennes, Cette occasion, je la dois à l'inépuisable générosité du D' F. Mueller, directeur du Jardin botanique de Melbourne. Cet infatigable explorateur de l'Australie, dont tous les botanistes européens ont reçu des preuves d'une bienveillance sans bornes, m'a spontané- ment offert de me confier momentanément les Euphorbiacées de son herbier, pour que j'en puisse présenter une énumération com- plète. Un assez grand nombre ont déjà été décrites dans les Fragmenta phytographiæ Australie, auxquels je me bornerai à renvoyer souvent le lecteur. Je suis heureux d'adresser ici au D' F. Mueller tous les témoignages de gratitude et d'admiration que mérite son dévouement à la science. - A. EUPHORBIACÉES UNIOVULÉES. I. EUPHORBIA. Subgenus A. — Flores petalis spuriis donati. Folia stipulacea plerumque opposita. S ANISOPHYLLUM. 1. EUPHORBIA ATOTO Forst., Prodr., n. 207, E. Levis Poir., Dict., suppl., II, 642. E. Lævicata Vahl, Symb. bot., If, 54 (nec Lamk). EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 283 E. naropenia Miq., An. bot. ind., IIT, 46. E. oraria F. Muell., herb.!; Boiss., in DC. Prodr., n. 6. Exs. Hombron et Jacquinot, Voy. de l’ Astrolabe et de la Zélée (4838-40), Raffles bay (herb. Mus. par.). — F. Mueller, «ad littora insul. Moreton (1855); Lord Howick's Group (1855); Sir Ch. Hardy island » (herb.!) — « Mac Gillivray, ad Port-Curtis » (herb. Kew.). — « Armstrong, ad Port-Essington Austral. bor. (herb. Kew.). » Oss. L'£. halophila ne nous parait pas devoir être séparée spécifique- ment de l’Æ. Afoto. ll semble beaucoup plus difficile d'admettre que les E. Atoto et lævigata n'appartiennent qu'à une méme espèce, surtout quand on compare l'E. oraria aux échantillons de lE. levis qui pro- | viennent de Timor. L'E. levis paraît surtout s'écarter de l’Atoto par ses feuilles cordées à auricules obtuses, sa teinte glauque, son mode de dichotomie-et la taille de ses stipules. Mais, pour tous ces caractères, les échantillons de l'herbier de M. F. Mueller, récoltés à Lord Howick's Group, étant subdichotomes, assez glauques et à stipules assez pronon- cées, servent de passage entre les autres échantillons récoltés en Aus- tralie et ceux qui ont été rapportés par Riedlé de l'ile de Timor, et qui sont conservés au Muséum. : 2. EUPHORBIA RAMOSISSIMA Hook. et Arn., ap. Beechey, 69 (14). E. Sparmanmi Boiss., Cent. Euph., 5. Exs. Baume, Nouvelle-Hollande, cóte orientale (herb. Mus. par.). — Sieber, Fl. Nov.-Holl., n. 632 (herb. Zessert!). — F. Mueller, Port- Jackson (herb.!). 3. EUPHORBIA AUSTRALIS Boiss., Cent. Euph., 15 (109). Exs. Gaudichaud, n. 1400, Baie des Chiens marins (herb. Mus.). — Baudin, n.142,« Nouv.-Holl., côte occidentale. Iles stériles » (herb. Mus.). B, glaucescens Boiss., l. cit. Exs. F. Mueller, «in arenosis Gilbert river » (herb.!); Gulf of Car- pentaria (ibid.). — JV? « Nickol bay expedition » (herb. F. pem te — Leichhardt, Suttor creek (herb. Mus.!). 4. potentillina, pusilla, caule brevi crasso fere e basi ramoso; ; falis ee orbicularibusve usque ad basim argute glanduloso-ser- rulatis, uti planta fere tota dense hirtellis albidis; calycis glandularum 98h EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. appendicibus albis 3-7-fidis serratisve. Planta tota 2-6 cent. alta. Folia omnino et adspectus E. erythranthæ FE. MosLL., sed glandularum calycis forma et colore facile dignoscenda. Exs. Bowman, Queensland (herb. F. Muell.!). i. EUPHORBIA ERYTHRANTHA F. Muell., herb.! Folia inæqualia denticulata serrulatave obovata v. suborbiculata magni- tudine ea spec. præcedentis æmulantia; indumento densiori albido; glandulis floralibus conformibus, sed colore denso (saltem in sicco) Isidis nobilis. Nomen unde specificum a cl. auctore impositum. Nonne potius Æ. australis Roiss. mera forma (3, erythrantha)? Exs. F. Mueller, Barrier-Randge. — Burkitt, Lake Gilleb (herb. F. Muell.!). 9. EUPHORBIA CHAMÆSYCE L., Amon. acad., 115. E. massiLiENsis DC c E. 10. V. 90/. E. canescens L., Spec., 652. TrraymaLus NumMmuLARIUS Lamk, Fl. fr., 4014. Oss. Plantam Australiæ admodum variabilem fructu et seminibus aut glandularum calycis forma a specie linnæeana distinguere nullo modo potuimus. Exs. F. Mueller, Moreton bay; Brisbane river; Snowy river; « ad fodinas Capundæ » (herb.!). — N? Gulf of Carpentaria.— Wheeler, « bet- ween Stokes randge and Cooper's creek. — Murray, « Howitts expedi- tion. » — Dallachy, Goodwin, Darling river (herb. F. Muell.!). 6. EUPHORBIA FERDINANDI. Planta herbacea humilis (8 cent.) adspectu E. Chameæsyces ; radice basi simplici ; caule e basi ramoso; ramis virgatis glaberrimis ad folia nodosis. Folia minuta (5 mill. longa, 3 mill. lata) brevissime petiolata, e basi valde inæquali-rotundata elliptico-obovata inæquali remoteque serrulata glaberrima glaucescentia discolori-punctulata; stipulis setaceo-ciliatis. Flores (inflorescentiæ alior.) breviter peduneulati axillares plerumque solitarii; calyce glaberrimo in alabastro pyriformi; sepalis brevibus ciliatis; glandulis interpositis ^ v. rarius 5 stipitatis erectis, apice valde concavis; ostio elliptico glaberrimo exappendieulato. Stamina brevia inclusa pauca; antheris globoso-subdidymis. Ovarium 3-gonum ; stylo EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 985 brevi 3-partito; laciniis glabriusculis erectis. Capsula oblonga 3-sulca; coccis glabris dorso subearinatis; seminibus oblongis glabris. Oss. Species adspectu et foliis Æ. Chamæsycem valde referens, sed propter fructum, semina necnon glandularum floralium exappendicu- latarum formam distinguenda. Æ. Drummondi quoque affinis. Exs. JV? Australia, « V. E. expedition, 1860, Mount Ganingberri » (herb. F. Muell.!). 7. EUPHORBIA DRUMMONDI Boiss., Cent. Euph., 44 (108). Exs. Drummond (1843), n. 670, Swan river (herb. Mus.). — Stuart, New-England. — Dallachy, n. 481, «Pine Plains»; Wimmera (herb. F. Muell. !). 8, Dallachyana, glandulis (in sicco) erubescentibus; appendice sub- nulla; foliis basi subæqualibus obovatis densius congestis imbricatis. Exs. Dallachy, «Pine Plains », cum typo (herb. F. Muell.!) — Mur- ray, Cooper's creek (herb. F. Muell.) y, erythropeplis, caule crasso nodoso; ramulis, uti planta fere tota (in sicco) purpurascentibus ; foliis minutis suborbicularibus v. inæquali- ovatis crassiusculis integerrimis ad nodos ramuli prominulos insertis brevissime petiolatis; glandulis calycinis breviter appendiculatis; stylis erectis brevibus conoideis glaberrimis. Forma Æ. Ferdinandi valde affinis, ob glandulas appeudieulatas stylorumque formam et magnitu- dinem ante omnia discrepans (an conspecifica ?) Exs. Oldfield , n. 1082, Murchison river, Austral. occid. (berb. F. Muell. !) 8. EUPHORBIA DALLACHYANA. Perennis glabra (caule 9 cent. alto); radice multo longiori (15 cent.) a basi valle crassa (4 cent. lata) longe attenuata conica; ramis ferme e basi virgatis nodosis. Folia basi inzequalia v. subæqualia elliptico-ovata aut integra aut ad apicem obtusiusculum parce serrulata (4-8 mill. longa, 4 mill. lata); petiolo brevissimo (1, 2 mill.); floribus aut termina- libus aut in ramulis lateralibus brevissimis terminalibus spurieque inde axillaribus, brevissime pedunculatis. Calyx obconico-campanulatus glaber; laciniis brevissimis acutis ciliatis; glandulis 4, 5 alternis bre- vissime stipitatis ellipticis glabris; appendice angustissima transverse arcuata (glandula et ipsa 3, 4-plo angustiori). Ovarium erectum ova- tum glabrum; stylis 3 basi distinctis mox divaricatis apice glanduloso incrassatis subintegris emarginatisve rarius 2-lobis glaberrimis; disco 286 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, sub germine (calyce fæmineo alior.) brevi cupulæformi obsolete cre- nato. Capsula glabra ovata obsolete 3-gona; seminibus ovatis sub-3-gonis tranverse rugosis (lesta purpurascenti). Species E. Drummond affinis, ob glandulis foliaque, imprimis ob stylos longiores a basi separatos divaricatos distincta; adspectu Æ. origanoidem et E. myrtifoliam non- nihil referens. Exs. Dallachy, Rockhampton ; Queensland (herb. F. Muell. !). 9, EUPHORBIA ARMSTRONGIANA Boiss., ap. DC. Prodr., n. 159. Exs. « Armstrong, n. 530, ad Portum Essington Australi: tropicae. » 10. EUPHORBIA VACCARIA. Caulis, ut videtur, herbaceus, uti planta tota canescens; foliis congestis m summis ramulis imbricatis obovatis integerrimis dense albido-villosis, basi in petiolum brevem sensim attenuatis (ad 6 mill. longis, 3 mill. latis). Flores in summis ramulis ad folia singula axillares solitarii bre- viter pedunculati; calyce pyriformi dense setoso; sepalis brevissimis villoso-ciliatis; glandulis (roseis) transverse ellipticis cupulatis; appen- dicibus glandulis 2, 3-plo longioribus flabelliformibus 3-6-serratis erectis (roseis). Ovarium villosum; stylo 3- partito; laciniis 2-fidis pa- tentibus. Capsula villosa; seminibus ovoideis subangulatis transverse rugosis. Adspectus E. sanguine formarum nonnullarum. Exs. F. Mueller, Victoria river (herb.!). — Jd. « Rocky high hills, Hierson island, Nickol bay. » 11. EUPHORBIA SCHIZOLEPIS F. Muell. mss., ex Boiss., ap. DC. Prodr., n. 40. Exs. F. Mueller, « ad Hooker's creek » (herb. Kew.); «Gulf of Carpen- taria, Austral. sept. (herb. !); « Upper Victoria river » (herb.1). 12. EUPHORBIA WHEELERI. Planta, ut idaan, herbacea ; radice simplici longe conico (12 cent. longo); caule e basi ramoso; ramis teretibus nodosis glaberrimis. Folia breviter petiolata e basi nana oblongo-obovata; apice rotundato v. brevissime acuminato (1 cent. longa, 1 cent. lata); subintegra v. sepius remote serrulata membranacea glaberrima; | stipulis interpetiolaribus simplicibus subulatis v. 2, 3- fidis glabris. Flores brevissime pedunculati - EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 287 erecti axillares terminalesve; calycis campanulati glabri (in sicco purpu- rascentis) lobis brevibus (roseis) ciliatis; glandulis transverse oblongis ; appendicibus glandula duplo latioribus trapezoidalibus inæquali-crenatis (roseis); ovario basi disco brevi (calyce fæmineo auctt.) cincto; stylis erectis 2-fidis. Capsula elliptico-3-gona glabra; semine elongato trans- verse rugoso. Species foliorum forma et adspectu Æ. hypericifolic varie- tatibus minoribus haud absimilis; quoad flores valde diversa. Exs. Wheeler, « between Stokes range et Cooper's creek » (herb. F. Muell.!). 13. EUPHORBIA SHARKOENSIS. Herbacea (?), tota glabra, ramulis (in sicco dense purpurascentibus) gracilibus. Folia brevissime petiolata e basi inæquali-rotundata obovata serrulata; nervis tenuissimis (limbo 15 mill. longo, 6 mill. lato; petiolo vix 2 mill. longo); stipulis setaceo-ciliatis. Flores in supremis ramulis terminales axillaresve breviter pedicellati; pedicellis basi articulatis ; ramulo subdichotome partito folia minuta sub flore pauca gerente, Calyx campanulatus glaber (purpurascens); lobis brevissimis ciliatis ; glandulis transverse ellipticis concavis; appendiculo (roseo) profunde 5-7-fido. Ovarium longe pedicellatum ; pedicello gracili glabro demum reflexo; coccis obtuse carinatis glaberrimis; semine transverse rugoso; stylis 2-fidis apice subincrassatis glandulosis glabris. Species quoad florem Æ. schizolepidi simul et Æ. australis formæ glabræ proxima ; sat distincta videtur. : Exs, Maitl. Brown (1863), Sharko bay, « sands hills» herb. F, Muell.1). 14. EUPHORBIA SERRULATA Reinw., ex BL., Bijdr., 635 (58). E. VacnELLi Hook. et Arn., ap. Beechey, 212. Exs. Hombron, Voy. de l Astrolabe et de la Zélée, Raffles bay (herb. Mus.). — Dallachy, Queensland (herb. F. Muell. !). 15. EUPHORBIA MYRTOIDES Boiss., ap. DC., Prodr., n. 19. B g Exs, « Byhoe, in Australiæ boreali-occidentalis insulis Despards. » 16. EUPHORBIA MUELLERI Boiss., ap. DC. Prodr., n. 69. Exs. F. Mueller, Austral. tropic. (herb.! et herb. Kew.). 288 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 17. EUPHORBA MICRADENIA Boiss., ap. DC. Prodr., n. 68. PETALANDRA EUPHORBIOIDES À. Muell., in Hook. Journ. et herb.! Exs. F. Mueller, Mbany island, Austral. tropic. (herb.!). 18. EUPHORBIA BAUERI Engelm., ex Boiss. , ap. DC. Prodr., n. 70. Exs. « Bauer, Nov.-Holland. (herb. Vindob.). » 19. EUPHORBIA ALSINJEFLORA. Planta basi, ut videtur suffrutescens; caule striato nodoso lignoso; ramis multiplicibus glabris ad folia nodosis; internodiis elongatis. Folia breviter petiolata e basi inæquali-cordata oblongo-ova!a, apice acutiuscula, integerrima v. parce remoteque serrata glaberrima glaucescentia ; costa nervisque vix conspicuis (ad 2 cent. longa, į cent. lata). Stipulæ inter- petiolares basi connatæ membranaceæ, mox libere subulatæ integra v. inæquali-2, 3-fidæ. Flores in dichotomia ramulorum supremorum ter- minales solitarii; pedunculo filiformi longiusculo ($ cent.). Calyx urceo- latus; laciniis brevibus ciliatis; glandulis alternis transverse renifor- mibus, intus concavis glaberrimis (lutescentibus); appendice lata glandula multo majori obtuse obovata petaloidea (alba), apice subintegra v. inz- quali-crenata sinuatave; antheris paucis subdidymis; loculis oblique rimosis ; ovario glabro, stylis bifidis reflexis. Capsula? Species Æ. myr- toidei quoad flores valde affinis ; differt ob appendices glandularum late petaloileas nec « parvas triangulares apice denticulatas », et ob inter- ` nodia elongata nec ut in Æ. origanoide brevia; foliorum forma et ad- spectu E. hypericifolic tormas nonnullas referens. Exs. N? Bentink island (herb. Mus., ex herb. F. Muell.l) — Martin, « Mount King, Glensly river » (herb. F, Muell. 1). 20. EUPHORBIA MITCHELLIANA Boiss., in D.C. Prodr., n. 61. Exs. Mitchell, n. 231, Port-Curtis. — Mac Gillivray, n. 63, 83 (herb. Kew.).— « Bauer (herb. Vindob.). » — Bowman, Queensland. — Wilson, Cooper's creek. — Firzallan, Port-Denison. — Dallachy, Rockingham bay (herb. Mueil.!). — Verreaux, Moreton bay (herb. Mus.). EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 289 21. EUPHORBIA MAC-GILLIVRAYI Boiss., in DC. Prodr., n. 66. : Exs., Mac-Gillivray, Port Molle; Gould island (herb. Kew). — Ver- reaux, Moreton bay. — Leichhardt, Moreton bay (herb. Mus.). — Bow- man, Dallachy, Queensland (herb. F. Muell.!), 22. EUPHORBIA PILULIFERA L., Amæn. acad. III, 114 (h8). E. purpurascens Schum. et i hünn., Beskr., 252. E. opnTHaLmica Comm., ex Pers., Enchirid., II, 13. E. orLireraTa Jacq., Amer., 152. E. cLopvurgnA. H.B.K., Nov. gen. et spec., II, 45. E. verniciata Felloz., Fl. flum., V, t. XVI (nec alior. ) E. enocuwpENs DC., Cat. hort. Meg (1813), 27, 111, n. 104. E. Nonircora Steud., Nomencl., I, 613. E. cemeLLA Lagasc., Nov. gen., 17. E. capitata Lamk, Dict., II, 422. TiruymaLvs rituLirgRus Mænch, Meth., suppl., 283. ANISOPHYLLUM PILULIFERUM Haw., Syn., 162. Exs. Verreaux, Australie, — Dallachy (1863), n. 240, Rockhampton, « west side of Fitzroy river» (herb. F. Muell.!). Subgen. B. — Flores petalis spuriis destituti, Folia exstipulata plerumque et alterna, $ TITHYMALUS. 23. EUPHORBIA PEPLUS L., Spec., 658. E. rerLomes Griseb., Spic., I, 138, nec Govan (ex Boiss.), in DC. Prodr., n. 556. — KI., PI. Preiss., I, 174. Exs, Preiss, n. 1207. — F. Mueller, Sydney (verisim. advecta?) vi. (30 août 1866.) ; 19 290 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. S Eremopuyron Boiss. © 24. EUPHORBIA EREMOPHILA A. Cunn., in Mitch. Journ. trop. Austr., 348 (255). E. peserricora F. Muell., in Linnæa (1852), 441. ` Ons. Species valde ERI nunc genuina, caule erecto ramoso strictiuscule ramoso scopario, demum indurato, basi denudato; aut 8, latifolia Boiss. (loc. cit.), foliis ad A cent. longis, 4 cent. latis obsolete dentatis subintegrisve; aut y, dracunculina, omnino herbacea parce ra- mosa ; foliis obtusis retusisve argute denticulatis; hine 3, mécrodéndron, caule brevissimo crasso depresso nodoso durissimo subaphyllo; inde £, phyllanthina, ramis ramulisque gracilibus , internodiis elongatis; foliis lineari-elongatis (2-4 mill. latis, ad 5 cent. longis), aut subintegris aut denticulatis serrulatisve (formas quasdam Stillingic (Mierost.) Cha- melee referens) ; ; rarius C, filiformis, plantula valdo gracili; ramis fili formibus ; foliis omnino linearibus (vix 4 mill. latis). Exs, « Dampier, Intercourse island Archip. (herb. Kew). » — Gaudi- chaud, n. 4001, Baie des Chiens marins. — « Mitchell, flùv. Warrego. — Cunningham, Ins. Dick Hartog: — Drummond, Swan river, coll. 6, n. 88 (herb. Kew). » — F, Muell., « Flinder's range, Cudnjaka, Akaba; Moreton bay (1855); Clarence river; Clitfon; Murchison river; Upper Victoria river; Barrier reef passage ; « prop. junet. fl. Murray et Besling (1855);» Leichhardt's range; Edgecombe bay », etc. — Zeckler, « near Barrier randge. » — Wheeler, « betw. Stokes randge and Cooper's creek. » — Murray, Cooper's creek, — War burton, mount Scarle. — Bowman, Queensland; Rockhampton. — Burkitt, Lake Gilles. — Dal- lachy, Rockingham bay; Darling river (herb. F. Muell. 1). $ Decanenia H. Bn. 25. EUPHORBIA BROWNII. Rami teretes (crassitudine pennæ Aria ; cortice crasso süberoso inæquali-fisso cicatricibusque orbicularibus pallidioribus depressis folio- rum delapsorum notato; ligno duro pallido; medulla sat copiosa. Folia alterna petiolata; limbo (6 cent. longo, 3 cent. lato) longe obovato, basi sensim angustato, integerrimo coriaceo crasso (loranthaceo) utrinque glaberrimo levi; penninervio; nervis parallelis tenuibus; costa subtus EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 291 in sicco valde prominula rugosa; petiolo glabro (1 £ cent. longo). Flores (inflorescentiæ auctt.) in axillis foliorum rami supremorum solitarii: (an semper?); pedunculo glabro. Flores inadulti et quoad structuram minime noti. Exs. Boudin? « Nouvelle-Hollande, côte occidentale » (herb. Mus. par.) - Oss. Malgré l'état de X -— des fleurs que porte cet échantillon, la plante notis paraît appartenir à la même section que que l’Z, Cleopatra de la Nouvelle-Calédonie (Adansonia, M, 215); et nous l'avions méme tout d'abord confondue avec cette espèce. Toutefois nous avons remarqué que les feuilles plus petites de FE. Prownii, outre de légères différences qu'elles présentent dans l'apparéhce de leur tier- vure médiane, se distinguent très-facilement de celles de l'espéce de la Nouvelle-Calédonie par la cicatrice qui répond à l'insertion des pétioles. Cette cicatrice a la forme d'un croissant trés-prononcé, à concavité supé- rieure, dans IZ. Cleopatra; tandis qu'elle représente une tache tonde et déprimée dans lZ. Brownii. Les rameaux ou les pédoncules situés à l'aisselle de ces feuilles laissent après leur chute une cicatrice elliptique, étroite, allongéé dans le sens transversal; et ces mémes cicatrices axil- laires sont, au contraire, arrondies dans lZ. Cleopatra. | reste à savoir si c'est à l'espèce que nous décrivons actuellement, ou à l'E. paucifolia KL. , que s'appliquent les observations sur la structure des Euphorbes, présentées par R. Brown dans les Gen. Rem. on the Bot. of Terra aus- tralis (ed. Benn., T, 29). A xiti. MONOTAXIS Ab. Bm. | — 5 — 6 LINDON. Cymuli terminales. Flores masculi plerumque Aetrameri ; calyce aut valvato- aut vix imbricato. 1. MONOTAXIS LINIFOLIA Ad. ^ Voy: ind 223;t. A9, B; dui sc. nat., ser. 4, XXIX, 387. : M. rripensara Endl, Atakla, 8; t. VIII. NIS WE M. occinExTALIS Endl., Enum pl. Hügel. , 49, n. 58. - Al, Pl. TS Il, 929. — H. Bn., Et: gén. lie t. XVI, 292 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. M. cueirouia KJ., Pl. Preiss., I, 176. M. ronaxTHEROIDES F. Muell., herb. ! a, genuina M. arg., in Linnæa (1865), 63 ; ramuus gracilibus elongatis ; foliis remotis lineari-lanceolatis ; floribus virescentibus. Exs. Dumont d'Urville, Port-Jackson, n. 247. — Sieber, Fl. Nov.- Holl., n. 551, ex part. (herb. Mus.). — F. Mueller (4855), Botany bay, « near rivulets in the heath ground » (herb. !). B, tridentata Endl. (loc. cit.); foliis nonnullis (ex icon.) triden- lalis, reliquis integris lanceolatis. Exs. Sieber, Fl. Nov.-Holl., n. 551, ex part., prope Port-Jackson. y» occidentalis Endl. ; caule fruticoso, foliis minus remotis latio- ribus oblongo-lanceolatis; floribus subsessilibus in sicco erubes- centibus minoribus. Exs. « Hügel, Fremantle, Swan river. » — Preiss (1839), n. 1222, « Swan river colonia, cis oppidulum Guildford (Perth). » — Drummond (1848), n. 85, Swan river. — F. Mueller « West.-Austral. » (herb. !). § HiprocnEPANDRA M. arg. Cymuli jure terminales; floribus autem ramuli lateralis junioris basin cingentibus. Flores masculi plerumque pentameri ; calyce aut quinconciali imbricato, aut, foliolis vix contiguis, subvalvato. 2. MONOTAXIS GRANDIFLORA Endl., Pl. Hügel., 19, n. 59, — KI., Pl. Preiss., II, 230: — M. ricomes KI., Pl. Preiss., I, 177. CROTON ROSMARINIFOLIUS Graves, Cat. pl. Drumm., ex H., Bn, Et. gén. Euphorb., 309, REISSIPA PLEURANDROIDES Steud., ex KL, 1. cit. HiePocREPANDRA ERICOIDES M. arg., in Linnæa (1865), 62, Exs. « Hügel, King George sound. » — Preiss (1839), n. 1218, «inter frutices prope urbiculam Perth »; id., n. 2442 (herb. F, Muell. !). — Drummond (1853), n. 672, Swan river. E EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 298 8. MONOTAXIS MEGACARPA F. Muell, Fragm. Phyt. Austr., IV, 143 (1863-64). HippocREPANDRA LURIDA M. arg., in Linnæa (1865), 61. Exs. « Drummond, Swan river, ser, 6, n. 87. » — Oldfield, « Mur- chison river » (herb. F. Muell. !). h. MONOTAXIS GRACILIS. HirPocnEPANDRA GRACILIS M. arg., in Linnæa (1865), 62. Exs. « Drummond, Swan river, ser. 3, n. 48.» MONOTAXIS NEESIANA. M. snacrEATA Nees ab Es, , Pl. Preiss., IT, 230. HieeocnEPANDRA Neestana M. arg., in Linnæa (1865), 62, Exs, Preiss (1839), n. 1219, «in caleulosis montis cis urbem York » (herb. Mus. par. et F. Muell. !). 6. MONOTAXIS OLDFIELDI. M. (H ippocrepandra) rhizomate crasso lignoso ; ramis lignosis erectis; foliis lanceolatis coriaceis crassis integerrimis; margine reflexo; floribus masculis longe pedicellatis; petalis calyce lon- gioribus unguiculatis; limbo obovato basi auriculato. Fruticulus rhizomate horizontali (ad 4 cent. crasso) extus suberoso profunde et inæquali striato. Rami e rhizomate orti erecti virgative (ad 25 cent. alti) teretes angulative rigidi glabri gemmis remotis notati. Ramuli in summis ramis subverticillati lignosi subangulati (5, 6 cent. longi). Folia sessilia oblongo-lanceolata integerrima coriacea crassa glaber- rima; margine arcte reflexo v. subrevoluto; purpurascentia (ad 1 $ cent. longa, 1 cent. lata). Stipulae brevissime subulatæ caducæ. Flores (mas- culi tantum noti) ad ortum ramulorum cymosi; pedicellis capillaceis flore multo longioribus; calycis foliolis 5 ovato-acutis brevibus; petalis calyce multo longioribus unguiculatis; limbo membranaceo fragili late obovato, apice rotundato, basi auriculis 2 brevibus obtusiusculis munito; - staminibus eis M. occidentalis subsimilibus. Exs. Oldfield, Murchison river, Austral. austr,-occ. (herb. F. Muell.!) 204 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, XXXV. RICINOCARPOS Desr. 1. RICINOCARPOS PINIFOLÍA Desf., in Mém. Mus. , IIT, 459, t, 22, — H. Bn, Et. gén. Euphorb., 5/3, t. XIf, fe. 39-1. R, swærouus F. Muell., herb. ECHINOSPHÆRA ROSMARINOIDES Sieb., Hérb. N.-Holl., n. 298, Croton corozLarum Soland., ex H. Bn, loc. cit. Exs. Baudin, Port-Jackson (herb. Mus.). — Pusseuil, « Voyage de la Thétis, N.-Hollande.»— Sieber (1826), Herb. N.-Holl., n. 293; Fl. mixt., n. 526. — Verreaux, Surrey hills, n. 39, 850. — A. Cunningham (1839), « Voyage de la Vénus, n. 66.» — Gaudichaud, n. 36, Port-Jackson (herb. Mus.). — Drummond (1845), n. 16, Swan river. — Caley, Sydney. — Anderson, Pórt-Jackson. — Stéphenson, Sydney (herb. Déléss.). — Arnoux (1856), n. 35, — Gunn, Tasmanie (herb. Hook ) — F. Mueller (1853), «in collibus arenosis inter Melbourne et Sandridge; PortJackson; Moreton island (1855); Newcastle (1859). — Wools, Gipps island (1853). N?, «in plagis arenosis undulatis versus Brighton frequens»; ibid., «in pascuis collinis siccis inter frutices versus Brighton ; Port-Philip. »— Fitsalan, Moreton bay. — Miss Atkinson, n. 22, N. S, Wales ; Carrijand, Blue mountains » (herb, F, Muell.!). 2. RICINOCARPOS LEDIFOLIUS F: Muell: ; Fragm.; t; 76. R. monoicus; ramulis tomentello-velutinis; foliis oppositis v. suboppositis linearibus v. oblongó-linearibus obtusis margine revolutis, supra glabris, subtus incano-velütinis; pedanculis axil- láribus et terminalibus solitariis calyce 5, 6-partito aliquoties plu- riesve longioribus; petalis calycem subéequantibus demum sca- riosis; stigmatibus bipartitis; capsula levi trisperma trigastra calycem duplo superante (F: Muriz., loc. cit.). Folia in speeiminibus nonnullis perfecté altérnd. Floris masculi calyeis Sepala basi nonnihil connata; æstivatione qüinconciali, Petala in alaba- stro contorta. Glandulæ affernipetalé 5 breves érässæ trünedtee glabér- rimæ. Stamina inter se in#qualia, superioribüs longioribus; antheris extrorsum rimosis; Flos fuemüneus: calyx in alabastro quinconcialis. Petala caduca basi subarticulata extra discum hypogynum brevem annu- EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 295 larem hine et inde inæquali-suberenatum inserta, Germinis stellato- pubescentis loculi 3 valde prominuli dorso rotundati ; ; styli laciniis bifidis ad apicem stigmatosis. Exs. F, Mueller, «in virgultis sie dictis Brigalow jain Australi orientalis calidioris»; Burdikin (herb !), — = Botman, Queensland (herb, F. Muell. 1, UU 3. RICINOCARPOS PORERULUS I. . Bn, Et. gén. Eophad.: 31h, n. Ai. f | R. (eufion ns raul teretibus tomento rigidulo cinerascenti obsitis; folis lineari-lanceolalis utrinque acutiusculis; margine integerrimo subtus valde revoluto; supra dense viridibus scabri- dis, subtus albido-tomentosis aveniis; floribus masculis (tantum notis) in axillis foliorum ramuli supremorum solitariis longiuscule peduneulatis ; peduneulo sepalisque ovatis fuscescenti-tomentosis ; petalis ovato-elliplieis calyce paulo longioribus; staminibus inter se iæqualibus; antheris oblongis extrorsum rimosis, Folia sessilia (majora 11 cent. longa, 2, 3 mill. lala). Pedicelli ad 4 cent. longi. Columna stámiheá brevis (ad 1 cent). Cala corolhique ad À cent. long. ; alabastro ovoideo. Exs. Gaudichaud, Port-Jackson (herb. Mus. !). h. RICINOCARPOS BOWMANI F. Muell.; Fragm;, I, 181; III, 164; IV, 35. s Exs. Leichhardt, « East Australia, » — Ë. Bowman, « ad flumen Mac- quarie, junctionem versus fluvii Darling; in collibus prope originem fluvii Monie river » (herb. F. Muell. n. mM Ons: Precedenti affine; an sat diversum? 5. RICINOCARPOS GLAUCUS Endl., in pl. Hügel., 18. — KI., ap. Lehm. P]. Preiss.; If, 939, 570, — H. Bn, Et. gén. Euphorb., 344, n. 2. R. expétATUs Zehm., in PI. Preiss., II, 370. R. CYANESCENS. M. arg., in Linnæa (1865), 60. Ers: T Brown, Swan river (herb. Mus. !). — Preiss., n. 3016, part., 296 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, «in region. inter. Austral. merid. occid. (1840); » n. 2017, «in arenosis mont. Elisa mountain (Perth.) » ; n. 2031, «in asper. mont, contin. Dar- ling's range (Perth) »; n. 2044, « in rupestribus tergi montis Melville (Plantagenel) ». — Drummond, ser. h, Swan river. — Clifton, « West. Austral. » — Oldfield, « West. Austral. » (herb. F. Muell. !). 6, undulatus (Lehm. , l cit.), foribus sub-racemoso-corymbosis; petalis paulo latioribus undulatis, ` Exs, Preiss., n. 2016, part., «in reg. inter. Austral. merid. occ, (1840). » — Oldfield, «West. Austral. » (herb. F. Muell.!) y, jasminoides, ex omni parte gracilior ; foliis longioribus valde lineari- bus, subtus pallidulis; pedicellis filiformibus ; petalis lineari-angustatis. ^ Exs. F. Mueller, « Plantagenet et Stirling randge » (herb. !) 8, cyanescens (M. arg., loc. cit.), foliis plerumque versus apicem spa- thulatis apiculatis v. subobtusis; colore adultorum cyanescenti. Exs. Drummond, ser. 3, n. 15, Swan river (herb. Deless.!). — Baudin? « N.-Hollande, côte occid. » (herb. Mus.).— F. Mueller, «near the beach from Esperance bay to C. Arid; at the mouth of Robertson's brook, on sandy places, along the coast to cape Paisley; point Malcolm » (herb. !). Oss. Cette forme, qui peut paraître d'abord spécifiquement différente, se ramène graduellement au type, à l'aide d'échantillons nombreux, comme l'a très-bien vu M. F. Mueller, Species sequentes a cl. M. arg., in Linnæa (1865), 59-61, propositi? nobis penitus ignotæ : - 4. R. major (Verreaux, n. 412, Tasmanie). 2. R. tuberculatus (Drummond, ser. 4, n. 8h). 3. R. trichophorus (Drummond, ser. 4, n. 119). h. R. muricatus (Drummond, ser. 4, n. 85, 218). Ignota quoque species quinta auctoris ejusd. (Flora, 1865, 470) : 5. R. speciosus (Backhouse, ad Wilsonrivr, prop. P. Macquarie). XXXVI. BALOGHIA Enp. 4. BALOGHIA LUCIDA Endi., Prodr. fl. Norfolk., 84 ; Icon., t. 122, 125. — H. Bn, Et. gén. Euphorb., 344. Exs. Leichhardt, M. Camerons, Moreton bay (herb. Mus.!).—F. Mueller, «Brisbane river; Moreton bay; M'Lean river, » — Beckler, Hastings - EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. ' 297 river; Clarence river. — Moore, n. 46, 92, Clarence et Richmond, — Dallachy, Queensland, Rockhampton (herb. F. Muell.1.) Oss. Vulgo audit Z/ood-tree. Baloghia vix a Ricinocarpo generice recedit. XXXVII. ALEURITES. 1. ALEURITES MOLUCCANA F., Spec., IV, 590, À. TRILOBA Forst., Gen., 56. Croron moruccanum L., Spec. (ed. 3, 1765), 1427. JarRoPHA MOLUCCANA L., Spec., 1498. JuGLans Camiriun Lour., Fl. cochinch., II, 702. CAMIRIUM CORDIFOLIUM Geerín, , Fruct,, II, t. 195. Var. rockinghamensis, foliis late rhomboideo-ovatis, basi plus minus oblique angustatis, apice acuminatis subintegris v. sæpius inæquali et grosse crenalis denlatisve, supra basi glandulis 2 orbiculari-ellipticis sessilibus notatis subglaucescentibus glabris, subtus tomento tenui demum ferme inconspicuo obsitis, basi 5-nerviis; venis transversis; floribus fere omnibus masculis in alabastro globosis indumento molli ferrugineo, uti inflorescentize rami omnes, obsitis; capsula glabrescente depressiuscula; coccis ovoideis dorso rotundatis; seminibus subglobosis. Exs. Dallachy, Rockingham bay (herb. F. Muell. !). XXXVIII. BERTYA Praxcn. (Char. gen. in Et. gén. Euphorb., 347, t. XVIII, f. 8, 9). 1. BERTYA PINIFOLIA Planch., in Hook. Journ. , IV, (1845), 478, n. 5. Exs. Fraser, Port-Jackson, n. 157 (herb. Mus., Delessert, Hooker). 9. BERTYA ROTUNDIFOLIA F. Muell., Fragm., IV, 34. Exs. F. Waterhouse, « ad flumen Cygnet river insulæ halmaturorum » (herb. F. Muell. !). . i * 298 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, - Ons. B. oblongifolia M. arc., in Flora (1864), 471, n. 53, nobis penitus ignota. 3. BERTYA POMADERROIDES F. Muell. , Fragm. , IV, 34. Flores monœci ! pedicellis plerumque axillaribus ; fæmineis sub invo- lucro nudatis v. rarius folium minutum gerentibus. Bracteæ involu- erorum numero variæ, nonnunquam 2, 3. Flores monœci, aut solitarii aut in axillis singulis 2, altero brevius pedicellato laterali masculo. Cot. ex deser. cl. auct. addenda. ` Exs. W, Woolls, «in vallibus jaxta loétim Bent's basin, prope Portum Jacksonii » (herb. F. Muell /). h, BERTYA PEDICELLATA F. Muell., Fragm., IV, 143. Exs. Thozet, «in virgultis urbi Rockhampton proximis, » — Jd. ?, n. 362, « Athorston station » (herb. F. Muell.!). Ons,. Cette espèce, par la forme et la taille de ses feuilles, mériterait plus que toute autre d'étre comparée à notre Olivier commun. Elle se distingue toutefois nettement du 2. oleæfolia par les pédicelles de ses fleurs, la forme et la pubescenee de ses jeunes rameaux et l'aspect de la face supérieure de ses feuilles, lissés, luisantes, parsemées, non de poils - étoilés, mais de papilles courtes et très-peu prononcées, qui ne s'aper- goivent méme pas à l'œil nu. 5. BERTYA POLYMORPHA, B. oLeæroLa Pl., in Hook. journ., IV (1845), 473, t. XVI, A, fig. 1 (fid. F. Muell., Fragm., 1, 55); PL. ind. col. Victor. lithogr., ts XX. B. GUMMIFERA PL., loc. cit., n. 2, fig. 6. B. ROSMARINIFOLIA Pl., loc. cit., n. 3, fig. 2-5. — Hook; fi H. tasman., I, 339. B. CuxNnenamt Pl. loc eit, d. A. B. Mireneuin M. arg., , in Linnæa (1865), 63, B. tasmanica M. arg., loc. cit, — EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 299 B. esizoczapa M, arg., in Flora (1864), 471. Ricmoca&pus Tasmanious F. Muell. ét Sond., in Linnæa, XX VIII, 562. R. Mrrcuezzn Sond, loc. cit,, 968. | Oss. M. F. Mueller (Fragm., IV, 35) a cru devoir proposer de réunir en une seule espèce la plupart des plantes énumérées ci-dessus; c'est une manière de voir qu'il est diffieile de ne pas partager lorsqu'on exa- mine les nombreux échantillons d'origine australienne et tasmanienne, qui sont réünis dans son magnifique herbier. Au premier abord, il est vrai, rien n'est plus distinct, par la taille des feuilles et des fleurs, par la nature des surfaces, que le B. oleæfolia, par exemple, et le B. Cunnine ghami. Mais on retrouve aisément tous les passages de l'un à l'autre; et de méme des plantes australiennes à celles qui sont récoltées à l'ile de Van Diemen. Quant aux Aicinocarpus Mitchellii et tasmanicus, il nous parait tout à fait impossible, d'aprés l'étude des échantillons-types, de les considérer comme spécifiquement distincts l'un de l'autre. Tout ce qu'on peut faire, et encore d'une manière tout à fait artificielle, c'est d'établir dans l'espèce un certain nombre de formes assez mal définies et dont nous donnons ci-dessous l'énumération. Parmi fant de noms réunis ici en ün seul groupe spécifiqué, nous aurions pu choisir celui de o/eæfolia, le plus ancien de tous. Mais il aurait l'inconvénient de ne s'appliquer que fort mal à la plupart des formes de l'espèce, dont les feuilles ne sont pas du tout celles de l'Olivier. Le nom de sessilis serait préférable, car toutes les fleurs sont sessiles; et c'est, dans cétte espèce, le seul caractère qui ne varié point; málheureusement il serait tout aussi applicable au B: pini- folia, dont les fleurs n'ont pas de pédoncules; C'est pour cette raison que nous avons adopté pour l’ensemble de l'espece le nom de polymorpha. Éxs. a, genuina (B. oleipfolía Pi.). & A. Cunningham. in petrosis steri- libus vall. Wellington (herb. Æook.!).» — Mitchell., « Subtropical N.-Holland » (herb. F. Muell:!): B, Mitchelliana (incl. B. gummifera Pi., Crotón gummiferum A. CUNS., mss.) tasmanica M. ARG., Mitchellii M. Arc.) « A. Cunningham, cum pracéd. » (herb. Hook.).— F. Mueller, « per tractus desertorum a cireulo Capricornu usque ad lacum Alexandrinæ nec minüs ad flumen Mitta- Mitta» (herb. ).— Lockhart, Victoria. — Dallachy, Wimmera.—Dallachy et Goodwin, Darling river (herb. F. Muell.l). — W. Archer, Tasmanie (herb. Hook.!). — Stuart, Tasmanie, n. 134, 722 (herb. F. Muell.!). — Milligan, Tasmanie (hérb. Mu$. pàr). | 300 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, y, rosmarinifolia (add. B. Cunninghami F. MoELL., herb., an Pr. ?). « A, Cunningham. juxta amnem Cox et in mont. cœrul., Austr. orient. extratrop. (herb. Hook.). n — Baudin, N.-Holl. (herb. Mus.). — Busseuil, Voyag. Thétis (herb. Mus.). — Stuart, n. 26, 377, «e vicinia flum. Severn Novæ-Angliæ et e vicinia flum. Snowy river terre Gipps land » (herb. F. Muell.!). XXXIX. CROTON L. 1. CROTON ARNHEMICUS M. arg., in Linnæa (1865), 442. Char. valde ineompl. adde : Frutex pluripedalis (F. Muell.). Folia ovato-aeuta v. suborbieularia rarius reniformia, hinc subintegra, inde inzequali-crenata (ad 15 cent. lata), basi nonnunquam 7-nervia. Flores masculi 20-30-andri. Glandulæ alternipetalæ minutæ apice acutiusculo pallidæ. Filamenta valide inflexa receptaculo parce villoso inserta. Flores fœminei apetali ; pilis fasciculatis rigidulis corollæ locum occupantibus. Discus hypogynus brevis subæquali-5- lobus; lobis acutiusculis sepalis antepositis. Exs. F. Mueller, «in Arnhemsland Novæ-Hollandiæ septentrionalis »; — id. « Sea range, towards the Fitzmaurice » (herb. !). — Mac-Gillivray, cape York (herb. Kew!). B, urentfolius (Mallotus urenifolius F. MoEtt. , herb.!) Folia ovata, basi cordata v. rarius peltata, supra pallide punctulata, subtus pallide virescentia et albido-furfuracea. Racemi terminales graciles furfuracei (ad 20 cent. longi). Flores fceminei inferiores solitarii v. Siepius cymosi; masculis quibusdam nonnunquam intermixtis; cymis superioribus plerumque omnino masculis. Fructus immaturus dense hirsutus pallide ferrugineus. Glandulæ limbi cupulæformes vix stipitatæ inferiores. Exs. Fitzalan, Port-Denison, Edgecombe bay. — Dallachy (1863), Edgecombe hight (herb. F. Muell.!). 2. CROTON TOMENTELLUS F. Muell., Fragm., IV, 141 (4864) — M. arg., in Linnæa (1865), 108. Exs. F. Mueller, «in rupibus fluvii Victoria river, ejus ostium versus » (herb.!). 3. CROTON ACRONYCHOJDES F. Muell., Fragm., IV, 442. EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. - 301 Char. cognit. add. Floris masculi calyx imbricatus corolla paulo bre- vior. Petala basi angustata ciliata; margine membranaceo. Glandulæ alternipetale 5 sessiles; apice elliptico concaviusculo. Stamina recep- taculo parce piloso inserta sæpe 5, sepius 6, Floris foeminei calyx 5 v. rarius 6-partitus; laciniis 3 interioribus alternis. Discus hypogynus bre- vissimus obsolete ante sepala 5, 6-crenatus. Germen obscure 3-gonum dense stellato-pubescens; stylis semel v. bis bifidis. Flores in speci- minibus nonnullis extus subglabri. Folia stipulacea; stipulis brevissimis (2, 3 mill.) acutis caducissimis; limbo basi 2-glanduloso; glandulis sessilibus ellipticis vix conspicuis. Exs. Thozet, n. 34, «in sylvis ad flumen Fitzroy river prope urbem Rockhampton.» — Bowman, «Queensland, juxta sinum Broad sound.» Dallachy, n. 47 (1862), Rockhampton; n. 116, 119, 123, 132, 135, 156, 480, 488 (4863), « French men creek»; n. 470, « Fitzroy river, Mount Archer creek» (herb. F. Muell.!). h. CROTON STIGMATOSUS F. Muell., Fragm., IV, 140 (1864). — M. arg., in Linnæa (1865), 107. Exs. Leichhardt, Moreton bay (herb. Mus. et F. Muell. !). — Beckler, « Richmond river »; Clarence river, n. 12. — Bowman, n. 149, Queens- land, « ad sinum Broad sound. » — Dallachy, n. 235, Fitzroy river; n. 52, mount Mueller; « near Edgecombe bay. » (herb. F. Muel/.!) Oss. Folia nonnihil quoad formam et magnitudinem variabilia, hinc oblongo-lanceolata ; nervis primariis vix conspicuis nec ramosis; inte- gerrima v. parce crenata ; inde (8, eurybioides) multo latiora ovato-lan- ceolata (15 cent. longa, 5, 5 cent. lata), basi rotundata, versus apicem acutiusculum longe acuminata ; nervis primariis remote suboppositis valde subtus prominulis subfuscescentibus; venis transverse reticulatis, 5. CROTON INSULARE H. Bn, in Adansonia, II, 947. C. PugpALIODDES À. Cunn. mss., in herb. Kew! Exs. Leichhard, Moreton bay (herb. Mus,). — Woolis, Brisbane river herb. Kew.) — Moore, Sydney, n. 35, N. S. Wales. — Bowman, Queensland. — Dallachy, Rockhampton (herb. F. Mueil.!). 6. CROTON PHEBALIOIDES F. Muell., Fragm., IV, 4 (nec Cunn.). — M. arg., in Flora (1864), 485. Rami teretes angulative sicut et petioli, folia, pedicelli et calyces 302 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. dense argenteo-lepidoti. Folia elliptico-lanceolata membranacea subinte- gra penninervia; nervisprimariis vix subtus prominulis; limbo (5-8 cent. longo, 3 cent, lato) basi glandulis 2 sessilibus cupulaformibus minutis glabris instrueto; petiolo gracili, supra valde canaliculato (2-i cent. longo). Flores racemosi; racemis terminalibus (10-15 cent. longis), basi nudatis, mox cymis masculis omnibus, aut inferioribus foemineis, aut rarius androgynis onustis. Flos masculus : pedicellus gracilis (1 cent. long.). Calycis laciniæ ovato-acutæ subvalvatæ. Petala calyce paulo Ton- giora subspathulata dense villoso-ciliata. Glandulæ alternipetalæ crasse breves glaberrimæ, apice rotundatæ bilobatæve. Stamina plerumque 15 recéptaeulo villoso inserta. Flores fœminei pedicellati. Calyx brevis crassus; laciniis erectis acutiusculis. Petala 1-5 vix conspicua lineari- subulata brevissima, rarius villoso-ciliata. Glandule disci hypogyni 5 breves, apice recte truncatze. Germen globosum 3-sulcum dense lepi- dotum; stylis brevibus 2-fidis erectis (fuscatis). Capsula ovario confot- mis. Semen ovatum glaberrimum lucidum (nigrescens); caruncula ‘minuta oblique inserta ; albumine copioso pallide lutescente; embryonis radicula cylindrica; cotyledonibus ellipticis basi cordatis. . Oes. Species precedenti valde affinis, vix differt of corollarà discum- que floris feeminei, staminaque receptaculo valde villoso inserta. Am sat distincta? Nonne melius C. insularis var. phebalioidem constitueret? Affinis et C. reticulato Hgys. . Exs. Fraser, Port-Jackson (herb. Gaudich.) — Leichhardt (4843), Moreton bay, Breakfast creek (herb. Mus. par! et F. Muell.!) ; Brisbane river (1843). — F. Mueller, Brisbane river (1855). — Verreaux (1846), Moreton bay (herb. Mus !).— Miss Atkinson, Kurrajon ; Blue mountains. — Dallachy, Rockhampton; n. 25; « mount Hedlow» (herb. F. Muell). | $ GYMNOCROTON, (Char. sect, in Ei, gén. Euphorb., 356, t. XVII, fig. 10.) 7. CROTON VERREAUXII H. Bn, |. cit. — F. Muell., Fragm., IV (1864); 141, — M. arg., in Linnæa (1865), 447. Folia lanceolata v. elliptico-lanceolatá ina&quali- denfata serratave, bisi 2-glandulosa longe petiolata breviter stipulacea. Racemi androgyni ter- minales ; floribus plerumque. alterne cymosis, versus apicem solitariis. Floris masculi calyx subvalvatus, Stamina plerumque 10-12, Glandulæ minute alternipetalæ 5. Flos fæmineus sessilis v, breviuscule pedicel- EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 303 latus. Calyx 5-merus; disci lobis 5 oppositis. Germen parce stellato- hirtellum. Capsula quoad formam et indumentum coloremque in sicco admodum variabilis ; loculis plerumque distinetissimis dorso rotundatis. Styli plus minusve profunde 2-fidi glabriuseuli ; apice reflexo. Planta, ut, videtur, in regione frequens, vernacule propter aciditatem audit Native vinegar, « Exs. Baudin, Hawkesbury, 139. — N? Port-Jackson (herb. Mus.). — Verreaux, n. 159, Camp in Heaven (herb. Mus. et Peless. Il. — Leich- hardt, Moreton bay (herb. Mus.) Hunters river (1852), n. 87. — F. Mueller, Pine river. — Shepherd, Hawara. — Woolls, Cabramatta ; Paramatta ; Wollongong. — Miss Atkinson, n. 4, Blue mountains. — Wilcox, Clarence river. — Beckler, Hastings river; Richmond river ; M’ Leay river (herb. F. Muell.!). — A. Cunningham, Brisbane river (herb.!). — Mac Arthur, Brisbane river.— Harvey (1856), N. S. Wales. — Lowne (1862), Illawara (herb. Kew!). XLVHI. CODIÆUM Rumpa, —— 1. CODLEUM OBOVATUM Zoll, herb., n. 2291, 2435. JuxcnuNiA GLABRA Mig., Fl. ind.-bat., If, 242. © Arbor parva, ramis teretibus v. apice compressiusculis rugulosis (gri- seis). Folia aut obovata aut sepius oblongo-obovata LE subspathulata ; basi plus minus attenuata; apice obtuso acuminatove (ad 15 cent, longa, 6 cent. lata); integerrima glaberrima membranacea penninervia parce venosa, aut concolora aut leviter variegata. Petioli glaberrimi supra caniculati; basi paulo incrassata (1-6 cent. longi). Flores monœci race- dem aut in axillis 2 valde adproximatis nascentibus; simplicibus gra- breves gerentibus. Flores masculi in axilla bractearum singularum plerumque 3 cymosi; lateralibus 2 multo junioribus brevissime pedi. cellatis (an abortientibus?). Flores feeminei in axilla bractearum suafum ‘solitarii; bracteolis 2 lateralibus sterilibus. Flos masculus : pedi- cellus gracilis glaber (5-1 cent. longus) ad medium articulatus. Calyx 5-partitus; sepalis inter se valde inæqualibus, interioribus multo majo- ribus; æstivatione imbricata. Petala squamæformia calyce multo bre - viora vix conspicua dissimilia; unguiculo brevi; inæquali-rhomboidea 304 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. ciliata. Glandulæ 5 cum sepalis alternantes iisque subæquales et inte- riores carnose crasse glabræ trapezoideæ; apice truncato inæquali- foveolato. Stamina numero indefinita; filamentis paulo inæqualibus erectis brevibus liberis; apice in connectivum paleaceum complanatum dilatato; antheræ loculis lateralibus subextrorsis apice in unum confluen- tibus longitudine rima marginali dehiscentibus. Flos fœmineus : pedi- cellus brevis crassus, mox elongatus articulatus ad apicem paulo incras- satus. Calyx brevis inæquali-5-fidus; lobis acutiusculis inæqualibus. Petala aut 0, aut rarius 1-3 linearia v. squamæformia brevia inter se valde dissimilia sub disco hypogyno brevi crasso inæquali-sinuato in- serta. Germeu sessile pyramidatum 3-gonum, apice in stylum 3-partitum desinens; lobis oblongo-subspathulatis, apice rotundatis simplicibus, intus papillosis mox reflexis. Capsula calyce basi persistente et apice stylis munita globosa depressa 3-sulca; mesocarpio tenui carnosulo; epicarpio glabro. Semina globosa (grani Piperis magnit.) glabra; in tegumento externo nigro-maculato; caruncula minuta alba carnosa obsolete 2-loba, Exs. Dallachy (1863), Rockhingham bay (herb. F. Muell.!). LXIII. BEYERIA Mio. 1. BEYERIA LEPIDOPETALA F. Muell., Fragm., I, 230, nec III, 164. Beyeriopsis LEPIDOPETALA M. arg., in Linnæa (1865), 57. Char. cognit. add. Calyx masculus glaberrimus quinconcialis ; sepalis basi incrassata carnosis, exterioribus obtuse carinatis. Petala breviter unguiculata intus et barbata. Stamina receptaculo parce pubescenti inserta; filamentis apice bifidis; loculis discretis ellipticis v. elliptico- lanceolatis, basi simulet apice glandulosis extrorsum longitudine rimosis. Flos fœmineus : petala orbiculari-obovata. Glandulæ alternipetalæ breves - in medio sulcatæ marginibus antheræ sterilis loculos æmulantibus glan- duloso-inerassatis. Flores monœci nec, ut censet cl. M. arg. (loc. vit.) diceci. Exs. Oldfield, « in locis rupestribus ad flumen Murchison», Austra- liæ occidentalis (herb. F. Muell.1). 9. BEYERIA LATIFOLIA. B. terivorrrata F. Muell, , Fragm., II, 164 (nec I, 230. . EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 305 ? BEvERIOPSIS LaTiFOLIA M. arg., in Linnæa (1865), 57. Folia plerumque ovata (1-4 cent. longa, 1-2 ! cent. lata) rarius orbi- cularia v. breviter lanceolata subintegra v. inæquali-crenata, basi ro- tundata cordatave; apice plerumque obtusiusculo; supra dense viridia, subtus tomento brevi denso albido induta. Petioli breves (ad 1 cent. longi). Flores monœci axillares; pedicellis gracilibus apice incrassato subelavatis pubescenti-hirtellis. Calycis masculi sepala extus longiuscule setoso-hirtella subcarinata basi incrassata. Antherarum loculi basi eglan- dulosi. Calyx feemineus masculo conformis. Petala intus brevi-tomen- tosa. Glandulæ alternipetalæ breves suborbiculares glabræ; marginibus membranaceis attenuatis nec glanduloso-incrassatis. Germen puberulum; stylo globoso v. ovoideo carnosulo glabro, apice 3-sulco et obiter 3-lobo. Ovula oblonga obturata. Capsula calyce corollaque et glandulis disci persistentibus nec accrescentibus reflexis basi munita; coccis oblongis ad apicem paulo attenuatis obtusis parce puberulis; dissepimentis mem- branaceis fragilibus; columella ad apicem incrassatum breviter 3-alata. Semina ovata glaberrima (fuscata); caruncula semine 3-plo breviori oblongo-conoidea erecta carnosa (pallide lutescenti?. Oss. Cette plante a été considérée par M. F. Mueller comme une forme à feuilles plus larges du B. lepidopetala, forme qu'il a nommée, dans ses collections, rotundifolia., W est vrai que quelques-unes des feuilles de son B. lepidopetala type commencent parfois à s'élargir et tendent vers la forme étalée de celles du B. latifolia. Mais ce dernier est, en outre, bien différent par la pubescence de ses pédoncules et de son calice, par sa corolle, par la forme des glandes de son disque hypo- gyne, et surtout par le peu d'épaisseur de leurs bords membraneux. D'ailleurs, le style n'a pas ici, comme dans le B. lepidopetala, trois lobes distincts, en forme de croissants épais et équidistants; c'est une sorte de boule à trois sillons apicaux divergeant en étoile. Exs. Oldfield, n. 831, « in vallibus umbrosis ad Portum Henry, Aus- tral. austr.-occid. » — Lare? in lapidosis orient. Montis Bland (herb. F. Muell.). — Drummond, Swan-River (ser. 4, n. 216?). 3. BEYERIA OPACA F. Muell., in Trans. Phil. Soc. Vict., I, 16. B. viscosa var. F. Muell., Fragm. I, 230. B. (Discosrventa) Deummoxni M. arg., in Linnæa (1865), 58? vi. (Septen bre 1866.) 20 906 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, Char. cogn. add. Ramuli indumento aut resinoso aut furfuraceo brevi obsiti. Folia variant, aut linearia (4, 2 cent. longa, 1, 2 mill. lata); margine valde revoluto ; aut oblonga v. subspathulata; apice rotundato; basi in petiolum brevissimum sensim attenuata; margine vix revoluto (ad 1 ; cent. longa, 4 mill. lata), supra glabra, subtus viscosa, v. to- mento brevi denso albida enervia; costa tantum subtus prominula sæpius discolori. Flores masculi solitarii v. pauci racemosi axillares v. supra- axillares; pedicello recurvo; alabastro depressiusculo obsolete 5-gono. Petala 0-5 inter se valde inæqualia. Stamina exteriora breviora; con- nectivo integerrimo. Flores fœminei axillares solitarii ; pedicello erecto capsule demum subæquali crassiusculo erecto lutescenti-furfuraceo. Discus hypogynus brevis vix conspicuus. Capsula ovata 2-locularis (ad 6 mill. longa), extus lutescenti-furfuracea calyce persistente basi munita, disperma. Semen oblongum leve lucidum; testa maculata; caruncula conoidea albida. Planta quoad magnitudinem valde variabilis, aut plu- ripedalis, aut rarius nana; caule cum ramulis vix 4 ; dec. long.; radice paulo longiori. Exs. N? « Mallee-Scrub» (herb. F. Muell. D). — Ross, « Swan-Hill. » — Lockhart-Morton, «N. W, Victoria.» — N? « Middle Mt Barren » (herb. F. Muell.!). — « Drummond, in Nova Hollandia autro-occiden- tali, ad Swan River, n. 13, 214. » h. BEYERIA? UNCINATA. B. viscosa var, UNCINATA F. Muell., herb.! Fruticulus ramis alternis virgatis teretibus; ligno durissimo; cortice albido-furfuraceo. Folia in supremis ramulis alterna lineari-subulata sub- sessilia, basi attenuata ; apice uncinato sæpius recurvo mucronata (1, 2 cent. longa, vix 4 mill. lata) cylindracea carnosula ; margine haud re- flexo; tenuiter rugulosa furfuracea. Flores, ut videtur, diœci; masculis ignotis. Flos fæmineus axillaris solitarius folio brevior; pedunculo gra- cili paulo ad apicem incrassato capsula demum duplo longiori (ad + cent. longo, basi vix $ mill. crasso). Calyx ovario brevior; sepalis 5 ovato- obtusis submembranaceis parce viscosis, ovario neque adpressis neque cohærentibus, apice divaricatis reflexisve. Germen globosum glabrum viscosum 3-merum; stylo caduco ignoto. Fructus (immaturus) glaber pisiformis ovario conformis, Oss. Stirps non sine dubio generi relata; ob folia crassa cylindracea nec margine reflexa anteque omnia ob calycem tenuem nullo modo EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 307 cum germine coalitum et stylum caducissimum distinetissima, Locus in genere propter flores masculos desideratos valde incertus. Exs. F. Mueller, « Murray Desert » (herb.!). 9. BEYERIA LASIOCARPA F. Muell., (1861). — M. arg., in Linnæa (1865), 59. B. viscosa var. F. Muell., Fragm., II, 182. Petala mascula 0-5 inter se valde inæqualia. Petala foemiuea plerumque 0 rarius 4, 2 squamiformia. Discus hypogynus brevis circa fructum persistens, aut annularis integer, aut inæquali-crenatus. Oss. Species ob styli formam et discum hypogynum sat a B. viscosa distincta. Capsulæ hispidæ momenti multo minoris videntur; formam enim (B, denudatam) invenit cl. Stuart, aut parce hispidulam, aut fere omnino pilis destitutam. Exs, Leichhardt, New-England, Apsley Falls (herb. F. Muell.!). — F. Mueller (4860), « prope sinum Twofold Bay et flumen Severn; Nun- gatta Mountains, Gmon River » (herb.!). — Beckler, Hastings River. — C. Stuart, New-England (herb. F. Muell.l). ; 6. BEYERIA LESCHENAULTII. Hemstewma? Lescaexauzru D.C., Syst., 1, 444; Prodr. I, 74, n. 6. CALYPTROSTIGMA LEDIFOLIUM K/., ap. Lehm. Plant. Preiss., I, 176. Opss, Species a el. F. Mueller cum B. viscosa in unum coadunata; sat distincta videtur ob foliorum indumenti, corollæ, disei et androcæi in- dolem (char, licet non omnino constant.) et ante omnia propter pedun- culos fæmineos erectos sensim incrassatos ovario capsulaque vix fon- giores æqualesves. Forme sequentes, transitum licet facilem inter se nonnunquam præbeant, non ægre plerumque dignoscendæ : a, genuina, « foliis oblongis basi attenuatis, apice truncatis subemargi- natis, subtus candicantibus. » . Exs. Leschenault, «in Nova-Hollandia et in insulis Sancti-Franeisci » (herb. Mus.!). — F. Mueller, Port-Adelaide (herb. Mus.). — — B, pernettioides, foliis longioribus ovatis, apice acutiusculis aouinjna= tisve, subtus canescentibus, » 308 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, Exs. F. Mueller (4848), Rivoli Bay; Point Napean, ete. — Me Gowan, King Islands. — Allett, Portland (herb. F. Muell.) y, elæagnoïdes, foliis remotis multo majoribus longe lanceolatis; utrin- que acutis, subtus dense albidis. Exs. Wilhelmi, Port Lincoln (herb. F. Muell, !)— F. Mueller, « prope Lake King Island, in virgultis » (herb.!). à, myrtoides, foliis multo brevioribus elliptico-lanceolatis latitudine tantum 2, 3-plo longioribus, subtus dense albidis. Exs. F. Mueller? Cape Otway (herb.!). t vaccinioides, foliis aut orbicularibus aut sepius obovatis, apice late rotundatis integerrimis, subtus dense canescentibus. Exs. Allett, «mouth of the Glenely » (herb. F. Muell.!). $, rosmarinoides, foliis lineari-elongatis; marginibus parallelis arcte reflexis revolutisve. . Exs. Blandowsky (ap. Preiss), n. 51 (1850), « prope Portum Adelaide, ad flumen Onkaparingo ; Corromandel Valley, ad flumen Sturb » (herb. Preiss!) — F. Mueller, Murray River; «inter rupes sinus Holdfastbay, Nov.-Holl. austr. »; «summit of Mount Ligar»; «upon the Pentland Hill Creek »; (ex cl. F. Mueller colitur quoque in hort. bot. Melbourn.). — iV?, « near Spencer's Gulf. » — IN? « Haller Scrub. » (herb. F. Muell.1). — Maxwell, « South West coast et inter. of West. Austral. » — fitge- rald, n. 339. — Wilhelmi, « Port Lincoln (1852); ad ripam exsiccantem prope Ponindi » (herb. F. Muell,!). à, salsoloides, foliis ut in forma præced., sed indumento subaureo brevi obsitis et subcylindricis (form. nonu. Bertyæ polymorphe subsimilis). Exs. Lockhart-Morton, « N. W. Victoria » (herb. F. Muell.!). - 7. BEYERIA VISCOSA Miq.,in Ann. sc. nat., sér. 9, I, 350, t. XV. — H.Bn, Et. gen. Euphorbiac., 402, t. XVIII, fig. 3-17. B. Bacxnousu Hook. f., Fl. tasman., I, 339. B. oBLoNGirouIA Hook. o8 GELS CROTON viscosum Labill., Nov.-Holl., II, 92, t. 999. CALYPTROSTIGMA. VISCOSUM Kl., ap. Pl. Preiss., 1, 175. . C. OBLONGIFOLIUM KI., I, cit. EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 309 Ccavironium -BiLLARDIERI Desvæ, herb. Eys. Labillardière, « in Terra Van-Leuwin (herb. We) !, Mus. par !, Deless.!). — Baudin, « Détroit d'Entrecastraux et Terre de Van Diémen.» — Leichhardt, « Apsley Falls; M. Ofleys Brush » (herb. Mus.). — Siems- sen, n. 45, Port-Jackson (herb. Preiss!). — Preiss, « Swan River, in arenosis insulæ Rottenest, n. 2387» (herb.|Z. Muell. !). —Gunn, Tasmanie (herb. Kew.). — Verreaux (1844), n. 660, 1718, Tasmanie (herb. Mus., Deless.!). — Lockh-Morton, « between the upper Bogan et Lacklan. » — Mitchell. (1855), n. ^1, 42, 46, 1700, South-Port. — Stuart, New-En- gland. — Maitl. Brown, Sharko-Bay. — Bowman, n. 196, « Sources of the Cape River (herb. F. Muell.!). Species nobis ignolæ : 1. Beyeropsis Cygnorum; 2. B. cinerea; 3. D. similis; h. B. brevifolia M. arc., in Linnæa (1865), 56-58. D? loranthoides H. Bw, l. cit, n. 5, est Drymis sect. Tasmanie, quoad flores masculos et plantæ odorem cum gen. char. congruens. REMARQUES SUR LE GENRE Beyeria, — Le Croton viscosum de Labillardière avait été indiqué par Adr. de Jussieu (Tentam. Euphorbiac., 30) et par Gaudichaud (Foy. Uranie, 489) comme devant être probablement rapporté à un genre distinct. Desvaux avait eu la méme pensée, car la plante se trouve, dans son herbier, désignée sous le nom de Clavipodium. Mais c'est M. Miquel qui parait avoir le premier publié sous un nom générique nouvean, celui de Beyeria, une des formes du C. viscosum; et ce n'est qu'ultérieurement que Klotzsch a fait connaitre celui de Calyp- trotigma, qui a d'ailleurs été appliqué à des plantes toutes diffé- rentes par Trautvetter et C. A. Meyer. M. Müller d'Argovie a déjà, l'année dernière, démembré le genre Beyeria, dont il a dé- taché le genre Beyeriopsis, fondé uniquement, comme nous ver- rons plus loin, sur la constitution des anthéres. Quant aux Beyeria, proprement dits, le même auteur les a partagés en deux sections : les Discobeyeria, dont les fleurs des deux sexes sont pourvues d'une corolle et d’un disque; et les Eubeyeria, dont la corolle est 810 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, petite dans les fleurs mâles, nulle dans les femelles; et dont le disque est développé dans les mâles, absent dans les femelles. Il nous a été impossible de eonserver toutes ces divisions, parce que les caraetéres sur lesquels elles sont fondées nous ont paru sans importance, ou n'existent pas réellement, ainsi que nous allons le démontrer. 1° Les Beyeriopsis sont définis par l'auteur du genre : « Toto habitu fereque omnibus characteribus cum Beyeriis quadrantes, sed structura antherarum diversi.» Cette organisation des anthéres est trés-prononcée, par exemple, dans le B. lepidopetala F. MueLL. Le connectif y présente la forme d'une fourche dont chaque bran- che dressée donne insertion suivant la longueur de son bord ex- térieur à une loge extrorse d'anthére. Dans le Beyeria viscosa type, au contraire, le connectif est parfaitement entier et porte, parallélement l'une à l'autre, les deux loges unies dans toute leur longueur. De là une différence qui pourrait d'abord paraître bien tranchée, et qui aurait son importance si l'on accordait quelque valeur à la forme des étamines dans beaucoup d'autres genres qu'on n'a point encore songé à morceler pour ce motif. Mais lorsqu'on observe certaines étamines des formes tasmaniennes du B. viscosa, on trouve, dans une même fleur, à côté d’anthères à connectif in- divis, des anthères à connectif plus ou moins fendu en haut; et, dans les nombreuses formes du B. Leschenaultti, on voit tous les intermédiaires entre des connectifs entiers et des connectifs par- tagés dans une étendue variable, méme jusqu'au-dessous du mi- lieu de leur longueur. T y a donc de ces fleurs qu'on ne saurait auquel des deux genres Beyeria ou Beyeriopsis il faudrait rap- porter. 2° La section Eubeyeria ayant pour type, je suppose, le B. vis- cosa lui-même, le B. lasiocarpa qui lui ressemble tellement que M. F. Mueller ne l'en a, en dernier lieu, considéré que comme une forme, posséde un disque dans sa fleur femelle; et ce disque est surtout visible, autour du fruit jeune, sous forme d'un petit anneau entier ou légèrement déchiqueté sur ses bords. L'absence de ce EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 311 disque n'est done pas un caractère absolu qui suffise à distinguer la section Eubeyera. Quant à la présence ou à l'absence des pétales, elle a bien peu de valeur, Les fleurs mâles des échan- tillons type de Labillardière en sont presque toujours compléte- ment dépourvues. Dans certaines formes tasmaniennes, il y a depuis un jusqu'à cinq pétales, souvent trés-inégaux, quelquefois très-développés. Et de même, il y a cà et là des fleurs femelles qui ont un ou plusieurs pétales dissemblables et inégaux, dans des échantillons tasmaniens du B. viscosa de l'herbier de M. F. Mueller; tandis que le B. opaca, qui doit être trés-analogue au B. Drum- mondi, s'il ne lui est pas tout à fait identique et qui appartient certainement à la méme section que lui, présente cerlains boutons femelles qui n'ont pas trace de eorolle, En somme le nombre, la taille et la forme des pétales sont, dans tout le genre Beyeria, des caractères d'une extrême inconstance et auxquels on ne peut plus aecorder la moindre valeur, quand on a analysé un grand nombre de fleurs appartenant à des pieds différents. La division qu'a encore établie M. Müller d'Argovie, de son genre Beyeriopsis, en espéces monoiques et dioiques, devra subir aussi quelques modifications. Ainsi, le B. lepidopetala F. Muere., qui est l'espéce la plus anciennement connue du nouveau genre Beyeriopsis, est certainement une plante monoïque. LXV. ADRIANA Gaupich. (Inel. Trachycarion Kl. — Char. gen., in Et. gen Euphorbiac. , h05, t. IE, fig. 19-92; XVIII, fig. 12). $ Euapriana. 1. ADRIANA GAUDICHAUDI. A. romenrosa Gaudich., Voy.. Uranie, 487, t. 116; Aun. sc, nat., sér. 4, V, 223. A. GLABRATA Gaudich., l. cit., n. 9. 312 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, Oss. Genus Æchino valde affine, Species 2 a cl. Gaudichaud propositas nullo modo distinguere potuimus. Glabrities in n. 2 inconstans ; pilis stellatis tantum rarioribus, et varietates inter utramque medias quoad foliorum limbum observavimus. Inde in specie formas ad 3 vix abso- lutas constituimus. a, genuina, foliis inæquali-3-5-lobatis: lobis inæquali-dentato-crenatis crenulatisve; pilis densius fasciculatis (A. tomentosa GauDicu., l. cit., n. 4). Calyx masculus 5, 6-partitus valvatus. Stamina receptaculo conico inserta; filamentis brevissimis erectis ; antheris elongatis extrorsis ; connectivo supra loculos in acumen longe subulatum ciliolatum pro- ducto, Cal yx feemineus plerumque 5-partitus ; præfloratione quinconciali. Styli erecti ; lobis 3 protunde 2-fidis erectis dense papiilosis. Pili calycis et germinis crebri stellati pallidiores. Exs. Baudin, N. Hollande, cóte occidentale; Baie des Chiens marins. — Gaudichaud, Voy. Uranie (herb. Mus., Lessert /). B, thomasiæfolia, ramis ramulisque furfuraceis gracilibus; foliis basi cordatis plerumque ovatis inæquali-crenatis lobatisve tomento molli brevi denso obsitis (ea Lasiopetalearum nonnull. referentibus. An spec. distincta ?) Exs. Gaudichaud, Voy. Uranie, n. 20, 21, Baie des Chiens marins (herb. Mus. !). y, Subglabra (A. glabrata GavpicH., l. cit.), foliis elliptico v. ovato- oblongis, sepius trilobatis, supra parce stellato-pubescentibus, subtus tomento brevissimo densiuscule obsitis. Exs. Baudin, « Nouvelle Galles du Sud; Hawkesbury River » (herb. Mus. !). — Sieber, Fl. Nov.-Holl., n. 569 (herb. Mus., Lessert !). 2. ADRIANA ACERIFOLIA Hook. in Mitch. Journ., 371, not. Fruticosa? foliis aut ovato-oblongis aut inæquali-trilobis; lobis irre- gulariter crenatis dentatisve, supra glabriusculis, subtus tomento tenui brevi denso albido obsitis, penniuerviis venosis transverse reticulatis, basi 5-7-nerviis; venis subtus valde prominulis (ad 12 cent. longis, 8 cent. latis) ; petiolo tereti, basi vix incrassato (ad 5 cent. longo) sub- glabro tomentove brevi induto. Flores masculi in spicis singulis simpli- cibus (ad 20 cent. longis) alterne glomerulati crebri; calyce 5-partito valvato parce puberulo; alabastro (an adulto?) pro genere parvo. Sta- mina receptaculo glabro v, parce puberulo inserta ; filamentis brevibus EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 513 tenuibus erectis; antheris elongato-linearibus connectivi processu com- presso-subulato, aut integro, aut parce ad apicem serrulato glaberrimo coronalis. Flores fœminei cymosi; cymis terminalibus pauci (ple- rumque 4) floris; flore primævo terminali; reliquis junioribus latera- libus plerumque 4 decussatis. Calyx 6-merus; sepalis oblongo-lanceolatis ovario paulo longioribus ciliatis tomentellis 2-verticillatis. Ovarium elliptico-oblongum puberculum ; loculis dorso et apice rotundatis ; ovulis oblongis obturatore late obtectis. Siyli 3 a basi liberi erecto-conniventes ad medium bifidi; lobis lineari-subulatis papillis brevibus tomentosis dense obsitis. Bractea floralis foliis rami superioribus conformis, basi 2-glandulosa. Exs. King, Australie (herb. Lamb.). — Dallachy, Queensland (herb. Mus., F. Muell. !). B, Lessoni (A. Lessont H. By, in herb. Mus.), foliis profunde incisis, supra (in sicco) nigrescentibus, subtus densius tomentosis; spicis mas- culis ad 30 cent. longis ; alabastris globosis puberulis (an spec. distinct ?). De planta pauca verba Gaudichaud (l. cit.) fecit. Exs. D'Urville, Lesson, « Nouv.-Holl. orient. » (herb. Mus., ex herb. Juss. !). S TRACHYCARION. 3. ADRIANA QUADRIPARTITA. Cnorox QuapniPAnTITUM. Labill., Nov.-Holland., H, 73, t. 223. — A. Juss., Tent. Euphorbiac., 30. — Gaudich., Voy. Uranie, 489. —.H ; Bn, Et. gen. Euphorbiac., 406. TRACHYCARION BILLARDIERI Kl., ap. Lehm. PI. Preiss., I, 175. CRororEnux BILLARDIERI Desvx, herb. ! Exs. Labillardière, « in capite Van Diemen » (herb. Mus., Web! , Juss.!, Vent. 1, Desvz |). — Baudin, a Baie du géographe » (herb. Mus., Juss. 1). — Preiss, Swan River, n. 1206 (herb. Mus. !, Zessert !). LXXV. ECHINUS Lour. (Fl. cochinch., ed. Ulyssip. (1790), 633. — Mallotus Lour., ibid., 635 (poster.). — Rottlera Roxs. — Hancea Seem, — A xen- 314 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, feldia H. Bs. — Vid. ad. charact. gener : Et. gen. Euphorbiac., 119, 421-428). 1. ECHINUS NESOPHILUS. MarLorus wesopnuiLs F, Muell,, herb! — M. arg., in Linnæa (4865), 196. Exs. A. Cunningham, Cape Flinders (herb. Kew !). — Henne, Ben- tinck island ; Sweers Islands, — Flood (1855), Quail Island ; Gulf of Car- pentaria (herb. F. Muell. !). 2. ECHINUS PHILIPPINENSIS. MarLorvs piLibPiNENSIS M. arg., in Linnæa (1865), 196. RorrtgnA miNCTORIA I., Spec., IV, 832. R. arrivis Hassk., in Flora (1845), Beib., II, 41. CROTON PHILIPPINENSIS Lamk, Dict., 11, 206. C. puncrarus Retz, Obs., V, 30. C. coccinevs Vahl, Symbol., I, 97. C. montanus W., Spec., IV, 545. Exs. Fraser, Port Jackson (herb. Mus,).— Leichhardt (1843), Moreton Bay ; Darrawar ; Archers Creek; Nurrum-Nurrum Creek (herb. Mus., F. Muell. 1). — Verreaux (1845), Moreton Bay (herb. Mus.).—F. Mueller (1856), Brisbane River ; « Shores of Moreton Bay. » — Hill, n. 9, 40. Moreton Bay. — Wilcoz, Clarence River. — Beckler, Hastings River ; Clarence River. — Bowman, Queensland. — Fitzalan, Pine River, N.S. W; «Mount Elliott, on banks of rocky creeks ». — Moore, n. 7, 82, 95, Clarence River. — N?, n. 244, « Moreton Bay, Mogile Creek.» — Dallachy, Queesland ; Edgecombe Bay; Port Denison (1863) ; Rock- hingham Bay (herb. F. Muell. !). : 3. ECHINUS DALLACHYANUS. Frutex humilis, ramis teretibus glabris; summis ramulis compressis lutescenti-furfuraceis. Folia alterna v. in summis ramulis subopposita op- positave oblongo-lanceolata (ad 15 cent. longa, 5 cent. lata), apice ple- rumque breviteracuminata integerrima v. obsolete sinuata, supra glabra læte viridia, subtus pallidiora opaca; costa nervisque pennatis et ve- EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 815 nulis transverse reticulatis ferrugineo-puberulis, subtus prominulis. Pe- tioli basi apiceque paulo incrassati teretes puberuli (4, 2 cent. longi) ; limbo basi glandulis 2 vix prominulis inæquali-orbiculatis depressis supra munito. Flores diceci in racemis alterne cymosi ; pedicellis bre- vibusarticulatis. Calyx utriusque sexus valvatus, mox æquali v. inæquali- 3-partitus; laciniis membranaceis extus luteo-glanduloso-punctulatis. Stamina numero indefinita erecta libera, apice in connectivum brevem erectum basifixum glandalosum fuscatum dilatata ; antheræ loculis su- blateralibus, in staminibus exterioribus subextrosis, longitudine rimosis. Germen globosum 2 v. sepius 3-loculaxe; loculis sepalis, dum numerus idem sit, oppositis, extus resinoso-punctulatis; stylo 2, 3-partito; la- ciniis extus punctulatis, intus dense papillosis, in alabastro involutis, mox reflexis, demum erectis. Capsula 3 v. abortu 1, 2-locularis; coccis sub- globosis (pisi magnitudine) dense luteo-furfuraceis nec aculeatis; semine globoso glabro fuscato. Exs. Dallachy (1865), pee s Bay, « salt water creeks » (herb. F. Muell. ). Ah. ECHINUS CLAOXYLOIDES. E. arris H. Bn, in herb. F. Muell. (1865). MaLLorvs cLAoxyLoipnss M. arg., in Linnæa (1865), 192. PLaGraNTHERA ? AFFINIS H. Bn, Et. gen. Euphorbiac., 424. EcniNocnoroN cLAoxyLoipEs F. Muell., Fragm., I, 31. Exs. «, genuina. Leichhardt (A854), n. 9, Archers Creek (herb. Mus., F. Muell!) — Verreaux (1855), n. 56, 592, 678, 862, Moreton Bay (herb. Mus 1). — F. Mueller, Moreton Bay; n. 65, Brisbane River. — Hill, Moreton Bay.— Bowman, n. 153, Queensland; n. 299, MogileCreek. — Dallachy, n. 196, 234 (1863), West Rockhampton, « in the creek, west side of the Fitzroy River » (herb. F. Muell.!). B, cordata, foliis amplis (15 cent. long., 10 cent. lat.) cordatis bre- viter acuminatis (eis A/chorneæ cordatæ subsimilibus) oppositis, basi 3-7- nerviis, subtus tomento brevi uti ramuli petiolique indutis. Exs. F. Mueller, Moreton Bay.— Aeckler, Richmond hiver; Clarence River. — Dallachy, n. 4 (1865), Rockhampton « salt water creeks » (herb. F. Muell. !). 1, ficifolia (E. ficifolius H. Bs, in herb. F. Muell.), foliis cordato-ovatis 316 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, breviter petiolatis inæquali-crenatis, supra scaberulis, subtus tomentellis ; costa nervisque supra subtusque prominulis ferrugineo-tomentosis. Exs. Dallachy, n. 41, Queensland ; Rockhampton (herb. F. Muell !). 9. ECHINUS MOLLISSIMUS. E. ricomes H. Bn, in herb. F. Muell. (1865). MaLLorus pyexosracuys F. Muell., Fragm., IV, 139. M. nicisoings M, arg., in Linnæa (1865), 187. Croton woLLisimvs Geisel., Crot, Monog., 73. C. moivoipzs. Pers., Synops. plant., Il (1807), 586. CRozoPHonA voLLISsIMA Spreng., Syst., HI, 854. RorrLERA RICINOIDES À. Juss., Tent. Euphorbiac. , 33, t. 9. R. Zierern Hassk., Cart. hort. bogor., 238. R. PeLraTa Mig., Fl. ind. bat., If, 894 (nec alior.). Apisca Zipper Dl., Bijdr., 611. Marra Ziwrecn Zoll. et Moritz., Verz., 17. ADELIA BARBATA Blanc., Flor. filipin., ed. 2, 561. A. Bernarnia Blanc., o. cit,, ed. 1, 814 (nec alior.). Var. foliis subrhombeis epeltatis. Exs. « Fitzalan, in sylvis ad montem Elliot plantis Musæ Bunksii in- termixtus ; necnon ad sinum Rockingham Bay » (herb. F. Muell. |). Ogs. Malloti omnes s. Hot(lere hucusque ab auctoribus descripti, nobis sunt Æchini species. LXXVI. MAPPA A. Juss. 1. MAPPA TANARIA Spreng., Syst., II, 878. M. crapRA A. Juss, , Tent. Euphorbiac., hh, t. XIV, h^. M. tomentosa Bl., Bijdr., 623. Ricinus Tanarius L., Spec., 4430. Exs. Leichhardt (1853), « Port Essington and Entrance Island » (herb. EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 317 Mus.!, F. Muell. !).— F. Mueller (1855), Howicks Group.— Hill (1857), «Moreton Bay, near Durando.» — Fitzalan, Port Denison, Cumberland Island. — Bowman, n. 103, « Broadsound and head of the Isaac River, Edgecombe Bay, Keppel Bay, Funnel Creek. » — Dallachy, Queensland ; Port Denison ; Rockhampton, n. 169 (herb. F. Muell. !). LXXVII. MACARANGA Dur.-Tu. 1. MACARANGA INVOLUCRATA H. Bn, Et. gen. Euphor- biac., 432, n. 14. M. mazcoroines F. Muell., Fragm., IV, 139. ` Exs. Fitzalan, « ad Montem Elliott plantis Musee Banksii interspersa » (herb. F. Muell. !).— Dallachy (1863), Clarence River; "e Creek (herb. F. Muell. !). 2? MACARANGA ASTEROLASIA 7. Muell., Fragm., IV 140. Oss. Planta quoad genus, floribus fructuque hucusque omnino M valde dubia. Nonne potius Mappe species ? Exs. Dallachy (1863), Mount Elliott (herb. F. Muell. 1) LXXXII. ACALYPHA L. 1. ACALYPHA EREMORUM F. Muell. !, herb. ! (1863). — M. arg. , in Flora (1864), 440; Linnæa (1865), 35, n. 107. A. caPiLLIPES M. arg., in Linnæa (1865), A0, n. 123. à, sessilis, floribus foemineis sessilibus v. breviter pedunculatis; bractca sub flore minori dentata (A. eremorum F. Musee. |). Exs. Leichhardt (1843), Moreton Bay, Archer Creek (herb. Mus. !).— — F. Mueller, Burdekin River; Brisbane - River (herb, !). — Dallachy, n. 19, 122, Rockhampton ; n. 110, Queensland (herb. F. Muell. !). B, capillipeda, flore fœmineo plus minus longe pedicellato ; bractea sub flore ovato-reniformi demum repando-denticulata capsulam plus minus superante (A. capillipes M. ARG.). Exs. Leichhardt (1843), Wide Bay (herb. Mus. !). — - Beckler, n. 19, Richmond River; Clarence River (herb. F. Muell. Je: 018 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 2. ACALYPHA CUNNINGHAMII M. arg., in Linnæa (1865), 35, n: 406. Exs. « A. Cunningham, ad Moreton Bay Novæ-Hollandiæ orientalis (herb. Kew). » ə. ACALYPHA NEMORUM F. Muell.! herb.! (1856). — M. arg., in Linnæa (1865), 38, n. 117. Exs. Leichhardt (1853), Moreton Bay (herb. Mus.!). — Verreaux (1845), n. 606, 861, Moreton Bay (herb. Mus. !, Deless. !).— F. Mueller (1856); Moreton Bay « woods of the summit » (1855), Brisbane River (herb !). — Bowman, n. 42, 247, 398, Moreton Bay, Mogile Creek. — Beckler, Clarence River. — Vilcox, Clarence River. — Moore, n. 164, Clarence River (herb. F. Muell.!) Oss. Par la grande variabilité de la plupart de ses caractères; par ses inflorescences mâles tantôt longuement pédonculées et tantôt garnies de fleurs jusqu'en bas, ou à peu prés; par l'agencement de ses fleurs fe- melles, ici solitaires, là réunies en glomérules isolés ou rapprochés en épis, etc., cette espèce montre combien sont peu absolus les caractères employés dans ces derniers temps au groupement du genre Acalypha. XC. AMPEREA A. Juss. (Char. gen. in Ef. gen. Euphorbiac., h5h, t. XIV, fig. 1-9. — M.arg., in D. C. Prodr., XY, sect, post. , 213 (1) ). 1. AMPEREA SPARTIOIDES A4. Br., in Voy. Coquille, 226, t. A9, f. A. A. cuxeirormis F. Muell., ex H. Bn, o. cit., 455. LepromeriA xyPHOcLADUs Sieb., Herb. N.-Holl. Exs. Labillurdière, Nan Diemen (herb. Webbl, Mus., Deless.!). — Baudin, lle King; Port du Roi Georges ; détroit d'Entrecasteaux (herb. Mus.!).— D'Urville, n. 12, 239, Port Jackson (herb. Ad. Zr. !, Mus. !): — Gaudichaud, n. 176, Port Jackson. —Sieber, herb, N.-Holl., n. 135; (4) La publication des Euphorbiacées du Prodromus répondant à ce point de l'impression de notre manuscrit, nous modifierons désormais ce dernier, de ma- nière à établir une synonymie exacte entre les deux ouvrages, EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 819 Fl. mixt., n. 524, Port Jackson (herb. Mus, Deless,, F. Muell.). — Gunn, Tasmanie (herb. Lindl., Mus.). — Verreaux (1844), n. 369, 613, Australie; n. 854, Tasmanie. — F. Mueller (1852), Melbourne ; (1848), « near Rivoli Bay » (herb.!). — JV? Gipps Land; Kings Land; Port Phillip (herb. F. Muell. 1). — Mersey, n. 359. — Stuart, n. 360, 1701, Tasmanie, — Miss Atkinson, n. 13, Blue Mountains, N.S. W. (herb. F. Muell.!). — « Cunningham, N. S. Wales. — Latrobe, in Aus- tralia felice. » — W. Archer, Tasmanie (herb. Kew !). — Woolls, Para- matta (ramis fasciatis).— Wilhelmi, Corner Inlet (herb. F. Muell. !). — Milligan, n. 592, 130, Tasmanie, Bass' Straits Island (herb. Mus. !). 2. AMPEREA ERICOIDES 4. Juss., Tent. Euphorbiac. , 35, 119, t. 10, n. 32. À. ROSMARINIFOLIA Kl., ap. Lehm. Pl. Preiss., 1, 176. Exs. Baudin, « N.-Hollande, Port du Roi Georges» (herb. Mus., Juss, !), — Preiss, n. 1225, « in Nova-Hollandia, Swan River Colonia, prope oppidulum Albany, Plantagenet (herb. F. Muell. !). — « Drummond, Swan River, ser. 2, n. 233; ser. 3, n. 205, 206. » — Oldfield, n. 182, « sands by the sea, Princess R. H., King Georges S. » (herb. F. Muell. !). 3. AMPEREA PROTENSA Wees ab Es., ap. Lehm. PI. Preiss., II, 299, Exs. Preiss, n. 1214, «in Nova-Hollandia occidentali, ad Swan River, solo humoso inter frutices ad lacum Kaiermulu v. Mongerslake » (herb. Mus. 1). — Drummond, n. 85, Swan River (herb. Deless.). XCI. CALYCOPEPLUS Pr. 1. CALYCOPEPLUS PAUCIFOLIUM. C. epnepromes Pl, in Bull. Soc. bot. Fr., VIII, 31. EuPHonBi paucroua Kl., ap. Lehm. Pl. Preiss., 1, 175. — H. Bn, in Adansonia; I, 291. — Boiss., in D. C. Prodr., 475, n. 693. Exs. « Drummond, Swan River (herb. Hook.)» — Preiss, n. 1208, «in dépressis umbrosisque ad flum. Canning, prope prædium rusticum Maddington, Perth (1839). » — Oldfield, n. 853, Murchison River (herb. F. Muell. 1). 320 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. Oss. J'ai indiqué ailleurs que je croyais devoir conserver le genre Ca- lycopeplus et que son organisation le rapprochait beaucoup, à mon sens, des Amperea. M. Boissier, au contraire, l'a fait rentrer dans le genre Euphorbia et a tiré de sa structure des raisonnements pour admettre la monandrie des Euphorbes. Dans le Prodromus, ainsi que dans sa dernière publication, intitulée Zcones Euphorbiarum, le. savant genévois combat surtout l'hermaphroditisme des Euphorbes ; et son principal argument est celui-ci, que nous reproduisons textuellement, afin de ne le point dénaturer : CZ. Baillon (Rec. obs. bot., 1, 291) huic sententia non as- sentit et ob evolutionem organogeticam . in. Calycopeplo centrifugam, in Euphorbiis autem ab eo centripetam dictam nostram sectionem ab Eu phorbia structura diversissimam esse autumat. Sed si primo vite stadio flos fæ- mineus Euphorbiarum plurium tantum post flores masculos, auctore claro Baillon, apparere videtur, serius sub anthesi [loratio a flore fæmineo ad flores masculos semper procedit et ut in Calycopeplo omnino centrifuga est. Evo- lutio igitur in primo vitæ stadio si centripeta, non essentialiter sed simu- latim centripeta ob quamdam in incremento floris feminei cunctationem esse videtur, » Il n'y a qu'un mot à répondre à un semblable argument : dans les Malvacées, et en particulier dans les Mauves, l'évolution de l'androcée est la méme; le gynécée apparait après les premières étamines; mais le développement du reste de l'androcée, qui se fait dans l'ordre centrifuge, est le méme que dans les Euphorbia. Pour être logique, il faut admettre que l'organisation des Euphorbes et celle des Mauves est la méme, ct que les fleurs des Malvacées sont des inflorescences, mais que le pistil n'y parait aprés l'androcée que «ob quamdam in incremento floris fæmi- nei cunctationem, » XCI. TRAGIA Puun. 1. TRAGIA NOVÆ-HOLLANDIÆ M. arg., in Linnæa (1865), 180; Prodr., 929, n. 6. T. ausrraziaNa F, Muell., herb. (4856). Exs. F. Mueller (1855, 56), Brisbane River (herb, !). — Dallachy, n. 268, Fitzroy River; Clarence River ; Keppel Bay ; Queensland. — JV? n. 129, Amity Creek, Broadsound (herb. F. Muell. !). Oss. Variat foliis hine triangulari-ovatis, inde sagittato-cordatis, apice longe acutis; indumento ditiori; petiolis subadpresso-hirsutis brevio- ribus. Unde adspectu nonnunquam 7. hirsutæ BL. valde affinis. EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 391 XCVII. CLADODES Lour. (Aparisthmium Expi.). 1. CLADODES ILICIFOLIA. COELEBOGYNE ILICIFOLIA J. Smith, in Trans. Linn. Soc., XVIII, 912, t. 36. SAPIUM AQUIFOLIUM J. Smith, l. cit. S. BERBERIFOLIUM Regl, Parthenog., 15. APARISTHMIUM iLiCIFOLIUM H. Bn, in herb. Mus. (1860). ALCHORNEA ILICIFOLIA M. arg., in Linnæa (1865), 170; Prodr., 906. | Exs. « R. Brown, Keppel Bay. » — King, Australia (herb. Zamb.). — Cunningham, «in Nova-Hollandia australi prope Moreton Bay» (herb. !). — Verreaux (1855), n 665, 853, Moreton Bay (herb. Mus.!). — F. Mueller (1855), Moreton Bay, Brisbane River; near Keppel Bay (herb. !).— Mac Arthur (1854), New South Wales. — Harvey (1856), Kiama (herb. Kew !). — Ralston, Illawara. — Woolls, Cabramatta. — Beckler, Has- tings River; Clarence River; M'Lean River. — 7/ozet, n. 19, Rock- hampton. — Dallachy (1863), n. 108, Queensland (herb. F. Muell. !). 2, CLADODES THOZETIANA. ArcuonNEA Tnozeriana H. Bn, in herb. F. Muell. (1865). Frutex, ramis glabris v. lenticellis oblongis prominulis notatis. Folia obovato-rhomboidea inæquali-grosse dentata; dentibus utroque latere ad 6 inæquali-remotis acutissimis; basi cuneato-angustata, ad apicem breviter acuminata; membranacea penninervia venosa reticulata utrin- que glabra, basi eglandulosa, subtus nonnunquam maculis glandulosis (in sicco fuscatis) sparse notata (ad 8 cent. longa, ^ cent. lata). Petioli glabri (ad 1 cent. longi) Stipule breves (1, 2 mill.) subulatæ. Flores dicci; masculi racemosi breviter pedicellati; racemis terminalibus sim- plicibus (4-6 cent. longis) erectis. Bracteæ alternæ pedicello breviores unifloræ. Pedicelli carnosuli brevissimi (1, 2 mill.) glaberrimi, basi arti- culati, apice bracteolas 1-4 minutas basi incrassata glandulosas sepalis conformes gerentes. Calyx 5-merus; sepalis brevibus basi connatis, exte- rioribus 1, 2-glandulosis ; apice erecto acuto. Ovarium parce puberulum v1. (Septembre 1866.) ; 21 399 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, calyce 2, 3-plo longius 3-loculare ; ovulo solitario infra angustato obtu- rato. Stylus basi integer cbconico-infundibuliformis, mox in lobos erectos 3 complanatos divisus; apice inæquali-crenato emaginatove rarius integro reflexo; lamina interna marginibusque tenuiter papillosis. Cap- sula calyce necnon stylo persistentibus munita depresso-globosa 3-sulca (+ cent. longa) glabra; loculis ellipsoideis. Semen globosum (magnit. grani piperis) rugosum; umbilico cordiformi; apice depresse conico parce carunculato. Oss. Species inter C. glandulosam ( Aparisthmium javense) et Cole- bogynem ilicifoliam quoad foliorum formam et dentes quasi media; ab utraque planta imprimis differt stylorum forma, in Celebogyne peta- loideo-dilatatorum, in A. 7avens? a basi liberorum patulorum acutorum summo ovario reflexorum ; in nostra specie basi in conum unicum erectum coalitorum ; lobis erecto-compressiusculis; apice inæquali-lacero truncatove vix reflexo. Exs. Zhozet, « near Rockhampton » (herb. F. Muell. !). CX. MERCURIALIS T. (Gen. limit. in Adansonia, II, 167). § CLaAoxyLoN. 1. MERCURIALIS AUSTRALIS. CLAOXYLON AUSTRALE H. Bn, Et. gen. Euphorbiac., 493. — F. Muell., Fragm., IV, 142, — M. arg., Prodr., 788, n. 36. Exs. Leichhardt (1843) Brisbane River (herb. Mus.!); Wide Bay, Maconnel's Brush, east. subtrop. Austral. (herb. Mus. !, F. Muell.!). — F. Mueller, Moreton Bay; Twofold Bay; « Mount Imlay, near the Yowaka River » (herb. !). — Stuart, n. 299, New England. — Zeckler, Hastings River; Clarence River; M. Leay River. — Wilcox, Clarence , River. — Woolls, Cabramatta, Wollongong. — Ralston, lllawara. — Miss Atkinson, n. 54, Blue Mountains. — Thozet, Rockhampton. — Moore, Clarence River. — Dallachy (1863), n. 289, Rockhampton (herb. F. Muell.1). 2. MERCURIALIS ANGUSTIFOLIA. CLAoxvLoN aNGUsTIFOLICM M. arg., in Linnæa (1865), 165; Prodr., n. 91. ; EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 323 Oss. De planta cl. F, Mueller pauca verba fecit (Fragm., I, 143). Exs. Fitzalan, Port Denison (herb. F. Muell. !). 3. MERCURIALIS TENERIFOLIA. CLAOXYLON TENERIFOLIUM F. Muell., herb. MarLorus rENERniFOLIUS F. Muell., herb. Arbor parva pulcherrima (fid. Dallachy), ramis lignosis anni preteriti teretibus; cortice griseo valde rugoso cicatricibus inæqualibus valde pro- minulis folión occasorum notato; apice annotino herbaceo parce puberulo. Folia (juniora) alterne congesta breviter lanceolata ; apice acu- tiusculo obtusiusculove; minute æquali v. inæquali-serrata crenatave membranacea tenera pallide viridia purpurascentiave; costa nervisque reticulatis dense purpureis (6-8 cent. longa, 3 cent. lata). Petioli gra- ciles parce puberuli (3 cent. longi) basi stipulis 2 (albidis) punctifor- mibus muniti. Flores diœci racemosi; racemis gracilibus (ad 6 cent. longis) in axilla foliorum juniorum solitariis geminatisve; bracteis al- ternis brevibus uni v. 3-floris; floribus lateralibus minimis (an abor- tivis ?). Pedicelli masculorum gracillimi (2, 3 mill. longi). Calyx 3-merus; foliolis ovatis membranaceis basi connatis demum reflexis. Stamina nu- mero indefinita; filamentis brevibus erectis; antheris et in alabastro erectis fornicatis longitudine dehiscentibus. Glandulæ carnosæ globu- lose staminibus intermixtæ. Floris fœminei pedicellus crassior. Calyx 3-merus. Glandule hypogynæ breves, apice obtusæ complanatæ, basi connata. Germen glabrum (purpurascens) 3-merum ; stylo basi incras- sato articulato puberulo; lobis 3 linearibus mox revolutis. Flores (fid. Dallachy) coerulescentes. Planta tota sicca colore puniceo imbuta. Exs. Dallachy, n. 137 (janv. 1863), Rockhampton, Thozet Creek. — Bowman, n. 151, Broad-Sound ; Queensland (herb. F. Muell. /). CXXVI. EXCÆCARIA L. (4). (Stillingia H. Bx, Et gen. Euphorbiac., 509). $ Cnemmosracuys Mart. (Micnosracuys À. Juss.). 1. EXCÆCARIA CHAMJELEA. (4) Toutes les espèces de Stillingia que j'ai décrites jusqu'ici doivent prendre le nom d' Excecaria, qui est le plus ancien. J'y reviens, quoique à regret, pour satis- ^ faire les botanistes historiens; peut-être eüt-il mieux valu, pour éviter toute con- fusion, s'en tenir, à l'exemple de Klotzsch, au nom générique de Stillingia, 32/ EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. Tracia Cua LEA. L., Spec., 1391. CxEMIDOSTACHYS CuawELEA. Spreng., Syst., III, 835. C. LINEARIFOLIA Mig., Fl. ind. bat., Sumatr., 460. MicnosrAcuys CnamæLea A. Juss., Tent. Euphorbiac. , h9. STILLINGIA CHAMÆLEA H. Bn, Et. gen. Euphorbiac., 516. S. asPEROCOCCA M. arg., Prodr., 1175 (nec H. Bn). EracHocnoroN asPEnococcus F, Muell., in Hook. Journ. (1857), 17. SEBASTIANIA CHAMÆLEA M. arg., Prodr., l. cit. Exs. Leichhardt, « Datura Camp; from the Suttor East-coast to Port Essington » (herb. Mus. !). — £. Mueller, Arnhemsland (herb. Kew); Victoria River; (1856) Bainco Creek (herb. !). — Henne, Sweers Island. — Bowman, n. 188, Queensland, « Connor's River and Bowen » (herb. F. Muell.). S Commia Lour. (Vid. Seemann, Journ. of Bot. (1863), 281). 2. EXCÆCARIA AGALLOCHA L., Spec., 1451. E. Camerria I., Spec., IV, 863. E. arrinis Endl. , Prodr. fl. norfolk., 83. STILLINGIA AGALLOCHA H. Bn, Et. gen, Euphorbiac., 517, t. VII, fig. 34-31. Commia cocmincminensis Lour. , Fl. cochinch. ( 1790), 605. Exs. Leichhardt « Entrance Island, Endeavour Creek » (herb. Mus. !). — Verreaux (1845), n. 644, Moreton Bay (herb. Mus. 1. — F. Mueller (1855), Moreton Bay; « salts banks of the Victoria River » (herb. !). — — Hill, Burnet River. — Henne, Sweers Island, Gulf of Carpentaria. — Bowman, n. 135, Saint-Lawrence Creek, Broad Sound ; n. 161, Mogill Creek. — Thozet, n. 212, 220, Rockhampton ; n. 3617, l'itzroy River. — Dallachy (1863), Queensland, Port Denison, Edgecombe Bay (herb. F. Muell.) Var. Dallachyana , ramis multo quam in typo gracilioribus ; foliis EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 325 remotis minoribus (4 cent. long., 2 cent. lat.) ovato-lanceolatis sæpe acuminatis inæquali-crenulatis membranaceis; floribus ignotis ; capsulis ut in typo (an spec. dist?) Exs. Dallachy, n. 258 (1863) Rockingham Bay ? — Bowman, n. 162, Queensland (herb. F. Muell.!) Var. Muelleriana, ramis crassis robustis; ramulis valde abbreviatis foliiferis floriferisque (1-5 mill. longis); foliis parvis (4-1 cent. longis, z Cent. latis) subsessilibus oblongis, basi attenuatis, apice obtusis glaber- rimis ; spicis masculis abbreviatis (2-2 cent longis); floribus ut in typo (an spec. dist. ?). Exs. F. Mueller (1855, 56), « common on many places round the Gulf of Carpentaria and in Arnhemsland » (herb. !) CXXXIV. CARUMBIUM Reinw. (Omalanthus A. Juss. — Dibrachion Rect. — W'artmannia M. anc., in Linnæa (1865), 219. 1. CARUMBIUM STILLINGLEFOLIUM. OMALANTHUS STILLINGIFOLIUS F. Muell., Fragm., I, 32. WARTMANNIA STILLINGIÆFOLIA M. arg., in Linnæa, loc. cit. Prodr., 1147. Exs. F. Mueller (1855), Brisbane River, Moreton Bay (herb. !). — Stuart, n. 107, 319, N. England (herb. F. Muell. !). Oss. Le genre Wartmannia, proposé pour cette plante par M. Müller d'Argovie, ne saurait être conservé. 11 est fondé, en effet, sur les deux caractères suivants : 4° la déhiscence du fruit capsulaire; 2° la présence d'une caroncule au sommet des graines. Quant au premier caractère, il wa pas ici de valeur, attendu que le fruit est plus ou moins charnu dans les Carumbium et qu'il peut s'y ouvrir plus ou moins tard, suivant la ligne dorsale des loges. C'est ainsi que la plupart des fruits du C. Sieberi, dont le mésocarpe a peu d'épaisseur, deviennent totalement secs et s'ou- vrent par des fentes verticales dans toute leur longueur. Le second carac- tère ne repose pas sur l'observation exacte des faits; car il donnerait à entendre que les Wartmannia présentent au sommet de la graine une formation charnue d'origine micropylaire, tandis que la production membraneuse qui ceint la graine des Carumbium, serait d'une prove- 826 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. nance différente. Or nous établirons prochainement que l'arille de tous les Carumbuim (y compris les Wartmannia), est identiquement de la méme nature. 2, CARUMBIUM SIEBERI M. arg., in Linnæa (1863), 85; Prodr., 1145, n. 5. C. rALupUM M. arg., l. cit. OwarawrHUS POPULIFOLIUS F. Muell, Fragm., I, 32 (nee Grah.). Exs. Baudin, Port Jackson; Détroit d'Entrecasteaux (herb. Mus., Juss, 1). — Sieber, Vl. Nov.-Holland.,'n. 670 (herb. Mus., Deless. !). — Raoul (1840), N.-Hollande. — Verreaux (1845), n. 567, 865, Camp in Heaven (herb. Mus, !). — Hill et F. Mueller, «Brisbane River, » Moreton Bay ; (1860), Twofold Bay ; Yowake River » (herb. !). — Beckler, Cla- rence River; Hastings River. — Miss Atkinson, n. 38, « Kurrajong, adjacent to the River Grose, N. S. W. » Dallachy (1862), n. 56, Queens- land ; Bent's Basin ; Rockhampton, «beds of creek » (herb. F. Muell. !) B. EUPHORBIACÉES BIOVULÉES, CXLV. CALETIA H. Bs. (Vid. ad char. gen. Et. gen. Euphorbiac., 533, t. XXVI, fig. 1-18). 1. CALETIA MICRANTHEOIDES HA. Bn, 1. cit., 555, t. XXVI, fig. 1-18. C. nexanpra M. arg., Prodr., 19/4. MicraNTHEUM uexaNpRUM Hook. f., in Hook. Journ., VI, 983. Oss. Nomen specificum hookerianum haud servari potuit; sunt enim generis species omnes hucusque notæ Aezandre. Exs. Steetz, Australia, n. 72 (herb. F. Muell. Y). — Cunningham, Voy. : Venus, n. 76, 148, New South Wales (herb. Kew, Mus.!). — Verreaux (1843), n. 868, Sydney (herb. Mus. !, Deless. !). — Hooker f., Tasmanie. — Gunn, Archer, Tasmanie (herb. Lind, l, Kew D.— F. Mueller (1853), Buflalo Range ; (1860) « Gavilly banks on the Genoa River » (herb. !). EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 327 — Woolis, N. S. Wales. — N? « Nile Rivulet» — Mitchell, n. 12, « Cataracts on the South Esk, Launceston. » — Shepherd, Illawara (herb. F. Muell. !). — Planta olim et in horto parisiensi colebatur. 9. CALETIA ORIENTALIS. C. pivARnICATISSIMA M. arg. , in Linnæa (1863), 79 ; Flora (1864), A86. PSEUDANTHUS ORIENTALIS F^. Muell., Fragm., II, 44. — M. arg., Prodr., 197, n. 5. i Oss. Plantam non fauste cl. Mueller argoviensis in genere Pseudantho (l. eit.) servavit ; sunt enim flores omnino Caletiæ. Exs. Cunningham, New South Wales (herb. Kew!); «in montibus cœruleis Nov.-Holl. orient. ; Kings Table Land; Port Jackson. » — F. Mueller (1855, 1857), Botany Bay ; « in ericetis littoralibus Australiæ orientalis extratropicæ» (herb. !). 6, orbicularis (C. divaricatissima, B, orbicularis M. ARG., l. cit., 195. — Pseudanthus ovalifolia, var. brachyandra F. MuELL. , herb. !). Exs. F. Mueller, « summit of rocky mountains on the Mount Allister River » (1860) ; «granit rocks on the Wombaya » (herb. !).— Dallachy, « stony ridges of Mount Maredon » (herb. F. Muell. !). 3. CALETIA OVALIFOLIA M. arg., in Linnæa (1865), 55. Pseunanraus ovauirouius F. Muell., in Trans. Phil. Inst. Vict., II, 66. Oss. Species precedenti valde affinis, an sat distincta? Differt tantum ob perianthium magis elongatum petaloideumque albidum et stamina longiora. Exs. Vilhelmi, F. Mueller (1857), Grampians, « Serra et Victoria » (herb. !). h. CALETIA LINEARIS M. arg., in Linnæa (1863), 79. Exs. D'Urville, Port Jackson, n. 325 (herb. Ad. Brongniart Y. — Leichhardt, Australia (herb. F. Muell, !).— «Cunningham, Port Jackson (herb. D. C.). » 328 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, CXLVI. MICRANTHEUM Dzsr. (Char. gen. in Et. gen. Euphorbiac., 555, t. XXVI, fig. 19). 1. MICRANTHEUM ERICOIDES Desf., in Mem. Mus., IV, 953, t. XIV. M. soroniaceun F. Muell., Fragm., I, 32. Oss. Flores in genere Micrantheo sæpe monœci occurrunt, nec semper sunt, uti censet cl. Müller argoviensis (Prodr. , 495), lapsu sane, diceci. Exs. Baudin, n. 415, Port Jackson; Port du Roi Georges (herb. Mus. ! Juss. !, Deless, !,). — « Lhotsky, Nov.-Holland. » — Leichhardt, Moreton Bay (herb. Mus. !); Dogwood Creek (herb. F. Mueil.!) — Gaudichaud, Port Jackson (herb. Mus. !, Deless. 1). — F. Mueller (1856), Burnett River; (1857), Botany Bay (herb. 1). CXLVII. PSEUDANTHUS Sieger. (Char. gen. (incompl.) in Et. gen. Euphorbiac., 556, t. XXV, fig. 16-21). 1. PSEUDANTHUS PIMEL/EOIDES Spreng., Cur. post., 22, 25. Exs. Sieber, Fl. Nov.-Holl., n. 292; Flor. mixt., n. 528, Austral. orient. (herb. Deless. !, F. Muell. Y). — Siemssen (1838), n. 133, Port Jackson (herb. F. Muell. !).— Cunningham, Voy. Venus, n. 17, 92 (herb. Mus, !).— Gaudichaud, N.-Holl. (herb. Deless., Mus.). — Fitzalan, n. M, Burdekin River. — Miss Atkinson, Blue Mountains. — Woolls, Victoria. — Henne, Whitsunday Feld. — Shepherd, Mlawara (herb. F. Muell. !). 2. PSEUDANTHUS CHRYSEUS M. arg., in Flora (1864), h86. Exs. « Drummond, n. 221, Swan River (herb. Hook., Boiss.). » 3. PSEUDANTHUS NEMATOPHORUS F. Muell., Fragm., II, 44. EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 329 Exs. Old field, « in locis arenosis et rupestribus ad Flumen Murchison » (herb. F. Muell. !). h. PSEUDANTHUS VIRGATUS M. arg., in Linnæa (1865), 56. P. occipeNTALIS F. Muell., Fragm., I, 107; Il, 44; IV, 35. CHRYSOSTEMON vincaTUs KI., ap. Lehm. PI. Preiss., IT, 232. CHORIZOTHECA wicRANTHEOIDES M, arg., in Linnæa (1863), 76. Exs. Preiss, n. 1230, Nov.-Holl. occid. (herb. Deless. !, F. Muell. !).— « Drummond, n. 222, Swan River. » — F. Mueller, « prope fluvia Fitz, gerald et Gardiner River » (herb. D..— Oldfield, n. 4, Kalgan River ; Nurabup, « sandy soil» (herb. F. Muell.!). 5. PSEUDANTHUS POLYANDRUS F. Muell., Fragm., II, 153; IV, 35. Exs. Maxwell, « in Nova-Hollandia austro-occidentali promontorium Cape le Grand versus »; Oldfield River (herb. F. Muell. !). 6? PSEUDANTHUS NITIDUS M. arg., Prodr., 197, n. 7. Exs. « Cuming (1860), in Nova-Hollandia ad King George's Sound (herb. D. C.) » CL. STACHYSTEMON Pr. (Char. gen. in Et. gen. Evphorbiac., 560). 1. STACHYSTEMON VERMICULARE P1., in Hook. Journ. (1845), 472, t. 15. ; Exs. Drummond, n. 235, Swan River (herb. Mus. !). — Clarke, S. W. Australia (herb. F. Muell. !). 9? STACHYSTEMON BRACHYPHYLLUS M. arg., in Lin- næa (1863), 76. Exs. Drummond (1848), n. 95 (herb. Mus. !, « Hook.»). -880 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. CLII. HEMICYCLIA Wicur et AR. (Char. gen. in Et. gen. Euphorbiac., 962, t. XXVII, fig. 7, 8). 1. HEMICYCLIA SEPIARIA Wight et Arn., in Edinb. New Phil. Journ., XIV, 297. — F. Muell., Fragm., IV, 119. H. AusrRALASICA M. arg., Prodr., 4187, n. 4. Oss. « Stirps australiana optime congruit speciminibus ceylonicis preclaro Thwaites mecum communicatis » (F, Muell., 1, cit.). Var. aus- tralasicam admiltere possumus, disco in floribus sexus utriusque parum diverso; staminibus nonnunquam minus numerosis; fructu (rubro) ovato-globoso. Exs. Leichhardt (herb. F. Muell.!). — F. Mueller (1856) « in insulis freti Torrensii et ad originem fluviorum Burdekin et Gilbert River, in ru- pidus graniticis » (herb. !). — Bowman, Queensland, n. 120.— Fitzalan, « ad æstuarium fluvii Burdekin. » — Henne, Sweers Island. — Beckler, Clarence River. — Thozet, Rockhampton. — Moore, Wide Bay. — Dal- lachy (1862), Queensland ; (1863), n. 8, Port Denison; (1864), n. 59, 75, 71, Rockingham Bay (herb. F. Muell. !) 2. HEMICYCLIA LASIOGYNA F. Muell., Frazm., IV, 119. Flores 4-5-meri ; calyce imbricato. Ovula collateraliter pendula obtu- ratore crasso coronata. Discus inæquali-crenatus (Adspectus PAyllan- thorum grandifoliorum. Flos foemineus Hemicycliæ |). Exs. Leichhardt, «in locis fontanis ad Portum Essington (herb. Mus. !, F. Muell. !). CLVI. ACTEPHILA Br. 1. ACTEPHILA GRANDIFOLIA. LirHOxYLON Granniroziun M. arg., in Linnæa (1865) 65 ; Prodr., 232, Exs. C. Moore (1861), n. 114, 145, 222, Clarence River; Richmond River, Duck Creek (herb. F, Muzil. D), 2. ACTEPHILA MOORIANA. EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 334 LiroxyLon Moorianum H. Bn, in herb. F. Muell. (1865). Exs. C. Moore (1861), n. 211, Mount Lindsay, Richmond River (herb. F. Mudll.!). Oss. De planta utraque præstantissima mox verba nonnulla faciam. CLVII. PORANTHERA Runce. (Char. gen. in Et. gen. Euphorbiac., 573, t. XV, fig. 1-9). 1. PORANTHERA MICROPHYLLA Ad. Br., Voy. Coq., 218, t. 50, B; Ann. Sc. nat., ser. 1, XXIX, 385. P. prummonnii KI., ap. Lehm. PI. Preiss., II, 251. Exs. Lesson (1825), Port Jackson; Montagnes bleues ; Détroit d'En- ` trecasteaux (herb. Mus., Ad. Br. !). — Preiss, n. 2055, 2048, Swan River (herb. Mus.!, Deless. !). — Sieber, Fl. Nov.-Holland., n. 487, — Verreaux, n. 851, Tasmanie (herb. Mus., Zeless!. — Drummond, n. 674, 675. — Gunn, n. 72, Tasmanie (herb. Lindl. !, Hook. !). — F. Mueller (4847), Torrents River, S. Austr.; (1848) Rivoli Bay, Mount Gambier ; Spencers Gulf. ; Cape Arid; Seymoor; (1853) Buffalo Range (herb. !). — Beckler, Clarence River; Hastings River. — Stuart, n. 58, 105, 164, Moreton Bay. — W. Allit, n. 25, 219, Portland. — Miss At- kinson, n. 23, Blue Mountains. — Morton, « between the upper Bogan and Lachlan. » — Woolls, Paramatta. — Whan (?), Creswick Range. — Bowman, Queensland. — Dallachy, Wimmera (herb. F. Muell. *). 9. PORANTHERA ERICIFOLIA Rudge, in Trans. Linn, Soc., X, 302, t. 22, f. 2. Oss. Species ob stipulas laciniatas fere semper facile dignoscenda. Exs, Rudge, Port Jackson (herb. Lamb. !). — Baudin, Port Jackson ; Montagnes bleues ; Détroit d'Entrecasteaux (herb. Mus. !). — D’ Urville, Port Jackson (herb. Mus., Ad. Br. !).— Sieber, Fl. Nov-Holland., n. 118 (herb. Mus. !, Deless. 1).— Gaudichaud, n. 189, Port Jackson (herb. Mus. !). — Siemssen, n. 291, Port Jackson (herb. F. Muell.!) — F. Mueller (1857), Botany Bay (herb. !). — Wilhelmi (1863), Blue Mountains. — Miss At- kinson, n. 63, Blue Mountains. — Woolis, Paramatta (herb. F. Muell. !). LA 392 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, Stipulæ integræ v. subintegræ. 3. PORANTHERA CORYMBOSA Ad. Br., Voy. Coq., 218, 50, A; Ann. Sc. hat., ser. 1, XXIX, 385. P. rixanoinzs Sieber, ex H, Bn, Et, gen. Euphorbiac, , 574. Oss. Species ob stipulas integras coloratas sat distincta. Exs. D'Urville, Port Jackson, n. 53 (herb. Mus. !). —- Zusseuil, Voy. Thétis (herb. Mus. !, Ad. Br. !). — Sieber, Fl. Nov.-Holland., n. 116, 117, 550 (herb. Mus. !, Deless. !, F. Muell. !).— Gaudichaud, n. 112, Port Jackson (herb. Mus. !, Deless, !). — Verreaux (1844), n. 42 (ex part.), Botany Bay (herb. Mus. !, Deless. !).— F. Mueller, Mount Imlay (herb. !). — Stuart, N. S. W. — Miss Atkinson, Blue Mountains. — Shepherd, Illawara (herb. F. Muell. !). h. PORANTHERA HÜGELII Kl., ap. Lehm. Pl. Preiss., II, 251. P. ericiroria Hüg., Bot. Arch., Il, t. 8 (nec Rudge). Ons. Species vix sat a precedente diversa. An mera forma, stipulis pallidioribus ; inflorescentiis sepe fusco-rubellis ; foliis (non semper) bre- vioribus; petalis subspathulatis? Exs. Preiss, n. 2047, « in Novæ-Hollandiæ solo subturfaceo-arenoso prope Albany » (herb. Mus.!, Deless.!, F. Muell.!). -— F. Mueller, W. Austr. (herb. !). — Oldfield, Clarke, Hampden, S. W. Austral. (herb. F. Muell. !). 5. PORANTHERA ERICOIDES KI., ap. Lehm. PI. Preiss., IT, 232. P. miceoines KI., l. cit. Oss. Species foliis arcte usque ad costam revolutis recognoscenda. Exs. Preiss, n. 1227, 2044, « ad Swan River Novæ-Hollandiæ occi- dentalis in glareosis sterilibus » (herb. Mus ! Deless. !, Muell. !).— Drum- mond (1853), n. 67^ (herb. Mus. !). — F. Mueller, n. 350, Philipps Ranges; n 17, Mount Barren (herb. !). — Maxwell, West, Austral. — Oldfield, n. 144 (ex part.) King River; Kalgan, W. Austral. (herb. F. Muell.!). EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 0323 6? PORANTHERA GLAUCA XKJ., ap. Lehm. Pl. Preiss., ll, 231. Exs. « Drummond, (1839), in arenosis ad flumen Cygnorum Novæ- Hollandiæ occid. » — Maxwell, West. Austral., Cape Acrid (herb. F. Muell. !,. CLXVII. SECURINEGA Juss. & NronoEPEna (M. arg. et F. Muell.). Rudimentum ovarii (?) centrale extus inter staminum bases ra- diatim productum. Glandulæ hypogynæ plerumque 3; styli apice incrassato integri emarginative. 1. SECURINEGA MUELLERIANA. NEonoEPERA BUXIFOLIA M. arg. et F. Muell., Prodr., 489. Oss. Je n'ai pu conserver le nom spécifique donné à cette plante, à cause du Colmeiroa buxifolia qui a été rapporté au méme genre. Je me range parfaitement à l'opinion de M. Müller d'Argovie, qui réunit les deux genres Fliiggea et Securinega en un seul, vu qu'ils ne diffèrent l'un de l'autre que par la direction des fentes de leurs anthéres; il y a tout avantage à introduire dans la science de pareilles simplifications. Mais on verra plus tard pour quels motifs j'ai dù hésiter autrefois à prendre l'initiative de ces suppressions d'un certain nombre d'anciens genres de la famille des Euphorbiacées. Exs. Bowman, n. 55, « Princhester Creek, trop. east. Austral.» (herb. F. Muell. !) $ Fiüccea (W.). 2. SECURINEGA OBOVATA M. arg., Prodr., A49, n. 6. S. ABvssiNICA À. Rich. ,Fl. abyss., II, 256. FLüccEA MicnocanpA BI., Bijdr., 580. F. MELANTRENOIDES F. Muell., in Hook. Journ. (1857), 17. F. asyssinica H. Bn, Et. gen. Euphorbiac., 593. F. payLLANTHOWWES H. Bn, 0. cit. 331 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. | F. opovarA Wall., Cat., n. 7928. F. vinosa Wall., l. cit. - XxLopnyLLA OBOVATA IY., En. pl. berol. (1809), 329. PHYLLANTUS ANGULATUS Schum. et T'hónn., Beskr., 415. P. ogrusus Schrank, in Flora, II, 65. Cicca pENTANDRA Blanc., F1. filipin., 486. BesserA INERMIS Spreng., Pugill., II, 90. DRYPETES BENGHALENSIS Spreng., Syst., III, 902. Exs. Leichhardt, Port Essington, Flum. Burdekin; « the upper parts of the Isaaks » (herb. Mus. !). — Hombron, Raffles Bay (herb. Mus.). — F. Mueller (1856), Gulf of Carpentaria, Landsborough ; Victoria River, Arnhemsland ; Fitzmaurice River ; Gilbert River; Isles of Cape Flattery ; Nickol Bay (herb. !).— Henne, Sweers Islands.— Fitzalan, Port Denison. — Bowman, n. 93, Queensland, Broad Sound. — Dallachy (1863), Edge- combe Bay (herb. F. Muell. !). 9. SECURINEGA VIROSA. S. Leucoryrus M. arg., Prodr., 454. Früecea Leucoryrus I., Spec., IV, 757. PayLLantaus vinosus W., Spec., III, 578. P. Leucoryrus all., Cat., n. 7938. XxLoPuyLLA Lucena Roth, Nov. pl. spec., 185. Var. australiana , folis obovatis rotundatis emarginatisve ; ramulis apice non spinescentibus; floribus fæmineis crebris; ovario 3-loculari. Exs. F. Mueller, Gilbert River (herb. !).— Bowman, n.256, Queensland, Bowen River. — Dallachy (1863), n. 117, Queensland. — Thozet, n. 29, Rockhampton (herb. F. Muell. !). CLVII. ANDRACHNE L. 4. ANDRACHNE FRUTICOSA Decne, in Nouv. Ann. Mus., Il, 384 (nec L.). — M. arg., Prodr., 235, n. 6. Exs. F. Mueller (1855), Arnhemsland, Victoria River (herb. !). EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 339 CLX. AMANOA Au. (A. Semina albuminosa). $ CrrisrANTRUS (Hook. f.). 1. AMANOA CUNNINGHAMII. Lesmiera Cuxminenamn M. arg., in Linnæa (1863), 80. CrEisrANTBUS CUNNINGHAMN M. arg., Prodr., 506, n. 8. Exs. Leichhardt, M'Connells Brush, Moreton Bay. — « A. Cunning- ham, n. 31, 120, New South Wales. » — F. Mueller (1856), Moreton Bay, Burnett River (herb. !). — Zeckler, Clarence River; Hastings River. — Wilcox, Clarence River; Hastings River. — Moore, Richmond River (herb. F. Muell. !). 2. AMANOA DALLACHYANA. CLeisranraus DazLacayanus HM. Bn, mss., in herb. F. Muell. ! (1865). Arbor elegans parva (fid. Dallachy); ramis ramulisque glabris (griseis) sepe lenticellis parvis orbicularibus fuscatis nonnihil prominulis notatis. Folia in summis ramulis conferta ovato-acuta (6-8 cent. longa, 4 cent. lata), basi rotundata, ad apicem breviter acuminata; summo apice obtu- siusculo; interregima subcoriacea glaberrima, supra lucida levia, subtus paulo pallidiora, sed viridescentia glaberrimaque; penninervia venosaque; nervis venisque utrinque prominulis. .Petioli teretes rugulosi fuscati (4, 2 cent. longi). Flores aut monceci aut spurie diceci, in summis ra- mulis paniculati, aut in axilla foliorum supremorum racemosi; inflo- rescentiæ partibus omnibus dense ferrugineis; bracteis sessilibus ovatis concavis arcte imbricatis in axilla cymigeris; cymis paucifloris, aut uni- sexualibus, aut ramis in centro florem femineum unum paucosve et peri- phæricos masculos 2 pluresve gerentibus. Floris masculi calyx valvatus; laciniis triangularibus glabriusculis. Petala breviora cordata breviter unguiculata, aut subintegra aut inæquali-crenata. Discus periphæricus inæquali-crenatus membranaceus. Stamina breviter stipitata; antheris filamento longioribus oblongo-cordatis, apice obusatis. Germen abor- tivum centrale 3-merum, apice 3-cornutum. Floris foeminei receptaculum concavius ; petalis oblongo-rhomboideis in unguem longiorem attenuatis. 336 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, Discus perigynus margine inæquali-crenatus. Ovarium glabrum 3-locu- lare; stylis 3; apice dilatato complanato inzquali-flabelliformi intus pa- pilligero. Capsula breviter stipitata ; stipite crassiusculo rugoso. Oss. Species precedenti simul et A. stipitatæ affinis. Ab hac florum structura et foliis subtus non glaucentibus inflorescentiæ que modo; ab illa florum partium fere omnium forma, foliis basi rotundatis et inflores- centiis; ab utraque stylorum forma diversa. Stirps pulchra, floribus (fid. Dollachy) luteis ; foliis læte viridibus. Exs. Dallachy (4862), n. 17, Rockhampton (1863); Mount Mueller ; Port Denison. — Thozet, n. 337, Rockhampton (herb. F. Muell. !). $ Brera (W.). 3. AMANOA TOMENTOSA. BRiepELIA TOMENTOSA BL., Bijdr., 597 (1825). B. zanceærouia Roæb., Fl. ind., HI, 737 (1832). B. Louretru Hook, et Arn., ap. Beechey, 211. B. rHamnoïpes Griff., Notul., IV, 480. F. Mueller (1856), Timber Creek; Victoria River, Stokes and Fitzroy Ranges (herb. !). — Thozet, n. 99, Rockhampton (herb. F. Muell.!). h. AMANOA OVATA. BnipgLia. ovara Dene, in Nouv. Ann. Mus., II, 484. B. exaLtata F. Muell., Fragm., II, 32. Exs. Beckler, Wilcox, Clarence River (herb. F. Muell. 1). 5. AMANOA LEICHHARDTI. Briperta Leicamarni 47. Bn, in Ét. gén. Euphorb., 584, n. 5. Exs. Leichhardt, Mount Cameroons, Moreton Bay (herb. Mus. !). 6. AMANOA FAGINEA. BRIDELIA ? FAGINEA F. Muell., herb. ! Frutex pulcher umbrosus (fid. Thozet) ; ramis ramulisque glabris griseo-fuscatis lenticellis pallidioribus prominulis notatis; summis ramu- lis foliisque junioribus puberulis. Folia ovata ellipticave, rarius orbicu- L EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. 387 laria, basi et apice rotundata, rarius ad apicem obtusum breviter acumi- nata (2-6 cent. longa, 2-4 cent. lata) integra v. obsolete crenata membranacea, supra dense viridia, subtus glaucescentia ; costa nervisque peunatis et venis tenuissimis reticulatis, supra subtusque prominulis. Petioli graciles ferrugineo-puberuli (2-4 mill. longi). Stipulæ petiolo dimidio breviores oblongo-subarcuate acute ciliatæ. Flores fœminei (masculi desiderabantur) axillares v. paulo supraaxillares solitarii ses- siles. Calycis 5-meri sepala triangularia demum reflexa. Petala calyce breviora obovata membranacea integerrima glaberrima, Discus perigynus conoideus ovarium arcte cingens ; receptaculo ovarioque arcte adpresso valde viilosis ; stylis 3 2-fidis; lobis apice globoso incrassatis. Fructus (ruber) pisiformis drupaceus, intus 2-3-coccus; coccis lignosis abortu monospermis. | Exs. Dallachy (1863), n. 17, 259, Rockhampton, Frenchmen Creek; Keppel Bay. — Thozet, n. 76,172, Rockhampton (herb. F. Muell. !). CLXXIV. ANTIDESMA L. 1. ANTIDESMA GILESEMBILLA Garin. , Fruct, , I, 189, t. 89. A. rANICULATUM Rowb., Fl. ind., II, 770. A. PuBEsCENs Roæb., Pl. coromandel., IL, 35, t. 167. A. vesrITUM. Presl, Epimel., 232. Exs. Leichhardt, n. 68, Port Essington (herb. Mus. !). — F. Mueller, Arnhemsland, Victoria River, « near the Fitzmaurice River, on shody places along the rivulets » (herb. !). 9. ANTIDESMA DALLACHYANUM. Arbor parva (fide Dallachy), ramis inæquali-angulatis rugosis griseis lenticellis elongatis prominulis notatis. Folia breviter (4 mill.) petiolata elliptico-lanceolata (majora 12 cent. longa, 4 ; cent. lata), basi plus mi- nus attenuata; apice plerumque obtuso, nonnunquam breviter acumi- nato; integra v. obsolete sinuata membranacea glaberrima, subtus palli- diora levia lucida; penninervia; costa venisque reticulatis utrinque prominulis plerumque atro-purpurascentibus. Flores masculi spicati ; spicis simplicibus ramosisve puberulis. Calyx brevis 5 v. sepius li-merus; sepalis brevibus rotundatis puberulis ciliatis, basi coalitis, in alabastró vi. (Septembre 1866.) 22 838 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, subvalvatis. Stamina 3-5, ssepius 4, longe exserta; connectivo depresse conoideo. Glandulæ alternæ 3-5 breves crasse. Germen rudimentarium centrale crassum breve obtusum, uti glandulæ dense tomentosum. Flores fœminei racemosi; pedicellis basi articulatis (ad 2 mill. longis) bractea ovato-acuta concaviuseula 3, 4-plo longioribus; sepalis 4 usque ad basin liberis discoque arcte adpressis, apice rotundatis ciliatis, uti bracteæ, pedicelli germenque fuscato-pubescentibus. Discus cupulæformis integer; margine dense ciliato. Ovarium inæquali-ovatum; loculo excentrico; Stylo basi constrictum, mox dilatatum apiceque in lobos 3 2-fidos, laci- niis acutis recurvis extus glabris, diviso. Oss. Species A. leptoclado et lanceolato quoad formam foliorum haud absimilis; ob florum structuram omnino diversa videtur. Exs. Dallachy (4865), Rockhampton, Dalrymph Cape (herb. F. Muell.!). CLXXXVII. PHYLLANTHUS L. & EuenvuLANTHUS (H. Bn, nec alior.). 1. PHYLLANTHUS CALYCINUS Labill., Nov.-Holl., I1, 75, t. 995. Exs. Labillardière, Nov-Moll. (herb. Webb, Deless. !, Juss.!).— Baudin, Nouv-Holl., côte occid. — Preiss, n. 1214, Swan River, Ins. Carnac (herb. Mus. !, F. Muell.!). — F. Mueller, Mount Callum (herb.). LJ .2. PHYLLANTHUS CYGNORUM Endl., En. pl. Hügel., 19. P. ruLcugLLus Endl., l. cit. P. pmezæoines A4. D.C., Not. 9 pl. rar. jard. Gen., 15. P. Preissianus Kl., ap. Lehm. PI: Preiss., 1, 179. CRYPTOLEPIS RETICULATA Hort., ex. A.D.C., |. cit. Exs. R. Brown, Swan River (herb. Mus, !) — « Zauer, King George's Sound. — Hügel, Swan River (herb. Vindob.) ». — Baudin, Port Jack- son. — Drummond, n. 671, Swan River (herb. Mus.1) — Preiss, n. 1212, Swan River, «in arenosis sylvæ ad fluvium Cygnorum» (herb. Deless., F. Muell.Y. — Oldfield, n. 299, Murchison River. — Maztwell, S. W. À. est F. Muell.!). Å EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 389 8. PHYLLANTHUS AUSTRALIS Hook. f. in Hook: Journ., VI (1847), 284. Exs. Gunn, Hooker f., « in Tasmania ad Hobart Town and Circular Head » (herb. Hook.!).— Mitchell? (1856), n. 1698, South Port, « Stack of Breeks » (herb. F. Muell. !). 4. PHYLLANTHUS SCABER KL, ap. Lehm. PI. Preiss., I, 179 ; Il, 230. Exs. Preiss, n. 1209, «in Swan River colonia, in littore rupestri Pro- montorii Cape Riche (herb. F. Muell. !).— « Drummond, ser. ^, n. 222. — Cuming, King George's Sound (herb. D.C.) ». — Henne, n. 268, 342, Fitzgerald River.— Oldfied, n. 891, 897, Bald Island, W. Austr. (berb F. Muell. !). 9. PHYLLANTHUS THYMOIDES Sieber, herb. — 4. Cunn., herb. — Sonder, in Linnæa (1856), 566. — M. arg., Prodr., n, 269. i P. uimrELLUS M. arg., in Linnæa (1863), 99. MicraNTHEUM TRiANDRUM Hook. f., in Mitch. Journ. trop. Austr. (1848), 349. Exs. Leschenault, n. 25, Nouv.-Holl. — Baudin (1801), n. 20, Haw- kesbury River, n. 29, Port Jackson. — Sieber, Herb. Nov-Holl., n. 264. — Gaudichaud, u. 71, Port Jackson. — A. Cunningham, Voy. Venus, n. 28,115. — Leichhardt, Moreton Bay. — Verreauz, n. 814, Austral., côte orient. (herb. Mus.!). — F. Mueller (1853), Grampians; Port Jack- son; Twofold Bay; Snowy River; Mount M'Allister, « in montis aridiori- bus »; (1860) « granit rocks on the Womboyx »; Mount Hunter, Wilson Promontory; « entrance of the Ginoa River » (herb.!). — Mitchell, Mount William (herb. Lindley). — Stuart, New England, n. 11, 16, 182, — Woods, Fattiara Country, n. 19. — Wool/s, Paramatta. — Miss Atkin- son, Wheemy Creeke, Blue Mountains. — Dallachy, Wimmera (herb. F. Muell. !). — Mossman, n. 25h, east coast Austr, (herb. !). 6. PHYLLANTHUS FURNROHRII F. Muell., in Hook, Journ. (1856), 332. — Sonder, in Linnæa (1856), 566. — M. arg., Prodr., n. 270. 340 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, Exs. F. Mueller (1847), «in glareoso-arenosis declivitatibus rip. fluv. Murray, Nov.-Holl. austr., contra station. Woodii » (herb. D). — « N.?, Baie des Chiens marins (herb. D.C., Mus.) ». 7. PHYLLANTHUS LACUNARIUS F. Muell., in Trans. Phil. Soc. Vict., I, 14. — Sonder, in Linnæa (1856), 566. — M. arg., Prodr., n. 265. | Exs. F. Mueller (1853). « in lacunis exsiccatis ad junctionem flum. Murray et Darling (herb.!). — Goodwin, Dallachy, « Darling River; Murray River » (herb. F. Muell.!). 8. PHYLLANTHUS GRANDISEPALUS M. arg., in Linnæa (1863), 72 ; Prodr. , n. 262. Exs. F. Mueller (1855), « Gullies of Fitzmaurice River; Sea Randge (herb.!). : 9. PHYLLANTHUS CARPENTARLE M. arg., in Linnæa (1863), 72; Prodr., n. 263, Exs. F. Mueller (1856) « Tableland, Limmen Bight River, Gulf of Carpentaria (herb. !). 10. PHYLLANTHUS SIMILIS M. arg., in Linnæa (4865), 71 ; Prodr., n. 260. Exs. F. Mueller, Moreton Bay (herb.). 11 PHYLLANTHUS MICROCLADUS M. arg., in Linnæa (1865), 71; Prodr., n. 261, Exs. F. Mueller, Moreton Bay (herb.). i Beckler, Clarence River (herb. F. Muell. !). 12. PHYLLANTHUS GUNNII Hook. f., in Hook. Journ. (1847), 284. — M. arg., Prodr., n. 258. P. saxosus F. Muell., in Linnæa (1852), 441. Exs. Leschenault, Nouv .-Holl. (herb. Mus. !) — Baudin (4801), n. 25, lle Maria; détroit d'Entrecasteaux, etc. (herb. Mus. D. — N. ?, Kings Island (herb. F. Muell. D).— Gunn, n. 320, Tasmanie (herb. Hook. 1). — + EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 341 Hooker f., Tasmanie (herb. Mus.!). — « Schayer ». — Stuart (1845), Mount George, « base of Guambys Bluff » (herb. F. Muell.l). — Mitt- chell, n. 15, Tasmanie (herb. F. Muell. !). — F. Mueller (4851), Flinders Range, Crystal Brook, Oudnaka; Mount Ariples; Wimmera ; (1853), Mount Hunter; Yanake ; (1855) Lake Wellington; (1860), Twofold Bay (herb.!). — Wool!s, Cabramatta, etc. (herb. F. Muell. !). 15. PHYLLANTHUS SUBCRENULATUS 7. Muell., Fragm., I, 108, — M. arg., Prodr., n. 259. Exs. F. Mueller, « Upper Brisbane River » ( herb.!). — Stuart, n. 26, 69, Rio Severn, New England. — Peckler, Clarence River; Hastings River (herb. F. Muell.!). 14. PHYLLANTHUS GASSTROEMI M. arg., Prodr., n. 230. Exs, « Gasstræm, Botany Bay (herb. holm.) ». — #eckler, Hastings River; M'Leay River (herb. F. Muell.!). — F. Mueller, Burnett River (herb. !). 15. PHYLLANTHUS MINUTIFLORUS F. Muell., ex M. arg., in Linnæa (1865), 75; Prodr., n. 340. Exs. F. Mueller, « secus Victoria Riverin Arnhemsland tractu M'Adam Range » (herb.!). 16. PHYLLANTHUS CONTERMINUS M. arg., in Linnæa (1863), 31 ; Prodr., n. 316. Exs. « Hogdson, Nov.-Holl. (herb. Lenormand) ». — Leichhardt, More- ton Bay. — Gaudichaud, Nouv.-Holl. (herb. Mus.). 17. PHYLLANTHUS BECKLERI M. arg., in Linnæa (1865), 71 ; Prodr., n. 317. Exs. Beckler, Clarence River (herb. F. Mwell.!). § Svnosremon (F. Muell.). 18. PHYLLANTHUS ALBIFLORUS F. Muell, herb. : M. arg., in Linnæa (1865), 70; Prodr., n. 147. 342 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES. Exs. F. Mueller, Edgecombe Bay; n. 84, Moreton Bay, Pine River; Brisbane River (herb. !). — Stuart?, n. 83, 207, Ugly Creek. — Thozet, Dallachy, n. 376, Rockhampton (herb. F. Muell. !). (— 19. PHYLLANTHUS RIGENS M. arg., in Flora (1864), 513; Prodr., n. 144. : SYNOSTEMON nicENS F. Muell., Fragm., H, 153. Exs. Beckler, « prope Barrier Range »; Mutanie Range. — Bowman, « Upper Darling Tributaries » (herb. F. Muell, 1). 20. PHYLLANTHUS HIRTELLUS M. arg., Prodr., n. 146. SYNOSTEMON HIRTELLUS F. Muell., Fragm., IHI, 89 ; IV, 175. Exs. Bowman, n. 156, Connors Range, Wallon, Queensland (herb. F. Muell. !). 22. PHYLLANTHUS CRASSIFOLIUS F. Muell., herb. — M. arg., Prodr., n. 145. Exs. « Wilford, in Nova-Hollandia ad Murchison River (herb. Hook.) ». — Gaudichaud, Nouv.-Holi. (herb. Mus.). — Old field, Murchison River, « Ravine Indie-indie » (herb. F. Muell. l) + 22. PHYLLANTHUS DITASSOIDES M. arg., in Flora (1864), A87; Prodr., n. 148. Exs. « Armstrong, in Nova-Hollandia septentrionali (herb. Hook.) ». 25. PHYLLANTHUS RAMOSISSIMUS M. arg., in Linnæa (1865), 70 ; Prodr., n. 149. SYNOSTEMON RAMOSISSIMUS P, Muell., Fragm., I, 32; INT, 163. Exs. Beckler, Barrier Range; Darling River; Cooper Creek ; Macken- zie River, Sutter Range (herb. F. Muell. I) . 21. PHYLLANTHUS STENOCLADUS M. arg., in Flora (1864), 536 ; Prodr., n. 454. Exs. «N.?, n.503, in Noya-Hollandia septent., ad Port Essington (herb. Benth.) ». : ; | EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, 843 . 95. PHYLLANTHUS GLAUCUS. P. Avani M. arg., Prodr., n. 150, SYNOSTEMON GLavcUs F. Muell., Fragm., I, 39. Exs. F. Mueller (1855), « Dry plains towards M'Adam Range; bet- ween Joint Pearce and M'Adam Range » (herb. !). 26. PHYLLANTHUS RHYTIDOSPERMUS M. arg., in Linnæa (1865), 70 ; Prodr., n. 152. Exs. « F. Mueller, Victoria River (herb. D.C.) ». 27. PHYLLANTHUS TRACHYSPERMUS F. Muell., in Trans. Phil. Soc. Vict., I, 44; in Hook, Journ. (1856), 910. — Sonder, in Linnæa, XXVIII, 566. — M. arg., Prodr., n. 158. Exs. F. Mueller, «in lacunis exsiccatis ad junctionem flum. Darling et Murray River » (herb. !). 28. PHYLLANTHUS RIGIDULUS F. Muell., herb. — M. arg., in Linnæa (1865), 72; Prodr., n. 264, Exs. F. Mueller, Gulf of Carpentaria (herb. !). $ KinGaneLta (J'uss.). (Anisonema À. Juss.). 29. PHYLLANTHUS NOVÆ-HOLLANDIÆ M. arg., Prodr., n.497. P. saccatus F. Muell., herb. Exs. F. Muller, Edgecombe Bay; Victoria River (herb. !). 30. PHYLLANTHUS UBERIFLORUS F. Muell,, herbs Arbor parva (test. Dal lachy), ramis diffusis (griseis) albido-punctulatis ; ramulis annotinis gracilibus glabris e gemmula sessili ortis, basi bracteis peruiæ imbricatis munitis. Folia alternæ disticha brevissime (1, 2 mill.) petiolata elliptica a cent. longa, $ cent. lata), basi subangustata ; apicc retuso rotundatove, rarius emarginato, breviter apiculato; integerrima 344 EUPHORBIACÉES AUSTRALIENNES, glaberrima membranacea, supra læte viridia, subtus opaca subglauca. Stipulæ subulatæ petiolo subæquales v. paulo longiores. Flores, ut vide- tur, diceci; faemineis ignotis; maseulis in axilla foliorum ramuli superio- rum cymosis paucis v. rarius solitariis. Pedicelli filiformes folio subzequa- les, apice incrassati. Calycis sepala ovata membranacea, margine albida. Glandulæ totidem inæquali-globosæ subsessiles rugosæ. Stamina 3 ma- jora basi monadelpha; minora autem 2 sublibera; filamento ad apicem incrassato compresso ; autherarum loculis adnatis subextrorsis fere ad marginem rimosis, Exs. Dallachy, Port Essington (herb. F. Muell. 1). CLXXXIX. BREYNIA Fonsr. (Melanthesa BL. et (?) Melanthesopsis M. ARG.). § MELANTHESA. 1. BREYNIA CINERASCENS. B. oBLONGroLIA M. arg., Prodr., 440, n. A. PuvrcANTRUS cinerascens Mall., Cat., n. 7945 (nec Hook. et Arn., nec M. arg.). MELaNTHESA RHAMNOIDES G.M. arg., in Linnæa (1863), 73 (nee Auctt.). Exs. Sieber, Fl. Nov.-Holland., n. 566 (herb. Mus.!, Deless.!). — « D'Urville, Port Jackson ». — F. Mueller, Port Jackson (herb. !). S BREYNIASTRUM, (Fructus plus minus in calyce stipitatus. Ovarium apice inæquali- 6-tubereulatum). . 9. BREYNIA STIPITATA M. arg., Prodr., 442, n. 10. Exs. Henne, Sweers Island (herb. F, Muell. !). 9. BREYNIA MUELLERIANA. KincaNELIA ? Baittosi F. Muell. mss. RENONCULACÉES. 345 MELaNTHEsA ? BaiLLoNI ejusd. Fruticulus, ut videtur, ramulis gracilibus glabris compressiusculis ; foliis alterne remotis breviter petiolatis stipulaceis, siecitate, uti planta tota, nigrescentibus, orbiculari-cordatis, apice acutis v. breviter acumi- natis, basi aut rotundatis aut breviter cuneatis integerrimis membrana- ceis glaberrimis, supra laevibus, subtus opacis multo pallidioribus penni- nerviis parce venosis (ad 7 cent. longis, 5 cent. latis). Petioli graciles breves (3-5 mill.), supra canaliculati. Stipulæ vix conspicuæ acuta gla- berrimæ caduca. Flores ignoti. Gynœceum, prout e fructu noscitur, 3-merum. Fructus baccatus, in vivo (fid. cl. F. Mueller) purpureus, basi calyce brevi persistente cinctus globosus glaberrimus (Pisi magnitudine). Semina plura inæquali-compressa 3-gona hemitropa ; umbilico late con- cavo seminis dimidio æquali; embryone arcuato extus ad convexitatem seminis sito, albumine parco carnoso itidem arcuato vestito. Exs. Dallachy (A865), Rockingham Bay (herb. F. Muell. !). Oss. On peut réunir dans une section particulière, sans établir un nouveau genre, les deux espèces ci-dessus, dont la graine est pourvue d'une très-large cavité ombilicale, et dont le bec micropylaire n'est garni que d'une dilatation arillaire conique peu prononcée. Le sommet de l'ovaire présente à une certaine époque six tubercules saillants. Trois d'entre eux répondent aux loges ovariennes et aux divisions ordinaires du style. Les trois autres, plus extérieurs, et paraissant plus tard au sommet du gynécée, sont dus à une sorte d'hvpertrophie tardive du tissu ovarien. Leursommet devient comme glanduleux, et l'ovaire parait, au premier abord, couronné de six petites divisions stylaires très-obtuses. Dans un envoi récent du docteur F. Mueller, nous voyons qu'il se trouve un certain nombre de plantes australiennes appartenant au genre Brey- nia, el sur lesquelles nous devrons prochainement revenir. RENONCULACÉES. DÉTERMINATION PRATIQUE DES GENRES. Dans la Monographie des Renonculacées que nous venons de publier (4), et qui constitue le premier fascicule du grand ouvrage (4) Un cahier de 6 feuilles, avec 114 figures dans les textes. Paris, 1866, librairie Th. Morgand, 5, rue Bonaparte. 346 RENONCULACÉES. que nous préparons depuis longtemps, sous le titre d'Histoire des Plantes, les caractères génériques des Renonculacées sont l'objet d'une étude approfondie ; mais la nature méme de ce travail nous a empéché de donner un procédé pratique pour arriver à la dis- tinction et à la détermination des genres. ll est cependant incon- testable que la connaissance d'un pareil procédé rend de grands services à ceux qui débutent dans l'étude d'un groupe quelconque du Régne végétal. Aussi notre intention est, toutes les fois qu'une famille aura été étudiée, de publier en méme temps une note dans laquelle nous indiquerons à quels caractéres extérieurs et ordi- nairement faciles à constater d'une manière rapide, on peut, par voie d'élimination, arriver à préciser le nom du genre auquel appartient la plante vivante ou l'échantillon d'herbier qu'on a sous les yeux. C'est ce que nous tentons de faire aujourd'hui pour les Renonculacées, en renvoyant d'ailleurs, pour les caractères de détail et la fixation des sous-genres, à la page du travail dont il a été question ci-dessus. Etant donnée une des plantes actuellement connues de la Famille des Renonculacées, ses fleurs sont ou régulières ou irrégulières. Dans ce dernier cas, la plante appartient à une des sections du genre Delphinium (p. 25). | Avec des fleurs régulières, les feuilles sont presque toujours . alternes. Si elles sont opposées, il s'agit d'un Clematis (p. 52). Les feuilles étant alternes, deux cas peuvent se présenter : Ou que le réceptacle floral soit concave, ou qu'il soit convexe. Si le réceptacle est convexe, ou il l’est fort peu, les pièces du périanthe sont à peine périgynes; la plante a des feuilles com- posées, et ses graines ne sont pourvues à leur base que d'un rudiment d'arille; ces caractères appartiennent aux Pæonia (p. 62). Ou bien les feuilles sont simples; les graines sont enve- loppées d'un arille considérable ; le réceptacle a la forme d'un sac trés-profond ; ce ne peut être qu'un Crossosoma (p.66), Mais, bien plus ordinairement, les fleurs ont un réceptacle convexe et l'insertion devient nettement hypogyne. Si les organes RENONCULACÉES. 347 appendiculaires de la fleur présentent alors les mêmes caractères que dans les Clématites, avec cette légère différence que le calice est primitivement imbriqué, au lieu d'être d’abord valvaire- indupliqué, et de ne devenir imbriqué qu'après l'anthése, on a affaire à un Thalictrum où à un Actæa. g En ouvrant un des carpelles, on voit qu'il est multiovulé ; il s agit alors d'un Actea (p. 60); ou bien qu'il ne renferme qu'un ovule descendant à micropyle intérieur; c'est dans ce dernier cas un Thalictrum (p. 57). : L'ovule unique, qu'on observe dans chaque carpelle, demeu- rant suspendu avec le micropyle intérieur, peut appartenir à une fleur dont les différentes parties, échelonnées sur un réceptacle très-étiré, sont : un calice imbriqué à folioles éperonnées, une corolle à pétales étroits et glanduleux, un androcée et un gyné- cée à éléments nombreux insérés suivant une spire à tours écartés. La petite herbe qu'on a sous les yeux est alors un Myosurus (p. 42). iE Si l'ovule suspendu, seul destiné à devenir graine, est surmonté de deux paires d'ovules stériles, la plante est un Anemone (p. 13), dont le réceptacle floral est d'ailleurs beaucoup plus déprimé, et dont le périanthe est formé de larges folioles imbriquées et toutes pétaloides, ou plus vertes en dehors qu'en dedans et pouvant à la rigueur se distinguer en calice et en corolle (Adonis). Le périanthe étant le même que celui d'un Adonis, ou ne pré- sentant, plus rarement, qu'une seule espéce de folioles, comme celui des vraies Anémones, l'ovule unique qu'on observe dans chaque carpelle, sera ascendant avec le mieropyle en bas et en dehors. Il s'agira dans ce cas d'un Ranunculus (p. 33). Semblable en tous points à une Renoneule, si la plante avait dans chaque carpelle deux ovules, dont l'un, peu visible, avorté, et l'autre, bien développé, suspendu, tourne son micropyle en haut el en dehors, cette plante est un Callianthemum (p. 50). Trés-analogue aussi par sa fleur à une petile Renoncule, mais n'ayant qu'un périanthe simple à trois folioles trés-eaduques, un 318 SUR L'ORIGINE DE L'ARILLE DES CARUMBIUM, Hydrastis (p. 51) se reconnait d'ailleurs à la présence de deux ovules bien développés dans chaque carpelle. Dans toutes les autres fleurs réguliéres comme celles des Renon- cules, les carpelles sont multiovulés. Dans ce cas : Ou le périanthe est un simple calice pétaloide: la plante est, ou un Trollius àes sections Caltha ou Calathodes (p. 22), ou un Isopyrum de la section Enemion (p. 21); Ou le calice est doublé d'un nombre variable de neetaires ou staminodes, tenant la place d'une corolle: c’est, ou un vrai Trollius (p. 24), ou un vrai Zsopyrum (p. 19), ou un Helleborus (p. 125, genres trés-voisins les uns des autres, mais faciles à dis- tinguer entre eux par les caractères de valeur secondaire énumérés aux endroits cités; Ou les nectaires pétaloïdes sont opposés, ordinairement par paires, aux sépales, les étamines étant eurvisérices et les carpelles plus ou moins unis à leur base; cela ne s'observe que dans les Nigella (p. 8); Ou les étamines sont reclisériées et disposées, en apparence du moins, par verucilles; et les pétales, bien développés, ordinai- rement éperonnés, sont alternes avec les sépales ; c'est alors un Aquilegia (p. 4). De trés-petites fleurs dont le plan Se est celui des fleurs des Ancolies, avec des pétales sans éperon et d'une forme parti- culière, un androcée appauvri, des tiges ligneuses et le feuillage d'une Actée, caractérisent le Xanthorhiza (p. 6). S'il s'agissait d'une plante japonaise, il suffit de songer qu 'elle pourrait bien appartenir aux genres exceptionnels, ou peu connus, Glaucidium ou Anemonopsis (p. 2h). * SUR L'ORIGINE DE L'ARILLE DES CARUMBIUM. La caractéristique du genre Carumbium, telle qu'elle est donnée dans le Prodromus de De Candolle (XV, pars alt., 1143), n'est SUR L'ORIGINE DE L'ARILLE DES CARUMBIUM. 349 pas complétement exacte et demande, si je ne me trompe, à être retouchée. Il conviendrait sans doute d'indiquer que le fruit peut être, dans certaines espèces, capsulaire, et déhiscent à la maturité suivant la ligne dorsale des loges. C'est ainsi. qu'il s'est offert à nous, comme nous l'avons dit (Adansonia, V1, 395), dans le C. Sieberi M. arc. En second lieu, la nature de la production - arillaire qu'on observe sur les graines, aurait besoin d'être déter- minée d'une manière exacte; car le genre Jartmannia, établi pour le Carumbium stillingiæfolium H. B, est considéré comme différent du genre Carumbium, en ee que ses graines sont caron- culées, tandis que celles des véritables Homalanthus seraient pour- vues d'un arille d'une origine toute différente. Or, l'étude des déve- loppements de l'ovule et de la graine, que nous avons pu faire sur le Carumbium fastuosum H. Bw (1), plante actuellement eultivée dans presque toutes les serres, nous a montré que l'origine de la production arillaire est au fond exactement identique dans les Carumbium et dans les W'artmannia, et ne présente que des différences insignifiantes de taille et d'épaisseur. Dans les fleurs femelles du Carumbium fastuosum, qui se trouvent au nombre de deux à cinq à la base de l'inflorescenee et qui sont solitaires à l'aisselle d'une bractée biglanduleuse, ou qui peuvent constituer le centre d'une petite cyme bi ou triflore, dont les fleurs latérales sont mâles, on observe un calice légère- ment gamosépale, à deux ou trois lobes très-courts et obtus. L'o- vaire est presque toujours à deux loges qui alternent avec les divisions du périanthe, lorsque celles-ci sont en nombre égal. Le style s'éléve d'abord dans une courte étendue sous forme d'une colonne cylindrique ; puis il se partage en deux longues branches divergentes à sommet épaissi et révoluté. Toute la surface Inte- rieure des branches du style, jusqu'au point où elles naissent de la portion commune, est recouverte de tissu papilleux stigmatique. une année avant la publication du Pro- 1) C'est nous qui, le premier, et plus d | A er i du genre Carumbium, le Mappa dromus, avons considéré comme une espèce fastuosa des jardiniers et de M. Ed. Morren. 350 SUR L'ORIGINE DE L'ARILLE DES CARUMBIUM. . Quant à l'épaississement du sommet des divisions siylaires, il est dù en majeure partie à la production d'une glande située à la face externe et séparée de chaque cóté de la région stigmatique par un sillon longitudinal assez profond. Ce tissu glanduleux sert proba- blement à la fécondation, en attirant vers le stigmate les insectes chargés de pollen, ear il sécrète en assez grande abondance, pen- dant quelques jours, un nectar liquide à saveur légèrement sucrée. Mais, quelque intérét que puissent présenter à Fobservateur ces différents organes, ils ne doivent pas nous détourner plus long- lemps de l'examen du contenu de l'ovaire. Chaque loge renferme un ovule suspendu dans l'angle interne, pourvu de deux enveloppes, dirigeant son mieropyle en haut et en dehors, comme celui de la plupart des Euphorbiacées, et coiffé d'un obturateur étroit et atténué en pointe à son extrémité libre. C'est assez longtemps avant l'anthése que le sommet de l'ovule présente les premières traces appréciables d'épaississementarillaire, Le pourtour de l'exostome se gonfle bien, ainsi que dans un grand nombre de plantes de la méme famille, de maniére à représenter un petit anneau saillant; mais l'hypertrophie cellulaire n'est pas limitée à cette région. Elle s'étend de là à droite et à gauche vers la région ombilicale, gagne le pourtour du hile et constitue de chaque cóté de lui une saillie limitée inférieurement par un bord oblique de dehors en dedans et de haut en bas. Tandis que, dans les autres Euphorbiacées, l'hypertrophie péristomique augmente rapidement et prend méme quelquefois des proportions énormes ; dans notre Carumbium, elle s'arréte de bonne heure, pendant qu'au contraire l'épaississement fait des progrès rapides du cóté de l'ombilie et amène bientôt la production des deux ailes cellu- laires qu'on aperçoit au-dessous de cette région, dés l'époque de la fécondation. C'est à l'aceroissement plus ou moins considérable de ces rudi- ments d'ailes membraneuses qu'il faut attribuer l'origine de l'espèce de sac qui enveloppe une portion variable de la graine des Carum- bium et qui se trouve représentée dans la planche VHI de notre SUR L'ORIGINE DE L'ARILLE DES CARUMBIUM, 351 atlas de l’ Étude générale du groupe des Euphorbiaeées (fig. 30, 31). Tantôt la graine en est recouverte dans presque son étendue ; tantôt l'arille ne descend que jusqu'au milieu, ou à peu prés, de sa hauteur; et plus cette sorte de toile présente d'étendue, moins d'ordinaire elle offre d'épaisseur, et plus elle devient membraneuse en se desséchant. Dans le JJ artmannia, au contraire, elle s'al- longe bien peu et ne couronne que le voisinage du sommet de la graine; son épaisseur et sa consistance charnues sont bien plus accentuées ; et, pour celui qui n'observe cet organe que dans le fruit mür, il présente tout à fait la méme apparence que la caroneule qui surmonte uniquement la région mieropylaire d'une Euphorbe. Mais, en étudiant l'origine de l'arille dans la fleur, au moment de l'anthése, on aperçoit facilement, comme dans le C. fastuosum, un léger épaississement circulaire de l'exostome, et une hypertrophie bien plus considérable de la primine, des- cendant obliquement vers les deux côtés de la région ombilicale. La nature de l'arille est donc exactement la méme dans les C. stillingiefolium et fastuosum ; elle ne diffère, dans l'un et dans l'autre, que par le plus ou moins de longueur, d'épaisseur ou de succulence ; et ces différences ne suffisent pas pour caractériser deux genres séparés. | | EXPLICATION DES FIGURES. Prance VIII. Fie, 4. Port du Carumbium fastuosum. Rameau florifère. Fic. 2, Fleur mâle. i Fic. 3. Fleur femelle entière. Fic. 4. Fleur femelle dont l'ovaire est ouvert, Fie. 5. Ovule à l'époque où l'arille commence à paraître. L'épaississement eir- culaire de l'exostome est peu considérable ; mais l'hypertrophie arillaire des- cend obliquement de chaque cóté de l'ombilic. Fic. 6. Ovule du Carumbium (Wartmannia) stillingiæfolium. Le développement de l'arille est le même au début que dans la plante précédente. Fie. 7. Graine mûre. L'arille n'occupe qu'une petite étendue de son sommet, voisine de l'ombilic. DESCRIPTION DU GENRE LONGETIA Il y a plusieurs années (1862) que j'ai signalé, comme devant constituer le type d'un genre nouveau d'Euphorbiacées pléiosté- monées, une plante de la Nouvelle-Calédonie, observée pour la première fois par M. Pancher, et dont le port et le feuillage rap- pelaient beaucoup ceux des Buis; en même temps que l'organi- sation du gynécée, et notamment celle des ovules, du péricarpe et des graines, se trouvait être tout à fait celle d'une Euphorbiacée vraie, autant qu'on en pouvait dés lors juger per l'examen d'é- chantillons fort incomplets. Aujourd'hui plusieurs collections publiques, entre autres celle du Musée des Colonies et celle du Jardin des Plantes, sont richement pourvues d'exemplaires parfaits de ce curieux végétal, dédié autrefois sous le nom de Longetia bucoides, à notre illustre collègue de la Faculté de médecine de Paris; et je m'estime heureux que les circonstances actuelles me permettent de donner une description d'ensemble de ce genre si remarquable. L'intérét de cette "description réside bien moins, à notre sens, dans la connaissance d'un type générique nouveau, que dans une - démonstration nouvelle de ce point de doctrine : qu'il est toujours dangereux de juger de l'organisation intérieure des étres d'aprés l'unique apparence de leurs formes extérieures; et que les plantes les plus dissemblables par le port, peuvent présenter une organisation tout à fait identique de leurs parties les plus essentielles, tandis que l'analogie extréme des apparences extérieures peut s'aecompagner de modifications capitales dans l'agencement des organes profonds. Que la flore encore si peu connue de la Nouvelle-Calédonie, nous ^ DESCRIPTION DU GENRE LONGETIA. 353 offre aujourd'hui un nouveau genre de cette immense famille des Euphorbiacées, dont nous sommes loin de posséder l'ensemble, il n'y a rien là qui doive paraître bien important et bien étonnant Mais que cette plante, avec tout le port d'un Buis, présente l'orga- nisation pistillaire des véritables Euphorbiacées; tandis que le Buis lui-méme, si analogue par l'apparence extérieure à un assez grand nombre d'Euphorbiacées, en diffère au contraire foncière- - ment par la structure de ses organes les plus essentiels et les plus utiles pour la classification; telle est la question que le Longetia nous permet d'examiner une fois encore et qui fait toute la valeur de sa description. Le Longetia buæoides est un élégant arbuste dont la taille atteint, d’après M. Pancher, 4 ou 2 mètres de hauteur, et dont les rameaux opposés forment une cime arrondie et dense. Les feuilles sont d'un vert foncé et souvent recouvertes, ainsi que les jeunes - rameaux, d'une (leur cireuse d'un blane bleuátre. Les feuilles sont opposées, à pétioles courts (2-8 mill.), anguleux, légèrement décurrents sur les branches qui sont inégalement quadrangulaires dans leur jeune âge. Il n'y a point de stipules. Le limbe des feuilles est elliptique ou obovale-oblong, de taille très-variable (atteignant jusqu'à 5 ou 6 centimétres de long sur 3 de large), ordinaire- ment arrondi et entier au sommet, moins souvent émarginé; plus rarement arrondi à la base qu'atténué insensiblement en pointe et se continuant avec les deux lévres de l'espéce de canal que présente la face supérieure du pétiole; épais, coriace, à bords entiers, légé- rement réfléchis ; penninerve, avec une nervure médiane épaisse, saillante des deux cótés et un fin réseau de nervures qui se dessine sur les deux faces : l'une plus foncée et plus lisse; l'autre, l'infé- rieure, un peu plus pàle et moins luisante, glabres toutes deux, ainsi que la plupart des organes de la plante, si ce n'est dans le très-jeune âge des parties, où l'on observe de courts poils clair- semés sur les pétioles, les rameaux et les axes des inflorescences. Les fleurs qui, d’après les observations de M. Pancher, sont de couleur blanche et se montrent au mois de juillet, sont monoiques vi, (Octobre 1866.) 23 35h DESCRIPTION DU GENRE LONGETIA. et disposées au sommet des rameaux; elles sont réunies en cymes, constituées de la manière suivanie. Sur l'axe principal de l'inflo- rescence succèdent aux feuilles des bractées, opposées comme elles, étroites, aiguës, souvent linéaires-lancéolées, rigides et épaissies à leur base. A l’aisselle de ces bractées se développent. des axes secondaires grêles et plus ou moins anguleux, Une fleur les termine; elle est ordinairement femelle, presque sessile ou supportée par un pédicelle épais, trapu, très-court, de consistance ligneuse, qui grossit et s’allonge un peu à l'époque de la fructifi- cation. Autour de cette fleur, et à l'aisselle de bractéoles inégales, naissent les fleurs mâles, en nombre variable, supportées par un pédicelle grêle qui atteint jusqu’à un centimètre de longueur. Les fleurs sont donc en réalité groupées en cymes pluripares à fleur femelle centrale ; disposition qui s'observe fréquemment dans le groupe des or . La fleur mâle se compose d'un périanthe à six folioles, et d’un androcee à à élamines nombreuses; on en compte jusqu'à trente ou quarante, Toutes ces parties s'insérent sur un réceptacle déprimé, qui est formé par le sommet un peu renflé du pédicelle ; et, avant l'entier développement de la fleur, on n'apercoit presque aucune saillie du réceptacle floral dans l'intérieur du bouton. Il n'en est plus tout à fait de méme après l'anthése; le sommet de ce récep- tacle s'est quelque peu élevé entre les pieds des étamines les plus intérieures, et constitue en ce point une petite proéminence cou- verte de poils courts. Par le peu de saillie de cette élévation, la fleur mâle du Longetia indique un commencement de transition, . des fleurs des Phyllanthées dépourvues de tout corps central, vers. celles des Saviées où cet organe peut parvenir à un si grand dé- veloppement. Les sépales forment deux verticilles. Les trois exté- rieurs; plus courts, un peu inégaux entre eux, disposés dans le. bouton en préfloraison Ambriquée, ont une forme elliptique ou orbiculaire, et sont fortement concaves en dedans. En dehors, on. observe sur leur ligne médiane, un épaississement assez notable, qui $ ‘étend dans la moitié ou les deux ierg inférieurs dela foliole,, 5Bre Ca DESCRIPTION DU GENRE LONGETIA. 855 et qui donne à ces sépales un aspect bosselé; ils semblent pour- vus d’une sorte de carène obtuse et arrondie. Plus haut, comme vers les bords, ils s'amincissent rapidement, deviennent membra- neux et comme scarieux, et quelquefois blanchâtres ou presque incolores, Les trois sépales intérieurs, alternes avec les précé- dents, sont beaucoup plus hauts, plus larges et plus minces qu'eux ; ils sont également imbriqués dans le bouton, Tous s'étalent hori- zontelement lors de l'anthése. Alors les étamines deviennent exsertes et divergent dans tous les sens. Jusque-là leurs filets, repliés plusieurs fois sur eux-mêmes, se rapprochaient de la saillie réceptaculaire sur laquelle ils s'insérent. Les anthères, définitive-- ment extrorses, ont deux loges elliptiques-oblongues, déhiscentes chacune par une fente longitudinale. Elles sont portées parallèle- ment l'une à l'autre au sommet du filet qui s'élargit insensible- ment et se bifurque à peine à ce niveau, pour envoyer une branche extrêmement courte s'insérer vers le milieu de la hauteur du dos de l'anthére. | mes Dans la fleur femelle, l'organisation fondamentale du calice est la même : trois-folioles extérieures imbriquées, et trois folioles intérieures, plus membraneuses, alternes avec les précédentes, dissemblables de forme et également imbriquées dans la préflo- raison. Mais l'insertion est différente pour les sépales extérieurs et pour ceux du verticille intérieur. Ces derniers sont orbiculaires ou elliptiques, sessiles, et implantés par une base fort peu large sur le réceptacle; de sorte que la cicatrice qui correspond à cette in- sertion est trés-eourte et horizontale. Les sépales extérieurs, au contraire, ovales et fort épaissis dans leur portion inférieure, s'at- tachent bien plus bas sur le cylindre réceptaculaire, et leur inser- tion se fait suivant un are épais fort prononcé, à concavité supé- rieure, avec une sorte de décurrence sur l'axe floral, L'ovaire; entièrement libre, varie beaucoup de forme, suivant l’âge. A une époque voisine de l'anthése, il est obeonique, et va s'élargissant insensiblement en un style épais et charnu, sans qu'il y ait de ligne de démareation bien tranchée entre ce siyle etle sommet de 356 DESCRIPTION DU GENRE LONGETIA. l'ovaire lui-même. Puis le style se partage en trois lobes super- posés aux loges ovariennes. Ces lobes sont exactement cordi- formes, à sommet supérieur entier, un peu mousse, très-légère- ment réfléchi, ainsi que les bords épais et charnus. Ces bords, ainsi que toute la surface interne du lobe, sont chargés de papilles stigmatiques. Les trois loges ovariennes, reléguées dans la por- tion inférieure du gynécée, et superposées aux sépales extérieurs, renferment chacune deux ovules collatéraux, descendants, atta- chés vers le milieu de la hauteur de l'angle interne, et anatropes, avec le mieropyle dirigé en haut et en dehors. Les deux ovules sont coiffés par un obturateur commun, de forme conoide, et d'abord beaucoup plus volumineux que les ovules eux-mémes, dont il cache en partie le sommet. Plus tard, l'ovaire se gonflant vers le milieu desa hauteur, prend une forme à peu prés ovoide, et devient proportionnellement bien plus volumineux que le style qui persiste toujours au sommet du fruit, sous forme de trois petites , cornes ligneuses. Entre l'ovaire et la base du calice, on observe, quelquefois non sans peine, un épaississement disciformé, de taille trés- variable, et formé d'un nombre indéfiri de petites lan- guettes dressées. Le fruit est une capsule atténuée à la base, munie du calice persistant, mais peu volumineux. La surface du péricarpe, entié- rement glabre, présente trois angles mousses, légèrement proémi- nents, et, sur le dos de ces côtes, une ligne verticale nettement tracée, qui répond au milieu des loges. Dans l'intervalle de ces trois lignes, on en observe trois autres, plus ténues encore, et qui correspondent aux cloisons. La déhiscence de la capsule doit ulté- rieurement se faire suivant ces six lignes; elle est donc à la fois septicide et loculicide. L'épicarpe est mince et membraneux ; le mésocarpe, de consistance subéreuse, présente une épaisseur égale à celle de l'endocarpe, qui est d'une grande dureté. Cha- cune des trois loges renferme une ou deux graines ; et, lorsqu'elles se séparent les unes des autres à la maturité, elles laissent entre elles une columelle, dont le sommet atteint à peu prés le milieu DESCRIPTION DU GENRE LONGETIA, 357 de la hauteur des coques. Si l'on examine alors l'angle dièdre, formé par deux demi-cloisons, qui constitue en dedans la paroi de chacune des coques, on y voit une cicatrice allongée qui répond au niveau du point d'insertion de la graine, et l'on peut se con- vaincre que, malgré les analogies de forme présentées à l'exté- rieur par la capsule du Longetia, avec celle des Buis, le mode de constitution des trois panneaux, et la maniére méme dont ils se séparent les uns des autres, ne sont pas le moins du monde iden- tiques dans les deux types, et ne se ressemblent que de loin et d'une facon tout à fait superficielle. La graine a la forme d'un ovoide allongé, avec un sommet légé- rement atténué en pointe (sa longueur est de 6-8 millimètres envi- ron). Toute sa surface est lisse, parfaitement glabre et d'une teinte grise uniforme. Cette teinte est due au testa presque noir, qu'on apercoit par transparence au travers de l'enveloppe extérieure, mince, blanchátre, à cellules peu épaisses, gorgées d'une matiére pulpeuse. C'est cette couche extérieure qui se gonfle, en haut et en dedans dela graine, pour constituer une caroncule micro- pylaire assez saillante, et de forme obovale. Au-dessous et en dedans de la pointe inférieure de cet arille, on aperçoit l'ombilie, sous forme. d'une cicatrice étroite et allongée, qui descend jus- qu'au milieu de la hauteur du bord interne de la graine. Ce bord mousse est au delà occupé par le faisceau vasculaire du raphé ; et ce faisceau lui-même disparaît de la surface de la graine, un peu au-dessus de l'extrémité inférieure, pour s'enfoncer à peu prés horizontalement dans un canal étroit et circulaire. Cette seconde ouverture du tégument testacé de la graine, qui joue un si grand rôle dans les phénomènes de la nutrition de l'embryon et des par- ties intérieures de la graine, aboutit à la base d'une sorte de cu- pule brunâtre, qui termine en bas la plus intérieure des enve- loppes séminales, enveloppe mince, membraneuse, brunátre et peu consistante. L'albumen charnu, blane, oléagineux, remplit toute la cavité de ce sac intérieur, et entoure lui-méme l'embryon re- marquable tout d'abord par l'intensité de sa couleur verte, par la 358 DESCRIPTION DU GENRE LONGÉTIA. largeur de ses cotylédons elliptiques, entiers, penninerves, quin- tuplinerves à la base, membraneux, aussi larges que l'albumen lui-même, ainsi que par sa radicule tronquée à son extrémité. Le Longetia n'a encore été observé qu'à la Nouvelle-Calédonie, où il a été récolté pour la première fois en 1860, par M. Pancher, principalement sur les coteaux ferrugineux (n. 878, 469, 5875!), et où l'ont retrouvé, en 1861, M. Deplanche (n. 469) et M. Vieil- lard, à Saint-Vincent (n. 330), à Yati (n. 331) et à Kanala (n. 935). Une fois l'organisation de ce genre bien connue, il nous est facile d'en trouver les affinités ; il se rapproche à la fois des Cyclos- temon et des Petalostigma. Mais il est loin d'en avoir le port: &es feuilles opposées, sans stipules, et ses fleurs mâles portées sur un long pédicelle autour de la fleur femelle, lui donnent toute l'appa- rence extérieure des Buis américains de la section T'ricera. Tou- tefois, son gynécée est celui d'une véritable Euphorbiacée. La dépression qu'on observe au centre des trois divisions épaisses de son style, n'est pas du tout l'analogue de cette cavité centrale, qu'on voit si longtemps béante au sommet de l'ovaire, dans l'in- tervalle des trois styles périphériques et des placentas centripètes du Buis; iei le style a une portion basilaire commune qui se continue avec le sommet de l'ovaire, et qui ne se trifurque qu'à partir d'une certaine hauteur, Les ovules ont ici le mieropyle extérieur et supérieur, tandis que, dans les Buxacées, il regarde en haut et en dedans. La caroncule qui couronne les graines des Longetia, est réellement d'origine mieropylaire, tandis que celle des Buis représente une hypertrophie ombilicale. Nous avons déjà indiqué les différences qu'on observe entre les deux types, au point de vue de l'organisation et du mode de déhiscence du fruit. Nous sommes donc en droit d'affirmer ici le peu de valeur des caractères extérieurs comparés à ceux de l'organisation intime du gynécée. Il en résulte que la séparation absolue des Buxacées et des Euphorbiacées est plus que jamais indispensable. Quand nous avons proposé celte séparation, nous n'avons rencontré que de l'inerédulité et l'opposition la plus vive. Aujourd'hui nous avons DESCRIPTION DU GENRE LONGETIA, 309 la satisfaction de voir que:les auteurs du Prodromus lui-même, aprés avoir, malgré nos assertions, réintégré les Buxacées parmi les Euphorbiacées, les en séparent de nouveau à titre d'ordre dis- tinct, dans la seconde partie du volume XV de cet ouvrage; en méme temps qu'ils ont consacré, dans. le méme trayail (Sect. post. , 944), l'entière autonomie m notre genre Longetia. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE IX. Fic. À. Port du Longetia buxoides, de grandeur naturelle. Fic. 2, Fleur mále, non épanouie (grossie), Fic, 3, Fleur mâle épanouie, Fic. 4. Étamine vue par le côté extérieur. Fic. 5. Fleur femelle (grossie). Fio. 6. Coupe longitudinale de la même fleur femelle. ÉTUDE SUR LES ACTEPHILA AUSTRALIENS Nous avons admis (Adansonia, VI, 380) deux espèces aus- traliennes du genre Actephila, que nous avons nommées : l’une, . A. grandifolia, et l'autre, A. Mooriana; ces deux espèces inté- ressantes méritent l’une et l’autre d’être étudiées en détail. La première a été recueillie pour la première fois, en 1861, sur les bords des rivières de Clarence et de Richmond, à Duck- Creek, par M. C. Moore (n. 144, 445, 222), et fait partie des collections du Musée de Melbourne et du savant docteur F. Muel- ler, à l'obligeance duquel nous devons d'en pouvoir faire une étude précise. C'est, d'aprés les notes de M. Moore, un petit arbre ou un arbuste. Son bois est blanc et parait assez dur sur les jeunes rameaux; son]écorce est rugueuse et chargée, surtout sur les branches un peu âgées, de nombreuses crevasses longitudinales. Les feuilles sont alternes, rapprochées les unes des autres vers le sommet des jeunes branches, pétiolées et comme articulées à leur point d'insertion, et dépaurvues de stipules, à moins que celles-ci ne soient extrémement caduques. Le limbe de ces feuilles est d'as- sez grande taille (long de 15 centimètres et large de 3 à 4 centi- mètres), lancéolé, atténué aux deux extrémités, entier, assez épais, presque coriace, penninerve, veiné, entiérement glabre et d'un beau vert, méme à l'état sec. Le pétiole, également glabre et ca- naliculé en dessus, atteint la longueur d'un centimètre environ. Les caractères des feuilles sont donc ici les mêmes que dans les espèces d’Actephila connues qui croissent dans l'Inde et à Ceylan. Les fleurs sont monoiques et situées à l'aisselle des feuilles. Là elles constituent plusieurs cymes toutes réunies sur un petit axo ÉTUDE SUR LES ACTEPHILA AUSTRALIENS. 361 commun, qui n’a que quelques millimètres de longueur. 1l porte toutefois de nombreuses bractées écailleuses alternes, de l’aisselle desquelles sortent les fleurs. Souvent la fleur centrale de chaque cyme est femelle, et les fleurs périphériques sont mâles; plus rare- ment, il n’y a pas de fleur femelle au centre des groupes floraux partiels. Chaque fleur est portée par un pédicelle dont la longueur atteint 2 centimètres, grêle, un peu renflé vers son sommet, plus épais dans les fleurs femelles que dans les fleurs mâles. Le calice de la fleur mâle est formé de cinq et rarement de six sépales, arrondis, entiers ou finement ciliés, membraneux, glabres, un peu inégaux entre eux, et d'autant plus petits qu'ils sont plus extérieurs dans la préfloraison qui est imbriquée, souvent quin- conciale. Dans des boutons qui n'ont qu'une couple de millimétres de diamétre, ces sépales sont complétement indépendants les uns des autres. Ils sont doublés, en dedans de leur base, d'un disque annulaire, à peu prés circulaire et peu épais. En dehors de ce disque, s'insérent cinq pétales, qui sont alternes avec les sépales, et toujours beaucoup plus courts qu'eux. D'abord ces petits pétales ont une forme losangique assez régulière; mais il est fréquent qu'ils se déforment en vieillissant; leurs bords se découpent plus ou moins inégalement. A l'époque de l’anthèse, ils sont si petits, par rapport au calice, qu'on les apercoit difficilement au-dessous du bord extérieur du disque. j Dans le bouton jeune encore, les étamines, au nombre de cinq, sont moins longues que les sépales auxquels elles se trouvent super- posées. Leurs filets sont alors trés-courts, dressés et rectilignes, ou à peine infléchis au sommet. À cette époque, les anthéres sont très-nettement introrses. Leurs deux loges, presque didymes, pourvues en dedans d'un sillon de déhiscence longitudinal trés- prononcé, sont attachées au sommet du filet par la portion infé- rieure de leur surface dorsale. | i . A l'époque de l'épanouissement, les différentes parties de la fleur mâle présentent des changements notables dans leurs di- mensions relatives, et, par suite, dans leurs rapports réciproques. 862 . : ` ÉTUDE Le réceptacle floral s'accroit en largeur, et prend la forme d'un plateau plus ou moins élargi. C'est, pour le dire en passant, un premier degré de celte modification remarquable du réceptacle floral qui, de la figure d'un cóne déprimé, passe insensiblement à celle d'une coupe plus ou moins concave, dans les différentes es- péces du groupe générique qui, pour nous, renferme à la fois les Amanoa, les Cleistanthus et les Bridelia. Le disque qui entoure le pied de l’androcée, subit alors une déformation comparable à celle du réceptacle floral lui-même. Son contour s'étale en une sorte de gâteau circulaire, à bords entiers ou légèrement crénelés, qui se superpose au plateau pédonculaire. De la sorte, les inser- tions des pétales et des sépales sont reportées graduellement plus en dehors; et le càlice, vu par sa face inférieure, parait compor- ter une portion basilaire où ses pièces ne sont point distinctes, et . Qui n'est en réalité que l'axe floral lui-même, assez notablement dilaté. Près du centre de la fleur, au contraire, le disque n'aban- donne point la base des filets staminaux qu'il maintient unis et comme soudés entre eux dans une légére étendue voisine de leur base. Ces mêmes filets s’étirent considérablement dans leur por- tion supérieure demeurée indépendante; ils deviennent exserts ; l'anthére baseule sur leur sommet, de facon que ses deux loges deviennent à peu prés horizontales ; et leurs fentes longitudinales, devenues tout à fait supérieures, s'étalent béantes dans la direc- tion de rayons horizontaux qui partiraient en divergeant du centre méme de la fleur. Ce centre n'est vide à aucune époque ; une co- lonnette gréle, représentant un rudiment de gynécée, s'éléve ver- ticalement entre les filets staminaux, et se dilate d'abord en une tête triangulaire à lobes peu distincts. Plus tard, chacun de ces lobes devient une branche stylaire elaviforme, obtuse ou Hn à son sommet renflé et chargé de papilles très-fines. La fleur femelle posséde le méme périanthe et le méme die que la fleur måle; ici seulement les pétales deviennent un peu plus longs et plus étroits; ils ont souvent la forme spatulée: L'ovaire, à peu prés éthique; qui oecupe le centre du disque; SUR LES ACTEPHILA AUSTRALIENS. 363 s’atténue à son sommet en un style épais, bientôt partagé en trois branches courtes révolutées et un peu aplaties. Leur sommet pa- rait d'abord entier; mais son extrémité, cachée inférieurement, est réellement partagée en deux par une échancrure plus ou moins profonde; la face interne est toute chargée de papilles stigmatiques. Le fruit, tricoque, haut d'un centimètre et demi environ, est muni à sa base du calice et du disque qui persistent sans grandir beaucoup. Chaque coque présente : un épicarpe membraneux et glabre, un mésocarpe subéreux assez épais, et un endocarpe ligneux et trés-dur. Toutes ces parties se séparent en deux moi- tiés, suivant une fente verticale, après que les coques se sont déta- chées de la columelle centrale, triangulaire, trés-dure, à trois ailes courtes, inégalement déchiquetées. La graine peut alors se dégager de l'intérieur de chaque coque ; et c'est la graine qui, sans contredit, constitue la partie la plus intéressante à étudier dans l' Actephila grandifolia. © Aussi large que haute (8 à 40 millimètres), et présentant la forme d'un tétraèdre peu régulier, à arêtes émoussées, la semence se compose : d'un embryon charnu, trés-volumineux, de couleur rosée (à l'état sec); d'un albumen charnu peu considérable, et de téguments minces et fragiles, d'une teinte vert brunâtre. Si peu épaisse que soit l'enveloppe séminale, elle est cependant formée d'une triple couche, et comprend un testa relativement plus sec et plus dur, interposé à deux lames molles et blanchâtres; elle est semblable, sous ce rapport, à celle des Actephila asiatiques. Sa résistance est si peu considérable qu'elle se brise spontanément, à ce qu'il semble, dans l'intérieur du fruit, de manière à mettre à nu une portion variable de l'embryon. Celui-ci est formé de deux cotylédons membraneux, ellipsoides et trés-étendus en surface, réunis par une tigelle courte et cylindrique. D'abord, les deux cotylédons se recouvrent l'un l'autre par leurs bords, comme il arrive dans les autres espèces du genre; mais, en oütre, ils s 8 'en- roulent l'un sur l'autre, de la base au sommet, ün irès- nombre de fois, Lors donc qu'on fait une coupe longitudinale de 364 - ÉTUDE la graine, suivant un plan médian qui passe par son bord interne et le milieu de son dos, on voit sur une des faces de cette coupe une spirale à tours nombreux et serrés, très-régulièrement dis- posés; elle est formée par l'enroulement des cotylédons. Il ya fort peu d'espace entre les tours de la spire; mais le vide est un peu plus considérable vers la région chalazique, et dans l'inter- valle qui sépare la radicule, repliée en dedans, de la portion supé- rieure des cotylédons. Dans ces espaces, persiste une certaine quantité de l'albumen qui est mou, gélatineux, trés-analogue à celui qu'on observe dans plusieurs Malvacées, dans le Cotonnier, par exemple, entre les replis de l'embryon. | Sans doute, les caractèresiqui viennent d’être exposés dans la des- cription de notre espèce australienne, devront modifier trés-légóre- ment ceux qu'on accorde au genre Actephila. Mais il y a lieu de dis- cuter les motifs qui nous font rapporter la plante que nous étudions à ce genre, plutôt qu'au genre Lithoæylon, ainsi que l’a fait M. Mueller d'Argovie (Prodrom., XIV, sect. post., 239). Quant à la véritable organisation du Lithoæylon décrit autrefois par Lindley, sous le nom de Securinega, il nous est impossible de rien affirmer, car nous n'avons pas eu le bonheur de pouvoir analyser la plante elle- méme, et nous n'en connaissons les fleurs que par la figure des Collectanea. Mais nous pouvons facilement comparer aux Actephila . indiens la plante australienne dont M. F. Mueller nous a généreu- sement communiqué des échantillons complets. Le Prodromus dit des étamines des Actephila (216) : « An- there subglobose, rime introrsæ ; » et des Lithoæylon (232) : « Rime antherarum extrorsæ transverse. » Pour le premier des deux genres, ce caractére est parfaitement exact. Les anthéres ont beau, dans certaines espéces, reporter leur sommet plus ou moins en dehors à l'époque de l'anthése, elles n'en sont pas moins parfaitement introrses dans le bouton, et elles le redeviennent tout à fait après l'épanouissement, si l'on redresse leur conneclif pour lui donner une direction verticale. Mais il est certain qu'il en est tout à fait de méme des anthéres de notre Actephila austra- SUR LES ACTEPHILA AUSTRALIENS. 365 lien. Leurs loges sont globuleuses, à fentes intérieures dans le bouton, tout à fait comme celles de l'A. levigata, que nous avons examinées au même âge; et ce n’est qu'après l'épanouissement que les lignes de déhiscence deviennent, comme nous l'avons dit, supérieures, et à peu prés horizontales, parce que le connectif se renverse plus ou moins en dehors. D'ailleurs ces fentes sont par- faitement longitudinales, et non point réellement transversales, comme le dit la caractéristique générique du Prodromus. Les deux sections des Savieæ (215) et des Andrachneæ (216) du Prodromus, diffèrent entre elles par ce seul caractère, que les lobes du disque sont, dans les premières, alternes avec les pétales, et opposés aux pièces de la corolle dans les dernières. Outre que la valeur de ce caractère devient assez minime, dans des genres tels que les Æctephila, où le disque, « adné au calice dans une étendue variable » (1269), peut avoir des bords presque entiers, la plante &ustralienne que nous examinons appartient certainement plutót à cet égard aux Savieæ qu'aux Andrachnec; car, toutes les fois que les bords du disque présentent des échancrures distinctes, elles correspondent à l'iusertion des pétales, de sorte que les lobes du disque sont alternipétales, comme dans tous les Actephila. Il en résulte ce fait, de quelque importance pour la nomencla- ture : Que si le genre Lithoæylon n'était représenté que par l’es- péce australienne du Prodromus, ce genre se confondrait entiè- rement avec le genre Actephila, et qu'alors toutes les espèces devraient prendre le nom générique le plus ancien; fait qu'il nous semble suftisant d'indiquer ici, sans qu'il nous paraisse nécessaire, pour nous assurer une priorité de peu d'importance, d'entrer dans les détails d'une nomenclature puérile. | D'ailleurs le genre Actephila ne parait pas destiné à jouir long- temps d'une autonomie incontestée. M. Hasskarl avait sagement ratiaché (Hort. bogor. 243) les Actephila au genre Savia de Willdenow, et nous avions cru devoir admettre cette adjonction (Et. gen. Euphorbiac., 569). Aujourd'hui les deux genres sont de nouveau considérés comme distincts, à cause de l'absence dans les 866 ÉTUDE Actephila d'un albumen que posséderait seule la graine des Savia: Toutefois, ce caractère perd considérablement de sa valeur, quand on voit l'albumen trés-abondant des Amanoa asiatiques, si analogues aux vrais Bridelia, devenir membranenx dans les es- péces américaines et dans les Vanopetalum ; et surtout quand on voit un albumen, peu abondant il est vrai, mais existant d'une ma- nière incontestable dans l'intervalle des circonvolutions embryon- naires de notre Actephila grandifolia; tandis que les espèces asiatiques, d'ailleurs tout à fait semblables en organisation, pas- sent pour en étre tout à fait dépourvues; et nous espérons qu'une époque viendra où l'on pourra, sans contestation, considérer toutes les plantes dont il vient d’être question, comme des espéces de l'ancien genre Savia de Willdenow. La seconde espèce australienne que nous avons nommée A. Mooriana, parce qu'elle a été trouvée par M. Moore (n. 211); dans les mémes localités que la précédente, notamment au Mont Lindsay, posséde exactement la méme organisation fondamentale. Mais scs fleurs disposées en cymes sont bien plus brièvement pédicellées. Le pédicelle des fleurs mâles déjà épanouies n'a guère que 2 millimètres de long, et celui des fleurs femelles, un peu plus d'un demi-centimétre. Les pédicelles sont donc iei plus courts que les pétioles, ce qui. n'arrive. pas dans l4, grandifolia; Les sépales sont plus inégaux, fortement réfléchis. Leur extrémité est renflée en une glande dure, assez épaisse ; et les plus courts d'entre eux sont réduits à cette portion glanduleuse, Les styles se relèvent verticalement prés du sommet, et ont des branches conniventes: Les feuilles, oblongues-lancéolées, un peu obtuses au sommet, lon- guement atténuées à leur base en un pétiole qui a environ un centi» mètre de longueur, sont glabres el finement veinées. Leur limbe, parfois un peu insymétrique, inégalement sinué ou obscurément crénelé sur les bords, est d'un vert clair, lisse et luisant en dessus; påle, terne et plus jaunâtre à la face inférieure. Il est long d'environ 6 centimètres et large d'environ 2 centimètres. A ces car actères, qui peut-être ne suffiraient pas pour constituer autre chose qu'une SUR LES ACTEPHILA AUSTRALIENS. 367 variété de l'espèce précédente, il faut joindre, d’après les notes de M. Moore, qu'il ne s'agit plus iei d'un arbre où d’un arbuste peu élevé, mais bien d’un végétal qui atteint une soixantaine de pieds de hauteur, et dont les fleurs blanchâtres répandent une odeur suave, tandis que celles de 4. grandifolia sont inodores, Ces deux plantes présentent encore cà et là une particularité qui condamne aussi, aprés tant d'autres fails analogues, tout ce qu'on a dit de la parthénogenése dans les phanérogames. Quelques fleurs ‘sont hermaphrodites; nous n'en avons observé que de monandres. Dans lA. Mooriana, l étamine hypogyne de la fleur hermaphrodite était semblable aux étamines normales de la fleur: mâle. Dans l'autre espèce, l'étamine était normale aussi comme taille et comme forme dans certaines fleurs ; mais, dans d’autres fleurs, elle était anormale; tantôt sessile, ou à peu prés, au lieu: d’être portée par un long filet; tantôt nettement extrorse dès le début, au lieu d’être introrse, et cela sans pouvoir subir aucun mouvement -de bascule. (le contact immédiat du gynécée n'aurait. pu permettre ee renversement); ici, pourvue d'une anthére ordi-: naire, portée sur un filet étroit ; là, au contraire, n'ayant qu'une: anthére uniloculaire, hippocrépiforme, ou tout. à fait déformée, et. surmontant plutôt une écaille-bractéiforme qu'un filet rétréei et, basifixe. Il est inutile de rappeler que la fleur femelle normale, ne- porte aucun rudiment d'androcée. Wind T EXPLICATION DES FIGURES. — »- 1 PLANCHE Ros 2p ans ACTEPHILA GRANDIFOLIA. Fio. 4. Port d'un rameau chargé de feuilles et de fleurs, plus petit que nature, Fic. 2. Fleur måle épanouie, grossie. Fie. 3. Coupe longitudinale. Fio. 4. Fleur hermaphrodite. Une étamine fertile est interpotée au ic: et à l'ovaire. "mm Fic. 5, Étamine jeune. Fic. 6. Un embryon isolé. Fic. 7. Coupe longitudinale de la graine, montrant les circonvolutions des co- tylédons enroulés en spirale et l'albumen occupant les intervalles des replis embryonnaires. Les téguments séminaux sont rompus en dedans. :,; SUR LA PARTHÉNOGENÈSE ET LA SUPPRESSION DU GENRE CÆLEBOGYNE. Le genre Cælebogyne a joué, depuis un quart de siècle, un grand rôle dans l’histoire de la physiologie végétale. Il est fort heureux, néanmoins, que ce genre disparaisse aujourd'hui défini- tivement de la science, où son nom méme consacrait une erreur. Ceux qui suivent mon enseignement savent que, depuis plusieurs années, tout en combattant celte théorie de la Parthénogenèse, j'indiquais fréquemment que la plante sur laquelle on l'étayait avec le plus de confiance, n'appartenait même pas à un genre particulier, mais était congénère du Conceveibum javense des bo- tanistes , c'est-à-dire de l'Aparisthmium d'Endlicher (Genera, n. 5792). M. Mueller d'Argovie, qui a établi (Prodrom., XV, sect. post., 899, 904) la synonymie de l’Aparisthmium et du Cladodes de Loureiro, place le Cælebogyne dans le genre Alchor- nea, et n'a méme pas eru devoir conserver comme distinct le genre A paristhmium , qui en vaut cependant bien d'autres. Sans être: partisan de la multiplication considérable des genres, nous pen- sons que cette question vaudrait la peine d'étre discutée; nous n'avons pas éprouvé de difficulté jusqu'à présent à distinguer, parmi les Euphorbiacées brésiliennes (Adansonia, V, 238, 307), les espéces qui appartiennent au genre Alchornea, et celles qu'on peut reléguer dans le genre Aparisthmium. Si l'on fondait les deux types ensemble, peut-étre se verrait-on obligé d'y joindre le Conceveiba d'Aublet, car le C. guianensis a tout à fait le pé- rianthe glanduleux, les styles pétaloides et l'inflorescence du Cæle- bogyne; mais la structure de son androcée est quelque peu diffé- rente, et il faut bien, aprés tout, admettre des coupes génériques SUR LA PARTHÉNOGENÈSE. 369 nécessaires pour l'étude, et pour ne pas, comme dit Geethe, « tom- ber dans l'amorphe »; si artificielles que puissent étre souvent les divisions de boiia qu'on appelle des genres. Pour que la science taxonomique soit pratique, il n'en faut, pour ainsi dire, ni trop, ni trop peu. On sait que le Cælebogyne avait été jusqu'à nous placé au voi- sinage du Sapium, et que plusieurs auteurs s'étaient méme de- mandé, si l'on ne devait pas le considérer comme une espèce de ce dernier genre. Nous fümes, sauf erreur, le premier à montrer que la forme des feuilles du Cælebogyne, caractère sans valeur, et qu'on rencontre dans presque toutes les familles dicolylédones, pouvait seule justifier un pareil rapprochement, parce qu'elle rap- pelle beaucoup celle du Sapium ilicifolium; mais que les carac- téres essentiels tirés de l'organisation florale, de la préfloraison du calice, de la structure des organes sexuels, etc., rattachaient au contraire le Celebogyne à un tout autre groupe que celui des Hippomanées d'Ad. de Jussieu, et finalement nous le placámes (Et. gen. Euphorbiac., 416) précisément tout à côté des Conce- veiba. Plus récemment, sans méconnaitre sa parenté avec les Alchornées, nous l'avons appelé Cladodes ilicifolia (Adansonia, VI, 321), et nous avons décrit à côté de lui, sous le nom de C. Thozetiana, une seconde espéce australienne qui se trouve étre tout à fait intermédiaire au — et à —ÀÀ de Java. | Les fleurs mâles, composées d’un calice tétramère, valvaire, de quatre étamines extérieures plus courtes, et de quatre étamines intérieures plus longues et alternes avec les précédentes, peuvent n'avoir que six, et plus rarement cinq, ou seulement quatre éta- mines. Les anthéres sont introrses, biloculaires, déhiscentes par deux fentes longitudinales, et les filets sont unis à leur base par une sorte d'empátement plus ou moins prononcé. Le mode d'in- florescence est tout à fait celui des Aparisthmium connus jus- qu'iei, ou de la plupart des Alchornea. Or les fleurs sont souvent complétement dioiques dans les différentes espèces de ces deux vi. (Octobre 1866.) 24 370 SUR LA PARTHÉNOGENÈSE. genres. Mais qu'on remarque bien ceci : les Aparisthmium de Java, et l'Hermesia castaneifolia de Kunth, qui est un. Alchornea, ont été signalés (Et. gen. Euphorbiac., 206) comme pouvant présenter des fleurs accidentellement monoïques. Le Schousbæa cordifolia de Thónning, qui est un Alchornea, et les 4 paristh- mium brésiliens nous ont aussi montré des fleurs anormalement monoiques | ou méme hermaphrodites. Si donc le Calebogyne était constamment et d' une manière absolue, réduit à sa dicecie nor- male, il constituerait dans le groupe naturel dont il fait partie une exception à peu prés unique. Tous les types euphorbiacés, tous les types dioiques appartenant à d'autres familles, peuyent présen- ter des exemples d' étamines rapprochées des or ganes femelles; le Calebogyne ne pouvait seul échapper à cette sorte de loi; il y échappera moins encore quand il sera cultivé en abondance, car la culture favorise souvent, nous l'avons déjà dit (Adansonia, I, 138; V, 65), la production de ces anomalies. Aussi ne compte- t-on plus aujourd'hui les fleurs femelles de Calebogyne pourvues d'une étamine à la base de leur ovaire. . Ces étamines anormales, souvent très-petites, plus courtes que le calice au fond duquel elles peuvent se cacher, ont rarement la forme de l'étamine normale de la fleur mâle. Leur anthère peut étre ovale, ou presque cordiforme, ou oblongue et conique. Les loges peuvent se toucher, et n'étre séparées l'une de l'autre que par un sillon longitudinal étroit; ou bien elles sont distantes et placées en bas et sur les cótés d'un conneclif dilaté, et plus ou moins membraneux. De là la ressemblance que peut affecter l'éta- mine avec un sépale ou une braclée glanduleuse ; les pièces de l'androcée deviennent alors semblables, par la forme, à celles qu'on observe dans certains Echinus (Rottlera) de la section Pla- gianthera (voy. Et. gen. Euphorbiac., t. Xi, fig. 15, 16). Il n'y a rien d'étonnant, d'ailleurs, à ce qu'une bractée biglanduleuse el une élamine biloculaire puissent ainsi se ressembler par les caractères extérieurs, car elles représentent après tout l’une et l'autre le même organe appendiculaire transformé. Le contenu SUR LA PARTHÉNOGENÈSE, 374 cellulaire des lobes latéraux de l'appendice est seul modifié d'une manière différente dans l'une et dans l'autre. Un groupe, fort voi- sin à beaucoup d'égards des Euphorbiacées, celui des Oxalidées, nous en offre un exemple frappant dans les deux glandes colorées que portent vers leur sommet les sépales de certaines espéces. La poussiére celluleuse jaunâtre contenue dans ces deux théques n'est-elle pas l'analogue, dans la feuille calicinale, du pollen qui se produit dans les deux cavités de la feuille staminale? C'est ici le lieu de répondre à une série d' attaques insérées par M. Decaisne, en 1857, dans le Bulletin de la Société botanique de France (IV, 789). La grande autorité qui s ‘attache au nom de ce savant, et la conviction profonde avec laquelle il a tiré de faits qu'il n'avait pas eul’ occasion d'observer d'assez près des conséquences forcées et inexactes, ont malheureusement donné un grand poids à cette doctrine irrationnelle de la Parthénogenèse. Mais M. De- caisne a prouvé trop souvent son amour de la vérité et de l'indé- pendance scientifiques, pour ne pes | m ‘engager lui-même à à rétor- quer les arguments sans valeur qu il invoquait en 1857 (1). 4° L'organe qu'on rencontre assez fréquemment, à certaines époques et dans certaines conditions données, à la base de l'oyaire du Celebogyne, et que M. Decaisne a pris pour « une bractée ou une des pièces du périan{he », »,n 'est autre chose qu'une étamine, quand il contient des grains et des cellules-méres de pollen ; ce que le microscope démontre dans ce cas, sans qu'il puisse y avoir la moindre confusion avec le tissu spécial, à éléments serrés, que l'on observe dans les glandes des bractées ou des sé- pales. La présence ou l'absence de lignes de déhiscence ne prouve absolument rien dans ce cas; car, dans une anthére anormale, qui n’est point destinée à à s'ouvrir par une ligne indiquée d'avance, mais qui, plus probablement, donnera issue à son contenu par résgrplion d'un point de sa pargi, on peut observer du pollen tout à fait semblable : à celui qu'a si bien décrit M. Karsten. t (1) J'aurai grand soin d'ailleurs de n'employer, en — à ce s savant, que des expressions dont il s’est servi lui-même. 372 SUR LA PARTHÉNOGENÈSE. 2° M. Decaisne parait accorder quelque importance à ce fait, que dans le Cælebogyne, « aucun vestige d'ovaire n’existant dans les fleurs mâles, elles ne sont pas de celles qu’on peut appeler uni- sexuées par avortement ». C'est un point d'organisation normale dont on ne peut rien conclure pour ou contre la question de l’her- maphroditisme accidentel. S'il est naturel de penser que l'exis- tence d'un organe sexuel rudimentaire dans une fleur, est une condition favorable à la production de fleurs accidentellement hermaphrodites , attendu que l'organe atrophié et stérile peut tout d'un coup se développer davantage et devenir fertile; il est actuellement démontré que des fleurs unisexuées d'une facon abso- lue (et non par avortement, comme on dit) peuvent presque aussi souvent, sinon plus souvent, devenir hermaphrodites. Le plus ancien et le plus célébre, peut-étre, des exemples d'her- maphroditisme accidentel observés dans une Euphorbiacée, en offre déjà une preuve frappante : c'est celui du Cicca ou Phylian- thus longifolius, si nettement représenté par Jacquin (PI. rar. hort. Schænbrun., 36, t. 194). Nous avons retrouvé, dans un certain nombre de collections, des fleurs parfaitement hermaphro- dites de la même plante, avec quatre sépales, quatre étamines opposées, à anthères extrorses, et quatre loges ovariennes fertiles, alternipétales. Or il n'y a pas, dans la fleur femelle normale du Cicca, la moindre trace d'un androcée rudimentaire, et l'on sait que l'absence d'un rudiment de gynécée dans la fleur mâle nor- male, était précisément pour Ad. de Jussieu le caractère fonda- mental du genre Phyllanthus et de tout son groupe des Phyllan- thées. Les Ricins dont, dans certaines années, on peut récolter, comme nous l'avons déjà dit, des fleurs hermaphrodites par cen- taines, ayant à la base de l'ovaire depuis une ou deux jusqu'à une centaine d'étamines fertiles, n'ont pas cependant de staminodes hypogynes à l'état normal, et n'ont aucune trace de gynécée dans la fleur mâle. Les Mereuriales sont exactement dans le méme cas. On sait trés-bien aujourd'hui que les longues cornes blanchátres, au nombre de deux ou trois, qu'on observe dans leur fleur femelle, SUR LA PARTHÉNOGENÈSE. 373 à la base de l'ovaire, sont, non pas des étamines stériles et réduites au filet, comme le pensaient Ad. de Jussieu et ses prédé- cesseurs, mais bien des glandes hypogynes d’une forme particu- lière, à développement tardif, et qui se retrouvent dans les Claoæy- lon, avec cette forme d'écailles charnues et plus ou moins aplaties, qui caractérise si souvent les disques. En tout cas, la place de ces languettes est parfaitement déterminée; elles répondent aux cloi- sons interloculaires. D'ailleurs il n'ya point de staminodes à la base du gynécée dans la fleur femelle normale. Or j'ai vu, entre les mains de M. Hérineq, de qui j'en tiens un fragment, un pied de Mercurialis annua, dont la plupart des fleurs étaient hermaphro- dites. On voyait, à la base de leur ovaire, ef sur tout son pourtour, un nombre d'étamines variant de une ou deux à vingt ou trente, inégales de faille et de grosseur, et dont la plupart avaient les anthéres normales, mais dont quelques-unes étaient pourvues d'an- théres sessiles, ou uniloculaires, ou à loges dressées, ou conoides, ou presque cylindriques, ou plus ou moins étalées en forme de bractée, dont une portion basilaire était seule gorgée de pollen, dans l'épaisseur de son tissu, et paraissait indéhiscente. 2^ M. Decaisne s'est encore mépris sur la nature des organes mâles qui peuvent accompagner la fleur femelle du Cælebogyne, parce qu'il part d'une idée incompléte de l'organisation des éta- mines normales des Euphorbiacées, ainsi que nous avons déjà essayé de le démontrer (Adansonia, I, 135). Suivant lui, « dans toute la famille (des Euphorbiacées), les anthéres sont construites d'aprés un méme plan dont celles des genres Sapium, Microsta- chys, ete., etc., peuvent être prises pour le type. » C'est bien à tort que M. Decaisne invoque, à l'appui de son opinion sur celle uniformité de plan, l'autorité d'Ad. de Jussieu. Alors méme que ce dernier serait, en 1824, arrivé à une pareille conclusion, cela n'aurait rien eu d'étonnant, car il ne connaissait et n'avait pu ana- lyser, à cetle époque, qu'un nombre relativement restreint d'es- pèces et de genres de la famille des Euphorbiacées. Celle-ci est allée depuis s'aceroissant toujours avec une rapidité effrayante, et, 37h SUR LA PARTHÉNOGENÈSE, à l'heure qu'il est, malgré d'assez nombreux travaux appartenant à notre époque, elle demeure encore incomplétement connue, les botanistes voyageurs nous faisant sans cesse parvenir les nouveaux résultats de leurs recherches dans toutes les parties du monde. Je n'en donnerai pour le moment qu'une preuve : c'est que, dans le volume du Prodromus, consacré à cette famille, qui a paru le mois dernier, nous ne voyons pas figurer plus d'une cinquantaine de genres ou d'espèces qui, certainement, appartiennent au groupe des Euphorbiacées.« Beaucoup passeront, et la science s'accroitra. » Mais l'opinion d'Ad. de Jussieu sur la forme des étamines des Euphorbiacées, était en réalité toute différente, puisque c'est lui qui avait écrit, l'année précédente, dans des Considérations sur la fariille des Euphorbiacées, lues à l'Académie des sciences, le 14 juillet 1823, et imprimées dans les Mémoires du Muséum, que « la structure des anthéres, qui a été le plus souvent passée sous silence, ou décrite inexactement à cause de la petitesse des fleurs, mérite cependant de fixer l'attention par sa variété » ; et plus loin : « Les formes variées des anthéres peuvent fournir d'utiles indications pour certains rapprochements. » Si l'on dou- tait de cette diversité, on en pourrait trouver la preuve en com- * parant entre elles quelques figures de notre atlas de l’ Étude géné- rale du groupe des Euphorbiacées (et, entre autres, les planches I, fig. 18; IV, fig. 6, 7, 15, 25; V, fig. 9; VI, fig. 27; VII, fig. 9,6; IX, fig 16-18; XI, fig. 9, 10, 14, 15, 16; XIII, fig. 22, 25; XIV, fig. 31, 32; XVI, fig. 25; XVIII, fig. 11, 12, 25; XIX, - fig. 99, 30; XX, fe. 3; h, 15; XXI, fig. 2, 5, 12, 1, 20; XXII, fig. 8, 19; XXIV, fig. 1, 15, 20; XXV, fig, 1-5, 11, 12; XXVII, fig. 12, 20). Ces em prouvent que c'est exacle- ment l'opposé de ce que pense M. Decaisne qu'il faudrait dire, et que, daus les Euphorbiacées, les anthéres sont construites sur le plus grand nombre de plans possible, et se font remarquer par l'extréme diversité de leurs formes, On sait d'ailleurs que les Antidesmées dont les anthères présentent une configuration si singulière, ont été reportées depuis longtemps parmi les Euphor- SUR LA PARTHÉNOGENÉSE. 375 biacées, et qu'aujourd'hui cette adjonetion se trouve admise par la plupart des botanistes. Enfin M. Mueller d'Argovie vient de por- ter le dernier coup àla doctrine de M. Decaisne, en extrayant des genres précédemment établis un certain nombre d'espéces dis- tinguées par la forme de leurs étamines, pour en faire des types génériques nouveaux ; telle est l'origine de ses genres H ippocre- pandra, Beyeriopsis, etc. Il faudrait, de plus, se bien garder de croire que les étamines exceptionnellement développées dans l'intérieur de la fleur femelle, soient forcément semblables à celles qu'on observe dans la fleur mâle. Elles en peuvent différer par la faille; par la présence ou l'absence d'un filet, par la direction.de leur face, de facon à devenir extrorses, alors qu'elles sont introrses dans la fleur mâle, où réciproquement ; par la faille ou la forme de leurs loges; par le nombre méme de ces loges, une anthére anormale pouvant, au lieu de deux théques, n'en avoir qu'une seule, soit latérale, soit terminale ; par le développement plus ou moins considérable du connectif, etc., etc. On a méme vu, dans certaines Euphorbia- cées, ou dans plusieurs autres plantes appartenant à des familles différentes, les loges de l'anthére se développer, soit dans l'épais- seur des bords de la portion inférieure des feuilles cárpellaires, soit au voisinage de leur sommet, de manière à occuper la place d'une branche du style ou d'une division de cette bránche stylaire De ce qui précéde, on peut, plus que jamais, à ce qu'il nous semble, conclure que la forme et la faille des organes fécondateurs importent peu, mais uniquement Ta présence dù pollen dans le voisinage de la fleur femelle, et qu'il n'y à de graines fertiles qu'en présence de la substance fécondante. Toutes les fois que celle-ci fera défaut, il peut bien arriver que les fruits grossissent, qué les graines elles-mêmes arrivent à leurs dimensions normales, parais- sent extérieurement avoir suivi toutes les phases de leur ai pement, el contiennent même un embryon plus c ou moins volümi- - neux. Mais tout cela ne suffit pas pour que la graine sõit féc e, pour que l'embryon, placé dans des conditions favorables, puisse 876 . SUR LA PARTHÉNOGENÈSE, entrer en germination. Quoique des faits négatifs aient, dans ces questions, une importance relativement peu considérable, il ne sera pas hors de propos de relater les phénoménes observés sur un pied de Cælebogyne réellement dépourvu d'organes fécondateurs. Il y a quatre années déjà que nous suivons de très-près l'évo- lution des fleurs d'un pied femelle de Cælebogyne, qui avait déjà fleuri à Kew avant d'étre envoyé en France, et que nous devons à l'extrême bienveillance de M. Smith. Cette plante a donné trois fois des fleurs depuis cette époque, et nous nous sommes assuré qu'elle n'a jamais porté d'étamine, ni dans une fleur mâle, ni au pied du gynécée des fleurs femelles normales. Les stigmates, exa- minés avec le plus grand soin, n'ont jamais porté un seul grain de pollen de Cælebogyne, et jamais non plus une seule graine de cette plante ne s'est trouvée apte à entrer en germination. En juillet 1862, un ovaire a noué; il a grossi jusqu'au mois d'aoüt, et s'est ouvert spontanément à cette époque; il ne contenait qu'une seule graine, deux des loges ayant avorté; et cette graine, de taille nor- male, était vide et réduite à des téguments minces et desséchés. L'année derniére, ce méme pied a produit plusieurs fleurs et plu- sieurs fruits; leurs graines étaient également vides el séches. En 4864, cinq fleurs se sont développées aux mois de juillet et d'aoüt. Lés fruits ont noué ; ils ont acquis la taille normale des fruits mûrs; presque tous contenaient trois graines. Celles-ci n'étaient pas réduites aux téguments; un albumen mince et une lame irré- guliére, verdátre, représentant sans aucun doute l'embryon, en occupaient l'intérieur. Ces graines ont été semées, se sont putré- fiées et ne sont pas entrées en germination. Qu'elles continssent un. embryon plus ou moins parfait, il n'y a dans ce fait rien d'éton- nant, car l'embryon ne vient pas de l'organe mále qui faisait ici défaut ; il préexiste à la fécondation, quelque nom qu'on ait voulu lui donner à cette époque, dans l'intérieur de l'ovule et du sac embryonnaire. Il parait méme qu'il peut subir un commencement d’accroissement, et il y a sans doute des cas où il est susceptible d'atteindre un trés-haut degré de développement, Mais, sous ce SUR LA PARTHÉNOGENÈSE, 377 rapport, les plantes ne paraissent pas différer des animaux. Le germe préexiste dans l'organe femelle; il s'y peut développer jusqu'à un certain degré; mais c'est l'influence de la substance fécondante qui, seule, lui permet de se parfaire, d'aller jusqu'au bout de son évolution normale, et de devenir apte à reproduire un individu complet, semblable à ceux dont il est issu. Toutes ces conditions ne sont réalisées, dans les plantes phanérogames, qu'alors que le pollen est apporté sur le gynécée, et qu'un tube pollinique arrive vers l'embryon non fécondé jusque-là. Aussi tous les observateurs qui ont examiné des ovules de Cælebogyne, aux époques et dans les pays où ceux-ci donnaient de bonnes graines, y ont trouvé des tubes polliniques au contact du sac em- bryonnaire, ou au moins des grains de pollen attachés à la surface du stigmate. Cela n'avait rien d'étonnant dans des circonstances telles que celles dont parle M. Karsten, et dont on a bien à tort révoqué en doute la possibilité, c’est-à-dire dans des cas où un quart ou un cinquiéme des fleurs femelles étaient pourvues d'au moins une étamine anormale à la base de l'ovaire. Ces fleurs de Calebogyne étaient accidentellement devenues hermaphrodites ; il n'y a presque pas de type appartenant à la méme famille où des fleurs monoiques ou hermaphrodites n'aient été observées; il n'y a presque pas d'autres familles à fleurs diclines où le même fait ne se soit rencontré; c'est ce qu'il n'est pas inutile de constater ici d'une manière générale, en attendant que nous présentions un tableau de toutes les familles naturellement diclines où nous avons observé ces anomalies. Quantaux Euphorbiacées indigènes, à fleurs dioiques, qu'on pourrait mettre en expérienee pour juger de la fécondité sans fécondation, nous ne voyons que les Mercuriales. Mais c'est bien à tort que M. Decaisne tire; en faveur de la parthé- nogenése, des conclusions appuyées sur ce fait, qu'on aurait « eul- tivé des Mercuriales femelles, séparées des mâles, dans une cham- bre close, à un troisiéme élage, et obtenu un certain nombre de graines parfaitement embryonnées. » Peu importe encore que « le méme fait ait eu lieu dans une serre à Cactus..., que sa disposi- 378 SUR LA PARTHÉNOGENESE. tion ets son élévation au-dessus du niveau du sol semblent avoir mis suffisamment à l'abri de l'accés du pollen des rares pieds mâles qui peuvent se trouver dans les jardins (4). » S'il s'agit de la Mercuriale vivace, nous en avons fait voir (loc. cit., TIT) des pieds chargés à la fois de fleurs máles et de fruits. S'il s'agit de la M. an- nuelle, elle est souvent monoique ; les pieds femelles portent sou- vent des étamines qu'on ne voit pas toujours facilement à à l'œil nu, et, qui plus est, on peut y trouver des rameaux entiers chargés de fleurs hermaphrodites. Aussi, malgré le nombre et le talent de ses défenseurs, la théorie de la parthénogenèse ne peut plus aujourd'hui s "appliquer aux plantes phanérogames, et, des faits différents auxquels nous avons fait allusion dans ce travail, on peut, du moins d'une må- fière provisoire, tirer le résumé suivant : À* Aucun fait, observé jusqu'à ce jour, d'une manière com- plète, n'autorise à admetire qu'une plante phanérogame ait pro- duit des graines aptes à germer, sans que le tube pollinique soit entré en contaet avec certaines portions de l'organe reproducteur femelle. Dans les plantes dites parthénogènes, on à pu voir, ou des į grains de pollen sur le stigmate; ou des tubes polliniques dans l'intérieur du gynécée. 2° [a diœcie normale n'est pas un motif suffisant pour que les ovaires des pieds femelles ne soient pas fécondés. Le pollen peut être apporté par différents agents sur le stigmate des fleurs femelles ; et aucune observation précise ne prouve jusqu'ici que celie condition n'a pas été réalisée dans un gynécée qui a donné des graines fertiles. 3° Quoiqu' il semble rationnel d'admettre qu'une diclinie dite par avortement, Soit favorable à la production de l'hermaphrodi- tisme accidentel, attendu que des staminodes existant normale- ment au pied des ovaires, peuvent devenir et deviennent souvent, dàns certaines conditions, des étamines fertiles, les" fleurs dites diclines « d'une manière essentielle », sont à peu prés aussi su- a) Bulletin de la Société botanique, II, 754. SUR LA PARTHÉNOGENÉSE. 319 jettes à l'hermaphroditisme anormal. Les fleurs accidentellement hermaphrodites produisent ici, de toutes pièces, les éléments com- plets d'un androcée, comme ailleurs elles ne produisaient que la portion de l'androcée qui correspond. à Panthère. On compte, en un mot, à peu prés autant d’ exemples d' hermaphroditisme aeci- dentel parmi les types essentiellement diclines que parmi les types diclines par avortement. h^ Les types diclines dioiques deviennent à peu prés aussi souvent hermaphrodites qu'ils deviennent ronoiques. Ces faits s'observent beaucoup moins souvent sur les plantes qui eroissent à l’état sauvage que sur les plantes cultivées. 1l y à d'ailleurs des époques où la production de ces anomalies est bien plus fréquente ; et cela, sous l'influence de causes que la culture développe sou- vent, mais dont l'essence reste encore à déterminer. D'où il résulte que loh 4 nè peut eonclure de faits observés dans une saison ou une année donnée, à ceux qui se produiront dans une série e d'au- tres années ou d'autres saisons. 5" La forme des étamines anormalement développées sur les pieds femelles, ou dans les fleurs femelles, n'est pas forcément en rapport avec la forme des organes mâles normaux. Le tissu polli- nique, qui n'est, en somme, qu'une modification du parenchyme cellulaire, peut se produire sur des organes qui ont la forme des feuilles, des bractées, des glandes et même d'une portion de l'or- gane femelle, telle que les styles, les stigmates ou méme là por- ton ovarienne des feuilles carpellaires. La forme de T organe accidentel ne fail pas la fonction ; ; el presque fout parenchyme cellulaire des appendices floraux peut se transformer en cellules- méres du pollen. 6° Les graines. et les embryons, préexistant à à la fécondation, peuvent, sans avoir été fécondés, grandir et acquérir ui | dévélop- pement plus ou moins considérable, comme les parties analogues de l'œuf des animaux. Mais jusqu'ici la germination rie parait compatible, dans les phanérogames, qu'avec I action sur le pro- duit femelle de la substance fécondante du pollen. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS FONDATION. — PREMIÈRE SÉANCE. — PROCÈS-VERBAL. Le 31 août 1866, quelques botanistes se sont réunis à l'École pratique de la Faeulté de médecine de Paris, et se sont accordés à reconnaitre comme utile à la botanique la fondation d'une Société dont les membres concourraient par leurs efforts à l'avancement de cette science, et au sein de laquelle toutes les opinions pour- raient se produire et se discuter librement. Ils ont done déclaré qu'ils fondaient la Société Linnéenne de Paris. i La Société s’est immédiatement constituée, et, procédant à la formation de son bureau, elle a élu à l'unanimité : Président : M. H. Baillon. Secrétaire : M. E. Mussat. Le président a exposé, en peu de mots, le but que la Société se propose d'atteindre par ses travaux. La parole a été donnée à ceux des membres qui l'ont demandée pour faire des communi- , eations ou des lectures, dans l'ordre suivant : M. L. Marchand : Anatomie des Burséracées; produits résineux. M. H. Bocquillon : Mémoire sur le groupe des Tiliacées. — M. H. Baillon : Sur la Parthénogenèse et la suppression du genre Cælebogyne. La Société décide : 1° Que ces communications seront insérées intégralement dans l'Adansonia, Recueil périodique d'observalions botaniques, mis provisoirement, à cet effet, par son président, à la disposition de la Société. .. 9* Que les séances seront provisoirement tenues à des époques irrégulières, et que les membres y seront convoqués par lettre. SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE PARIS. 351 9* Qu'elle formera des collections dans les limites de ses res- sources, el qu'immédiatement, il sera procédé à la création d'une Bibliothéque botanique, qui sera mise à la disposition de ses membres, suivant le système du prêt à domicile, aux conditions indiquées par un règlement, h° Que, pour faire partie de la Société, il faudra avoir été pré- senté, dans une des séances, par deux membres, et avoir été pro- clamé dans la séance suivante par le président. 9" Que les dépenses de la Société seront couvertes au moyen de dons volontaires et d'une cotisation annuelle de 10 francs, payée par chacun des membres. 6° Que le bureau sera invité à faire appel à tous ceux des amis de la science qui voudraient prendre part aux travaux de la Société, - et à leur adresser un compte rendu sommaire de cette séance de . fondation. N. B. Toutes les communications, demandes de renseignements, etc., doivent étre adressées franco à M. E. Mussat, secrétaire de la Société, boulevard Saint-Germain, 9, à Paris. TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Flashes TL Acantholoma spinosum. M. Fie. 4. Griffonia simplicifolia. — Fig, 2-5. Griffonia physocarpa. III. Fic. 4-5. Vouapa demonstrans, — Fig. 6-7. Vouapa macrophylla, "5 Fig: 8, 9. Berlinia Heudelotiana. — Fig. 10, 41. Berlinia acuminata. IV. Fig. 1-4. Duparquetia orchidacea, — Fig. 5. Tetrapleura Thonningii Benta. ; V. Baudouinia sollycformis. VI. Piranhea trifoliolata. VII. Neitoa crozophoræfolia. VHI. Fi. 1-5. Carumbium fastuosum. — Fig. 6, 7. C. (Wartmannia) stil- lingiæfolium. IX. Longetia buxoides. X. Actephila grandifolia. TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. I. Observations sur les Saxifragées, l'organisation, les rapports et les limites de cette famille (suite). . . . < 1 II. Additions à l'Enumération des espèces d Euphorbiacées du Brésil. 15 HI. Étude sur le rôle physique de l'eau dans la nutrition des plantes, P EE LOS 0320209 CON ore dur. cru 17 IV. Études sur l'herbier du Gabon du Musée des colonies françaises (anite). ae aa e a a a a cs vues ETE V. Sur deux Euphorbiacées brésiliennes. . . .. . . . . . . . : . . . 231 VI. Du genre Nettoa et des caractères qui séparent les Bixacées des - Tiliacées . . . . QU DU 6i SE A e S, 238 VH. Note sur | 'organogénie florale des Taccacées , ——— € 243 VIH. Note sur l'Arachide (Arachis hypogea L.), par M. C. Jaco» DE s o l0 e » PN 4743 a b s 249 IX, Sur des pótalesà structure anormale. , . . . . . . . . . . . .. 253 NN NM e Déc. .....- . , . , t ng 9 255 XI. Species Euphorbiacearum. Euphorbiacées australiennes io WOW M. 282 XII. Renonculacées. Détermination pratique des genres. . . . . . . . . 345 XIII. Sur l'origine de l'arille des Carumbium . de ips 348 XIV. Description du genre Longetia . . . . .. . sh dépdsiion de $94 XV. Étude sur les Actephila australiens. . . s, . . . . . . . . . 360 XVI. Sur la Parthénogenése et la suppression du genre Cælebogyne. . . 368 XVIL. Société Linnéenne de Paris. Fondation, Première séance.. . . . . 380 TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES DONT IL EST TRAITÉ DANS CE VOLUME. Abatia, 44. Abrus, 227. Acalypha, 317. Acantholoma, 231, 237. Acrotrema, 261, 280. Actephila, 330, 360. Actinidia, 258, 281. Adenanthera, 207, 214. Adrastea, 265, 279. Adriana, 311. JEschynomene, 224. Afzelia, 183, 187. Aleurites, 297. Altingiées, 12. Amanoa, 335. Amherstia, 187. Amperea, 318. Andira, 249, Andrachne, 334. Ansellia, 247. Anthonota, 177. Antidesma, 337. Aparisthmium, 321, Arachis, 249. Argophyllées, 9. Asimina, 253. Astilbe, 6, Baloghia, 296. Bandereia, 197. Baphia, 212. Baudouinia, 493, 230. Bauérées, 9. — — Berlinia, 484, 229, Bernardia, 316, Bertya, 297. Beyeria, 304, 309. Bracteolaria, 215. Brexiacées, 45. Breynia, 344. Bridelia, 336. Brownea, 187. Bruniacées, 12. Bucklandiées, 42. Burtonia, 255. - Cælebogyne, 321, 368. Cæsalpinia, 496. Caletia, 326. Calycopeplus, 319. ; Candollea, 279. Carumbium, 325, 348. Cassia, 195. Cephalotus, 3 Cladodes, 321. Claoxylon, 322. Clusiophyllum, 46. Cnemidostachys, 323. Codiæum, 303. Codiées, 11, Copaifera, 202, 203. Corchoropsis, 242. Cordyla, 212. Crotalaria, 228. Croton, 46, 300, Crudya, 187, 499. Cunoniacées, 8. Curatella, 280. Dalbergia, 218. Dalechampia, 16. Daniella, 486. Dasynema, 242. Pavilla, 272, 280. Delaria, 214. Desmodium, 224. Detarium, 200. Dialium, 187, 198. Dibrachion, 187. Didelotia, 202. Dillenia, 281. Dilléniacées, 255. Dioclea, 228. Dolichos, 225. Mar ge 218. Dulongia, 3 Doparquetia, 189, 195. Ecasiaphyllum, 217. Echinus, 313. Empedoclea, 270, 280. Entada, 207. Eriosema, 226. Erythrophlæum, 203. Escalloniées, 9. Eucryphiées, 11. | Euphorbia, 282. Euphorbiacées, 382, 348, 352, 360. Excæcaria, 323. ! Fendlera, 2. 384 TABLE DES FAMILLES ET DES GENRES. Fillæa, 203. Flüggea, 333. Gavarretia, 46. Glycine, 226. Griffonia, 488, 197. Guilandina, 196. Gymnocroton, 302. Hamameélidées, 12. H:rdwickia, 203. Hedysarum, 224. "Hemicyclia, 330. Henslowia, 10. Hibbertia, 255, 279, Hippocrepandra, 292. Mippomane, 233. Hydrangées, A1. Jamesia, 2. Khaya, 203, Kirganelia, 343. Lablab, 225. Leptaulus, 198. Linidion, 294. Lonchocarpus, 220. Lonchostomées, 12. Longetia, 352. Lütkea, 6. Macaranga, 317. Mallotus, 313. Mancinella, 233. Mappa, 316. Martiusia, 193. Melanthesa, 344. Mercurialis, 322, Mezoneuron, 196. Micrantheum, 328. Milletia, 222. Mimosa, 211. Monotaxis, 294. Mucuna, 225. Neoræpera, 333. Nettoa, 239. Pachylobium, 228. Pachynema, 267, 279. Pachystroma, 233. Parnassia, 7. Pelargonium, 187. Pentaclethra, 204. Penthorum, 6. Pentisomeris, 180. Philadelphées, 11. Phyllanthus, 388. Piptadenia, 241. Piranhea, 235, ?38. Pittosporées, 14. Podalyria, 214. Poinciana, 496. Polyosma, 3. Poranthera, 334. Prockia, 244. Pseudanthus, 328. Pterocarpus, 218. Reifferschiedia, 226. - Renonculacées, 345. Rhodoléiées, 12. Rhynehosia, 226. Richeria, 16. Ricinocarpos, 294. Roulera, 343, Sagotia, 45. Sapium, 233. Saxifrageées, A. Schotia, 187, 197. Schumacheria, 280. Securinega, 333. Sesbania, 226. Sommerfeldtia, 218, Sparmannia, 242. Stachvstemon, 329, Sullingia, 323. Stylosanthes, 224. Styracifluées, 12. Synostemon, 341. Tacca, 243. Tachigalia, 187. Tamarindus, 187. Tephrosia, 225. Tetrapleura, 192, 241. Trachycarion, 313. Tragia, 320. Trimorphandra, 263. Triplisomeris, 181, Trisema, 259. Uraria, 224. Vanieria, 259, Vouapa, 177, 229. Wartmannia, 326, Wistaria, 222. Wormia, 256, 268, 284. Zollernia, 493, Paris — Imprimerie de E, MARTINET, rue Mignon, 2. PLI. sculp. A „Faguet delet Acantholoma spinosum | i S i x 3 A TH. 4 1. Faguet del. ysocarpa h » 6. 2-23. eifolia ffonia simpli > 7 e 6 2 PL A. A. Faguet del. et se. 1. 6. Vouapa demonstrans. — 8.7. V. macrophylla. 8.9.Berlinia Heudelotiana.— 10.1. B. acuminata. » Imp A. Saimon à Paris. PL IF. Forget e. A Faguet del. QW Bent. hé 1 — 4. Duparquetia orchidacea 5. Fetrapleura f. Per. AF. quet del Baudouinia sollyæformas - A. Faguet TERR. Nettoa croxophoræfola «a Imp. 4 Salmon, Paris . PI. FAT. a "e. \ ENTM eL " RE EP MECO D A A Faguet del et se. Carumbium . fastuos ur Imp. A. Salmon. Paris. PL IX, A Faguet Longeta buroides. PL 4 A. Faguet del et se. difolia Actephila gran Imp. A. Salmon, Paris.